Jauges:

❝Reconnaître❞

LIBRE

Skull avait vu bien des choses. Skull avait traversé bien des épreuves. Mais jamais encore elle n'avait éprouvé la violence des Hommes de si près, alors que l'espèce lupine avait encore une fois frôlé l'extinction. Telle une pluie meurtrière, les bombes s'étaient mises à pleuvoir sur eux, faisant éclater le sol en milles éclats assassins. La terre s'ouvrait; et à son agonie se mêlaient des milliers de cris de désespoir. Skull avait assisté à tout cela. Alors que sa vengeance aboutissait enfin, alors qu'elle avait enfin battu Empress, le destin avait lui aussi décidé de changer les choses. Alors que leurs terres s'étaient enfin trouvées accueillantes, elles étaient de nouveau ravagées par l'agressivité des Hommes. D'où venaient tous ces Aigles de Fer ? D'où venaient ces balles qui perçaient la terre et leur peau ? Nulle n'avait pu y réfléchir, car déjà il fallait se réfugier dans les tréfonds des territoires.
La Hordienne, à l'aide de ses mercenaires, avait rassemblé les Sekmets et les avait regroupé dans la Faille de Grenat, leur nouveau territoire. Ses prisonniers avaient été mit en lieu secret, bien gardé. Tous se remettaient des évènements, non sans soulagement. Aucune perte n'était à déplorer. Pour l'instant.

Skull est assise sur une pierre, loin de l'agitation. Elle médite. Ses prunelles sont mi-closes, sa mine légèrement torturée. Plus que jamais, une lourde responsabilité repose sur ses épaules. Mais n'est-ce pas ce qu'elle a toujours désiré ? Elle a atteint son but. Il ne reste plus qu'à ranger les Sekmets de son côté. L'Alpha n'allait pas cependant se voiler la face. Rien ne serait plus difficile.
Alors que le temps semble s'être figé, elle entend des voix dans une cavité voisine. Skull dresse l'oreille et ouvre les yeux.
_ Arrête d'être en colère pour rien, je t'ai sauver. Et puis je ne suis pas guérisseuse. Mais j'ai entendu parler de loup solitaire guérisseur. Trouve en un et fait toi soigner, puis voilà ! Bon, je vais chasser, pesta une voix féminine.
La Hordienne sauta de sa pierre lestement et se dirigea vers le bruit d'un pas assuré. La tranquillité est-elle donc un luxe ? Une colère sourde monte en elle. Son poil se hérisse mais son pas reste mesuré, lent, inquiétant. La Faille est sombre; seuls les Grenats illuminent les tunnels, projetant des ombres rouges sur les parois. Les bruits s'intensifient, d'autres voix lui parviennent. Ses pattes se ramassent sous son corps; sa respiration devient lente. Elle reste ainsi tapie pendant de longues minutes.
_ ...Je ne m'attend pas à ce que tu accepte tout de suite alors prend ton temps, mais je ne pense pas que Reaven l'attendra aussi... Je dois te dire, j'y vais ce soir ou demain soir, alors dépêche-toi, le plus tôt sera le mieux, fait une autre femelle.
A peine installés, et voila déjà des visiteurs qui viennent risquer leur peau…, pense l'Alpha avec un rictus mauvais. Elle s'ébroue sèchement et sort de l'ombre. Un sourire mauvais se dessine sur ses traits défigurés.
_ Tiens tiens, commence la louve de sa voix profonde et erraillée, d'où un amusement noir perce distinctement. Voilà si longtemps que je n'ai rencontré d'Esobeks. Moi qui apprécie tant la beauté de vos paysages...
Skull s'avance lentement, les yeux incandescent dans la noirceur ambiante. Sa posture est menaçante, ses crocs sont dévoilés par son rictus.

Code by Reira

Les Hommes. C'était bien le cadet de mes inquiétudes. J'avais bien la Horde. Les soucis entre les meutes, Skull. Mon apprenti. Eh ben non. Ç'aurait pu être parfait, et ça n'a pas fonctionné. Lorsque les premiers bombardements ont commencé, j'ai été très surprise. Et révoltée. Moi qui pensais qu'on allait en finir là ! ... Aujourd'hui, j'essaie de revenir sur terre.

Enfin, façon de parler. Car nous sommes plutôt forcés à nous enfoncer dans les souterrains, nous les loups. Mais bon. Je tente d'oublier, de reprendre une vie normale, mais difficile d'ignorer l'inévitable. Le monde se consume sous nos yeux, du moins, c'est ce que j'en vois. On ne peut rien y faire. Alors je continue ma tâche. Je vais essayer de m'investir.

Je dois parler à Skull. J'ai une petite idée en tête, mais je dois être discrète. Des mouchards pourraient prévenir les meutes, et tout tomberait à l'eau. En remarque, si les Sekmets on déménagé, les Esobeks ont du faire de même, non ? Et les bombardements ?

Je repère la trace de Skull près du "camp" des Sekmets. Elle est fraîche, l'Alpha ne doit pas être bien loin. Il ne me faut pas bien longtemps pour sentir une autre odeur se mêler à celle de la louve. Je m'avance dans l'ombre. Les Grenats scintillent, cela me rappelle un vieux souvenir, enfoui à tout jamais sous la barbarie des hommes. Oui, cette odeur ... Mes souvenirs me trompent-ils, déformant la réalité ? Ou est-ce réel ?

Je continue mon avancée, et je repère ma Leader. Elle est tapie dans l'obscurité, là, les pattes repliées sous elle. Je brûle de lui parler de mon plan, mais j'y renonce vite. Plus loin, deux silhouettes lupines se dressent dans l'ombre. C'est bien de là que vient ce fumet Esobek.
« Je ne m'attend pas à ce que tu acceptes tout de suite alors prend ton temps, mais je ne pense pas que Reaven l'attendra aussi... Ai-je le temps d'entendre avant de me coller au sol moi aussi. Je dois te dire, j'y vais ce soir ou demain soir, alors dépêche-toi, le plus tôt sera le mieux. »

Alors ainsi, ils comptent aller sauver leur guérisseur ? C'est intéressant. D'autant plus que cela rejoint mon plan, en quelque sorte. Enfin pas tellement, mais tout ce qui touche à ce loup à partir de maintenant m’intéresse. Je rampe vers Skull mais elle se lève à ce moment, et je n'ai d'autre choix que de rester en plan.
« Tiens tiens. Voilà si longtemps que je n'ai rencontré d'Esobeks. Moi qui apprécie tant la beauté de vos paysages... »

C'est bien Bourreau d'Agonie tout craché. J'hoche la tête imperceptiblement. Des émotions contradictoires me traversent en même temps. Le regret de ne pas pouvoir partager mon plan à Skull tout de suite ; mais la gourmandise de savoir quelques Esobeks pris en flagrant délit d'élaboration de plan de sauvetage. Je me tâte. Devrais-je aller rejoindre Skull ? Trop tard, je me suis déjà redressée, m'avançant d'un pas mesuré vers les loups.

J'espère que je ne vais pas déranger Skull, peut-être prépare t-elle quelque chose. Je sors de l'ombre et la vision m'en fais frissonner de surprise, et d'excitation. Devant moi se dressent une louve noire, une louve solitaire, et ...
« Hybride ! Fais-je d'une voix mielleuse où percent malice et danger. Je ne t'ai pas trop manqué, j'espère ? »

Car, si moi j'aurais pu oublier mille fois le jour où j'ai terrorisé à vie cette louve dans la prairie de Grenats, elle doit y penser toutes les nuits. Je lui souris, le regard enchanteur. Les Grenats tout autour de nous égayent cette scène, et on ne pourrait imaginer meilleures retrouvailles. Les Grenats ... Tout tourne autour de ces pierres. Je me demande si la prairie se trouve loin. Et puis, ne sommes-nous pas au fond de la Blessure, mon endroit favori ? Cela tourne bien en mon avantage !

Ah, Hybride : ou la lâche qui refusait de quitter son territoire pourri pour finalement rejoindre la meute des bergers (sisi, regardez comme je pique les expressions des autres ...) ! C'est du propre !