Nouveau mois, nouveau garder manger. La meute a été particulièrement vorace ce mois ci et elle n'a manqué d'aucune nourriture, ce qui est très rare ces temps ci ! Mais je ne vais pas m'en plaindre, bien au contraire, c'était un mois très abondant en gibier ! Même si nous avons subis un ou deux pillages, il n'ont rien piqué de bien gros, ils sont bêtes.
Je n'ai pas envie de me casser la tête aujourd'hui, même si j'ai plutôt envie de rapporter une petite proie, je ne vais pas faire la fine bouche non plus ... Je me poste à mon coin habituel, au sommet de la chapelle. Je peux voir sur un grande étendue, c'est parfait.
Je reprend le plan de chasse habituel et commence par lever la truffe au ciel pour trouver une effluve. Ne trouvant rien, je pars chercher des empreintes. C'est plus long, plus ennuyant, mais je n'ai pas le choix. Je remarque après quelques temps les empreintes d'une biche. Ce n'est pas vraiment ce que j’espérais, mais je vais faire avec. Et les biches sont relativement débiles, cela me facilitera la tâche. Je ne prend pas autant de précautions de d'habitude, si je n'attrape pas cette proie cela m'est égal. Je chasse seulement parce que je m'ennuie à mort. Le garde manger est pas mal rempli, personne ne souffrira si je ne rapporte pas cette biche. Et puis de toute façon elle est morte. Oui oui, elle est bien morte. Avec une jambe en moins. Un loup m'a déjà mâché le travail mais n'avait apparemment ni la force ni le courage de transporter la biche entière ... Je ne me fais pas prier pour prendre ce qu'il reste de l'animal avant qu'il ne pourrisse.

Je ramène la bête au garder manger, ce qui me vaut plusieurs longues minutes d'efforts, qui me paraissent vraiment interminables. Même avec une jambe en moins, une biche c'est vraiment lourd. On sous-estime vraiment leur poids. Elle m'aura épargné une longue et ennuyante traque mais aurait tout de même pu faire un régime avant. Au moins, ça m'aura faîte un peu plus endurante. Faut dire que c'est pas trop mon point fort non plus.

Je l'avais, la jolie petite proie, elle était en face de moi, elle ne se doutait de rien - moi non plus d'ailleurs. Mais ils sont arrivés. Avec leurs voitures, avec leurs chiens. On raconte qu'ils font une chasse au loup en ce moment ... Ce n'est pas moi qui vais dire le contraire. Mais heureusement j'ai entendu le bruit du moteur avec que leurs chiens me flairent, j'ai filé dans la direction opposé au camp pour qu'ils ne risquent pas de s'en prendre au mien. J'ai couru comme si ma vie en dépendant ... Puisque c'était le cas. J'avais la gorge en feu et ne demandais que de l'eau mais je ne pouvais pas encore m'arrêter. Pas encore. Ils étaient encore trop prêts. Pas encore en sécurité.
Je me suis finalement réfugiée dans un de ces tubes de bétons que les humains utilisaient auparavant pour transporter de l'eau - il me semble. Mon souffle résonnait dans ce si petit espace, mais je me calmais. Petit à petit, j'arriva à ne plus entendre mon cœur et à me concentrer sur les bruits humains.
Inexistants.
J'étais sauvée.

Le soleil se lève petit à petit, même si la chaleur ambiante est déjà bien assez élevée à mon goût ... Malheureusement je n'y peux rien. Je vais seulement profiter des premières lueurs du jour et d'une température supportable pour aller chasser. Le garde manger ne craint pas beaucoup, mais ce sera toujours mieux que rien. Je choisis les Ruines de la Chapelle encore une fois. Ce n'est que peu éloignée de mon lieu de sommeil, je n'ai plus qu'à espérer que la chasse soit simple et rapide.

Courser un lapin n'est sans doute pas une bonne idée ... Mais c'est pourtant ce que je suis en train de faire depuis plusieurs secondes déjà (ou minutes, je n'ai pas une très bonne notion du temps). En effet, peu après avoir enterré les restes de son congénère récemment récupéré dans le garde manger et frais de ce matin, il est venu voir ce qu'il se passait. Dommage pour lui, sa curiosité finira par le tuer. Je n'abandonnerai pas cette course folle tant qu'il ne sera pas mort entre mes crocs, son sang perlant le sol.
La course est effrénée, mais déjà je sens la bête se fatiguer. Elle s'est blessée. La fin arrive à grand pas, c'est le cas de le dire.
Un cul de sac. Une range d'arbre coupés par les humains forme un U dans lequel le lapin s'est, malheureusement pour lui, trop enfoncée trop vite. Même mon saut un peu maladroit et pas trop calculé suffit à le mettre à terre et à le maintenir avec mes pattes avant. Je peux ensuite facilement tenir son petit cou dans ma gueule et le broyer sans aucun effort. crac.
Me voilà avec un lapin. C'est déjà mieux que rien.

La faim me tiraille le ventre, mais je ne sens rien, je ne vois rien. Il n'y a pas âme qui vive dans les environs et je vais devoir retrouver mon clan. J'aurai du rester au chaud dans une tanière en attendant qu'un naïf me rapporte une proie. C'est ce que je devrais toujours faire d'ailleurs ! Je ne devrais plus me casser la tête à sortir et à aller chasser durant des heures, tout ça pour en faire profiter un autre. Et encore, ça c'est quand j'arrive à trouver quelque chose ..

Je commence d'abord par lever la tête au ciel, la gueule entrouverte. J'attend quelques secondes une quelconque effluve, mais absolument rien ne vient jusqu'à ma truffe. C'est bien ma veine ça, il ne va pas y avoir âme qui vive dans les environs, je vous le dit moi ! Dépitée, je décide de me fier aux empreintes sur le sol. La plupart sont vieilles, la terre a séché autour d'elles. Je dois avancer, je ne vais rien trouver par ici. Je contourne une flaque d'eau à l'odeur et à la substance douteuse, m'en éloigne autant que possible, puis retente ma chance. Je lève la gueule encore une fois, une mince odeur de mouton arrive jusqu'à ma truffe. Difficile d'en trouver la source. Je décide de cherche des empreintes au sol. Je trouve celles que je souhaite en moins de deux. Celles d'un mouton. Il a du s'égarer de son troupeau ... ou un truc dans le genre. De toute façon, c'est sa dernière journée dans ce bas monde. Je suis les traces et me fis à mon odorat quand elles ne sont plus très sûres.
J'aperçois enfin la bête, coincée dans des genres de sables mouvants mélangés à des algues gluantes. En bref, une substance dont la bête ne peut sortir. Mais ça, les autres ne le sauront pas, pas vrai ? L'animal est à bout de force, je n'ai pas de grands efforts à fournir pour lui apporter le coup de grâce. Un coup de crocs bien placé et le voilà inerte. Je n'ai qu'à la sortir de cette bouillasse. L'animal est d'autant plus lourd avec cette substance, mais ce n'est pas impossible. Quand on a faim, tout est possible ! Ceci fait, je découpe une cuisse de la bête puis la mange. Ce sera déjà ça de moins à tirer, et ça de plus dans mon ventre ! La meute ne pourra rien me reprocher.

Nouveau levé du soleil, nouvelle journée, nouvelle chasse. Disons que c'est ma bonne résolution de cette année, chasser au minimum une fois par jour. Ainsi je ne me sentirai pas obligée de chasser de grosses proies toutes les semaines et je pourrai me permettre de trouver des écureuils, des belettes ou des oiseaux.
Je recommence le rituel de chasse, truffe au ciel. Je ne sais pas pourquoi je commence toujours pas chercher des effluves et si la quête est vaine je me rattrape sur les empreintes ... Drôle d'habitude.
La quête étant vaine (normal avec ce vent là me direz-vous), je me rabats sur les empreintes. J'avance d'un pas, regarde à droite, devant puis à gauche et si je ne trouve rien, r'avance d'un nouveau pas. C'est long et laborieux, mais la plupart du temps cela mène à quelque chose.
Aujourd'hui, je commence à désespérer: aucun effluve, aucune empreinte, rien ... Si. Un bruit. Écureuil je parie. Il doit être en train de bouffer ses noix ou je sais pas ce que c'est et fait un bruit pas possible pour sa taille. Je trouve la provenance du son et donc le lieu où se trouve la bête puis évalue la situation.
Il est sur une branche d'arbre, à un peu plus de deux mètres de haut. Je ne peux pas y arriver en un saut sans appui. Heureusement pour moi qu'une énorme pierre plate se trouve devant, légèrement déplacée vers la droite. Je vais devoir faire vite pour ne pas que l'écureuil ai le temps de fuir.
Je me recule un peu pour prendre mon élan et cours aussi vite que je le peux, je calcule mon coup pour n'avoir que deux pas à faire sur la pierre glissante et pour ensuite pouvoir attraper l'animal sur la branche avant qu'il ne fuit.
Et pour une fois ... Bah j'ai réussi. Certes je n'avais pas prévu le fait de me prendre l'arbre en pleine truffe et de me faire aussi mal, mais l'animal est dans ma gueule et c'est tout ce qui compte. N'étant pas sur qu'il soit mort, je le sert encore un peu.
Je le ramène ensuite au camp, fière comme un paon.

Nouveau jour, nouvelle chance, nouvelle chasse !

Au bout de plusieurs minutes qui paraissent être des heures, la chance me sourit enfin. Alors que j'allais rebrousser chemin, je remarquais des traces de pas au sol. Fraîches d'il y a quelque minutes je dirais ... Mes oreilles pivotèrent et j'entendis brièvement des pas, suivit d'une odeur. Mes narines frétillèrent et je me retins de ne pas gronder. Avec la plus grande attention, je suivis les traces de l'animal sans aucun bruit. Mon cœur battait doucement dans ma poitrine et mes pattes bougeaient de façon fluide et légère.
Quelque minutes plus tard, j'entrevis la silhouette d'une biche. Mes yeux se réduisirent en mince fente et, avec des pas fluides, je m'approchais de ma proie. J'étais à quelque mètres donc je me tapis au sol, la queue baissée et les oreilles couchées sur mon crâne. J'attendis en silence puis contracta tout mes muscles. Je bondis en avant en lâchant un grondement féroce. Mes muscles se contractèrent et je fis un bonds puissant vers l'animal, le forçant à s'enfuir. Je voulais l'épuiser en courant puis ensuite l'achever , puis c'était un gros animal dans une forêt pleine de toile d'araignées qui allaient donc le ralentir. Il bondit dans la forêt à mon plus grand amusement, et je continuai de le poursuivre à toute allure. De grand bonds, retenir ma respiration .. Après quelque minutes, l'animal trébucha et se prit dans une toile des humains. Je saisi ma chance et bondis sur l'animal, l'écrasant sous mon poids. Mes canines s'enfoncèrent aisément dans sa gorge et le sang chaud de la bête parcourut ma gorge. Elle tressauta et se tortilla, mais je refermai ma prise. Après une minute la bête finit par se calmer et je retira mes canines. Mon ventre grogna de faim et je pris la biche par le coup, essayant de la tirer hors des toiles d'araignée. Avec peine et après au moins un quart d'heure, je réussis à l'amener hors de la forêt. Je m'écrasa d'épuisement et pris de grande respirations. Je ne voulais pas qu'un loup hume l'odeur de la proie, donc je repris mon chemin en direction de la Chapelle pour ramener la biche sur le tas de gibier.