Le jour suivant, Noire revint dans la Forêt aux pendus. Elle aimait vraiment venir chasser ici, car la forêt était toute proche de sa tanière, qui se trouvait à l'orée. De plus, beaucoup de proies se cachaient dans les parages, de quoi faire un bon festin à chaque fois.
Cependant, la louve fatiguait de plus en plus. Chaque nuit était de plus en plus longue. Ses insomnies et ses maux de tête semblaient s'être stabilisés, donc n'empiraient plus. Cependant, la douleur restait très handicapante.
Elle avait tenté il y a peu un pillage chez les Naniks, mais un loup l'avait chassé. En ce moment, toutes les meutes semblaient être sur leurs gardes. 
Noire avait entendu parler de guerre. Une guerre qui avait éclaté dans les meutes. Les mercenaires y étaient également liés. Mais elle, louve solitaire de pure-race préférait rester en dehors. Mieux valait cependant se montrer prudente.
Noire fut accueillie dans la forêt par une nuée de petits pigeons. La louve bondit dans le tas sans réfléchir, virant au loin ses réflexions profondes, mais les oiseaux noirs étaient bien plus rapides. 
Mais ce n'était que la mise en bouche. Corbeau raté ; autre proie attrapée.

Malheureusement, la chasse ne fut pas concluante. Noire resta au sein de la forêt durant une bonne grosse heure, mais la seule proie qu'elle croisa fut une sorte de gros rat qui lui fila entre les griffes d'un air malicieux. La louve n'aimait pas abandonner, mais la fatigue alourdissait vraiment ses gestes et rendait ses paupières plutôt lourdes.
Elle décida donc, à contre-coeur, de retourner à sa tanière, les pattes vides, et de revenir quelques jours plus tard. Peut-être bien que les proies de cette forêt commençaient à se méfier d'elle ?

Mais Noire ne pouvait pas s'empêcher de vouloir chasser tous les jours, pour améliorer chaque fois sa pile de viande. Elle sortit donc de sa tanière très tôt le matin, les yeux légèrement écarquillés par le manque de sommeil, laissant apparaître de petites veines rouges. La louve ne souffrait pas de maux de têtes aujourd'hui, mais avait très mal aux oreilles. Ce qui n'était pas très pratique pour chasser, les oreilles sifflantes.
Mais la solitaire n'avait pas envie de lâcher l'affaire avant même de la débuter. Elle pénétra donc dans la Forêt aux pendus, silencieusement. Elle ne se sentait pas bien, et l'atmosphère inquiétante qui régnait ici n'arrangerait rien. Lorsque Noire se sentait mal, la simple goutte de sang pouvait lui faire perdre les pédales.
La femelle déploya son odorat. Elle ne pouvait rien entendre à cause du sifflement pénible de ses oreilles, et ne voyait pas grand chose non plus. Sa vue était légèrement floue, bancale. 
Pourtant, elle croisa tout de même le regard de la poule d'eau qui marchait au pied d'un arbre. Une poule d'eau ? Ici ? Dans la forêt, si loin des points d'eaux ? Noire remua la tête, d'incompréhension, mais se mit tout de même en position de chasse. Le ventre plaqué au sol, les oreilles pointées vers l'avant. Elle rampa à travers les brins d'herbes, les buissons, jusqu'à l'oiseau qui picorait tranquillement sous un arbre. La louve sentit son ventre gargouiller. Sa vue était un peu trouble, mais elle prit appui sur ses pattes arrières et se projeta brusquement sur la poule d'eau, qui poussa un hurlement de terreur. La solitaire planta alors ses griffes dans son petit corps plein de plumes, avant de comprendre qu'il ne s'agissait pas du tout d'une poule d'eau.
C'était un simple pigeon. 
Mais c'était tout de même une proie.

6+2 = 8 / 9+2 = 11 > Deux proies attrapées.
Le pigeon pendouillant dans sa gueule, Noire poursuivit son chemin. Elle avait faim, mais désirait garder son oiseau pour plus tard. Elle voulait d'abord attraper autre chose, au moins une proie. Elle trottina à travers la forêt, évitant tout contact et échange de regards avec les parachutistes pendus aux arbres. La vue des cadavres l'aurait rendu folle. Déjà que l'odeur âcre du sang du pigeon lui montait aux narines et manquait de la faire chanceler...
La proie suivante fut rapide, mais petite. Plus grosse bien sure que le pigeon, mais pas autant que le faon attrapé il y a deux jours. C'était un lièvre, un bon lièvre pas très gras, mais qui contenait assez de viande pour mettre l'eau à la bouche de Noire. Elle déposa lentement, avec des gestes précis, son pigeon au pied d'un arbre, et serra les mâchoires pour stopper le sifflement de ses oreilles. Le lièvre allait courir vite, elle allait devoir le courser et miser sur sa vitesse pour l'attraper. Et sur sa faim.
Elle jaillit des fourrés, pressée d'en finir. Le lièvre détala aussi sec, bondissant et courant dans la forêt à une vitesse fulgurante. La peur lui donnait des ailes, mais la faim en donnait à la solitaire. Elle poussa sur ses pattes, tendant ses muscles au maximum, oreilles couchées en arrières.
Le lièvre vira à gauche, puis à droite, et Noire le suivait toujours. Il dérapa dans la terre, glissa sous un tronc couché, bondit par dessus un taillis. Noire le suivait toujours. Elle ne sentait plus la douleur, tant elle était prise dans sa course.
Puis soudain, elle vit le lièvre trébucher sur une racine. Noire passa à côté de lui, prise dans son élan, et dérapa brusquement pour retourner en arrière. L'animal n'avait pas eu le temps de repartir, elle bondit sur lui et lui brisa la nuque. La lumière de ses yeux s'éteignit, et son petit corps chaud gisait désormais entre les pattes de la louve. 
Affamée après sa course épuisante, Noire fut tentée d'en manger un morceau, mais un bruit sec résonna sur sa droite. Elle redressa les oreilles, ce qui lui valut un gémissement. Sa douleur était revenue.
Aussitôt, quelque chose s'agita dans les fourrés, comme si quelqu'un cherchait à s'enfuir au plus vite. Une proie. Le gémissement de la solitaire venait de l'alerter de sa présence.
Elle déposa son lièvre près d'une souche reconnaissable et partie aussitôt en chasse de sa nouvelle proie. Il fallait qu'elle l'attrape. C'était du gros gibier. 
La louve sombre partit alors à la recherche de la proie. Quoi qu'il arrive, elle retournerait ensuite à sa tanière, la matinée avait déjà bien avancé et la solitaire sentait ses muscles faiblir et ses paupières se fermer d'elles-même.
Elle pista son gibier au milieu des troncs d'arbres et des cadavres. Bizarrement, une odeur de sang étrange lui picotait les narines. Sa proie était telle blessée ? Si c'était le cas, elle aurait bien plus de chances de l'attraper.
Une bruit de souffle rauque lui parut sur la gauche, et elle vira dans cette direction, aux aguets. Elle se sentait toujours aussi fatiguée, et ses oreilles sifflaient autant que tout à l'heure, mais l'espoir allumait en elle une petite flammèche. Elle huma l'air profondément, et repéra aussitôt ce qu'elle recherchait. 
Il était droit devant, petit de taille, et blessé comme elle le pensait. C'était un jeune chevreuil, qui tentait désespérément d'avancer le plus vite possible à travers les buissons. Une de ses pattes était bizarrement tordue, et saignait abondamment. Noire se lécha les babines. Elle n'avait aucune pitié pour ce cervidé. 
Elle prit appui sur ses pattes arrières et bondit. Elle atterrit sur le dos du chevreuil, qui poussa un hurlement à fendre l'âme en tentant de se débarrasser de sa "cavalière". La solitaire planta ses crocs et ses griffes dans la chair de son gibier, qui s'étala par terre avec désespoir. Noire n'attendit pas plus longtemps pour l'achever. Ses griffes et ses crocs firent tout le travail, et elle manqua de s'affaler elle aussi par terre tant elle était fatiguée. Elle empoigna alors le chevreuil par le cou, retourna récupérer son lièvre, qu'elle déposa sur le cervidé, puis récupéra également son pigeon. Tout son petit attirail entre les pattes, elle s'en retourna à sa tanière, sur le point de s'évanouir.
Là, décidément, elle ne sortirait plus d'ici avant un bon moment. Le sommeil lui manquait trop.

6+3 = 9 / 7 + 3 = 10 / = 2 proies attrapées. 4+3=7 / 3+3 = 6 / 2 proies ratées.
Plusieurs jours et nuits passèrent avant que Noire ne se décide à sortir de sa tanière pour aller chasser. Elle se sentait toujours aussi exténué, mais avait réussi à dormir un petit peu, rejetant avec hargne les saletés d'insomnies qui s'accrochaient à elle. La louve avait compris depuis déjà quelques jours qu'elle était atteinte d'une maladie étrange, qui entraînait des insomnies, des maux de têtes et des douleurs aux oreilles. Noire ne savait pas comment s'en débarrasser, et elle n'avait aucune envie de rendre visite à Manîthil. Cependant, si la fatigue persistait, elle finirait par ne plus pouvoir bouger, chasser, et mourrait comme une pauvre carcasse mollassonne, dans sa tanière. Il était donc peut-être plus intelligent pour elle, d'aller consulter Reaven.
Lorsque la louve pénétra dans la Forêt aux Pendus, son lieu de chasse préféré, elle sentit la présence de nombreuses proies. En ce début de matinée, le gibier devait sortir chercher de la nourriture, lui-aussi, tout comme la solitaire sombre. Il restait encore à Noire du gros gibier, chassé la dernière fois. Le chevreuil, et la biche attrapée avec Diedora. Mais aujourd'hui elle n'avait pas la force de chasser de grosses proies. Elle préférait se concentrer sur de petits rongeurs, qui la nourrirait tout autant.
La première proie qu'elle croisa fut un campagnol, une de ses proies préférées. Malheureusement, encore un petit peu endormie, la louve bondit au mauvais moment, et son rongeur s'enfuit sans demander son reste, sous une racine. Noire gronda, et son regard jaune alla se poser sur une des carcasses de parachutistes, pendue à un arbre. Peut-être que si elle sautait... Elle pourrait attraper le cadavre, et le dévorer ? Comme l'avait fait Blasphem ?
Non. Elle se résigna de justesse. Peut-être bien que les carcasses étaient mauvaises à manger, et qu'elles aggraveraient l'état de la solitaire. Elle se détourna donc en vitesse et s'enfonçant dans les profondeurs de la forêt, aux aguets.
Quelques minutes après, la louve sentit une autre odeur de rongeur. Souris cette fois-ci. Et il y en avait plusieurs. Elle redressa vivement la tête, avant de se plaquer au sol, silencieuse. Son souffle fit bouger les brindilles devant elle, et elle s'empêcha de respirer pendant un moment, juste assez de temps pour entendre les bruits de pas rapides et légers d'une famille de souris. 
Lentement, Noire rampa contre le sol, appuyant sur ses pattes pour ne pas faire trop de bruit. Elle faisait attention de bien positionner ses coussinets sur le sol mou, et non sur les brindilles sèches. Puis tout à coup, un "Crac" retentissant la fit sursauter, et elle entendit des couinements devant elle. Les souris l'avait repérée ! Aussitôt elle se releva et bondit droit devant elle, atterrissant sur un souriceau qui lâcha un gémissement horrifié. Elle lui broya le cou, et abandonna le corps sur le côté, pour bondir sur la mère souris qui tentait de s'enfuir avec son petit restant. Brutalement, elle l'assomma d'un coup de patte, et aperçut le dernier souriceau qui disparaissait sous les racines d'un arbre, comme le campagnol précédent. Dommage. La louve fourra sa truffe sous l'arbre, soufflant fort pour repérer le fumet du souriceau, mais ne parvint pas à l'attraper. Il avait dû s'enfuir de l'autre côté.
Heureuse tout de même de ses prises, elle récupéra le souriceau mort entre ses mâchoires, et chercha la mère souris qu'elle avait envoyé rouler dans les fougères. Elle la retrouva, agonisante, mais pas encore morte, les yeux agrandis par la peur, et son petit coeur battant à toute allure. Noire, préférant abréger ses souffrances, lâcha un grognement avant d'abattre sa griffe sur son visage, la tuant sur le coup.
Puis elle pu rentrer à sa tanière, les deux souris pendouillant dans sa gueule. Elles étaient petites, mais suffisantes pour un petit repas. Noire était contente d'elle aujourd'hui.

6+3=9  = 1 proies attrapée
La solitaire au pelage sombre savait qu'elle devait sortir chasser souvent. C'était la dure loi des esseulés. Chasser chasser chasser, seul, se nourrir, chasser, se nourrir... Le cycle se répétait inlassablement. Cela ne dérangeait pas spécialement Noire, mais en ce moment, avec l'arrivée de la mauvaise saison, elle devait se nourrir plus, faire des sortes de réserves. Comme les écureuils. Car lorsque la neige commençait à tomber, les proies se faisaient rares.
De plus, la louve était toujours atteinte de maux de têtes. Ce qui n'arrangeait rien, même si elle commençait à dormir de mieux en mieux. Les insomnies semblaient s'être calmées.
Noire mit un certain temps avant de dénicher sa première proie. Elle arpenta la forêt la truffe au sol durant un très long moment, si bien que le soleil avait changé de place dans le ciel. Exténuée de sa longue marche qui n'avait rien donné, elle décida de s'arrêter en bordure de la forêt, là où coulait un petit ruisseau. Elle se pencha pour boire, et donna quelques coups de langues sur l'eau claire, lorsqu'un bruit lui fit relever les yeux. Elle stoppa net tous ses mouvements, le regard fixé sur la proie qui venait d'apparaître sur une petite pierre émergeant de l'eau. Une poule. Une poule d'eau.
Noire, aussitôt, réalisa que le moindre geste pourrait effrayer le gibier. Elle recula donc, très lentement, et rangea sa langue encore mouillée, sans lâcher sa proie du regard. La poule d'eau semblait totalement euphorique, comme si elle avait prit un coup sur la tête, si bien que Noire pu se rapprocher d'elle sans même qu'elle cherche à s'enfuir. Préférant tout de même ne pas prendre de risque, la solitaire bondit sur la pierre et abattit sa lourde patte sombre sur la poule, qui poussa un petit cri sec avant de tomber... Dans le ruisseau.
Noire, affolée par la faim, ne perdit pas de temps. Elle bondit de sa pierre sur la berge, et courut le long de la rivière, sans quitter des yeux le corps brun de la poule d'eau qui gisait à la surface, descendant le courant au loin. Noire savait que, plus bas, se trouvait une sorte de petit barrage, créé naturellement par de petites pierres comme posées sur l'eau. Elle accéléra donc l'allure, et bondit sur la première pierre du barrage naturel, juste au moment où sa proie s'apprêtait à disparaître sous l'eau. Elle lui donna un violent coup de patte, qui la projeta dans les airs, et la rattrapa entre ses mâchoires, de justesse. Elle venait de récupérer sa proie, grâce à la chance, et à ses entraînements de vitesse.

12 / 5+3=8 = 2 proies attrapées. 
Noire s'était beaucoup éloignée de la Forêt, et décida de retourner à sa tanière sans faire de détour. La poule d'eau trempée pendouillant entre ses mâchoires, la louve prit le chemin de sa tanière sans tarder. Elle ne voulait pas qu'il lui arrive malheur en chemin, comme par exemple une mauvaise rencontre avec un traqueur ou un chien. Ou même un loup avide, tel que Blasphem, qu'elle avait affronté récemment.
La femelle longeait donc les bois, s'éloignant de plus en plus du ruisseau, lorsqu'elle entendit un son semblable à celui d'un oiseau. Ses oreilles se dressèrent. Après tout, elle avait beau vouloir rentrer rapidement, rien ne l'empêchait de chasser un petit quelque chose en route. Elle déposa donc avec précaution sa poule d'eau près d'un buisson reconnaissable, avant de se mettre en position de chasse.
Le cri de l'oiseau ressemblait plutôt à une sorte de gémissement de désespoir. Noire espéra qu'elle tomberait sur un volatile blessé, ce qui lui faciliterait la tâche. Coup de chance justement, elle ne tarda pas à repérer l'animal, qui poussait toujours des cris perçants, appelant surement à l'aide. Dommage pour lui, il avait, au contraire, alerté un prédateur. 
Noire ne perdit pas de temps. Elle s'avança rapidement, et tua sa proie d'un coup de mâchoires dans le cou. Les os craquèrent, doux son qui résonna à ses oreilles comme une musique.
Elle s'apprêtait à repartir avec son oiseau, dont elle ne connaissait pas la race, lorsqu'elle entendit un violent battement d'aile sur sa droite. Un volatile de la même couleur et de la même carrure que le précédent venait de s'envoler dans un grand bruissement d'aile. Ni une ni deux, Noire lâcha sa proie, et bondit en direction de l'oiseau. Son saut était prodigieux, majestueux. Elle ressemblait à une tâche de cendre que l'on enverrait dans les airs. Ses pattes avant s'étendirent vers le haut, et elle érafla l'aile de son gibier, qui poussa un cri terrifié. 
Mais cette sale bête s'accrochait à la vie. Elle continua de voler sur quelques mètres, devant le regard ébahit de Noire, avant de piquer du bec droit dans les buissons. La louve se précipita vers le lieu de la chute, et retrouva le petit corps ensanglanté de l'oiseau, qu'elle acheva d'un coup de croc. Elle l'attrapa dans sa gueule, récupéra sa précédente prise, puis la poule d'eau, avant de rentrer chez elle.
Encore une fois, la Forêt aux Pendus avait été un excellent terrain de chasse.

12 / 12 / 10 / 8 = 4 proies attrapées. [Chasse en deux parties. 8 et 10 en premiers, les deux 12 à la suite.]
La louve avait attendu un peu avant de revenir faire un tour dans la Forêt aux Pendus. Ses précédentes chasses avaient été fructueuses, elle s'était régalée. Au menu : rongeurs, oiseaux, grosses proies.. De tout. Un vrai délice. Mais on a beau se régaler un jour, le lendemain l'estomac en réclame encore. C'est donc avec une certaine bonne humeur que la solitaire sortit de sa tanière pour entamer sa chasse.
Elle décida de se diriger d'abord vers le ruisseau où elle avait trouvé une proie, la fois dernière. Cette fois-ci, elle souhaitait tenter la pêche. Sa mère, qui avait au moins servi à quelque chose, lui avait apprit comment faire. Noire souhaitait donc tenter le coup. Mais le poisson n'était pas sa proie préférée. Elle se contenterait donc d'un seul.
Lorsqu'elle arriva à son point de chasse, la louve se plaça au bord de l'eau, de manière à ne pas projeter son ombre sur le ruisseau. Elle voyait déjà plusieurs poissons gigoter sous la surface. De jolis petits poissons argentés. Silencieuse, elle leva une patte, prête à la plonger dans l'eau pour attraper sa proie. 
Brusquement, un poisson passa près d'elle. Vive comme l'éclair, elle tenta de l'attraper, mais il s'enfuit en nageant sans demander son reste. Noire remua la tête. Pas de chance. Mais il lui fallait tenter le coup de nouveau.
Elle se remit en position, et attendit... Elle attendit, encore et encore, si longtemps que cela l'agaça. Alors, elle tenta une autre technique. Lorsqu'un poisson passa près d'elle, elle se jeta de tout son poids dans l'eau, plongeant la tête sous la surface, et attrapa le poisson entre les mâchoires, de justesse. Elle le sortit de l'eau et l'assomma contre une pierre. Le sang gicla au soleil, mais Noire n'y prêta pas attention. Elle commençait à avoir froid dans le ruisseau. Elle sortit donc de l'eau, s'ébroua, et reprit son chemin, sa première proie entre les mâchoires. 
En général, les chasses de Noire se déroulait de cette manière : Elle cherchait, cherchait, cherchait, et attrapait ses proies assez facilement. Sa seconde prise fut assez facile à avoir. Il s'agissait d'un mulot. La louve le repéra à l'avance, et lâcha son poisson délicatement dans un trou creusé par ses soins, qui serait son poids de repérage, où elle déposerait son gibier. Prudemment, elle s'avança vers une petite clairière, où elle avait repéré le mulot. Il grignotait des graines, sans aucune méfiance. La solitaire ne tourna pas en rond pendant une demie-heure. Elle s'approcha le plus possible, sans faire vibrer le sol, puisque les rongeurs repérait facilement ces vibrations, puis bondit brusquement sur sa proie, la tuant sur le coup. La méfiance est un cadeau du ciel. Ne pas se méfier dans une forêt, lorsqu'on est une proie, c'est s'offrir à l'ennemi. La louve ramena son rongeur avec la truite, et repartit en chasse.
Sa troisième proie fut un cadeau bien plus difficile à avoir, et Noire mit plus d'un bon gros quart d'heure avant de la dénicher. Entre-temps, elle croisa quelques oiseaux, qui s'envolèrent sur son passage. Mais cette proie-là était bien grosse, bien dodue, bien meilleure qu'un oiseau rabougri. La femelle se lécha les babines. Un lapin.

Sa troisième proie fut un cadeau bien plus difficile à avoir, et Noire mit plus d'un bon gros quart d'heure avant de la dénicher. Entre-temps, elle croisa quelques oiseaux, qui s'envolèrent sur son passage. Mais cette proie-là était bien grosse, bien dodue, bien meilleure qu'un oiseau rabougri. La femelle se lécha les babines. Un lapin. Voilà qui lui remplirait l'estomac facilement. Elle aimait beaucoup cette sorte de gibier, même si les poils bruns restaient ensuite souvent collés dans sa gorge. Mais ce ne pouvait pas être pire que les plumes, qui l'étouffaient presque parfois.
Noire savait que les lapins courraient vite, mais celui-ci plus particulièrement. Il avait de longues pattes, et filait au vent comme une flèche. La louve le coursait, frappant le sol de ses pattes noires, fonçant derrière sa proie. Elle sauta par-dessus une branche, fonça à travers un buisson, contourna un arbre. Le lapin gagnait du terrain. Il devait surement vouloir rejoindre son terrier. 
Soudain, Noire eut une idée. Elle accéléra l'allure, déviant sur la droite, empruntant un chemin caché dans les broussailles. Elle fonça à toute vitesse entre les buissons, et rejoint son premier chemin avec un temps d'avance. Le lapin était encore devant, mais avait beaucoup moins d'avance sur la louve. Celle-ci cavala de plus belle. Elle allait l'avoir, elle en était sure.
Avec une belle dose d'effort -merci les entraînements- la femelle rattrapa sa proie. Elle l'abattit au sol d'un violent coup de patte, et lui brisa la nuque d'un coup de croc. Sa proie était morte, et Noire allait bien manger.
La louve s'apprêtait à revenir à son "trou à viande", le lapin pendouillant entre ses mâchoires, lorsqu'une odeur étrange lui piqua les narines. C'était un effluve animal, qu'elle connaissait déjà, mais ne savait pas à qui il appartenait. La femelle s'arrêta net, intriguée. Qu'est-ce que cela pouvait bien être ? 
Elle huma l'air de nouveau, puis haussa les épaules et retourna près de son trou à gibier. Mais bizarrement, après avoir déposé son lapin au sol, l'odeur lui revint. La bête l'avait suivie.
Noire hérissa son pelage, et retroussa les babines. Mais brusquement, un éclair de fourrure rousse passa près de sa réserve de viande, puis disparut... Avec le mulot.
Noire poussa un grondement terrifiant, et se lança à la poursuite du voleur. C'était un Chapardeur, elle avait comprit. Ou un renard, comme disaient les autres loups. C'était des animaux intelligents, au pelage orange et aux yeux malins et fourbes. La solitaire ne les aimait pas.
Elle galopa derrière la bête, dont elle sentait l'odeur, et ne tarda pas à la repérer. C'était un jeune Chapardeur, qui avait l'air plutôt effrayé. L'idiot s'était arrêté. Il venait de se piéger lui-même dans un cul de sac de ronciers. La peur d'être attrapé avait dû lui faire perdre son intelligence. 
Noire s'avança vers lui, menaçante, et le Chapardeur montra les crocs à son tour, désireux de se défendre. A la grande surprise de la femelle, il attaqua le premier. Ses griffes éraflèrent le museau de la noire, et elle poussa un cri de rage. Cette bestiole venait de signer son arrêt de mort. La solitaire mordit son oreille, et griffa ses côtes. Elle était plus lourde, plus âgée et plus forte. Sans aucun mal, elle le renversa contre le sol, les pattes appuyées sur son buste, et en une dizaine de secondes, ses mâchoires claquèrent sur la gorge du renard, lui coupant la vie brusquement et douloureusement. Noire vit peu à peu la lumière de vie s'éteindre des yeux du voleur, et elle se retira de son corps, toujours aussi agacée. Son mulot était encore là, abandonné un peu plus loin par le Chapardeur. Elle le reprit entre ses mâchoires, puis hésita. Que faire du cadavre du renard ?
Finalement, elle se décida à l'emporter dans sa tanière pour le manger. Elle n'avait rien à perdre après tout. C'était une proie comme une autre, tuée noblement. Sa vie aurait continuée, s'il n'avait pas tenté de se nourrir en volant dans la réserve d'un autre. Noire se fichait de l'avoir tué. C'était tant pis pour lui. Qui a faim, doit chasser. Voilà les lois de la nature.