Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.
Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.
Epsilon se trouvait près de la rivière qui sillonnait la forêt lorsque le sol fut soudain frappé de secousses. Redressant les oreilles, le mâle blanc sentit l'odeur d'un danger qui approchait. Il tourna la tête vers la rivière, dont les eaux commençaient à sortir de leur lit. Sans plus attendre, Epsilon se mit à courir loin de la rivière. Il entendit l'eau vrombir derrière lui. Malgré la vitesse à laquelle il s'éloignait, ses pattes furent bientôt immergées dans l'eau. Il dut forcer sur ses muscles et ses articulations afin d'avancer malgré cet obstacle qui le ralentissait. Plus les secondes s'écoulaient et plus son corps se retrouvait englouti dans l'eau. Heureusement, il semblait se trouver assez éloigné de l’épicentre du raz-de-marée pour ne pas être en grand danger. Quelques tourbillons l’obligeaient à nager de toutes ses forces et le ralentissaient, mais il parvint tout de même à s'éloigner suffisamment pour sortir les pattes de l'eau. Le corps trempé et les muscles courbaturé, le loup blanc trottina encore sur quelques mètres afin d'être complètement éloigné.