bonus : aucun.
malus : -4 (S02C02)

Sérieusement, il allait finir par abandonner. Le jeune loup n'aimait pas rester trop longtemps au même endroit ces derniers temps : on ne savait jamais quand une bande de loups adverses aux gueules bavantes pouvait débarquer sans crier gare. Quand ce n'étaient pas les humanoïdes et leurs machines ronflantes qui traversaient les plaines en hurlant et en poussant devant eux des meutes de chiens enragés.
Sans doute son séjour sous terre avait-il rendu Zwey légèrement méfiant quand aux espaces ouverts. Qui aurait pu le lui reprocher.
Plongé dans le noir complet, ses yeux s'habituèrent lentement, preuve qu'une légère touche de lumière brillait au ras du sol. En attendant d'y être tout à fait accoutumé, Zwey se servit essentiellement de son odorat pour progresser dans les boyaux obscurs - qui n'étaient pas sans lui rappeler la période "piège à rats" de sa meute prisonnière sous terre. Une ou deux fois, il faillit se tordre un patte dans une crevasse, mais globalement, il ne s'en sortait pas trop mal.
Enfin, il aperçut une lueur briller au fond du couloir. Fronçant le nez sur cette vision qui lui plaisait moins qu'il l'aurait pensé, le loup brun décida de rentrer au camp si le prochain épisode ne lui permettait pas d'attraper au moins une proie fraîche.

Begone, begooone suicide

bonus : aucun.
malus : -4 (S02C02)

Pressé de retrouver la lumière du jour, le jeune loup accéléra la cadence et trotta vers la fin du couloir... qui se terminait sur du vide.
L'animal lâcha un jappement de frayeur lorsque le sol se déroba sous ses pieds mais, au dernier moment, réussit à trouver une prise sur le rebord pour se rejeter dans le tunnel. Tremblant de surprise, Zwey se colla au mur pour se remettre de sa frayeur, puis se pencha au-dessus du trou en maudissant son insouciance. Le couloir passait en réalité au-dessus d'un étage complet, peut-être celui qu'il avait visité en tout premier lieu : il s'était effondré en son milieu, et le jeune loup avait été à deux doigts de faire le grand saut jusqu'au rez-de-chaussée. Saut dont il ne serait manifestement pas sorti indemne.
Zwey claqua des dents avec un agacement non réprimé. Non content de ne rien trouver de mangeable, il fallait aussi que le bâtiment lui tende des chausses-trappe ! Pour le coup, il s'en serait presque vexé, tiens. Lui qui croyait au potentiel de cette vieille bâtisse abandonnée ! Elle aurait pu faire un effort d'hospitalité.
Enfin bref. Manifestement, il ne gagnerait rien à poursuivre dans cette direction. De toute façon, l'autre côté du couloir était trop loin pour qu'il l'atteigne en sautant.
Les oreilles couchées de frustration, Zwey obéit donc à sa précédente résolution et tourna les talons. Il allait rentrer au camp : si ça se trouve, il aurait plus de chance sur le chemin du retour.
Cela dit, il avait la rancune tenace, et n'en avait pas terminé avec ce gros machin fumant. Oh que non. Il reviendrait.

Bebbbbackkk baby. Le dé se fout de toi.

bonus : aucun.
malus : -4 (S02C02)

L'air était sec, le soleil impitoyable, et le vent charriait des tonnes de poussière à s'en encrasser tous les conduits. Chassé des plaines arides par ce souffle désagréable, Zwey s'était naturellement dirigé vers l'abri le plus proche ; ou tout du moins, vers la zone couverte avoisinante. Histoire de se mettre à l'abri jusqu'à ce que le vent tombe.
C'est donc avec un sentiment de défi qu'il remettait les pattes dans l'usine abandonnée : cette fois, il espérait bien toucher le gros lot. Il y avait des bestioles dans le coin, il le savait, il les avait vues et entendues. Notamment, lorsqu'il quittait les lieux à la fin de sa dernière (infructueuse) chasse, il avait pu percevoir les grattements de petites pattes griffues dans les murs.
Le gibier se foutait de sa gueule et il avait bien raison.
Mais le loup allait bien finir par lui faire passer l'envie de rire. Un jour ou l'autre. Tant que le garde-manger de la meute était encore assez conséquemment rempli, il pouvait se montrer patient.
Zwey sauta dans l'enceinte de l'usine, par une entrée différente de la dernière fois. Voyons voir ce que cachait cette aile-ci : il se trouvait dans ce qui paraissait être une enfilade de petite pièces carrées, qu'il entreprit d'inspecter avec attention, la truffe au sol, le pas léger et silencieux.

BACK IN BLACK

Rien derrière le mobilier renversé, rien dans les trous des murs du couloir, mais le rouquin n'allait pas abandonner pour autant. En plus, il avait décidé que faute de dénicher les rats de leur cachette, il profiterait au moins de ces petites promenades dans l'enceinte de l'usine pour se maintenir en forme.
Cependant, cette raréfaction du gibier ne manquait pas d'inquiéter Zwey. Quelque part au fond de ses tripes pulsait une inquiétude sourde, presque douloureuse : il avait bien pu voir que ses congénères n'avaient pas plus de succès que lui à la chasse, ou si peu. Il ne se sentait pas de supporter une nouvelle pénurie de nourriture, pas si vite.
Si ça continuait comme ça, il faudrait s'en prendre à l'assiette des autres. Et le jeune loup n'était pas sans savoir combien cette opération serait risquée : les humains étaient armés jusqu'aux dents et la Horde et les Sekmets faisaient cause commune... le moment n'aurait pu être moins opportun.
Zwey chassa ces sombres pensées de son esprit en arrivant au bout du couloir : le passage était bouché par un éboulement, mais de nombreux trous entre les parpaings laissaient filtrer la lumière. Les débris amassés ne semblaient pas si lourds. Le jeune loup claqua des dents, puis entreprit de grimper sur les premières pierres, avant de s'appuyer de l'épaule contre les rochers du milieu. La pierre grinça : elle n'était pas bloquée par le dessus, il devait pouvoir la faire basculer sans risque de tout se prendre sur la tête. Le loup appuya donc de tout son poids contre la roche : il peina quelques secondes, puis relâcha la pression. La pierre avait glissé.
Agacé, Zwey secoua la tête, puis se jeta d'un coup sec de l'épaule contre le débris qui lui barrait le passage : avec un craquement sonore, la pierre glissa sur les graviers qui la soutenaient et bascula dans un fracas minéral.

Zwey élargit le trou laissé par le tronçon de béton en quelques minutes, fouillant de ses pattes avant dans le fatras de pierres brunâtres. L'effort nécessaire pour se déblayer un passage le laissa en nage, haletant, se balançant légèrement sur sa patte tordue. Il fut soulagé de pouvoir enfin se glisser dans le trou qu'il avait formé, même en s'éraflant les flancs contre les arêtes saillantes d'un parpaing mal positionné.
Il déboucha sur une partie si écroulée de l'usine que le ciel était pleinement visible au-dessus de sa tête. Des poutrelles s'étaient abattues en travers du passage, ainsi qu'une montagne de gravats et de câbles sectionnés. Zwey secoua la tête : il n'allait pas trouver grand-chose par ici, ou et encore moins attraper quoi que ce soit sans se rompre les os en lui donnant la chasse. Pour le coup, c'était certain.
Le jeune loup se glissa entre les débris qu'il venait de déblayer, sauta par-dessus une poutre de métal, et chercha des yeux un chemin qu'il pourrait emprunter pour se frayer un passage vers une zone plus stable du bâtiment en ruines.

La lumière s'engouffrait dans les larges fissures du plafond et des murs, certes, mais le vent aussi s'en donnait à cœur joie. De fait, Zwey se retrouvait à affronter, en terrain escarpé, le nuages de poussières dont il avait fui le contact cinglant à l'extérieur. Merveilleux.
Pressé de se soustraire à la rigueur de l'air qui tourbillonnait et sifflait dans les hauteurs de la pièce, fouettant sa fourrure, le jeune loup accéléra la cadence. Il avait repéré une ouverture plus haut, qu'il pensait pouvoir atteindre en passant d'un empilement à l'autre. Techniquement, cela signifiait escalader un éboulement, puis passer d'une poutre à l'autre pour atteindre une fissure à peu près au milieu du mur intérieur. Rien de bien sorcier.
Enfin, encore fallait-il qu'il ne se casse pas la nuque en glissant sur tous ces trucs... instables.
Le loup brun sauta sur la première pierre de l'éboulement, et entreprit de l'escalader le plus vite possible. Le tout était de ne pas faire rouler les gravats sous ses pattes, en choisissant soigneusement ses appuis, et aussi de ne pas déraper. A côté de ça, c'était assez marrant.

En fait, "marrant" n'était pas tout à fait le terme adéquat. Alors que Zwey en était à la moitié de l'édifice, un parpaing vacilla, puis céda brusquement sous le poids de sa patte tordue. Le jeune loup glissa en arrière avec un couinement : sans attendre, il s'aplatit contre la pierre pour ne pas être entièrement entraîné vers le bas, et ses griffes éraflèrent fébrilement les débris pour tenter de trouver une prise. L'espace d'un instant angoissant, il crut bien que cette foutue patte de bois ne tiendrait pas le coup même si elle rencontrait un appui stable. Et puis, miracle du jour, sa chute s'arrêta : les gravillons cessèrent de lui labourer le ventre, et ses pattes se posèrent fermement sur une arête terreuse. Zwey resta immobile un instant, osant à peine respirer, comme si le moindre mouvement allait faire céder son support ou l'édifice tout entier : lorsqu'il devint évident qu'il ne restait plus grand-chose et que rester sur son perchoir toute la nuit n'y changerait rien, le jeune loup entreprit précautionneusement de grimper à l'abri sur le gros bloc de grès qui soutenait la partie avant de son corps. Une patte, puis l'autre.
Une fois revenu à une posture plus naturelle, Zwey lâcha un soupir : apparemment, c'était toujours l'amour fou entre la vieille usine et lui. Elle avait l'air de mourir d'envie de le faire tomber dans un trou, c'était fou.
Enfin, il n'avait pas l'intention de lui donner ce plaisir.
Sa prudence retrouvée, le loup brun sauta successivement sur les plus gros blocs qui s'offraient à lui, avant de bondir souplement sur l'une des poutrelles de métal basculées. Il faillit glisser sur le métal rouillé, mais se rattrapa, et parcourut habilement la distance qui le séparait de la fissure dans le mur. Ce faisant, il bondit - assez fièrement, certes - par-dessus une autre poutrelle et, après une réception assez élégante, s'approcha du bord de la faille pour distinguer le contenu de cette nouvelle salle.

Tu vas finir par y arriveer... Ou pas.

Cet endroit-là était nettement moins lumineux et aéré que les autres. A vrai dire, il rappelait plus à Zwey l'effet que ça faisait de vivre sous terre comme un rat. Pas une seule de ces grandes ouvertures vitrées que les humains affectionnaient, pas un seul trou dans les murs, pas un seul clignotement de néon. Il faisait vraiment sombre en bas : cela ressemblait un peu à une fosse ou à un charnier, et nul besoin de préciser que le jeune loup ne mourait pas d'envie de se jeter dedans les quatre pattes en avant.
Il n'était pas franchement superstitieux et se rendait bien compte, à l'odeur, qu'il n'y avait rien qui puisse être à la fois gros et vivant là-dessous, mais n'empêche. Ce n'était pas très engageant. Et puis un loup n'était pas fait pour évoluer sous terre avec confiance, bon sang. Il n'était pas un charognard ou une espèce de bestiole immonde rampant dans l'ombre.
Mais bon, à estomac vide, peu d'arguments contre.
Quoi que, il aurait presque préféré les bourrasques de poussière.
Bon gré mal gré, le jeune loup se dirigea vers la passerelle métallique qui descendait dans les entrailles de la bête. Ses griffes produisirent un cliquetis désagréable et répété tandis qu'il descendait un long escalier - et il détestait les escaliers bon sang. Dire qu'il allait devoir le remonter.
Une fois en bas, ses yeux habitués à l'obscurité balayèrent les lieux. Des formes obèses de métal luisaient dans le noir, prenant une place indécente dans l'espace réduit. Zwey fronça le museau et, à contre-coeur, alla en renifler une.

Lalalalalaaaa fais-toi bouffer.

Une senteur acide de ferraille emplit les narines du canidé qui recula la tête de dégoût et se racla la gorge pour se débarrasser de cette sensation désagréable. Visiblement, la grosse machine était endormie depuis un bon bout de temps, et rouillait lentement dans son coin sans que personne ne s'en préoccupe. Zwey avait une vague idée de la façon dont les panaches de fumée âcres s'échappaient des cheminées de l'usine : d'une manière ou d'une autre, c'étaient des machines comme celle-là qui produisaient le grondement qu'il avait senti sous ses pattes lors de sa dernière visite. Elles étaient le cœur malade de l'édifice en ruine. Et celui-là s'était arrêté il y a longtemps.
Tant mieux, car le jeune loup ne savait pas bien si ces choses pouvaient ou non être dangereuses pour lui. Il y avait beaucoup d'éléments créés de la main de l'homme qui, inoffensives à première vue, ou même invisibles, pouvaient vite se révéler mortelles pour les loups. L'empoisonnement des eaux et des proies n'en était qu'un anecdotique exemple.
Zwey s'écarta du ventre gonflé de métal : après tout, il n'était pas là pour visiter. Enfin, pas en premier lieu. Les yeux jaunes du loup brun fouillèrent l'obscurité sale, et il inspira profondément à plusieurs reprises au ras du sol, à la recherche d'une quelconque trace de vie dans le noir.

Lalalalalaaaeee.

Rien à la première investigation, mais le loup brun refusa d'abandonner. S'il y avait bien un endroit qui aurait dû grouiller de rats dans ce vieux machin branlant, c'était ici. Sombre, lugubre, humide à souhait, que demander de plus ? A moins que tous les rongeurs du coin ne se soient donnés rendez-vous dans les canalisations, où aucun loup ne pouvait les suivre, et dans ce cas-là Zwey était bien attrapé. Et il ne risquait pas de revenir avec un truc à bouffer de sitôt.
Brièvement, le rouquin envisagea de faire du sitting à la sortie des canalisations pendant trois jours, jusqu'à ce qu'un rat un peu stupide fasse l'erreur de venir se jeter dans ses pattes. Il y renonça vite : il n'était pas un vulgaire chat efflanqué, à guetter pitoyablement le moment où une proie lui tomberait toute faite dans la gueule. Il était un loup, bon sang.
Bon, d'accord, en cas de nécessité il l'aurait fait quand même. Mais ce n'était pas une raison.
Refusant toujours de s'avouer vaincu, Zwey continua à fouiner dans tous les recoins de la pièce, retournant ça et là des objets poussiéreux enfouis par le temps.

Moi je vais faire une sieste en attendant.