Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.
Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.
Il fallait que j'aille m'entrainer, je devais devenir plus fort que jamais, parce que sinon je ne m'en sortirai pas. Je repartais donc en maraude, marchant dans cette nature étrange qui m'était pourtant devenue si familière. Moi qui n'avait connu pratiquement que les salles d'entrainement, les arènes de combat et les champs où je traquais mes proies, je découvrais maintenant sans limite se vaste monde qui ne semblait ne poursuivre aucun but. Je décidais de commencer à m'entrainer tout simplement à courir.
D'abord, je pris un bond phénoménal pour m'élancer, et partit au triple galop, comme on dit. Mes foulées se faisaient de plus en plus grandes, mes pattes s'espaçaient entre elles autant qu'il le fallait pour que je m'allonge presque entre chaque enjambée. Je m'essoufflais vite, beaucoup trop vite. Au bout d'une trentaine de minutes, mon rythme avait largement décéléré. J'avais déjà la langue pendante, mes pattes me faisaient atrocement mal, mais je devais continuer. Il le fallait, je n'avais pas le droit de faillir à ma tache ! Pour mon maitre, je ne reviendrai vers les humains que quand je serai certaine de pouvoir battre le plus aguerri d'entre eux, prouver que je n'ai rien perdu du Hellhound d'Elite que j'étais.
Je tins encore une bonne quinzaine de minutes à courir ainsi au rythme le plus effréné que je le pouvais. Puis, au bout d'un moment, je ne sentis presque plus mes pattes. Je tombais en roulant au sol dans la gadoue. Sale. Et mouillée. Bah bravo! C'était lamentable et je criais de rage. Je devais m'entrainer pour faire plus, toujours plus. Courir était la solution à entrainer mon cœur à l'effort. Puis aussi mes muscles, même si j'avais d'autres idées d'entrainement pour cela...
J'étais allée me laver puis je m'étais couchée quelque part dans cette étrange vallée. Au levé du soleil, je m'étais réveillée plus hargneuse que jamais, prête à reprendre mon entrainement intensif, puis à aller chasser après. Je regardais autour de moi. Il me fallait un gros rondin...
Je le vis, une souche décapitée. Un humain, même plusieurs en fait, avaient dû décider de se faire une sorte de petit siège. Ils avaient taillé cet arbre, puis l'avaient coupé en rondin pour l'emmener, sûrement dans leur campement. Et là, restait une souche. Je secouais la tête. Mais non, réfléchis. Les hommes n'auraient pas coupé qu'un seul arbre, s'ils avaient voulu se faire du bois. En fait, peu importait. Cette souche était là, gros rondin décapité sans raison d'être. Et bien, j'allais lui en trouver moi, une raison d'exister. Et ce sera une existence qui m'étais dédiée...
Je m'approchais du rondin en baissant la tête, puis le percuta du front. Je poussais de toute mes forces avec mes pattes pour le faire tomber sur le côté ou tout simplement pour le pousser un peu, il n'était pas dans un endroit optimal pour en faire ce que je voulais. Bon sang, qu'il était difficile à déplacer! Je ne pensais pas devoir me fatiguer autant pour bouger un foutu morceau de bois. Je poussais encore et encore, puis, me remis droite et tentais de le bouger avec ma gueule, l'attrapant sur le côté avec mes crocs pour le faire pencher puis tomber d'un côté. Enfin, il tomba, et je n'eus qu'à le faire rouler. Je l'emmenais vers une surface plane. Puis je commençais à foncer dessus, me cognant durement la tête, jusqu'à sentir le sang couler sur ma peau. Contre ma volonté, ça me faisait un bien fou. Je m'acharnais, me faisait souffrir. je n'avais pas mal pourtant, parce que j'aimais ça. Je m'enfonçais dans la terre à force de pousser, mes muscles enlkilosés commençaient à me faire souffrir. Tant pis. Mes muscles travaillaient dur je le sentais. C'était terriblement jouissif..