Remus avait été incapable de rester là, à attendre que son père soit sauvé des griffes des bipèdes. Il avait aussi été incapable d'entrer à l'intérieur du bâtiment et de chercher activement son géniteur afin de tuer toutes les personnes qui avait osé poser la main sur lui. Il avait été tout bonnement incapable de bouger, d'avancer, et cela avait été énormément frustrant. Il avait passé le plus clair de son temps à s'entraîner activement pour être assez fort, pour être assez puissant et sauver son père. Mais pourtant, quand il avait fallu entrer dans le bâtiment, quand il avait enfin fallu croiser le regard du loup qui l'avait tant impressionné et fasciné, il avait tout bonnement bloqué. Il n'avait pas pu et était resté immobile, aux côtés d'une soeur qu'il n'avait jamais côtoyé, aux côtés d'une louve à qui il navait jamais adressé la parole mais qui pourtant, partageait le même sang. Remus était resté assit non loin de la porte, ses yeux d'un bleu profond, rivés sur cette dernière, sans même accorder une seule parole à la louve située à ses côtés.

Non, il attendait, patientait sans jamais quitter l'entrée des yeux. Il était impatient et pourtant, terriblement terrifié. Lui qui avait attendu ce moment avec tant d'impatience, cragnait désormais la confrontation entre son père et lui. Comment réagirait-il lorsqu'il le verrait en face de lui pour la toute première fois de sa vie? Que dirait-il en apprenant qu'il était la progéniture d'une louve qui l'avait élevé et entraîné de sorte à ce qu'il devienne puissant et soit capable un jour, de tuer son propre père? Sortirait-il les crocs en apprenant tout cela? Tenterait-il de le tuer ou de le faire fuir? Il n'en savait rien mais, plus Remus y pensait, et plus il cragnait que cela se passe de la sorte. Au fil des minutes, il sentait son assurance s'écrouler, il sentait sa hâte de rencontrer son géniteur disparaître et désormais, il n'était qu'une boule de crainte qui ne désirait qu'une chose : fuir. Et c'est ce qu'il fit finalement avant même qu'il ne voit la fourrure sombre de son paternel apparaître. Sans donner une seule explication à Dalioka, il se leva et se détourna, disparissant bientôt dans l'immensité de la plaine.

Durant cinq mois, il était resté dans la forêt, dans le creux de son arbre bien en sécurité, à regretter cette peur qui l'avait prit aux tripes et qui l'avait poussé à fuir. Il s'en était profondément voulu de s'enfuir, il s'était détesté d'avoir cédé à la crainte et de ne pas avoir été capable de rester immobile et d'attendre patiemment que son pèrs arriva. Durant cinq mois il s'était haït et s'était demandé s'il serait un jour capable de sortir de son arbre et faire face à son géniteur, et à chaque fois qu'il s'était posé la question, il n'avait pas réussi à y répondre favorable. Mais au bout de ces cinq longs mois, il avait fini par se lever, se dresser sur ses pattes et sortir du tronc. Non, il n'avait pas passé autant de temps à chercher son père pour partir en courant, la queue entre les jambes. Au bout de cinq mois, il avait enfin décidé de mettre fin à cet exil et de retrouver son géniteur, de porter sa fierté bien haut et de lui faire face et tant pis s'il le ferait fuir. Il devrait être sûr qu'il le connaitrait et qu'il auait conscience qu'il existait. Alors, il se mit en marche, il parcouru la forêt, slalomant entre les arbres et les différents corps pendus sans jamais les craindre. Une heure passa, tandis qu'il se dirigeait vers le territoire Navnik. Il s'approchait de l'orée de la forêt quand il s'arrêta, ayant flairé une odeur bien familière : son père. Il se tourna vers la source de l'odeur et se raidit légèrement en voyant la silhouette de son géniteur de dos et il inspira profondément, se tournant lentement vers lui. Il s'avança de quelques pas et ne s'arrêta que lorsqu'il vit son père se raidir enfin. Alors, il s'assit et l'observa, ne trouvant rien à dire.