J'avais l'esprit ailleurs, chose rare chez moi. J'allais à un endroit, et nul part en même temps. Pour être de la lassitude ? Non, pas du tout. J'avais entendu des loups de ma meute discuter d'un loup particulier, qu'est-ce qu'il a de particulier tiens ? Une patte mal formée de ce que j'ai entendu. Certains parlent de défaut. J'entend aussi dire qu'il reste seul à certains endroit. C'est fort respectable, de survivre ainsi, mais j'avoue que j'avais une forte envie de le rencontrer.

Je continuais mon chemin, donc, vers l'endroit où il s'avérait être l'endroit le plus fréquenté de Hyden. Pendant le chemin, je ne faisait que pensait à mes chaleurs, pourvue que ça cesse, il n'y a pas plus inutile que cela. Bien que les femelles Esobek puissent fournir des petits à tués, finalement, c'est intéressant et je me fait une raison d'apprécier cela.

Une fois arrivée à l'épave, je me mis à humer l'air, dans l'espoir de sentir le loup. Je gardait toujours cet air méchant, sévère, mais il m'arrivait d'avoir un peu de gentillesse et de douceur. Si seulement je le montrait. Je m'intéresse plus au loups avec des particularités que les loups simples, il n'ont rien de spéciaux ceux-là, et puis ce loup avait un problème que les autres concevaient comme un défaut. Et les défauts, tout le monde sait que certains défauts peuvent amené à être recalé.

Courir. Plus vite. Plus loin. Encore. Une foulée, puis deux, puis trois. Encore plus loin. Encore plus vite. Ne jamais s'arrêter. Il n'avait pas le droit de fuir son destin, de fuir sa volonté. Il devait courir, et devenir fort. D'un bond, il sauta maladroitement par-dessus une souche. Celle que depuis des jours déjà il s'entêtait à sauter chaque jour. Et, pour la énième fois, il échoua. Ses pattes se mélangèrent en une brouillasse indistincte, s'entrechoquant entre-elles, et il atterrit misérablement le museau dans les cendres. Se relevant, le pelage crassé par tant d'activité, et éternua pour chasser les particules encore présentes dans ses narines. Brr. Il n'y arrivait toujours pas. Il était toujours trop faible. Pourtant, la souche était guère plus grande que lui, il y aurait du y arriver, cette fois ! Mais non, il se l'était encore mangé en pleine poire. Au fond de lui-même, il se sentait irrécupérable. Atom était partie. Il ne l'avait jamais revu. Peut-être l'avait-elle vraiment abandonné, au moment même où il la pensait capable de le changer. Mais c'était du passé, et, secouant la tête, Hyden la chassa vite de ses pensées. Il n'y méritait pas une si grande place, après tout, la mégère du siècle dernier. Soupirant, il se releva, et, traînant les pattes, se dirigea vers l'épave dans l'espoir presque honteux d'y trouver sa mentor. Il avait besoin d'elle, il se sentait vraiment incapable d'y arriver tout seul.

En arrivant dans le campement, son regard fit le tour du lieu presque vide, déçu. Evidemment, elle n'était pas là. Mais, comme les os de l'ancien oiseau préservaient de la chaleur caniculaire de l'extérieur, Hyden se décida à se coucher dans un coin, paisiblement, la tête sur les pattes. Soudain, apparut à l'entrée une louve qui humait l'air. Instinctivement, le loup gris sut qu'on le cherchait, et se retourna contre l'os de l'oiseau de fer, en se faisant aussi petit que possible. Et il pria pour qu'on ne le dérangea pas.

Cet carcasse de construction des humains, peut-être l'une des seuls utilité venant de leur mains, se cacher dedans ou se protéger. Mais je doit dire que niveau discrétion, il y a bien mieux. Je ne vis pas le loup que je chercher, mais ce n'est pas ça qui vas me faire tourner le dos et partir, non non.
Je ne put que m'avancer dans l'épave. Au fur et à mesure, je trouver des petits débris de verre, et de tout autres choses, même aussi bizarre soit-elles, comme des sorte d'épines en fer, mais plat, et coller à une sorte de manche. Et puis ça brille, un y vois un faible reflet, assez flou. Encore quelque chose d'inutile, je le poussa de la patte.

Je sentais l'odeur du loup, mais celle-ci étais assez corrompue par les cendres. J'avais entendu dire qu'il étais sale et mal entretenu. Quelle déchéance. Mais que pouvons-nous y faire, nous vivons dans un monde de chaos. J'avais atteint le fond de l'épave, du moins, j'en étais proche. Je me mis au sol et me mis à ramper, pour ne pas l'effrayer. Ne me connaissant pas, il pourrais avoir une réaction différente, que si j'étais droite, et habituelle. Je me mis à ramper, et je réfléchit rapidement. Pourquoi je faisait attention à sa réaction ? Je m'étonne toute seule, de ne pas vouloir effrayer quelqu'un.

Je continuait de ramper, pattes arrières au travail et postérieur relevé comme ile se doit pour ne pas être trop lente lorsque je rampe. Une fois un fond, je me mis à pencher la tête du côté inverse d'où étais le loup, puis je m'approcha un peu plus et tourna la tête vers celui-ci. Je me mis à renifler vers celui-ci, et j'entre-ouvrit ma gueule :

- Pourquoi tu te cache ?

Peut-être allait-elle partir. Cachant ses yeux sous ses pattes avant dans une soudaine envie de tranquillité, il pria pour qu'elle s'en aille. Mais visiblement non, parce qu'à chaque coup d'oeil qu'il lui lançait, elle paraissait plus proche. Et soudain, inexplicablement ... Elle se mit à ramper. Non mais il lui manquait une case à l'autre tarée ? Quelle approche absurde ! Pourtant, Hyden continuait à fixer son élégante silhouette qui s'approchait à pas feutrés, rapidement, très rapidement même. Car bientôt, elle fut devant lui. Elle était là, à la fois imposante et aussi fine quand lui sans être aussi maigre. Son museau humait son odeur, surmonté de deux yeux d'un bleu transperçant, qui mirent rapidement le jeune loup mal à l'aise.

« - Pourquoi tu te cache ? »

La femelle était si près, si proche qu'il en sentait aisément toutes les effluves. Même les plus indiscrètes. Le rouge monta rapidement aux joues sous le poil du pauvre loup qui bondit sur ses pattes en prenant soin d'ajouter un bon mètre de distance entre lui et la loup. Elle était en chaleur, et lui bah ... Il ne voulait rien savoir, pas de ça, non rien rien rien ! Qu'elle s'en aille, et puis vite, même ! Vite vite avant que lui ne soit obligé de prendre ses jambes à son cou !
Déglutissant en faisant quelques pas en arrière, complètement déboussolé, il fut tenté de prendre la fuite. Il n'avait jamais vraiment été confronté à ce genre de situation, lui le gentil loup bien solitaire, et là, s'en était déjà trop pour son petit crâne innocent. Les effluves d'une femelle presque servie sur un plateau, ah, ça non, il ne s'y était jamais préparé ! Et il n'avait pas envie de s'y frotter ! Alors, baissant la tête à ras du sol, il se mit à reculer, terrorisé par une situation bien trop étrange. Et si justement elle venait pour ... Ah ! Il ne put se retenir plus longtemps, et après un dernier regard effrayé, prit la poudre d'escampette.

Je reniflait vers le mal, dans l'attente d'une réponse, mais honnêtement je m'attendais pas à une telle réaction. Il avait l'air paniqué, mais aussi effrayé. J'arrive pas à comprendre... Je suis cool, c'est rare, et j'arrive quand même à faire peur. Bon je sais pas trop ce qui cloche, mais j'aimerais bien réglé ça. J'avais beau chercher, je comprenait pas sa réaction. J'en avait même pris le temps de regarder sa patte. Apparemment les autres de la meute oublient de dire qu'il est pas net, enfin, plutôt bizarre je veut dire.

Je penchait la tête sur le côté, je l'observait, puis un regard derrière moi, mais j'en revint vite à celui-ci. Or, il avait pris la fuite. Faute d'inattention. Je me mis à sa poursuite en grognant, j'étais venu parler, discuter et faire connaissance, mais je fait visiblement toujours peur, quoi que je fasse, quoi que je me comporte, c'est toujours le même résultat apparemment. Pourtant, on est de la même meute. Je le poursuivait, et avec sa patte, il avait l'air de pas être très rapide tout de même, mais j'entre-ouvrit la gueule, pour murmu... Non, pour gueuler après lui :

- Hey, attend ! Qu'est-ce que tu me fait là ! C'est quoi ton problème ?!

Une fois proche de lui, je bondit de toute ma force, pour tenter de lui atterrir dessus, avant cela j'ai espérait qu'il n'esquive pas.

Hyden, clopinant maladroitement dans sa course vers l'innocence, ne vint pas venir la louve qui, grondant, bondit sur lui d'un geste souple. Dans un réflexe purement psychologique, le pauvre malheureux posa sa patte douloureuse sur le sol au moment de l'impact, provoquant dans son maigre corps une vague soudaine de souffrance. Le frisson de douleur remonta le long de sa cuisse jusqu'à sa colonne vertébrale, le faisant s'écrouler dans un gémissement suraigu. Fichue patte, toujours là alors qu'on avait jamais besoin d'elle. Parfois, Hyden avait même penser à la mettre dans une mâchoire froide des deux-pattes, comme ceux qu'il avait déjà croisé, pour que celle-ci lui arrache net l'inutilité qui lui servait de membre. Mais la peur de la douleur et son incroyable lâcheté l'en avait toujours empêché. Alors, roulant sur lui-même en geignant, il haït cette patte plus que jamais.

« - Hey, attend ! Qu'est-ce que tu me fait là ! C'est quoi ton problème ?! »

Son problème ? Non mais quelle idiote cette louve ! Elle ne s'en rendait pas compte ? Sérieusement ? Hyden tremblait de tout son corps, alors que son crâne rejetait les choses impurs que les effluves de la louve lui ordonnait. Il ne devait pas craquer, c'était plus que dégueulasse, il n'était pas fait pour ça. Pourtant, sa patte, trop douloureuse, avait presque entièrement paralyser son arrière-train, et Hyden se surprit à gémir de terreur alors que la louve approchait. La tête plaquée contre le sol, les oreilles baissées dans une expression soumise, la queue entre les jambes, le loup, d'ordinaire si hargneux et imbu de se personne se retrouvait là, miséreux, à se soumettre à une inconnue dont il ne connaissait même pas le nom. Sa fourrure noir, encadrant une tête trop fine pour une carrure trop massive, le laissant parfois rêveur, mais il chassait vite ces idées ignobles de sa pauvre têtes, harcelé par des pensées immondes. Il ne voulait pas être un monstre, il ne voulait pas être comme ça. Dans un geste désespéré, il enfouit sa truffe dans son museau jusqu'à ne sentir plus que sa propre odeur de cendre, les yeux clos par la terreur, en espérant qu'elle s'en aille au plus vite.

Je réussit à le mettre à terre, mais j'avais oublié sa patte. Il tomba je l'avais lâcher aussitôt le gémissement entendu. Pour une fois que j'ai pas fait exprès de faire mal... Je l'observais après l'avoir lâcher, je comprenait pas vraiment, du moins, toujours pas. Je lui ait fait quoi à lui ? On est de la même meute et pourtant il ne le sent pas. Je le vis se mettre en position de soumission, et là, je finit par être réellement perdue. C'est pas moi l'Alpha, il est bête lui. Mais vraiment, aussi bête qu'un âne.

Je me redressa doucement, et je m'approcha de la nuque du mâle, pour la lui renifler, puis je vint m'asseoir en de lui, enroulant ma queue autour de mes pattes. Je penche la tête sur le côté, parce que j'aimerais comprendre, vraiment. J'ai beau chercher, vraiment. Peut-être qu'il m'as vue faire souffrir l'autre Solitaire là, je connais pas son nom. Il a dû croire que c'étais une Sekmet et que je faisait ça à tout les Sekmets.
Enfin, je devais m'assurer de la vérité, je me trompe surement. Je me décide à lui parler, puis-ce qu'il n'y a que ça à faire :

- Je t'ai fait quoi pour que tu me fuit ? Je fait un truc qui fallait ?

Je pouvais pas m'empêcher de regarde la partie basse du corps du mâle. Il s'étais peut-être pris un caillou pointu, ou encore tombé sur un objet dangereux des humain, j'en savais trop rien, et je voulais franchement pas voir l'Alpha pour lui raconter ce qu'il s'est passer.

A peine l'eut-elle touché qu'elle s'éloigna, comme désolée de l'avoir blessée. Pourtant Hyden ne la lâchait pas des yeux, geignant de douleur. Alors, elle s'approcha près de lui, s'asseyant confortablement tout en enroulant sa queue autour de ses pattes. Une seconde, le loup gris, toujours dans une position des plus soumises, se dit que la manière dont elle se tenait était très féminine et soulignait sa finesse. Son pelage noir mettait en valeur le bleuté de ses yeux, et leur caractère à la fois doux et ferme. Elle était ... vraiment pas mal. Mais que pensait-il ? Secouant la tête, il chassa toutes ses idées trop étrange pour lui-même, et se contenta de fixer ses pattes, quand la louve prit la parole.

« - Je t'ai fais quoi pour que tu me fuis ? Je fais un truc qui fallait pas ? »

Une oreille toujours baissée dans un signe de soumission, il dressa l'autre en la tournant vers l'inconnue, le regard méfiant. Peut-être n'était-elle pas le monstre qu'il s'était imaginé ? Aussi oublia-t-il presque l'odeur gênante de la louve, pour s'intéresser à sa venue. Que lui voulait-elle, au fond ? Soudain, Hyden se rendit compte qu'elle fixait sa patte, et ne put retenir un grondement. Il détestait qu'on le considère comme un handicapé, et tâcha de se positionner de manière à ce qu'elle ne voit plus sa patte. C'était lui, et personne n'avait le droit de le dévisager ainsi. Aussi, quand il fut sûr qu'elle ne la voyait plus, il releva timidement la queue et les oreilles, dans une question silencieuse. Que lui voulait-elle ? Il se remit timidement debout, avant de se rendre compte qu'il avait oublié de répondre à sa question. Bon. Elle ne lui voulait visiblement pas de mal. Pourtant, Hyden ne pouvait s'empêcher d'être sur ses gardes.

J'attendait une quelconque réaction. Même si c'étais violente ou méchant, peu m'importer. Je fixais toujours la patte. Sans considération, non. Je me demander plutôt ce que ça lui faisait, et si ça le gêner. Bon, il a eu mal, donc, j'imagine qu'il ressent la douleur et que ça lui fait mal. Enfin ça l'empêcher pas de courir, et de sauter, j'imagine. Je ne fit pas attention au fait qu'il me regardait, en vérité, il faisait ce qu'il voulait, personne n'avait à se gêner avec moi, temps qu'il ne s'agit pas d'un contact direct.

Il fit un grondement, puis il cacha sa patte. Je n'avais pas bien compris, dans sa tête il l'avait mal compris, ou alors avait-il tout simplement, imaginé ou sous-entendu. Je n'en sais rien. En tout cas, je n'eut aucun réaction au grondement, bien au contraire, je fit un sourire en coin. Il finit par se défaire de cette soumission. Je ne pouvait que m'en contentait. Je l'observais ensuite dans les yeux. N'ayant plus rien à regarder. Il fallait bien. Je pris en vérité, légèrement le temps de le détailler. Sa patte, je ne le voyais pas, dans le sens ou, je le voyais qui se de rien n'étais, et c'est le cas.

Il n'avait pas répondu à ma question, il se méfie peut-être, mais je vais lui arracher cette conviction. J'entre-ouvrit la gueule, lui offrant quelques mots, proche des murmures, dans une voix douce mais ferme :

- Hyden je me trompe ? N'aie pas honte de ta patte, ou élimine tout les sous-entendus que tu t'es créer quand je l'ai regarder. Je n'ai aucune considération vis-à-vis d'elle. Et nous sommes de la même meute, tu peut avoir confiance.

« - Hyden je me trompe ? N'aie pas honte de ta patte, ou élimine tout les sous-entendus que tu t'es créer quand je l'ai regarder. Je n'ai aucune considération vis-à-vis d'elle. Et nous sommes de la même meute, tu peut avoir confiance. »

Cette louve était vraiment étrange. Pourquoi réagissait-elle ainsi ? Oui, il avait honte de sa patte, et alors ? Qu'est-ce que cela lui faisait ? Pourtant, Hyden avait envie de croire la louve. Elle avait raison, ils étaient tous deux de la même meute ! Hélas, le loup gris, depuis toujours solitaire, n'avait pas encore parfaitement cette notion de meute, de clan, qui pour lui n'était qu'un passage momentané pour avoir un accès illimité à la nourriture. Dans sa petite tête, il pensait qu'à un moment, quand il en aurait marre, il n'aurait qu'à piller le garde manger et s'en aller, comme le voleur qu'il avait toujours été, mais l'attachement qu'il développait à ces lieux et ces loups, il ne l'avait pas vraiment pris en compte. Il se sentait bien, ici.
La voix de la louve, fluide, douce, enchanteresse, finit de l'achever, et il mit sa méfiance de côté. Elle ne lui voulait aucun mal, il en était certain à présent. Alors, s'asseyant, tout en gardant sa patte légèrement cachée, malgré les dires de la belle, il se mit à fixer la louve droit dans les yeux. Il pouvait y lire une douceur cruelle, mêlée d'une froidure étrange. Elle semblait presque comme lui. Non, lui était différent. Il était animé d'une haine qu'il pensait incontrôlable. Pourtant, elle, il n'avait pas envie de la haïr, elle lui inspirait même une confiance, mitigée, mais une confiance quand même. Alors, il se força à parler, d'une voix rauque qui trahissait son habitude au silence.

« - Hyden, en effet. Désolé de ce … Bref. Désolé. »

Baissant la tête d'un air gêné, il se mit à fixer les pattes de la louve, confus.

Je pénétrais ses yeux, enfin, façon de parler, j'essayais de regarder en lieu, mais il semblait plutôt fermé comme congénère. Peut-être est-ce à cause de son passé ? Qu'en sais-je. Il était sale, et ça me plaisait bien. Cela change des autres loups. Il étais maigre, j'en voyais même ses côtes. Difficile à dire, mais j'aimerais le voir en meilleur état. Et je me rend compte que je me suis trompée. Il est spécial. Spécial au point de me faire avoir un comportement des plus inhabituel. Je me surprenait moi même d'ailleurs, sans le montrer. Je le regardais sans gêne, le détaillant. Un magnifique loup qui change de tout ses hypocrites. Tous des monsieur muscles juste pour séduire. Ou pas.

Je me mis a agité une oreille, lorsque je l'entendit prendre parole. Je le trouvais bien silencieux, et sincèrement, ça me fit plaisir de l'entendre. Je lui pardonnait son silence. Après tout, il n'est pas le seul à l'aimer. Moi tout autant, même si je préfère bien plus m'amuser avec une proie, bien plus distrayant. À mont goût. Je me penchait vers lui, et renifla le sommet de son crâne, lorsque j'en eut la possibilité. Puis je me remis correctement, droite, assise et fière. Certaine. Puis j'entre-ouvrit de nouveau la gueule :

- Tu n'as pas à être désolé. Surtout pas avec moi. Ceux qui sont désolés, sont ceux qui m'ont fait quelque chose. Et ceux qui me font quelque chose, en général, ne s'en sorte pas très bien. Sinon, je me nomme Ynaelle. Ou Braise Noire, appel moi comme tu en as envie.

Un mince sourire s'étira sur les babines de la louve, tout en fixant le loup, dans une attente certaine.

« - Tu n'as pas à être désolé. Surtout pas avec moi. Ceux qui sont désolés, sont ceux qui m'ont fait quelque chose. Et ceux qui me font quelque chose, en général, ne s'en sorte pas très bien. Sinon, je me nomme Ynaelle. Ou Braise Noire, appel moi comme tu en as envie. »

Fiou ! Quel monologue ! Si habitué au silence, Hyden en resta ébranlé un instant. Pourtant, il n'avait pas envie de s'énerver, car la voix emplie de douceur de la louve résonnait comme paisible à son oreille. Que se passait-il ? Non, il n'était que de bonne humeur, sans doute un peu trop, pourtant, quand Ynaelle, donc, lui renifla le sommet du crâne -sans qu'on sache vraiment pourquoi-, Hyden n'eut pas le moindre geste de recul, de peur ou d'agressivité. Fixant ses pattes, il se laissa faire sans même penser à la raison pour laquelle elle le faisait. Si elle avait envie de le faire, et bien, qu'elle le fasse, si ça lui chantait ! Prenant une profonde inspiration, il reprit d'une voix faible :

« - Lame Ardente. Enfin ... Voilà quoi. C'est moi. Ou Hyden. Comme tu veux. Enfin voilà ... »

Pour lui, les noms de lunes n'avaient aucune signification. Il n'avait jamais vraiment compris leur utilité. C'était ... Rien. Ce n'était rien que deux mots au hasard mis les uns après les autres. Au milieu des Lame Ardente, des Braise Noire, peut-être trouverait-on un jour Canard Psychopathe ou Dindon Bruyant. C'était d'un ridicule absurde. Mais si cela tenait à coeur aux autres, bah qu'ils le garde pour eux ! M'enfin ...

« - Enfin bref ... Enchanté, quoi. »

Je sais pas pourquoi je l'ai fait, mais je l'ai fait. C'est inexplicable. Des fois je fait des trucs sans m'en rendre compte. Enfin soit, si ça pose problème à quelqu'un, après tout, il n'as qu'à venir régler ça par les crocs.
Je m'attendais à une tout autre réaction d'ailleurs. À force de pensait, je me suis rappeler d'un détails. Je suis bête... Je comprend mieux pourquoi il m'as fuit. C'est la saison des amours, et je ne suis pas épargnée des chaleurs. Mais maintenant ça a l'air d'aller mieux, qu'il se retienne ou non je n'en ait rien à faire. C'est pas mon problème, c'est le sien.

Il avais une façon parler.. Pas bizarre je dirais, mais plutôt spécial. Une voix... Bon je ne saurais l'expliquer, moi et les explications, hein, pas une habitude. Il avais pas l'air habitué non plus à parler lui. Et j'avais l'impression de le mettre mal à l'aise. Peut-être à cause de fait que je sois en chaleur. OU peut-être, parce qu'il ne me connaît, ou encore... Stop. Trop de théories, toutes sans réponses. Et décidément, je l'aimais bien ce loup. Rien à voir avec les autres. Pas à cause de sa patte. Pas du tout. Il sentais bon. Les cendres et la saleté, que c'est excitant, ça m'en donnerais presque des frissons. Je me leva et m'approcha un peu plus de lui, pas jusqu'à me coller, non, mais assez proche, et repris mon ancienne position. Je penchait le museau pour essayer de le regarder en face, avec peine. J'ai pas le cou élastique. Et murmura, ou presque :

- C'est quoi qui te met mal à l'aise ? Moi ? Ou le fait que j'ai regarder ta patte ?

Toujours les yeux fixés sur le sol, gêné, Hyden sursauta quand la louve se rapprocha encore de lui. Il ne put s'empêcher de remuer sur ses fesses, honteux. Il ne se comprenait plus. Il n'avait jamais eut à faire à une femelle en chaleur, séduisante qui plus était, et il ne savait pas vraiment comment réagir. Il resta immobile, regrettant soudain de ne pas pouvoir rester impassible, de ne pas pouvoir se taire, de ne pas pouvoir haïr le monde une fois encore.

« - C'est quoi qui te met mal à l'aise ? Moi ? Ou le fait que j'ai regarder ta patte ? »

Hyden releva la tête vers elle, dans un regard interrogatif. D'un geste impulsif, il plaqua à nouveau sa patte contre son corps sans y faire trop attention, avant de se plonger dans le regard de la louve qui se dévissait le cou pour l'observer tant elle était proche. Il se releva, gêné, puis se rassit plus confortablement en soufflant, avant de replonger à nouveau son regard sur Ynaelle. Ses yeux d'un bleu ténébreux l'ensorcelaient, et finalement, il se détourna en faisant mine d'avoir entendu quelque chose en dehors, avant de refaire attention à elle.

« - Non ... Rien rien ... »

Il se détourna, pour s'allonger à nouveau contre la carcasse d'oiseau, comme il était à l'arrivée de la louve. Finalement, il se retrouva sur le flanc. Un instant, il se laissa aller à fermer les yeux, à penser au passé.

J'étais convaincue qu'il avait honte de sa patte. Il n'y a aucune honte à avoir un tel problème à la patte. Ca l'empêche de rien.
Enfin ça l'empêche pas de chasser, d'être fort, d'avoir une femelle et des petits, ou encore de courir. Pour preuve, il s'est enfuis. Bon, pas très vite, mais c'est toujours ça. Et puis les guérisseurs ils savent pas soigner ça ? Bref. Si j'en trouve un, ou une, je lui demanderais. Il avais de drôle de réaction ce loup. Mais je pouvais pas m'empêcher de sourire. Je devais avoir l'air idiote comme ça. Ou d'une folle. Enfin, une folle, c'est réellement le cas selon la situation.

Puis ce que j'ai dit le fit encore mal réagir, mais lorsqu'il daignait me regarder dans les yeux, je me forçait à ne montrer que de la douceur envers lui. Même si chez moi c'est pas habituel, ça peut arriver à tout le monde. Il semblait réellement gêné vis-à-vis de moi. Et bien il devras faire avec, je n'y peut rien. Lorsque je le vis se coucher, j'ai pas oser le faire aussi. C'est pour ainsi dire, je savais même si j'étais la bienvenue. Sic'étais pas le qu'à me recalée. Mais il ne l'as pas fait. Tant de questions. Mais je finit par oser me coucher à mon tour, proche de lui, tête tournée vers le mâle, et soufflant quelques mots :

- Pardonne moi pour ta patte tout à l'heure. Je savais pas que t'aurais mal.

Pour une fois que je m'excuse.. C'est une première, ça.

Les portes de la mémoires s'ouvrirent aux yeux du jeune Hyden, perdu dans ses pensées. Il se rappelait de chaque instant de son passé, revivait chaque douleur, chaque frénésie, chaque haine qu'il avait supporté, et ressentait, comme au premier jour, la vive souffrance qui s'emparait de son coeur. Il était là, au milieu des regards ignobles, à subir l'acharnement de la vie, à attendre la délivrance de la mort, celle qu'il n'avait jamais réussi à atteindre malgré tant d'efforts. Ce qui revenait, le plus souvent, c'était le regard de Kayna, celle que d'autres auraient appelé "maman", cette haine pure, cette violence silencieuse qui ne l'avait jamais quitté. Alors, les deux grands yeux bleus de cette louve ignoble revenait sans cesse, et il entendait, d'une voix lointaine, étouffée par ses propres pleurs de misérable louveteau, ses insultes sans pitié. "Misérable imbécile !", lui criait-elle souvent, en jetant des regards méprisants sur son corps mal-nourri. Alors, sur l'image bleuté d'un regard de haine, Hyden rouvrit les yeux sur le monde présent, et sur la louve d'un noir d'ébène qui, allongée près de lui, ne le lâchait plus du regard. Ses yeux, d'un bleu aussi intense que ceux de sa mère, exprimaient, eux, une incroyable douceur qui désarçonna le loup gris.

« - Pardonne moi pour ta patte tout à l'heure. Je savais pas que t'aurais mal. »

Hyden ouvrit de grands yeux, avant de jeter un coup d'oeil à l'arrachée à sa propre patte, qui, elle, était toujours là, moqueuse. Pourquoi s'excusait-elle ? Ah, oui, quand elle l'avait fait tomber ! Hyden ne put retenir un sourire en coin, quand il posa sa tête sur ses pattes. Pour la première fois, quelqu'un se souciait de son bien être, et cela lui faisait un bien fou. Alors, la fixant d'un regard mature, la remerciant presque des yeux, il déclara dans un murmure :

« - Ce n'est rien, tu sais ... Ne t'en fais pas pour ça ...»

Je le voyais assez rêver, ou penseur. Pendant qu'il étais dans la lune, -d'ailleurs je n'ai rien fait pour l'en faire sortir-, je voyais des traits, tous différents les uns des autres. Exprimant chacune des possibles pensées du loup. Ou peut-être étais-ce autre chose, je n'en sais rien. Je ne connaissais pas son passé et lui demander de m'en parler pourrais rouvrir une plaie du coeur. J'essaye de faire le moins de mal aux loups de ma meute. Alors je vais essayer de ne pas commencer aujourd'hui, ce serait idiot, surtout avec lui.

Après m'être excusée, je crois que ça l'as un peu sortit de ses rêves. Et mon regard lui a provoquer une réaction contraire à ce que j'ai entendu sur lui. Et son comportement. Il avais l'air... Plus calme. Plus serein. Il avais l'air un peu mieux dans sa peau, contrairement à tout à l'heure. Plus apaisée si j'ose dire ? Peut-être que je me trompe après tout. Mais j'avais quand même constaté un changement positif en lui. J'ignore la cause, mais j'ai peut-être fait quelque chose pour. Moi faire des choses positives ? J'imaginais que c'étais à un pas de l'impossible. Et pourtant. Je le trouvais un peu plus à l'aise pour le coup, et je m'en réjouissait. Ses traits triste et haineux se sont changer en traits content et touché. Mais encore une fois, je n'en suis peut-être pas la cause ou alors je me trompe, tout simplement.

Sans plus attendre, j'entre-ouvrit la gueule, et murmura, tout aussi doucement qu'avant, par envie de ne pas être entendue. Il y a des oreilles partout après tout...

« - Les autres se moquent de ta patte, que tu reste ici ? Ou tu n'as jamais eu de "bonne" compagnie ? »

Hyden leva son regard vers celui de Ynaelle, tendu. Bonne compagnie, bonne compagnie ... jusqu'à présent, il n'avait rencontré que des abrutis, des monstres, des égoistes. Non, il préférait de loin rester seul qu'être en cette compagnie-là. Trop longtemps il avait été aux prises avec la haine pour pouvoir vivre comme tout le monde, dans une communauté sainte peuplée de bisounours qui lancent des colombes à tout bout de bras dans un pays rose bonbon où les arbres vous tendent les fruits et les chevreuils leurs cuissots. Non, lui restait sur terre, et posait son regard sévère sur la vie d'une manière objective. La vie, tout comme la meute, était harcelée par le sadisme et la hargne d'êtres incontrôlables qui pensent pouvoir refaire le monde avec leurs pensées naïves. Certains critiquaient les deux-pattes, pourtant ils étaient milles fois pire. Les deux-pattes, eux, mettent un terme à l'existence de leurs proies, loups ou gibiers, sans se jouer d'eux, les faire souffrance autant mentalement que physiquement, et leur faire assouvir leurs pires désirs dans un espoir d'une puissance encore plus grande. Non, les loups étaient des monstres. Hyden savait qu'il était fait du même sang, de la même chair, et se considérait lui-même comme une chose qui ne méritait pas de vivre.
Soudain, Hyden posa un regard lourd sur Ynaelle. A quoi jouait-elle ? Elle aussi était comme eux-tous, pourtant, elle donnait au loup gris l'impression qu'elle était peut-être épargnée par la malédiction lupine comme il l'interprétait. Méfiant, il jeta un regard froid autour de lui, étudiant chaque position des loups encore présent. Monstres, monstres, monstres. Puis il en revint à la louve, et se retrouva dans l'incapacité de la classer dans une classe quelconque. Elle était ... Différente. Alors Hyden se mit à fouiller ses yeux pour y trouver la moindre trace de manipulation, de haine ou de violence. Mais, dans son état actuel, la louve ne présentait que de la douceur, de la compassion, et peut-être même un peu de pitié. Mais il ne s'y arrêta pas. Il baissa les yeux sur ses propres pattes, les regardant comme si elles étaient souillées d'un sang impur, avant de revenir à nouveau vers Ynaelle. Non, elle ne dégageait rien de tout ça. Qu'était-elle, au juste ? Une sorte de mutant ? Un être magique, qui allait lui faire pousser des ailes et lui dire que la vie mérite d'être vécu, que s'il regardait bien, on trouvait du bonheur dans chaque idée, dans chaque action ? Non.

« - Disons ... Que c'est un peu plus compliqué que ça n'en a l'air. »

En le voyant réagir, je me tendue aussi. J'aurais peut-être pas dû en parler, mais que lui dire ? Garder le silence ? Non. Non non. Pas du tout. Il est agréable, et c'est pas tout le monde qui l'ait, à mes yeux. Sinon je l'aurais bien recalé aussi tiens, mais non. J'éprouvais bel et bien de la compassion. De la pitié, je ne sais pas vraiment. Je n'ai pas pitié de quelqu'un qui n'en as pas besoin. Les faibles et les infirmes font pitiés. Pas lui.

J'étais pas sûre de lui inspiré confiance, mais ça viendras. Il s'enfoncer dans mes yeux pour y chercher chercher quelque chose. Des réponses peut-être ?

Il semblait douter, ou peut-être, il étais perdu vis-à-vis de moi. Il ne savais peut-être pas qui j'étais. Il semblait avoir un passé douloureux. Mais moi je n'en fit rien, non. Je comprenait ce qu'il pouvait ressentir, et au fond, j'étais sûre qu'on étais pareille lui et moi. Seulement, je ne pouvais l'affirmer, sans connaître son histoire à lui. Mais comment demander à quelqu'un de nous expliquer, ce qui lui fait le plus mal au coeur ? Sachant que bizarrement, je ne voulais que du bien à ce loup. Rien de néfaste. 

C'est presque avec regret et incertitude, mais je semblait tout autant hésiter à le demander, tout cela se voyait sur ma gueule, avant de murmurer :

Bien sur, je n'avais rien de méchant dans les yeux, ni aucune manipulation quelconque, si essayais encore de chercher. Simplement de la douceur.

« - C'est quoi ton histoire ... ? »

Hyden se mit à la fixer d'un air renfrogné. Evidemment. Evidemment. Pourtant, il n'avait plus envie de lui parler. Il ne se sentait pas prêt à lui raconter ça. C'était tout ce qui l'avait forgé, tout ce qui faisait de lui ce qu'il était. C'était sa personnalité, son expression, son âme. Et jamais il ne laisserait violer ces quelques choses qui étaient vraiment à lui.
De toute manière, comme aurait-il put lui expliquer tout ça ? Lui expliquer que la vie avait décidé de faire de lui son martyr. Lui expliquer qu'il n'avait, dans sa courte année et demi d'existence, vécu uniquement de la charogne, tel un vautour affamé, et qu'il haïssait du plus profond de son âme jusqu'au sang de sa propre espèce ? Elle ne comprendrait pas. Elle ne pouvait pas comprendre. Alors, il posa des yeux froids sur elle, l'air plus méfiant que jamais. C'était trop frais. Il ne pouvait pas en prononcer le moindre mot. Pas même le nom de sa propre mère, qu'il essayait, chaque jour, chaque nuit, d'effacer de sa mémoire, de son existence. Elle n'était rien, rien qu'une étape dans sa vie qui ne méritait rien de plus que l'oubli.

Se redressant, Hyden bondit froidement sur ses pattes, s'ébroua, avant de jeter un dernier regard à la louve. Désormais, il se méfiait. Qu'avait-elle besoin de savoir, au fond ? Alors, il détourna la tête, et s'éloigna en silence. Il fit quelques mètres, avant de tourner la tête vers elle, les oreilles plaquées contre la nuque, l'air agressif. Elle aussi, c'était un monstre. Elle était faite du même sang, de la même chair, il ne fallait pas qu'il l'oublie. Couper les ponts, ne plus jamais souffrir. Tel était la loi qui se grava dans son esprit. Il la fixa d'un air méchant, avant de se retourner et de recommencer à marcher, lui tournant le dos.

« - Ca ne concerne que moi. Et ne tente pas de me suivre. »

Envahit de souvenir, depuis bien longtemps il se retrouva à marcher, la tête haute, les yeux froids, d'où coulaient pourtant quelques larmes silencieuses qu'il tentait maladroitement d'oublier.