bonus : +2.
malus : -2 (S02.C03)

Lorsque Zwey pénétra dans le cimetières des hommes, en quête de nourriture, un vol de corneille signala son entrée aussi sûrement que le hurlement d'une sentinelle. En silence, le loup marbré pesta contre les volatiles en tout genres, avant de se rappeler que la noble race des corbeaux constituait jadis une de ses plus grandes réserves de nourriture.
Il leur adressa une courte prière interne, avant de reprendre son chemin sous un ciel bas et orageux.
Orageux, sombre, désespérément vide. Pas d'eau depuis des semaines. Des lunes mêmes, à ce qu'il en savait.
Zwey chassa rapidement cette idée de sa tête : ce n'était pas son but de l'instant. La truffe près du sol, il huma avec application l'air lourd, cherchant les traces du gibier, essayant de démêler les effluves.
Là. Un renard. Dédaignant les fumets de rongeurs, certes petits et faciles à tuer mais tellement moins nourrissants, il se concentra sur la piste du canidé roux. Il la suivit entre les obstacles, serpentant en silence, jusqu'à découvrir le charognard occupé à dévorer une corneille derrière un arbre mort. Ni une, ni deux, le loup sauta par-dessus le tronc et fondit sur le renard. Avec un glapissement, ce dernier lui décocha un coup de dents à l'épaule, auquel Zwey répliqua en le saisissant à la gorge.
Quelques soubresauts plus tard, c'était fini.
Voilà qui était rafraîchissant. Le rouquin attrapa son congénère mort par la peau du coup et le traîna avec satisfaction jusqu'au camp.
Ce terrain de chasse s'annonçait plus prometteur que le dernier en date.

bonus : +2.
malus : -2 (S02.C03)

Dans la soirée, Zwey revint sur son nouveau terrain de chasse, confiant. Un peu partout, le gibier recommençait à se montrer, maintenant que la poussière âcre et piquante soulevée par les engins des hommes était retombée. L'humidité et la fraîcheur l'attirait hors de sa tanière. La seule inquiétude de Zwey était que, en buvant les eaux empoisonnées que sa meute avait repérées un peu partout, les proies ne rendent les prédateurs malades eux-mêmes.
Mais c'était un risque à courir, songea-t-il en sautant avec entrain sur une forme mouvante au ras de terre. En quelques secondes, il brisa la nuque au serpent gris-vert trouvé entre les herbes. Il l'enterra pour plus tard et repartit en chasse, là où les pistes olfactives s'entremêlaient.

bonus : +2.
malus : -2 (S02.C03)

Derrière la portière arrachée d'un monstre de cuir et de métal, à moitié enfoncé dans la terre, Zwey dégota un nid de mulot qu'il dérangea avec enthousiasme. Les petites créatures s'éparpillèrent avec force cris, le prédateur à leurs trousses. Cependant, le terrain jonché de débris n'aidait jamais Zwey, quoiqu'il y soit habitué.
Le loup brun faillit se rompre une patte sur une console qui gisait, bien arrimée à la terre, et s'ouvrit un coussinet sur des arêtes de métal coupantes en tentant de poursuivre ses proies.
Il lâcha une poignée de jurons et s'arrêta pour lécher la plaie, tandis que les dernières queues nues disparaissaient dans des trous trop petits pour qu'il les y suive. Saletés.

bonus : +2.
malus : -2 (S02.C03)

La coupure était superficielle, et en quelques coups de langues cessa rapidement de saigner. Zwey se remit sur pattes en secouant la tête pour manifester son agacement - à qui au juste, là était la question. Il songea qu'il ferait mieux de se trouver un partenaire de chasse, histoire de pouvoir se plaindre auprès de quelqu'un lorsqu'il manquait ses proies.
Mais vu que ce n'était pas à l'ordre du jour, et qu'il préférait rester seul avec la bouffe - fétichisme oblige - le loup brun se remit en chasse.
Il remonta la piste d'un lapin, qui malheureusement déboucha sur un cadavre bien nettoyé. A croire que ce n'était pas son tour, pour cette fois.

bonus : +2.
malus : -2 (S02.C03)

Zwey ne se découragea pas pour autant : l'odeur de lagomorphe se poursuivait en effet après le cadavre. Le loup inspira profondément : ils étaient deux, au moins. Une femelle, peut-être. Le trio avait dû être séparé par l'arrivée d'un prédateur, un chien ou un rapace. Zwey suivit consciencieusement la piste jusqu'à un banal trou dans le sol, à l'entrée balisée de crottes. Un grognement : le trou était étroit.
Cependant, en plongeant brusquement le cou à l'intérieur, d'un claquement de dents, le canidé réussit à happer un lapin qu'il tira, affolé, hors de sa cachette. En l'achevant en lui brisant la nuque, il songea que 1) il avait été chanceux que ce ne soit pas un terrier abandonné squatté par un blaireau qui lui aurait gentiment ratiboisé le museau, et 2) il avait aussi de la chance que le lapin ne se soit pas trop enfoncé dans son terrier.
En un mot comme en cent : il était en veine ce jour-là, visiblement.

bonus : +2.
malus : -2 (S02.C03)

Histoire de voir si la chance persistait à lui sourire, Zwey enterra rapidement son lapin et revint se glisser sous les carcasses éléphantesques des voitures. L'odeur de fer rouillé le prit au museau et lui tira une grimace de dégoût.
Et dire que les hommes vivaient là-dedans toute la journée.
Le loup s'aventura plus loin sous les squelettes de métal d'un pas mesuré, attentif. Malheureusement, l'odeur de métal supplantait toute fragrance animale. Et à moins qu'il ne se mette soudainement à digérer la taule, ça n'allait pas lui être d'une très grande utilité.

bonus : +2.
malus : -2 (S02.C03)

Un quelconque animal avait creusé un tunnel sous les plaques de ferraille rouillées - ou moins rouillées, selon leur ancienneté - qui semblait s'enfoncer légèrement en une dépression souterraine. La pente était douce, et Zwey la suivit avec curiosité, baissant la tête pour ne pas racler le plafond de métal. Cependant, la couverture de fer qui le recouvrait en vint à s'abaisser, si bien qu'il fut rapidement contraint de se coucher sur le ventre pour avancer.
Chose peu pratique s'il en est. Et absolument pas obligatoire qui plus est, puisque le jeune loup ne sentait toujours aucune odeur de bête vivante émaner de devant lui.
Il s'arrêta, le ventre frottant la terre meuble, et réfléchit une seconde.
Puis il décida que le jeu n'en valait pas la chandelle - au diable la curiosité - et entreprit de reculer péniblement en s'écorchant les coudes aux arêtes de métal.

bonus : +2.
malus : -2 (S02.C03)

Lorsque le loup brun se fut extirpé avec difficulté de sa gangue de métal, il ne regretta pas son choix : en effet, à peine eut-il le temps de secouer son pelage terreux et d'éternuer un bon coup qu'un nouveau fumet agressait ses narines.
Il renifla un bon coup et s'arrêta net : l'odeur, âcre et musquée, n'était pas de très bonne augure. L'animal était gros, et ce n'était pas un herbivore.
Zwey baissa les yeux vers le tunnel dont il venait d'émerger, et sa langue vint humecter ses babines. Un blaireau. Il ne voyait que cela. L'odeur était désagréable, acide, presque inconnue de lui puisque la plupart des "grands" carnivores avaient déserté la zone, à l'exception des loups. Mais visiblement, il en restait tout de même quelque part.
Le jeune loup hésita : prudence était son deuxième prénom, il considéra tout d'abord la taille et le poids d'un blaireau adulte, sans compter celle de ses griffes. Il risquait gros à s'attaquer seul à ce genre d'animal - d'autant plus qu'ils n'était pas réputés pour leur caractère pacifique. Inconsciemment, il se pourlécha à nouveau les babines : combien de temps un loup pouvait-il se nourrir sur une carcasse de blaireau ? Pas autant qu'un cheval, mais ça faisait déjà... Il en salivait d'avance.
Et sa prudence s'arrêtait là où commençaient les crampes de la faim.

Prudemment, le loup brun se mit en quête de sa proie. Il remonta la piste à pas feutrés, fouillant les ténèbres du regard, sourd aux appels moqueurs des corneilles perchées sur les carcasses de voitures. Il devait bien avoir un terrier quelque part... Ou alors il était en chasse, cas le plus probable. Dans tous les cas, s'il tombait nez-à-nez avec le blaireau, il était fout...
Zwey s'aplatit au sol le plus rapidement et le plus discrètement qu'il put. Devant lui, à la lisière des arbres brûlés qui bordaient le cimetière, une masse sombre traversée de blanc se mit en mouvement : il retint son souffle, alors que la tête triangulaire du blaireau s'élevait pour renifler l'air. Mais le loup était sous le vent. Double chance pour lui.
Zwey n'était pas un traqueur, ni même un chasseur hors pair. Il se savait incapable d'atteindre la bête en toute discrétion. En revanche, il disposait d'un cerveau opérationnel : saisissant entre ses crocs la pierre la plus proche, il se redressa à demi et la jeta le plus loin possible.
Le choc qu'elle produisit en retombant enclencha une réaction instinctive chez tout animal sauvage : le blaireau esquissa un mouvement de fuite à l'opposé. Profitant de son inattention, Zwey surgit de sa cachette et atterrit sur le dos bicolore et rêche dans un concert de grognements. L'animal chercha à se retourner pour l'atteindre de ses griffes, mais le loup le crocheta à la nuque et garda sa prise serrée. Puis le blaireau se laissa tomber à terre, mais le canidé s'écarta d'un bon et sauta à nouveau pour s'attaquer à sa gorge. Une griffe lui lacéra la cuisse. Une autre le ventre. Il enfonça plus profondément ses crocs dans l'épaisse fourrure ; au bout de ce qui lui sembla une éternité, le blaireau poussa un râle et son corps s'amollit enfin.