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Nuages noirs, éparses, ciel obstrué et astres camouflés, le loup se réveilla, la tête à l’envers. La vue troublée par la fumée et la chaleur de ce qui s’apparentait à un feu de bois. Il balançait, de gauche à droite, suspendu par les pattes. Tout son poids reposait à présent dans le vide, les pattes accrochées à un petit rondin de bois. Sang du Triomphe émergeait, un mal de tête le prenait sérieusement et cela le rendait vraiment mal. Mais finalement, il sorti assez vite de ses pensées pour découvrir que monsieur n’était pas tout seul. Les bruits sourds résonnèrent autour de lui. Trois silhouettes, leur ombre dansant auprès du feu, se réjouissaient déjà de pouvoir enfin manger quelque chose de charnu. Le loup se débattait dans tous les sens, ses membres brûlaient et la tête en bas, il avait du mal à visualiser ses kidnappeurs. Les hommes aiguisaient leurs lames, préparaient leurs assiettes. Ils jouissaient à l’idée de se rassasier pour la première fois depuis des lustres. Ils avaient fini ; l’un d’eux essuya sa lame une dernière fois, l’approchant ensuite du loup noir qui pendait tout en se débattant de plus belle. Il essayait de coordonner ses membres pour se défaire de ses nœuds. Piégé, il n’abandonnait cependant pas. Il mordillait petit à petit les cordages, les rongeant, puis faisant passer ses pattes là où la corde serrait le moins. Il avait réussi à se défaire une patte, puis, deux. La masse noire retomba sur le sol, juste à côté du feu. Il avait cependant une patte avant toujours attachée. Les hommes s’empressèrent de le maitriser mais malheureusement pour eux, le loup savait très bien se défendre. Les gerbes de flammes faillirent le brûler lorsque celles-ci volèrent de part et d’autres de la source de chaleur. Les bipèdes attrapèrent la gueule du Sekmet à toute vitesse et tentèrent de le maitriser. Sang du Triomphe luttait, ancra ses pattes dans le sol pour un meilleur appui et ripostait encore et encore. Il résistait, et de ce fait, réussit à enfin défaire la dernière patte qui était coincée dans le piège anthropique. Un râle résonna au fond de sa gorge. Le mâle noir hérissa son pelage et gonfla tous les muscles de son corps. Il devenait grand, imposant. Comme s’il se métamorphosait en une bête sauvage. Mais il en était une, et comptait bien montrer à ces pirates qu’il était le plus fort. Mais pourquoi risquer sa vie ? Dovahkiin risquait de se blesser, préférerait-il fuir ? Il était là face à un incroyable dilemme ; le combat ou la fuite. Mais la rage coulait dans ses veines et le loup d’ébène comptait bien leur faire la peau. Il prit appui sur ses arrières et d’un bond fulgurant, il sauta sur l’un des hommes en dévoilant ses longs crocs. Il y en avait deux autres, qui, sortant leurs armes, menaçait le canidé. Le Triomphe arracha sa veste d’un coup de croc et lacéra cette sorte d’armure qui l’enveloppait. S’agrippant sur lui avec ses griffes, il le fit tomber et déchiqueta son visage en perforant sa chaire comme une aiguille traversant une fine couche de peau. Il dominait, et se lâcha sur cette « proie » qui faisait trois têtes de plus que lui. Les hommes frappèrent le loup au corps, mais il résistait. Dovahkiin encaissait les coups tant bien que mal ; il était légèrement blessé, mais savait que s’il abandonnait, il n’aurait pour le coup plus aucune chance de s’en sortir. Le grand mâle noir arracha le visage de son agresseur et, sans s’en rendre compte, le tua. L’homme ne tardera pas à entamer son ascension, mais cette fois, c’était aux enfers que le jeune adulte l’emmènerait. Les deux hommes restèrent là, ébahi, cependant menaçants. Eux non plus n’abandonneraient pas. L’un d’eux pointa son couteau à peine aiguisé. Le loup le voyait comme une défense de sanglier qu’il fallait à tout prix éviter. Grâce à ses entraînements, il savait comment s’y prendre. Il n’avait jamais vu d’hommes, cette espèce dimorphique qui apparemment change d’apparence en fonction des sexes. Il n’y avait que des hommes, des mâles, comme il aimait. Dovahkiin pouvait se battre face à eux sans risquer qu’il y ait un quelconque abandon. Le grand mâle bondit sur l’un d’eux en le contournant pour éviter l’arme blanche. Il le prit alors par derrière et le heurta violemment en lui donnant un énorme coup dans le corps, frappant de toute ses forces avec son flanc pour le faire basculer dans les flammes. L’homme se faisait consumer, petit à petit. Les pupilles du canidé reflétèrent la scène, flamboyante, sanguinolente. Dans un rictus sardonique, le Sang du Triomphe riait d’un air moqueur, Mais l’autre homme arriva par derrière et flanqua un coup de pieds dans les côtes de l’animal. Un hurlement résonna puis, le bipède lui fonça dessus en hurlant, un couteau à la main. Le loup attrapa son avant-bras en bondissant, et resserra sa prise. Il était hors de question que cette affreuse chose le décortique pour le manger. Le loup serrait les mâchoires du plus fort qu’il le pu, et, voyant l’arme se rapprocher de lui petit à petit, finit par le faire lâcher prise. Son adversaire avait une blessure profonde, cet imbécile d’hémophile garderait ça au moins pendant des semaines, s’il ne mourrait pas avant, bien sûr. Dovahkiin lui bondit au cou et le fit basculer par terre. Il ne tarda pas à lui flanquer un coup de patte dans le ventre ; le voyant à présent se tordre de douleur, il décida de l’achever en lacérant sa jugulaire d’un coup de croc bien placé. L’homme se débattait mais ses membres retombèrent très vite au sol. Le mâle avait imposé sa tyrannie, tel un chef, et s’était montré plus que courageux face à ces trois ennemis. Il suffoquait, et restait planté là à regarder ces cadavres à l’odeur pestilentielle. Il en avait terminé avec eux. Il était légèrement blessé, et extrêmement fatigué. Il fallait rentrer à présent, et ne plus se faire prendre dans cet enfer, où les hommes semblaient avoir perdu la raison.