Couchée par terre, je mes yeux étaient clos depuis quelques minutes. Je ne vois plus rien, ma vision n'est plus nette et la brume aussi épaisse que brûlante ne fait rien pour arranger les choses. D'après mon odorat et mon ouïe, d'autres loups s'étaient rajoutés au combat qui était de plus en plus féroce. Des deux meutes, même des solitaires, des mâles, des femelles, des jeunes, de plus vieux, mais jamais autant que moi. Autour, l'air avait adopté une odeur de haine, de sang, mais surtout de désespoir. Je n'avais pas calculé exactement l'effectif des loups, mais il semblait y en avoir un peu moins qu'une dizaine. Environ la moitiés étaient des Sekmets, des as du combat, des as dans le domaine d'anéantir la vie. De ce que j'entendais, tous les loups s'étaient fait blesser au moins une fois par l'homme enveloppé de fourrure, soit par ses poings, soit par sa griffe métallique acérée, dégoulinante de sang. Nous ne l'avions touché que deux, ou trois fois. Et ce montre continuait de ricaner sous son masque, alors qu'il ne blessait de plus en plus d'entre nous. Ce monstre, je lui ferai la peau.

L'homme m'avait légèrement entaillé le dos, assez pour que la douleur ne soit à la limite du supportable. Mon corps reposait sur une petite et rare plaque d'herbe, allongé, alors que je peinais à reprendre mon souffle. J'étais restée là, les yeux clos, à sentir ce liquide vital qui était mien, couler le long de mon dos, à écouter des hurlements atroces de mes convives blessés que quelques interminable minutes, hors d'état de combattre, mais tout s'était à la fois enchaîné à une vitesse fulgurante.

Je me relevai, babines retroussées, toutes crocs dehors. Mes vieux membres tremblaient, non pas de fatigue, comme certains loups plus jeunes auraient pu le penser, mais de haine. Il allait payer pour les crimes que lui, et tout ses frères aussi monstrueux les uns que les autres, avaient commis contre nous durant toutes ces années. Tous ces morts, blessés, emprisonnés, ils allaient les venger, aujourd'hui même.

Un claquement métallique fort et bref parvint à ses oreilles, suivit d'un hurlement lupin à glacer le sang. Je grognai: des pièges à loups étaient placées un peu partout. Le sale lâche.

Je courus vers la provenance du bruit sans y réfléchir un quart de secondes, arrivant à proximité du séquestré avant de me rendre compte que je n'avais bougé ne serait-ce qu'une patte. Il était aussi blanc que moi, et de la même meute. Je lança un bref regard autour de moi dénombrant le silhouettes de mes semblables. Tous étaient affaissés au sol, de ce que je vis de ma faible et pas très nette vision. Je grognai, retournant la tête afin d'examiner le piège. Aucun moyen de s'en déprendre. Un long soupir sortit de ma gorge, interrompu par un autre de ces hurlement à glacer le sang. Mais pas un hurlement de douleur. Un hurlement de désespoir. Je retournai aussitôt la tête, découvrant un mâle, un Sekmet, également prit dans un de ces sales pièges. Mais lui, l'homme au masque s'approchait lentement, ricanant. Mon cœur stoppa. Je me retournai vers le loup blanc, lui adressant la parole.

"Je suis désolée, mais je dois le sauver."

L'homme me tournant le dos, je m'élançai à ses trousses, hurlant de rage, toutes crocs dehors. Arrivé juste assez près de lui pour sentir son horrible odeur, je sautai.

Je courus vers l'homme, toutes crocs dehors, hurlant. Il allait payer. J'allais venger mes confrères, tués, torturés, séquestrés, par ces ignobles monstres sans cœur.

Alors que me pattes ne touchaient plus le sol, le temps sembla s'arrêter. J'étais en suspension dans les airs, mes crocs à quelques mètres de sa nuque, griffes dehors, prête à lui enfoncer dans le dos, espérant traverser les épaisse couches de fourrures et de vêtements. Je sentis un autre loup à mes côtés, voulant faire de même. Je n'eus pas le temps d'identifier sa meute, ou même son sexe que le temps sembla reprendre son court. Et tout se déroula si vite que je n'eus pas le temps de regarder ou j'allais atterrir. Je vis le loup noir qui avait tenté une attaque en même temps que moi se faire violemment repousser par l'homme, puis lourdement retomber sur le sol en un hurlement.

Le chasseur m'esquiva de justesse, mes crocs claquant à quelques centimètres de son oreille. Il état grand. Il était agile. Il nous avaient tous blessés, et nous l'avions touché deux, ou trois fois, si mon analyse des sons produits était bonne. C'était un combat à sens unique.

Puis, j'eus la brillante idée de jeter un coup d’œil au sol dont je me rapprochais à grande vitesse. Mon cœur cessa de battre une seconde fois: un anneau métallique orné de dents pointues se retrouvait droit où mes pattes toucheraient le sol. *Non non non non*, pensai-je. Si une seule de mes vieilles pattes tombaient dans un de ces trucs, c'en était fini de moi.

Je fis tout pour éviter de me retrouver prise au piège dans ces anneaux métalliques, mais c'était perdu d'avance. Je tomba lourdement au sol, ma patte avant gauche se retrouvant coincée dans le piège alors que les dents métalliques se refermèrent en un claquement autour d'elle. Je hurlai, incapable de contenir toute cette douleur à l'intérieur de moi silencieusement. Les dents traversèrent ma chair comme la lame acérée du chasseur m'avait entaillé le dos. Mon corps tremblait d'épuisement. Il y a longtemps que je n'avais pas fourni un effort aussi intense, autant physiquement, que mentalement.

À bout, je n'eus d'autres choix que de m'écrouler de fatigue, gémissant. Était-ce ma fin? Je n'en savais rien, mais ça n'augurait rien de bon.

Je gardai les yeux ouverts, m'interdisant d'éviter cet atroce spectacle. Si je m'en sortais vivante, je profanerais les exploits et la bravoure sans faille des loups qui étaient présents, qu'ils soient mâles ou femelles, jeunes ou vieux, Esobek, Sekmet ou Solitaire, qu'ils aient blessé, tué le chasseur, ou qu'ils se soient fait touchés, qu'ils en sortent morts ou vivants, je venterais leurs mérites.


Je hurlai, grognais, ou jappais, peu importe, je faisais tout pour que le chasseur soit déconcentré, voulant laisser le Solitaire qui combattait tout à l'heure à mes côtés soigner et libérer les loups présents, au risque que l'homme ne se retourne contre moi, sachant que je n'avais aucun moyen de m'en sortir si cela arriverait.

Je tentais du mieux que je pouvais de ne pas sombrer dans la fatigue, me forçant à hurler, encore et encore, tentant de détourner l'attention de l'homme du Sekmet que j'avais essayé de sauver. Je ne me permettrai pas de le laisser entre les mains de cet homme, même s'il appartenait aux Rouges, de ce que j'avais senti, et que l'homme prenne ma vie à la place de la sienne.

Allongée, mes paupières fermaient toutes seules. J'étais vidée, totalement exténuée, et j'avais perdu une quantité considérable de sang. Ma fourrure en était tachée, un blanc maculé et rayé d'un rouge écarlate. Et ce sang, c'était le mien, même pas celui du monstre.

Mes yeux étaient clos, incapable de les rouvrir. Je sentis le loup noir avec qui j'avais combattu plus tôt près de moi, suivit de grognement. Puis, un cri qui, pour moi et les autres loups, s'apprêtait à une récompense: un hurlement humain. Il l'avait eu. Pour la troisième fois, c'était le seul qui avait réussit à le toucher. Mes babines s'incurvèrent en un sourire, dévoilant mes crocs blanches et acérées: tout n'était pas perdu.

Dans un effort considérable, mes paupières s'ouvrèrent alors que je sentis le solitaire près de moi. Jetant un rapide coup d'oeil circulaire autour de moi, je vis des silhouettes allongées, debout, mais aucune ne semblaient être encore pris au piège. Ils s'étaient libérés? Mon regard se posa de nouveau sur le loup noir. Ses mâchoires étaient fermées sur le piège accroché à ma patte avant gauche, tirant dessus de toutes ses forces. Je compris alors ce que s'était passé alors qu'il me libéra: il avait libéré trois loups en même temps de combattre l'homme, lui infligeant trois coups.

Le soulagement était incomparable alors que je pus de nouveau bouger. Ma patte était blessée, certes, mais les dents d'acier ne s'étaient pas encore rendues jusqu'à mon os, encore heureuse. Je me relevai rapidement, comme si toute mon énergie était revenue en quelques secondes, comme si j'avais encore 4 ans, puis regarda notre sauveur qui était couché à mes pattes, restant tout de même attentive aux mouvement du bipède. J'inclina la tête et donna un coup de langue entre les deux oreilles du loup noir. Je m’inclina, perturbant le silence de mort qui était tombé.

"Moi, Edernya Exil d'Incertitude, nourrice Esobek, vous remercie. Je vous revaudrez ça. Mais maintenant, laissez-nous prendre la relève."

Je relevai la tête, cherchant le chasseur. Sa silhouette sombre se détachait des brumes orangées, rapetissant. Il s'éloignait? Il fuyait? Jamais je ne laisserai partir ce lâche vivant. J'enjambai le loup noir, m'élançant à la poursuite du bipède, évitant les pièges. J'étais légère et ne faisais aucun bruit. Je ne hurlais pas de rage. Si je voulais l'atteindre, je devais l'attaquer de dos, par surprise. C'était ma seule et unique chance.

>LANCER DE DÉS<

HRP: J'en ai marre de tomber dans des pièges là '-'

Edit:
Je suivais le chasseur au galop regardant au sol, évitant les pièges. Un tronc d'arbre se dressait droit devant moi, couché dans la clairière. J'accélérai de plus que je pouvais, ignorant ma patte avant gauche qui me faisait souffrir, en plus de ma patte arrière droite qui menaçait de se bloquer à tout moment, et m'élançai par dessus l'arbre.

Mon atterrissage fut difficile, je couinai, perdant l'équilibre, et de la vitesse du même coup. Je dévia à droite et tenta de retrouver l'équilibre, mais ce qui devait arriver arriva: je n'avais pas regardé où j'allais, et ma patte avant droite se retrouva prisonnière des dents d'acier. Je trébucha, forçant le piège. Les dents métalliques déchirèrent la chair de ma patte sur quelques centimètres alors que j'atterris au sol en un hurlement à glacer le sang.

Je hurlai, agonisant. Je n'avais jamais connu un telle douleur. Mon dos incisé, mes deux pattes meurtries, mes tissus déchirés à cause des pièges dans lesquels je m'étais retrouvée coincée deux fois... Je sentais toutes mes forces s'envoler. Je ne me rendis même pas compte que le loup Esobek à qui j'avais adressé la parole plus tôt était à mes côtés, tentant de me libérer. Ce fut alors que je sentis un soulagement intense que j'ouvris les yeux. Je bougeai légèrement ma patte avant gauche, grimaçant. Je le regardai. Il avait un air d'ange.

"M... Merci..."

Je me relevai doucement, tentant tant bien que mal d'ignorer la douleur. Puis, je sentis son odeur. Cette atroce effluve qui me fit retrousser les babines, Il était là, non loin. Je scrutai les environs, au travers le la végétation, les ombres, attentive au moindre moindre mouvement. Restant immobile, c'est après quelques secondes que je le vis. Ce monstre. Il s'approchait droit vers moi, un sourire carnassier accroché aux lèvres qu'il pensait dissimuler derrière son masque. Je grognais, toutes crocs dehors. Je n'avais jamais été aussi enragée de toute ma vie. Mon caractère ressemblait à ceux des plus fous Sekmets. Je bouillais. Je le vis s'approcher, mais ne sentais plus la présence du Vert qui était à mes côté, j'en déduis qu'il avait voulu l'attaquer par derrière. Je me déplaçai précautionneusement vers l'arrière, gardant son attention.Je ne voulais pas que le chasseur remarque mon compagnon derrière lui. Puis, je vis son regard se détourner de moi. Je compris.

"Attention!"

Mais ce fut trop tard. En quelques secondes, le bipède s'était retourné et un second coup de feu fendit le silence de la nuit. Je grognais. Je ne savais pas si l'Esobek était blessé, mais je devais profiter de ma chance alors qu'il était de dos.

Lancé de dés.

Je m'accroupis, ne faisant aucun bruit, prête à bondir à tout moment. Je ne sais pas pourquoi j'attendais, mais j'en ressentais le besoin. Encore un peu... Encore un peu... Tous mes muscles étaient endoloris, mais tendus à leur maximum. Je ne pouvais pas me permettre de le rater une seconde fois. Attendre un peu... C'est alors que je le vis approcher mon compagnon que ma conscience me cria: Maintenant!

Je bondis plus haut que je ne m'en croyais capable. Je calculai ma trajectoire et atterris dans le dos du chasseur. Mes gris plantées dans son dos, je réussis en éventrer une petite partie des peaux d'animaux qui le recouvrait. Ma gueule visait sa nuque, mais il bougea au dernier moment.Je réussis tout de même à refermer mes crocs sur son épaule gauche, ma puissante mâchoire faisant en sorte que mes dents acérées traversèrent ses vêtements. Je secouai hargneusement la tête, sentant ses tissus se déchirer comme du chiffon. Son sang coula enfin dans ma gorge. Je n'étais pas sanguinaire, bien au contraire. Mais cet humain.. Tous ces bipèdes, le méritaient. Le hurlement que j'entendis mélangé à ce doux liquide vital qui s'écoulait dans ma gorge me fit languir. Je me laissa retomber au bout d'un moment, à bout de souffle. Le chasseur venait d'être blessé une quatrième fois. profitant de la déconcentration de l'homme je me précipitai devant l'autre Esobek, le protégeant, Je grognais de rage. Personne n'avais le droit de blesser mes semblables, encore moins des loups de ma meute. Avec une arme à feu en plus. Quel lâche.

Je hérissa mon pelage, voulant me faire plus imposante. Puis, le chasseur se retourna vers nous deux, pointant son arme à feu dans notre direction. Je ne reculerai pas. Je le protègerais même si l'homme prendrait ma vie à la place de la sienne, ce ne serait pas une grosse perte. Il était bien plus jeune que moi, il lui en restait tellement plus à vivre.

J’adressais la parole à mon compagnon, ne lui laissant même pas le temps de répondre à mes questions.

"Tu peux courir? À trois, pars vers la droite. Cours jusqu'où le solitaire est. Cours du plus vite que tu ne le peux. Il est en danger. Fais attention aux pièges."

J'étais étourdie, et totalement exténuée. Mais je n’abandonnerais pas tant que ce monstre montrerait des signes de vie.

" Un... Deux.... Trois!"

Je détournai le chasseur et sentit la balle frôler mon oreille. Mon plan avait marché. Je sautais le tronc d'arbre et détalla vers les autres loups. Mes membres tremblaient de douleur et de fatigue, mais je ne devais pas abandonner. Je rejoignis l'autre Esobek et courus avec lui, évitant les pièges.

"On doit se dépêcher, il ne nous reste plus beaucoup de temps."