Sorry pour le temps d'attente, je te répondrais plus régulièrement à l'avenir.

Super. Comme si je n'avais pas assez à penser à moi, voilà qu'on me colle aux pattes une sorte d'apprenti. Un faiblard, une chose inutile aux nôtres que je suis chargé de former. Et former à quoi, au juste ? Ne peut-il simplement pas se démerder tout seul, faire ses preuves de son côté pour attiser la fierté des siens ? Je suis déjà de mauvaise humeur avant même de le voir. Mais lorsque j'aperçois l'énergumène, mon humeur descend encore en chute libre. C'est ça qu'on m'a filé à entraîner ? Non mais regardez-moi ces pattes rachitiques et cette tête de bébé ! Est-ce qu'on a oublié de le nourrir depuis sa tendre enfance ou quoi ?

- Eh ! Où est le loup que j'dois former ?

Je ne vois là qu'une carcasse vide et en le toisant avec férocité, je me dis que nous gagnerions un temps fou à l'abattre tout de suite. Jamais il ne vaudra quoi que ce soit. Mais je m'aperçois alors qu'il montre les crocs, et cette seule attitude me hérisse le pelage. Alors quoi ? Qui prend les décisions ici ? Vaurien stupide. Je reste immobile, à le fixer dans les yeux, le défiant et le méprisant à la fois. Je n'esquisse aucun mouvement, attendant de voir ce que le cadavre a dans le ventre.

L'animal, ou ce qu'il en reste, bondit de son promontoire et atterrit légèrement sur mon dos. Je crois qu'il espère peser sur mon corps pour m'écraser au sol mais il ne parvient qu'à ébranler légèrement mon équilibre. Je fronde le regard alors que sa voix siffle désagréablement à mes oreilles. Des menaces ? Parce qu'il pense que je suis attaché à notre meute ? Un sourire sardonique étire mes babines une seconde, avant que je bascule violemment en avant pour le faire tomber au sol. J'écrase mes puissantes pattes antérieures sur sa cage thoracique pour lui couper le souffle et je mords son encolure dans un grondement hargneux avant de tirer de toutes mes forces pour le relever en hâte. Je lui faire face, crache au sol les poils restés entre mes crocs sans le quitter du regard, et je le toise comme s'il n'était rien. Il n'est rien.

- Va falloir faire mieux, si tu veux survivre.

J'attends sa prochaine offensive, je n'ai pas d'autre choix que de le laisser venir à moi. Vu sa gueule, si je le prends comme un véritable adversaire, il sera mort bien avant la fin de l'entraînement. Je ricaine tout en le fixant dans les yeux, méprisant et médisant.

Il a encore bien des choses à apprendre, bien des choses à améliorer. Je vais déjà lui enseigner à fermer sa gueule, parce que vraiment, il l'ouvre de trop. Je le toise de toute ma hauteur. Il tente de nouvelles offensives, parvient à blesser mon encolure et le sang goutte sur mon pelage immaculé. Dans un grondement furieux je me relève et je le fixe dans les yeux alors que monsieur prend le temps de se nettoyer.

- Toi oui toi tu me parles plus jamais comme cela, si tu veux bien que j'en finis avec toi dis-moi le tout de suite ! Ou bien tu ne prends pas cela au sérieux ?

Mon regard se fronce, mes babines se retroussent sur mes crocs meurtriers. Il ignore tout. Il ignore qui je suis, d'où je viens et il ne sait pas davantage ce dont je suis capable. Il pense avoir plus de force qu'il n'en a, et il suppose peut-être avoir toutes ses chances face à un adversaire de ma trempe. Je commence à comprendre pourquoi Athos me l'a fourré dans les pattes. Principalement pour me faire chier. Mais aussi et surtout parce que cet imbécile de loup a besoin d'une bonne raclée pour sortir enfin de son rêve éveillé.

Je bondis violemment à sa rencontre, percute son corps de toute mes forces et plonge mes crocs dans son visage. Je perce son chanfrein d'un côté et son arcade de l'autre. Dans une giclée de sang, je manque son oeil de peu et lui faire perdre l'équilibre pour l'envoyer au sol. S'il pense pouvoir s'en tirer comme ça, il n'est pas venu au bon endroit.

L'animal plein de rage continue de se débattre et de donner tout ce qu'il a. Le problème avec un adversaire tel que moi, c'est que tout ce qu'il a, c'est loin d'être suffisant. Alors qu'il m'attrape presque de la même manière que j'ai blessé son visage plus tôt, j'ai une pensée fugace pour le soldat qu'il pourrait bien advenir. Mais il est encore trop loin du compte pour mériter un moindre compliment, alors je m'élance vers lui lorsqu'il s'éloigne et je percute sa cage thoracique de toutes mes forces.

Les antérieures en avant, je le bouscule avec toute la puissance de mes membres pour le balance hors de portée avant de me propulser sur mes postérieures pour le rejoindre dans un bond d'une violence rare. Je m'explose littéralement contre lui, plongeant mes crocs dans sa nuque pour plaquer sa tête contre le sol alors que mon corps écrase le sien dans la poussière. D'un grondement sourd je le maintiens longtemps au sol pour lui faire comprendre à quel point ses muscles sont faibles et inutiles.

Puis, dans un mouvement brute, je le relève comme j'aurais relevé un louveteau, par la peau du coup, avant de reculer légèrement pour lui flanquer un coup de griffe monumental en plein visage. Face à son profil, je le fixe avec rage, les babines retroussées et le regard fixe, le pelage hérissé et la queue haute. S'il pense m'impressionner avec si peu, alors il va devoir changer rapidement de mentor. Je le toise un long moment, comme si j'attendais qu'il réagisse, comme si je guettais chacun des mouvements de son corps.

Immobilisé sous sa masse, je m'ébroue violemment pour me libérer de son étreinte. Je me retourne en roulant sur moi-même et je balance mes postérieures dans son abdomen pour l'écarter de moi, et reprendre possession de mon corps. Je me redresse, reprends mon équilibre et lui fais face à nouveau. Décidément, ce morpion commencer sérieusement à me prendre la tête. Je lui balance un nouveau coup de griffe alors que mes yeux me brûlent.

Son visage ensanglanté, je m'élance pour le percuter à nouveau et plonger mes crocs dans sa face assombrie par la poussière et la rage. Je serre mes crocs sur ses tempes, je sens la peau céder sous la force de mes mâchoires et je tire brusquement en arrière pour l'emporter avec moi. Faisant fi des mouvements saccadés de ses pattes pour essayer de se libérer, je le balance au sol dans un grondement sourd sans lâcher ma prise.

Lorsqu'enfin je le relâche, c'est essoufflé que je le fixe mais pas moins déterminé à le saigner comme un porc. Je m'élance, les antérieures tendues en avant pour le garder à distance et l'empêcher d'attraper mon encolure. J'enfonce mes crocs entre mes pattes et je les plonge avec force dans sa gorge que je secoue rageusement comme si je tentais de le mettre à mort. On a voulu me filer un apprenti aussi gauche, je vais leur passer l'envie.

Le mâle s'acharne à se battre alors que bientôt j'aurais répandu son sang sur le sol. Pire encore, il tente de me prendre par les sentiments, comme si j'étais capable de regretter mes gestes, comme si je pouvais faire attention à ma façon de le traiter sous prétextes que j'aurais ensuite des comptes à rendre à qui que ce soit. Je lâche un grondement sourd. Il ignore jusqu'à quel point je suis capable de provoquer l'Alpha, de le pousser à bout.

- Parce que tu crois que j'aurais des remords à t'abattre ?

Je ricane, mou fichant ouvertement de lui et de sa pitoyable tentative de me toucher émotionnellement. Rejoindre son frère ? Parce qu'il croit mériter le repos éternel ? Lâche et incapable, quelle belle brochette ...

- Si tu veux mourir, jettes-toi d'un précipice et épargnes mon temps.

Il s'éloigne, et je me dis un instant que c'est bon, il va aller se buter du haut d'une falaise. Bon ! Au moins je suis tranquille, maintenant. Mais alors que brutalement une douleur s'empare de ma gorge, je comprends qu'il n'en n'a pas encore fini. Je me retourne avec rage, dans un grondement furieux, et je balance mes crocs grands ouverts vers son oreilles que je capture et déchire sous la force de mes mâchoires. Je tire de toutes mes forces et je l'oblige à lâcher prise pour me redresser face à lui.

En quelques secondes, j'analyse ses faiblesses, ses blessures, celles qui me donneront un avantage et celles qui ne le handicapent pas suffisamment. Je m'élance de tout mon poids vers lui, freine à la dernière seconde, puis le contourne et le frappe de plein fouet par le flanc gauche pour le faire rouler au sol. Je plonge mes mâchoires dans ses côtes, sentant les os crisser sous mes dents alors que je vise à arracher sa peau de sa carcasse inutile. Ah il veut mourir comme un loup ? Je peux lui donner satisfaction.