Instinct de survie [chasse continue]

Sam 19 Sep - 17:05

Première nuit

Jauges : 8 / 8 / 4

Si vous écoutez un jour un spécialiste zoologiste qui a passé ses années d'études à observer les loups, il vous expliquera qu'il s'agit là d'un animal sociable, qui vit en groupes d'individus d'une même famille et que chaque membre de cette famille a un rôle très spécifique dans la meute. Il sera peut-être même en mesure de vous expliquer comment le mâle dominant est respecté de tous les autres sans avoir besoin d'être violent envers eux. Il saura peut-être vous faire comprendre comme le rôle du leader est important parce qu'il guide la meute dans des endroits sécurisants et propices à sa survie. Si vous rencontrez un spécialiste zoologiste qui a passé plusieurs années à observer les loups, il vous expliquera qu'un loup seul est un loup mort, et que son ultime objectif est toujours, toujours de trouver une meute à rejoindre. Parce que le loup est un animal dont l'instinct le pousse à chasser en meute, et que sans meute un loup n'a que peu de chances de survivre. Mais il ajoutera qu'un loup peut survivre seul quelques mois, voire parfois plusieurs années en cherchant une nouvelle meute d'appartenance. Qu'il est capable de se nourrir de petits mammifères tels que les rongeurs et autres volatiles qu'il parviendra a attraper par de superbes stratagèmes. Si vous rencontrez ce spécialiste du monde animal, et que vous vous intéressez au loup, vous apprendrez que le loup peut être programmé par l'homme pour les combats mais que, si son instinct a été effacé de sa mémoire, il finira toujours par revenir.

Sam 19 Sep - 17:05

C'est ainsi que le loup, mu par un instinct qui le dépasse, se déplace désormais dans une obscurité complète avec une seule idée en tête : trouver de la nourriture. Il se moque pas mal des territoires qu'il foule, il ignore encore les limites que sa nature de loup lui impose. la seule chose sur laquelle se concentrent tous ses sens, c'est l'odeur fumante d'un animal à traquer. Il ignore jusqu'à la faim qui lui retourne les intestins et ne sait pas plus pourquoi il commence à trotter alors que l'instant d'avant il marchait. Non, il ne voit que ce nouveau territoire qu'il est de son devoir de découvrir, et il ne ressent que l'espoir fou de trouver de la nourriture. Les premiers jours seront sûrement difficiles pour le loup, qui a eu l'habitude d'être nourri par les hommes et leurs os dégoulinants de moelle. Il connaîtra la faim avant d'être repu, et il connaîtra la mauvaise humeur liée à cette faim désagréable et parfois même, douloureuse. Le loup hume les effluves qui courent autour de lui, mais il ne cesse d'avancer dans une seule direction. Sans être capable de comprendre la raison qui le pousse à aller droit devant lui, il continue de filer entre les arbres et de poursuivre une proie qu'il n'a pas encore trouvée. Il n'a de cesse de suivre cette piste sans même savoir qu'il traque déjà une bête. Il ne connait plus l'odeur de la peur, ni celle des proies qu'il a appris à traquer dans sa jeunesse. Pourtant, il suit sa trace sans hésitation.

Sam 19 Sep - 17:05

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'Dé de chasse' : 6

Sam 19 Sep - 17:05

C'est bien des kilomètres plus tard que le loup commence seulement à comprendre. Il réalise qu'une odeur le tient en grippe depuis le début de sa course, et il se rend compte qu'elle n'a fait que prendre de l'ampleur depuis qu'il a commencé à courir. Alors il ralentit, il s'arrête et, par un instinct ancestral qui remonte bien avant sa naissance, il sait ce qu'il cherche. Dans son esprit mineur, l'odeur prend forme, les effluves rejoignent les neurones et les connexions nerveuses identifient la technique de chasse à adopter. L'animal est petit, vif, et l'odeur prévient d'une bête affaiblie par la vie, par son temps passé sur cette terre. Le loup se sent prêt, viscéralement, même s'il ignore encore ce qu'il a appris étant louveteau. Il ne se rappelle pas, mais c'est plus fort que lui et ses oreilles localisent la créature dès son premier mouvement. Sa tête s'incline sur la droite, il attend l'instant propice et bondit en avant. Les muscles de ses pattes se tendent dans une pression brute et précise, envoyant son corps à plusieurs dizaines de centimètres au-dessus du sol. Il atterrit à bonne distance de son point de départ et la course poursuite est lancée, l'animal qu'il a traqué tout ce temps s'échappe de sa cachette pour partir à toutes vitesse. Le loup est tendu à l'extrême, l'adrénaline courant dans ses veines rend ses foulées précises et sa capacité d'alerte encore plus impressionnante. Il est déterminé à capturer cette proie-ci, peu importe quand.

Sam 19 Sep - 17:05

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'Dé de chasse' : 8

Dim 20 Sep - 11:56

La créature est vive, elle se refuse à abandonner sa vie entre les pattes du loup. Mais ici, dans ce monde, la chance tourne à celui qui la prend de force. Le loup sait qu'il ne doit pas attendre que la nourriture lui tombe dans la gueule. C'est plus fort que lui, il sent qu'il doit continuer à courir derrière cette bestiole vivante au pouls bondissant de vie. La créature effectue des virages brutaux pour tenter de déstabiliser la trajectoire du loup, et son plan fonctionne au départ tant le loup n'est pas habitué à courir derrière une proie. Il perd l'équilibre en voulant freiner brusquement et glisse dans la terre, mais se redresse dans un grondement et repart en chasse l'instant d'après. Il entend les petits cris effrayés de sa cible qui tente désespérément de lui échapper, mue par un instinct de survie ancestral. Le loup, quand a lui, a oublié cet instinct, on le lui a arraché dès les premiers mois de sa vie. Mais l'instinct n'est pas quelque chose que l'on peut supprimer définitivement d'un esprit lupin, et à mesure qu'il court, il se rappelle la nécessité de la chasse et les techniques apprises dans sa plus tendre enfance pour capturer une proie. Il abandonne la course poursuite, il n'a plus assez d'air dans ses poumons. Il guette d'autres sons, d'autres petites créatures dans les fourrés. Un flash l'étreint soudain, il se revoit alors minuscule, duveteux et maladroit. Il revoit ce rat, dans une galerie souterraine, et il se revoit encore se coucher dans la poussière sèche et étouffante des sous-terrains. Il se revoit comme en rêve, en train de ramper vers cet animal qu'il veut rapporter. Rapporter à qui ? Pour en tirer quoi ? Impossible de se souvenir. Mais il veut ce rat. Il rampe encore sous une plaque de métal, et lorsque l'animal s'immobilise pour écouter les sons suspects, le louveteau bondit en avant et plante brutalement ses crocs dans la nuque de sa proie. Un couinement strident résonne dans les galeries et dans ses oreilles, mais il ne lâche pas prise et il brise la nuque de l'animal. Le loup rouvre les yeux, se laisse surprendre par le rat qu'il découvre entre ses dents. Il pensait avoir fermé les yeux, avoir somnolé. Mais non. Guidé par un instinct bien plus profond que son admiration forcée par les hommes, il vient de réussir sa première chasse.

Dim 20 Sep - 11:56

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'Dé de chasse' : 10

Dim 20 Sep - 11:57

Le loup déguste sa toute première prise avec une frénésie difficilement contrôlée. Il n'aurait jamais cru un jour être capable de chasser, pourtant il vient d'abattre cette créature par ses propres moyens et aucun humain ne l'avait mise là, entre ses pattes. Il ressent une fierté qu'il n'avait jamais ressentie auparavant, en tout cas pas sans être venue directement de son Dieu. Il avale la chair en se délectant de sa chaleur, il arrache les poils pour en manger le moins possible et il casse les minuscules os à coups de crocs secs. Il ne reste bientôt plus rien de sa prise, mais le loup a encore faim. Bien trop faim. L'appétit animal a été réveillé par cet encas minuscule, et le besoin est désormais trop fort pour qu'il l'ignore. Il doit chasser à nouveau. Alors il se relève, parce qu'il est prêt à abattre encore une fois sa colère sur une proie. Il se met en marche, abandonnant quelques touffes de poils de sa première proie, et il part en chasse. Il se concentre sur les odeurs qu'il s'efforce de mémoriser. C'est un réflexe qui lui vient de sa vie d'avant, de lorsqu'il était libre. Il ne se rend même pas compte de ce qu'il fait, les mouvements et l'identification d'un lapin se fait naturellement dans son cerveau. Le loup sait qu'il est là, quelque part, et il sait qu'il va tout faire pour le capturer. Il a besoin de sa chair entre ses crocs. Le loup s'immobilise, comme la première fois. Il guette les effluves qu tourbillonnent autour de lui, il écoute le bruit de la vie qu'il avait cessé d'entendre depuis si longtemps. Et il inspire profondément pour se rappeler, et pour localiser sa proie. Il baisse les yeux, dresse les oreilles, avance à pas de loup jusqu'à trouver la position de l'animal. Là-bas, à quelques dizaines de mètres seulement. Il mange tranquillement. Le loup observe, la tanière du lièvre n'est pas loin. Il avance encore, aussi silencieux que la mort. Il y a quelques semaines, il se serait jeté dans la mêlée comme il avait appris à le faire dans l'arène. Mais ici, tout est trop calme pour être bruyant. Il finit pas se coucher au sol, parfaitement silencieux. Furtif soldat de la mort. Il ne bouge plus, guette sa proie. e dos, elle ne le voit pas. Alors, après de longues minutes d'une attente alléchante, il bondit en avant. Ses pattes qui frappent le sol éveillent le lapin. Il part en courant, mais le loup est déjà si près qu'il sens presque le pelage du petit lagomorphe lui chatouiller les narines. Il galope à toutes pattes et se surprend même à anticiper un bond sur le côté quand le lapin oriente ses postérieures dans ce but. Il percute le petit animal de tout son poids, roule à terre avec lui. Dans le noeud de leurs corps, il plante ses crocs dans la colonne vertébrale de l'animal et la lui brise involontairement. Un cri de la bête, puis plus rien. Lorsque le loup retrouve son équilibre et se redresse enfin, le lapin est inerte entre ses dents. Curieuse sensation de victoire, il réalise à quel point cette émotion est plaisante à ressentir. Pas de violence, pas de blessure reçue par des bâtons métalliques. Le loup a tué, et il se récompense de lui-même. La vie de loup libre semble plus attrayante, tout à coup.

Dim 20 Sep - 11:57

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'Dé de chasse' : 3

Lun 21 Sep - 10:25

Deuxième nuit

Jauges : 14 // 17 // 11

Le loup a marché, après avoir chassé. Il a marché longtemps, il a parcouru beaucoup de chemin en une nuit. Il avait besoin de ça, de s'imprégner de sa liberté. Il ne connaissait pas ce sentiment d'espace, et il s'est senti bien petit face à toutes ces directions possibles. Il ne savait trop quel chemin emprunter, mais il a continué à avancer. Il a escaladé des dunes, crevé ses muscles à la nage sur un sol sableux où ses pattes s'enfonçaient. Il a découvert ce monde autant qu'il a pu le faire en une nuit, puis il a fait des rencontres. Il a continué de marcher, et il s'est même battu pour découvrir aussi ses semblables. Il a cheminé des heures et des heures durant, dans le seul but de ne pas s'arrêter, de ne pas s'écrouler. Il s'est servi de ces heures pour réfléchir et s'habituer à ce monde, à cette existence. Il y avait si longtemps qu'il n'avait pas erré ainsi, sans objectif. Il ne se rappelle d'ailleurs pas avoir été libre un jour. Pourtant, à mesure qu'il a découvert les territoires et les odeurs qui les peuplent, il s'est senti à sa place, comme s'il était déjà venu, comme s'il n'étais jamais parti. Il a eu l'impression, parfois, de faire parti de ce monde depuis toujours. Et désormais le voilà, en équilibre sur des roches, à chercher le point parfait pour ne pas osciller sur ses pattes. Il tangue, se rattrape, et continue d'avancer comme un funambule, sauf que sa corde à lui est un amoncellement de roches plus ou moins grosses, plus ou moins stables. Il découvre une nouvelle émotion : l'amusement, et il se surprend à sourire lorsqu'il tombe. Il remonte, reprend cet étrange jeu qu'il vient de découvrir, et recommence ainsi encore et encore, sans jamais se lasser.

Lun 21 Sep - 10:25

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'Dé de chasse' : 4

Lun 21 Sep - 10:25

Lorsqu'il en a mare de s'amuser seul face à l'océan, le loup s'assied sur les roches et observe l'horizon. La nuit, l'eau ne fait qu'un avec le ciel. Il ne perçoit pas la limite entre les deux, et tout semble infini, sans commencement ni fin. Il baisse les yeux pour regarder, trente mètres plus bas, les vagues puissantes s'écraser contre les roches. L'écume se fond dans l'obscurité, furtive et violente. Le loup s'émerveille d'un tel spectacle, lui qui n'a toujours vu que les barreaux de sa cage et les parois de l'arène. Il souffle, un sentiment d'apaisement le prend. Il se sent bien, pour ce qui lui semble être la première fois de sa vie. Dans l'air marin, une odeur le rend nostalgique d'une vie dont il ne se souvient pas, et ici, dans le silence de la nuit, il se prend à se demander s'il est né dans une cage. Il rêve parfois d'une voix, d'une chaleur, et il a l'impression de se rappeler d'un sentiment d'admiration qu'il ne parvient pas à expliquer. Lorsqu'il se réveille, il est toujours aussi seul et les ombres qui animent ses rêvent ont disparu. Il cligne lentement des yeux, inspire profondément et se lève. Il est temps de se remettre en chasse, la nuit ne fait que commencer. Le loup saute sur un rocher un peu plus bas, il voit mieux dans la pénombre. Ses yeux s'habituent à l'obscurité et le guident de rocher en rocher. Il glisse sur une plateforme humide, se rattrape de justesse. Il se redresse en soufflant, son coeur à accéléré le rythme d'un coup. Il ricane à l'idée qu'il a failli se vautrer bêtement, et reprend son ascension en veillant à mettre ses pattes sur des endroits secs des pierres, mais un crabe sorti de nulle part le surprend. Il marque un brusque mouvement de recul qui lui fait gagner un aller simple vers le vide, se maintenant aux roches en attrapant une large corde coincées entre les pierres. Comme quoi les ingéniosités des hommes peuvent parfois sauver des vies. Le loup tire de toutes ses forces sur la corde pour tenter de se hisser, et gratte furieusement les pierres en essayant de remonter. Il lui faut d'interminables minutes et une lutte acharnée contre la pesanteur avant de pouvoir à nouveau sentir le plat d'une roche sous ses antérieures. Il tire sur ses muscles pour ramener son corps entier sur l'estrade rocheuse et, enfin, se laisse choir sur le plat. Il souffle comme un animal mourant, cherche son oxygène. Cette fois, il a bien cru qu'il allait y passer. S'écraser sur les roches, trente mètres plus bas, n'est pas vraiment dans la liste des choses qu'il aimerait faire de sa vie de liberté ...

Lun 21 Sep - 10:25

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'Dé de chasse' : 12

Mer 23 Sep - 15:19

Lorsqu'il rejoint enfin la terre ferme, le loup est surpris de rencontrer devant lui des bipèdes, lesquels il craint ostensiblement, accompagnés par des chiens qu'il a eu l'habitude de combattre. Par réflexe, il observe les chiens et gronde, mais il attend de recevoir l'ordre de son Dieu. Pendant ce court instant, il est de retour dans l'arène et il sait ce qu'il doit faire. Mais il entend les "allez" et les coups de feux qui viennent soulever le sable autour de lui. Et il comprend. Les chiens se jettent en avant, tous crocs dehors, et le loup comprend. Il n'est plus dans l'arène, et il n'est plus en combat singulier. Il ne recevra plus l'ordre ultime venant de son Dieu. Cette fois, le loup doit fuir. Il n'a pas le temps de partir dans la direction opposée, l'un des molosses lui tombe dessus et abat ses crocs meurtriers sur son épaule. Le loup jappe de douleur, il avait presque oublié la fureur des chiens. Il se met en colère, plonge ses crocs dans le visage de son assaillant pour lui faire lâcher prise. Alors, avant que les autres chiens ne le rejoignent pour lui faire sa fête, le loup part à toute vitesse sur la place. Les pattes courtaudes des chiens les ralentissent dans le sable, et probablement l'un d'eux roule-t-il dans le sable parce que le loup entend ses jappements lorsque les autres lui passent dessus pour le rattraper, lui. Le loup à la trouille, désormais. Il sait que s'il ne trouve pas rapidement une cachette, il sera abattu comme n'importe quel autre animal sauvage. Parce que les humains sont ainsi, ils détruisent ce qui ne leur est d'aucune utilité. Et le loup ne leur sert plus depuis qu'il a perdu son combat, dans l'arène, et qu'il a été laissé pour mort à l'orée des bois. Alors il court à toute vitesse, comme il n'a jamais couru. Lorsqu'il pénètre la forêt, les déflagrations des armes à feu cessent, mais les chiens ne l'ont pas lâchés et ils courent toujours derrière lui. Cette fois il ne se retournera pas pour s'enquérir de leur position. Il court à en perdre haleine, il escalade les troncs d'arbres tombés et il rampe comme un lapin en fuite sous des roches qui bloquent le passage. Il prend appui sur une autre, escalade un monticule de pierres douloureuses sous ses pattes. Il rejoint le sol dans un atterrissage qui résonne dans ses quatre membres, et il continue de courir pendant que les hurlements et les grondements des chiens furieux chantent à sa suite. Ils les entends qui s'éloignent, mais à l'instant où il ralentit en pensant leur avoir échapper, l'un d'eux surgit d'un bosquet sur sa droite et le percute de tout son poids. Le loup jappe en roulant avec le chien, plante ses crocs et ses griffes dans la chair de l'animal en fureur. Les dents de son ennemis abîment sa peau et menacent plusieurs fois sa gorge, mais le loup parvient à lui échapper parce qu'ici, dans ce monde, il n'y a pas de parois pour empêcher sa fuite lors d'une bagarre sanglante. Alors, il se remet à courir pendant encore des kilomètres et des kilomètres. Et même lorsque les voix des chiens et des hommes ont disparu, même lorsque les odeurs ne sont plus qu'un souvenir de cauchemars, le loup continue de courir, de peur de voir surgir un autre adversaire. Il ne s'arrête que lorsque, épuisé, il sent ses pattes incapables de le porter davantage. Et ce n'est que là qu'il s'autorise à regarder derrière lui pour constater enfin, qu'il a la vie sauve.

Mer 23 Sep - 15:19

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'Dé de chasse' : 4

Mer 23 Sep - 15:19

Troisième nuit

Jauges : 19 // 22 // 17

Le loup a bien cru qu'il ne verrait pas le jour se lever, cette fois ... C'est que les traqueurs semblaient déterminés à le capturer, à l'abattre. Il a ensuite passé plusieurs heures à dormir, et il doit bien avouer que les rêves qui ont peuplé ses songes étaient bien étranges. Des hurlements de chiens, des coups de crocs, des coups de bâtons, les jappements d'un mâle adulte et le bruit de sa masse spectaculaire qui s'effondre. Il s'est revu tout petit, face à une scène des plus traumatisante. Oui, nul doute qu'il s'agissait là d'un rêve bien étrange. Il aimerait parfois être capable de s'expliquer pourquoi son esprit lui joue de tels tours. En ce chaud crépuscule, il secoue sa tête pour faire fuir ses pensées indésirées. Il redresse la tête, regarde avec dédain cette souche qui menace d'obstruer sa tanière de fortune. Une sacrée souche, en plus. Le voilà qui s'en approche, qui en hume l'odeur. Il prend une partie entre ses dents, tire, se fait mal et relâche. Il redresse la tête, observe, examine la chose. Il attrape une autre partie, tire à nouveau. Cette fois, sa prise est moins compliquée, plus facile. Il commence à tendre ses muscles, à tirer vers lui pour arracher la souche. Cette garce est pourtant bien ancrée, elle refuse de bouger. Il plante ses antérieures dans la terre, juste à la base de la souche. Il tire par à-coups, mais rien ne vient. La souche reprend sa position initiale à chaque fois. Cependant, le loup n'abandonne pas. Il relâche la souche, tourne autour. Là, juste à sa base. C'est infime, mais le loup est parvenu à la faire bouger. Il reprend position, mord dans le bois avec détermination. A nouveau, ses griffes s'insèrent dans la terre molle et ses muscles se contracter. Il sent ses épaules se tendre avec force, mais il ne relâche pas la pression et même, ses postérieures viennent rejoindre les antérieures. Il enfonce ses pattes dans le sol pour avoir un meilleur appui, et tire de toute ses forces sur la souche entre ses dents. Un premier craquement le satisfait, il inspire profondément et tire encore. La souche ne bouge plus, il change de tactique. Sans lâcher le bois, il commence à osciller de gauche à droite en tirant pour élargir le trou dans lequel repose la chose inerte. Lorsqu'elle semble se détacher un peu plus de la terre, il se remet en position et recommence à l'arracher petit à petit, écoutant les craquements de ses racines avec une grande satisfaction. Tout à coup, le voilà qui balance en arrière avec une brutalité hors normes et qui s'écroule après une belle roulade arrière, la souche dans la gueule. Il a réussi. Essoufflé, il lâche le morceau de bois et se met à cracher toute l'écorce qui s'est détaché pour se ficher entre ses dents, sur sa langue et dans ses joues.

Mer 23 Sep - 15:19

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'Dé de chasse' : 8

Jeu 24 Sep - 8:51

Le loup a les gencives engourdies à cause de son précédent emploi contre la souche, mais il est aussi et surtout mort de faim. Dans cette nuit naissante, il s'immobilise au bord d'une clairière pour écouter les sons de la forêt. Ici-bas, les os à moelle n'existent pas. S'il avait l'habitude d'être servi dans sa cage après chaque combat remporté, il doit aujourd'hui se battre pour survivre, et chasser lui-même sa nourriture. Heureusement, le loup est déjà habitué à de rares portions de nourriture. Et heureusement, il a rencontré Pandémonium avec qui il a pu apprendre à trouver de la nourriture autrement qu'en tuant soi-même la proie. Il n'est pas sûr que cette tâche soit honorable, mais lorsqu'on meurt de faim est-ce qu'on se doit vraiment de garder son honneur ? Le loup a vraiment les crocs ce soir, mais il sent qu'il peut encore essayer de chasser avant d'aller voler de la nourriture sur les terres des meutes. Et puis, ça reste un grand risque que de vouloir se servir chez les autres. N'importe qui pourrait lui tomber dessus et l'attaquer ou pire. Il inspire profondément, avale dans ses narines les volutes d'effluves qui volent dans l'air du soir. Il repère une piste fraiche, une petite créature bien appétissante. Et puisque le loup est seul, une petite créature est tout ce qu'il peut espérer attraper. Il contourne la clairière, fait mine de ne rien chercher. Ingénieux, le loup cherche un endroit où la terre est plus souple qu'ailleurs. Un endroit où la pluie a pénétré en abondance, et d'où elle peine encore à s'évaporer. Alors il commence à creuser. Il n'est pas stupide, et il sait bien qu'il lui faudra une chance énorme pour que son piège fonctionne. Mais il essaie quand même, parce qu'il n'a rien a perdre. Il creuse longtemps, des heures durant, jusqu'à ce que la surface soit à plusieurs dizaines de centimètres au-dessus de lui. Alors, le loup bondit pour s'extirper de l'endroit. Non sans mal, parce que le trou creusé est plus profond que ce qu'il est capable de sauter, et il doit s'y reprendre à deux fois avant de parvenir à agripper la surface de ses griffes. Il lui faut encore de longues secondes et une concentration optimale pour parvenir à se hisser hors du piège, et c'est les poumons vidés qu'il se laisse choir devant ce dernier pour reprendre son souffle. Cela fait, le loup n'est pas encore prêt pour la chasse. Il doit encore s'assurer que la bête tombera dans son piège. Il marque les arbres alentours de son odeur et pas seulement en urinant. Il se frotte à l'écorce de manière à simuler la présence d'un congénère, ne laissant libre que l'espace où se trouve le piège. Pas peu fier de son stratagème, le loup s'éloigne enfin par où il est arrivé et contourne de nouveau la clairière pour reprendre sa place initiale. Il attend encore bien longtemps, dans le silence de la nuit, avant qu'un animal sorte de sa cachette. C'est un gros marcassin de plusieurs mois qui fait son entrée. Le loup ne se méfie pas, il ignore que ces animaux vivent en bande. Il ne réfléchit pas et fonce droit sur l'animal. Apeuré, ce dernier part en trombe, lâchant des grognements de terreur dans toute la clairière. Le loup le poursuit ainsi sur la centaine de mètres qui sépare sa position du piège, et guide la bête droit vers son piège. Il guette avec attention le moment où sa proie tombera, et la chance lui sourit puisque le jeune sanglier trébuche juste au bon endroit. Il s'écrase au fond du trou, où le loup le rejoint. Vu sa carrure, la proie n'aura aucune chance de s'en sortir seule. Le loup cherche maintenant un moyen de l'abattre, il n'avait pas réfléchit à cette partie pourtant cruciale du traquenard.

Jeu 24 Sep - 8:51

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'Dé de chasse' : 5

Jeu 24 Sep - 8:52

Cependant, avant qu'il ait le temps d’échafauder un nouveau plan pour mener à bien ses macabres intentions, il se laisse surprendre par des grognements furieux venus d'une autre partie de la clairière. Il redresse la tête, étonné, et découvre là-bas, au même endroit d'où s'est extirpé sa proie, une énorme laie visiblement très en colère. Il comprend dès lors qu'il vient de faire une grosse erreur mais pas le temps d'y échapper, la laie court déjà dans sa direction. L'animal au fond du trou, sonné par sa chute, ne bouge plus. Le loup n'a d'autre choix que de détourner l'attention de la laie jusqu'à ce qu'elle décide d'abandonner toutes les charges qu'elle retient contre lui. Il bondit vers la femelle, fait un brusque écart avant de gagner un trou à coup de défenses, et fonce dans la direction opposée à son piège. La laie le suit en lâchant des grondements menaçants, et elle est plus rapide que ce à quoi s'attendait le loup. Dans sa folle course poursuite à travers la clairière, le loup écope de plusieurs blessures légères au niveau des jarrets que la laie parvient à atteindre à plusieurs reprises. Chaque fois il jappe de douleur, tente des coups de crocs en guise de représailles, mais la bête est si folle de rage qu'elle n'y prend pas garde et continue de le poursuivre comme si elle était le prédateur et lui, la proie. Après de longues minutes d'une course folle, la frustration du loup se change en colère. Décidément, si elle est si jalouse il peut la tuer aussi ! Il s'en sent capable tant l'agacement le gagne. Il se retourne brutalement, gronde comme un dément et menace la femelle. Pourtant elle ne recule pas, fonce toujours droit devant. Il est bien obligé de faire un écart brutal pour échapper de peu à ses défenses assassines. Cette fois, fini de jouer. Il s'éloigne de plusieurs dizaines de mètres, un gros cochon sauvage aux trousses, et décide de s'enfoncer dans la forêt pour tenter de la semer. Ce n'est que de nombreuses et très longues minutes plus tard, qu'il enfin revenir sereinement dans la clairière. La laie a disparu, et son petit ne s'est par chance pas remis de sa chute. Avant qu'il ne revienne à lui, le loup bondit dans le trou et lui brise la nuque non sans mal, vu l'exiguïté de l'endroit. Il ressort plus aisément que la première fois en se servant du cadavre comme d'une marche, et cette fois l'enjeu est de sortir sa proie. En tout cas une chose est sûr, on ne le reprendra plus jamais à avoir des idées de ce genre. Il se couche au bord du trou, tend la gueule à l'intérieur et attrape une partie de l'animal. Il tire de toutes ses forces, jusqu'à s'en faire saigner les dents, et échoue une bonne dizaine de fois en essayant de le tirer de là. Fort heureusement le loup est borné, il ne lui viendrait pas à l'idée d'abandonner une proie si imposante. Alors il persévère, et lorsqu'enfin il parvient a retirer l'animal de son piège, c'est avec une délectation particulière qu'il s nourrit de sa chair encore tendre.