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Le prédateur marcha longtemps dans la pénombre des souterrains, en quête de quoi que ce soit de vivant, qu’il aurait put chasser et ramener aux Sekmets. Les couloirs sombres ne lui apportant rien de ce genre, il décida de cesser ses recherches en attendant de trouver un endroit plus espacé, où les petits animaux auraient pu trouver davantage de cachettes où se terrer. Il finit par déboucher sur une sorte de petite clairière taillée dans la roche, dans laquelle se trouvaient une énorme quantité de caisses, de cordages, de barils en tous genres, enchevêtrés les uns sur les autres, dans un grand désordre, comme si quelqu’un avait tout entreposé ici dans la précipitation. Mais cette réflexion en entraîna une autre, et Palladium constata que c’était là un excellent endroit pour des proies cherchant un abri. Il commença donc à fureter entre les différents amas de pierres et de bois, s’emmêlant parfois les pattes dans des morceaux de ficelle ou de tissus. L’avancée n’était pas aisée, mais il persévérait. Il y aurait bien quelque chose qui se cachait dans tout ce fatras. Soudain, un léger bruit sur sa gauche lui fit tourner la tête. Quelque chose avait bel et bien bougé entre deux cartons. Palladium changea immédiatement de direction, se retournant dans celle du bruit. C’était léger, ce n’était donc pas une bête très grosse. Dommage, mais le loup brun s’en satisferait pleinement. Il se ramassa sur ses pattes, avançant lentement parmi un enchevêtrement de détritus, tous les sens aux aguets. Le silence était complet. Il s’arrêta à un mètre de l’endroit où il avait estimé que sa proie se cachait, ignorant encore tout de son apparence. Sa queue touffue balayait le sol, réflexe dû à l’excitation et qui lui coûta cher : dans ce mouvement, elle heurta une plaque de tôle, produisant un son métallique. Un gros rat bondit de sa cachette à l’instant même où il avait ouï ce léger frottement. Dans un grondement rageur, le loup bondit à sa suite, se refaisant la promesse de ne pas manquer son coup, cette fois-ci. Ils galopaient tous deux dans la clairière, le loup courant derrière l’énorme rat qui zigzaguait, dans l’espoir de le déstabiliser. Mais l’aisance du canidé était telle qu’il ne se laissa pas dérouter par les feintes du rongeur. Ce dernier, avisant un trou dans la roche, tenta de s’y engouffrer. Mais cette fois, Palladium fut plus rapide. Devançant l’action de sa proie, avec un léger crochet sur la droite, il intercepta le rongeur avant que celui-ci n’ai pu se glisser dans son antre. Il le stoppa net, d’un coup de crocs bien appliqué sur la nuque. Le rat ne se débattit pas.

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Le corps du rat pendait encore entre ses crocs, petit être mou et à présent sans vie. Le loup brun allait s’en aller, en quête d’une autre proie – car il restait persuadé que la chance ne l’accompagnerait pas deux fois de suite au même endroit – lorsqu’il entendit un léger glapissement. C’était un bruit à peine audible, qui avait glissé sur les tympans de Palladium comme une illusion. Il douta un instant de la véracité de ce bruit : son imagination lui jouait peut-être encore des tours… Par précaution toutefois, il déposa délicatement le cadavre du rat sous une caisse de bois, et se dirigea vers une des parois, d’où il lui semblait avoir entendu ce gémissement. Curieusement, si toute la structure de cette grotte était de pierre, il y avait une sorte de panneau de bois – visiblement très vieux – qui semblait obstruer une autre grotte, bien plus petite. Palladium s’arrêta devant ce panneau, intrigué. Il l’observa dans toute sa largeur, sa hauteur, et glissa sa truffe à l’interstice formé par le panneau et le sol. Une odeur forte s’empara immédiatement de ses narines : il y avait bien quelque chose à se mettre sous la dent là-dedans. Il ne reconnaissait que trop bien l’odeur du renard qui se terrait dans cette cachette. Second glapissement. Palladium n’avait pas rêvé. Des renardeaux se terraient là.
Il chercha tout d’abord à contourner le panneau de bois, en commençant à creuser frénétiquement sous celui-ci. Il creusa quelques minutes, retournant la terre du mieux qu’il pût, mais il ne parvint à créer qu’un passage bien trop étroit, et il ne pourrait jamais y passer au vu de sa corpulence. La terre était trop dure, il ne pouvait plus la creuser à moins de s’y arracher les griffes. Le loup brun chercha une autre idée. Il se dressa sur ses pattes arrières, posant ses pattes antérieures sur le panneau, poussant avec hésitation sur le bois, qui ne bougea pas d’un centimètre. Palladium commençait à s’impatienter. Il prit donc la résolution de détruire ces planches, au risque d’y gagner quelques égratignures. Il donna un coup d’épaule dans le bois, puis un second, plus fort. Rien ne bougea. Il prit donc un peu d’élan, et se jeta de tout son poids contre les planches. Puis une seconde, une troisième, une quatrième fois, toujours plus fort. Le bois grinçait, et un craquement salua ses efforts, l’euphorisant davantage. La structure allait céder, lorsque le loup fut prit de court.
Un éclair roux fusa de la tranchée qu’il avait creusée, et passa sous son nez en trombe. Un peu étourdi par l’effort et prit de court, le loup eut une seconde d’hésitation avant de se lancer à la poursuite du renard. Tous deux galopaient dans la grotte, et le canidé s’engouffra dans un petit tunnel. Palladium le suivit, bien qu’il fût un peu à l’étroit dans ce boyau qui lui permettait à peine de passer. Le loup brun gagnait du terrain, ses foulées étaient plus grandes, plus cadencées que celles du renard qui était visiblement en mauvais état : ses os saillaient sur sa croupe, et ses membres étaient secs et rachitiques. Le loup arrivait à sa hauteur, et à quelques mètres il s’élança, retombant sur le renard dans une glissade de poussière. Le petit animal glapit, et mordit violemment ce qui se trouvait sous ses petits crocs aiguisés : Palladium sentit le sang couler le long de son oreille lorsqu’il s’arracha à l’étreinte du chasseur roux. La colère l’envahit sous le joug de la douleur, et il se débattit tant et si bien qu’il finit par mettre le renard dans une posture qui ne lui laissait plus aucun espoir. Il fouilla sa gorge à la recherche de l’artère vitale, et y enfonça ses crocs avec délectation, sous les soubresauts de moins en moins violents de sa proie.

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Palladium se redressa, fier de sa victoire. Il avait montré qu’il savait à présent chasser dans ces boyaux, et rien ne pouvait le contenter davantage. Cependant, quelque chose le titillait encore. Il avait une bonne ouïe, et il était certain d’avoir entendu des renardeaux derrière ce panneau de bois. Il avait visiblement tué leur mère – puisque son renard était en fait une renarde -, mais il restait encore des proies à se mettre sous la dent. Palladium attrapa le corps de la rouquine entre ses mâchoires, et retourna sur ses pas. Il marcha quelques minutes, qui lui parurent être une éternité. Il n’avait pas évalué la distance qu’il avait parcourue lors de la chasse.
Lorsqu’il parvint de nouveau à la grotte, tout était tel qu’il l’avait laissé. Il déposa le corps de la renarde à côté du rat qu’il avait précédemment tué et se redirigea vers le panneau de bois. Il attendit quelques instants, l’oreille tendue, guettant le moindre gémissement, mais le silence était complet. Se fiant à ses sens, le loup brun entama à nouveau le panneau de bois qui lui avait fait obstacle, et il entreprit de le détruire entièrement ce coup-ci, en le chargeant à de nombreuses reprises. Il tint plus longtemps que Palladium ne l’avait estimé, mais il finit par céder. Le loup brun se fraya un passage en arrachant quelques morceaux de bois à coups de crocs déterminés. Il entra dans la cachette.
Il y faisait encore plus sombre, et ses yeux mirent un temps à s’habituer à l’obscurité.
Des tas et des tas de tissus, de vêtements s’empilaient dans cet endroit. Il n’y avait rien d’autre. Juste des tas d’habits humains qui s’emmêlaient les uns dans les autres. Palladium commença à douter de lui-même : il avait peut-être rêvé quant à l’existence de ces renardeaux… Il allait rebrousser chemin lorsqu’il aperçut, dans un coin de la grotte, un mouvement sous un de ces draps. Le loup s’approcha avec lenteur et, brusquement, s’empara de la forme qui s’agitait doucement sous le tissu. Cette dernière glapit entre les crocs qui l’assassinaient, et le prédateur serra son étreinte. La forme ne bougea plus. Le loup lâcha, un bruit sourd d’un corps inerte qui tombe, Palladium ôta le tissu, et récupéra le renardeau sans vie dans sa gueule.
Le sacrifice de la renarde avait été vain.

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Le loup brun fit demi-tour pour sortir de l’antre de la renarde, rapportant avec lui son butin, songeant qu’il était temps de rentrer à la faille pour y déposer sa pitance. Cependant, lorsqu’il se détourna des tissus, il entrevit du coin de l’œil un léger frétillement sous un autre drap. Il posa le corps du renardeau sur le sol, et son cœur commença à battre un peu plus vite dans sa poitrine. Bien sûr, était-il stupide ? Il était rare que les renards mettent bas à un seul petit à la fois. Pourquoi ne pas y avoir pensé plus tôt ? Il s’approcha d’un pas souple et silencieux jusqu’à la forme tapie dans le tissu. La chasse serait encore facile. Il avança sa mâchoire, et la referma sur le drap, mais fut surpris de ne rencontrer que le tissu. Rien d’autre n’avait entravé ses crocs, pas de sang, ni de corps chaud. Le loup, frustré, avisa la forme qui se déplaçait – visiblement à tâtons – un peu plus loin. Il bondit sur elle, mais ses mâchoires se refermèrent à nouveau dans le vide. Le renardeau lâcha un glapissement de terreur. Le silence était rompu, les dents claquaient toutes les minutes, chaque fois se refermant sur le vide, créant des déchirures de plus en plus vastes dans cet amas d’étoffes. La proie glapissait de plus en plus, sons aiguës qui mettaient le loup brun dans une sorte de transe meurtrière.
Lorsqu’il crût avoir, une fois de plus, sa proie, Palladium ouvrit d’un coup de crocs un gros oreiller. Des plumes volèrent en tous sens, créant la surprise chez le prédateur. Elles se collèrent sur ses yeux, entrèrent dans ses oreilles, chatouillèrent son nez, lui arrachant un concert d’éternuements. Lorsque la crise fut passée, il se jeta à nouveau dans le tas de toiles, à la recherche de la proie dont il avait perdu la piste. Mais il eût beau tourner en tous sens, chercher à droite à gauche, soulever des pans entiers de tissu, il ne retrouva rien. Un grognement frustré s’échappa de sa gorge quand il décida d’abandonner. Tant pis, il avait déjà bien assez de nourriture à rapporter au garde-manger.

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Après le repos du guerrier… Palladium s’était reposé quelques jours au camp, après ses longues parties de chasse en solitaire – pas toujours fructueuses, d’ailleurs. Cependant, il avait ramené suffisamment de nourriture à sa meute pour ne pas se sentir coupable. S’il venait chasser aujourd’hui, c’est qu’il avait senti l’irrésistible appel de la solitude, et il venait traquer les petits animaux par pur plaisir. L’envie ne se contrôlait pas, et le loup brun y cédait facilement.
Il se retrouva au même point de départ que cette longue journée de chasse qu’il avait connue précédemment, en plein cœur des métros, marchant silencieusement sur les rails de fer. Il était bel et bien seul, aujourd’hui : aucun éclat de voix humaine ne venait perturber sa concentration, et rien ne semblait pouvoir altérer cet instant.
Le loup brun ne chercha pas longtemps avant de tomber sur la piste d’un animal inconnu. Il n’avait jamais senti une odeur telle que celle-ci, et il hésita à la suivre. Après tout, ce pouvait très bien être une menace pour lui… Mais n’écoutant que son désir, il suivit cette piste bien malgré lui. Elle le conduisit un peu plus en amont le long des rails, et il finit par en identifier l’auteur. Il s’agissait d’un animal à la démarche prédatrice, au pas souple et parfaitement silencieux. Il était petit, avait une longue queue qui ondulait derrière lui, tandis qu’il se ramassait pour sauter ce qui semblait être une souris. Sans attendre, il la dévora sur-le-champ. Palladium regardait la scène, jaugeant ce petit chasseur fort adroit. Pouvait-il être réellement menaçant ? Le loup brun ne lui voyait pas de griffes, et seuls ses crocs – qui semblaient être minuscules – avaient l’air d’être une défense acceptable. Le loup s’élança. Il arrivait à quelques mètres de sa proie quand celle-ci se retourna, gonflant soudain de volume, le pelage hérissé et un feulement sourd s’échappa de sa gorge. Palladium s’arrêta dans son élan, prit de court. Il hésita, et lâcha un grondement menaçant. L’animal ne semblait pas se démonter pour autant. Il marchait de côté, comme un crabe, le poil toujours gonflé au maximum, et crachant sa salive aux pattes du loup brun. Ce dernier d’ailleurs, était étonné que l’animal ne cherche pas à fuir.
Il comprit cependant rapidement son manège : par cette ruse qui était censée attirer son attention, l’animal s’éloignait petit à petit. Le loup bondit au moment même ou sa proie faisait volte-face pour fuir. Malin, mais pas assez rapide. Il retomba sur elle lourdement, pensant l’écraser sous son poids. Mais le petit animal fut plus rapide. Souple comme une anguille, il se glissa entre les pattes de Palladium pour tenter une nouvelle fuite. Le loup brun plaqua la bestiole en la retenant d’un mouvement de patte par la queue. Elle se retourna, prête à mordre, mais le loup avait anticipé cette action hargneuse : il avait déjà saisit une de ses oreilles entre ses crocs et l’avait si bien lacérée qu’elle pendouillait lamentablement sur la tête poilue de son futur gibier. Profitant de sa surprise, il lui assena immédiatement le coup de grâce.
Le chat émit une brève plainte, et se tu.