Lancer de dés : 9 + 4 - 3 = 6

J'ai marché, après avoir chassé. J'ai marché longtemps, j'ai parcouru beaucoup de chemin en une nuit. J'avais besoin de ça, de s'imprégner de ma liberté. Je ne connaissais pas ce sentiment d'espace, et je me suis senti bien petit face à toutes ces directions possibles. Je ne sais pas trop quel chemin emprunter, mais j'ai continué à avancer. J'ai escaladé des dunes, crevé mes muscles à la nage sur un sol sableux où mes pattes s'enfonçaient. J'ai redécouvert ce monde autant que j'ai pu le faire en une nuit, puis j'ai fui les rencontres. J'ai continué de marcher, et je me suis même battu pour ne pas découvrir aussi mes semblables. J'ai cheminé des heures et des heures durant, dans le seul but de ne pas m'arrêter, de ne pas m'écrouler. Je me suis servi de ces heures pour réfléchir et m'habituer à ce monde, à cette existence. Il y avait si longtemps que je n'avais pas erré ainsi, sans objectif. Je ne me rappelle pourtant bien avoir été libre autrefois. Pourtant, à mesure que j'ai découvert les territoires et les odeurs qui les peuplent, je me suis senti à sa place, comme si je n'étais jamais parti. J'ai eu le souvenir, parfois, d'avoir fait parti de ce monde depuis toujours. Et désormais me voilà, en équilibre sur des roches, à chercher le point parfait pour ne pas osciller sur mes pattes. Je tangue, me rattrape, et continue d'avancer comme un funambule, sauf que ma corde à lui est un amoncellement de roches plus ou moins grosses, plus ou moins stables. Je découvre une nouvelle émotion : l'amusement, et je me surprends à sourire lorsque je tombe. Je remonte, reprends cet étrange jeu que je viens de découvrir, et recommence ainsi encore et encore, sans jamais me lasser.

Lorsque j'en ai mare de m'amuser seul face à l'océan, je m'assieds sur les roches et observe l'horizon. La nuit, l'eau ne fait qu'un avec le ciel. Je ne perçois pas la limite entre les deux, et tout semble infini, sans commencement ni fin. Je baisse les yeux pour regarder, trente mètres plus bas, les vagues puissantes s'écraser contre les roches. L'écume se fond dans l'obscurité, furtive et violente. Je m'émerveille d'un tel spectacle, moi qui n'ai toujours vu que les barreaux de ma cage et les parois de l'arène. Je souffle, un sentiment d'apaisement me prend. Je me sens bien, pour ce qui me semble être la première fois depuis très longtemps. Dans l'air marin, une odeur me rends nostalgique d'une vie dont je peine à me souvenir. Je rêve parfois d'une voix, d'une chaleur, et j'ai l'impression de me rappeler d'un sentiment d'admiration que je ne parviens pas à expliquer. Lorsque je me réveille, je suis toujours aussi seul et les ombres qui animent mes rêvent ont disparu. Je cligne lentement des yeux, inspire profondément et me lève. Il est temps de me remettre en chasse, la nuit ne fait que commencer. Je saute sur un rocher un peu plus bas, je vois mieux dans la pénombre. Mes yeux s'habituent à l'obscurité et me guident de rocher en rocher. Je glisse sur une plateforme humide, me rattrape de justesse. Je me redresse en soufflant, mon coeur à accéléré le rythme d'un coup. Je ricane à l'idée que j'ai failli me vautrer bêtement, et reprends mon ascension en veillant à mettre mes pattes sur des endroits secs des pierres, mais un crabe sorti de nulle part me surprend. Je marque un brusque mouvement de recul qui me fait gagner un aller simple vers le vide, me maintenant aux roches en attrapant une large corde coincées entre les pierres. Comme quoi les ingéniosités des hommes peuvent parfois sauver des vies. Je tire de toutes mes forces sur la corde pour tenter de me hisser, et gratte furieusement les pierres en essayant de remonter. Il me faut d'interminables minutes et une lutte acharnée contre la pesanteur avant de pouvoir à nouveau sentir le plat d'une roche sous mes antérieures. Je tire sur mes muscles pour ramener mon corps entier sur l'estrade rocheuse et, enfin, me laisse choir sur le plat. Je souffle comme un animal mourant, cherche mon oxygène. Cette fois, j'ai bien cru que j'allais y passer. M'écraser sur les roches, trente mètres plus bas, n'est pas vraiment dans la liste des choses que j'aimerais faire de ma vie de liberté ...

Lancer de dés : 8 + 4 - 3 = 9

Lorsque je rejoins enfin la terre ferme, je suis surpris de rencontrer devant moi des bipèdes, lesquels je crains ostensiblement, accompagnés par des chiens que j'ai eu l'habitude de combattre. Par réflexe, j'observe les chiens et gronde, mais j'attends de recevoir l'ordre pendant une seconde. Pendant ce court instant, je suis de retour dans l'arène et je sais ce que je dois faire. Mais j'entends les "allez" et les coups de feu qui viennent soulever le sable autour de moi. Et je comprends. Les chiens se jettent en avant, tous crocs dehors, et je comprends. Je ne suis plus dans l'arène, ce n'est plus un combat singulier. Je ne recevrais plus d'ordre ultime venant d'un humain. Cette fois, je dois fuir. Je n'ai pas le temps de partir dans la direction opposée, l'un des molosses me tombe dessus et abat ses crocs meurtriers dans mon épaule. Je jappe de douleur, j'avais presque oublié la fureur des chiens. Je me mets en colère, plonge mes crocs dans le visage de mon assaillant pour lui faire lâcher prise. Alors, avant que les autres chiens ne le rejoignent pour me faire ma fête, je pars à toute vitesse sur la plage. Les pattes courtaudes des chiens les ralentissent dans le sable, et probablement l'un d'eux roule-t-il dans le sable parce que j'entends ses jappements lorsque les autres lui passent dessus pour me rattraper, moi. J'ai la trouille, désormais/ Je sais que si je ne trouve pas rapidement une planque, je serais abattu comme n'importe quel autre animal sauvage. Parce que les humains sont ainsi, ils détruisent ce qui ne leur est d'aucune utilité.

Et je ne leur sers plus depuis que je me suis enfui de l'arène, et que j'ai laissé derrière moi des chiens longtemps entraînés, morts. Alors je cours à toute vitesse, comme je n'ai jamais couru. Lorsque je pénètre la forêt, les déflagrations des armes à feu cessent, mais les chiens ne me lâchent pas et courent toujours derrière moi. Cette fois, je ne me retournerais pas pour m'enquérir de leur position. Je cours à en perdre haleine, j'escalade les troncs d'arbres tombés et je ramps comme un lapin en fuite sous les roches qui bloquent le passage. Je prends appui sur une autre, escalade un monticule de pierres douloureuses sous mes pattes. Je rejoins le sol dans un atterrissage qui résonne dans mes quatre membres et je continue de courir pendant que les hurlements et les grondements des chiens furieux chantent à ma suite. Je les entends qui s'éloignent, mais à l'instant où je ralentis en pensant leur avoir échappé, l'un d'eux surgit d'un bosquet sur ma droite et me percute de tout mon poids. Je jappe en roulant avec le chien, plante mes crocs et mes griffes dans la chair de l'animal en fureur. Les dents de mon ennemi abîment ma peau et menassent plusieurs fois ma gorge, mais je parviens à lui échapper parce qu'ici, dans ce monde, il n'y a pas de paroi pour m'empêcher de fuir lors d'une bagarre sanglante. Je me jette sur lui et le percute violemment, plongeant mes crocs dans sa gorge pour la lui arracher avec rage. Alors, je me remets à courir pendant encore des kilomètres et des kilomètres pour échapper aux autres poursuivants. Je reviendrais chercher ma proie plus tard. Et même lorsque les voix des chiens et des hommes ont disparu, même lorsque les odeurs ne sont plus qu'un souvenir de cauchemars, je continue de courir, de peur de voir resurgir un autre adversaire. Je ne m'arrête que lorsque, épuisé, je sens mes pattes incapables de me porter davantage. Et ce n'est que là que je m'autorise à regarder derrière moi pour constater enfin, que j'ai la vie sauve.

+ 1 chien

Lancer de dés : 12 + 4 - 3 = 13

J'ai les gencives engourdies à cause de mon précédent combat contre le chien, mais je suis aussi et surtout mort de faim. Dans cette nuit naissance, je m'immobilise au bord d'une clairière pour écouter les sons de la forêt. Ici-bas, les os à moelle d'existent pas. Si j'avais l'habitude d'être servi fans ma cage après chaque combat remporté, je dois aujourd'hui me battre pour survivre et chasser moi-même ma nourriture. Heureusement, je suis déjà habitué à de rares portions de nourritures. Et heureusement, j'ai retrouvé Nocturne avec qui j'ai pu apprendre à trouver de nouveau ma propre nourriture. J'ai vraiment les crocs ce soir, mais je sens que je peux encore essayer de chasser avant d'aller voler de la nourriture sur les terres des meutes. Et puis, ça reste un grand risque que de vouloir me servir chez les autres. N'importe qui pourrait me tomber dessus et m'attaquer ou pire. J'inspire profondément, avale dans mes narines des volutes d'effluves qui volent dans l'air du soir. Je repère une piste fraîche, une petite créature bien appétissante. Et puisque je suis seul, une petite créature est tout ce que je peux espérer attraper. Je contourne la clairière, fais mine de chercher. Ingénieux. Je cherche un endroit où la terre est plus souple qu'ailleurs. Un endroit où la pluie a pénétré en abondance, et d'où elle peine encore à s'évaporer. Alors je commence à creuser.

Je ne suis pas stupide, je sais bien qu'il me faudra une chance énorme pour que mon piège fonctionne. Mais j'essaie quand même, parce que je n'ai rien à perdre. Je creuse longtemps, des heures durant, jusqu'à ce que la surface soit à plusieurs dizaines de centimètres au-dessus de moi. Alors, je bondis difficilement pour m'extirper de l'endroit. Non sans mal, parce que le trou creusé est plus profond que ce que je suis capable de sauter, et je dois m'y reprendre à deux fois avant de parvenir à agripper a surface de mes griffes. Il me faut encore de longues secondes et une concentration optimale pour parvenir à me hisser hors du piège, et c'est les poumons vidés que je me laisse choir devant ce dernier pour reprendre mon souffle. Cela fait, je ne suis pas encore prêt malgré tout. Je dois encore m'assurer que la bête tombera dans mon piège. Je marque les arbres alentours de mon odeur et pas seulement en urinant. Je me frotte à l'écorce de manière à simuler la présence d'un congénère, ne laissant libre que l'espace où se trouve le piège. Pas peu fier de mon stratagème, je m'éloigne enfin par où je suis arrivé et contourne de nouveau la clairière pour reprendre ma place initiale. J'attends encore bien longtemps, dans le silence de la nuit, avant qu'un animal sorte de sa cachette. C'est un gros marcassin de plusieurs mois qui fait son entrée. Je ne me méfie pas, je suppose qu'il est seul. Je ne réfléchis pas et fonce droit sur l'animal. Apeuré, ce dernier part en trombe, lâchant des grognements de terreur dans toute la clairière. Je le poursuis ainsi sur la centaine de mètres qui sépare ma position du piège, et guide la bête droit vers ce dernier. Je guette avec attention le moment où ma proie tombera, et la chance me sourit puisque le jeune sanglier trébuche juste au bon endroit. Il s'écrase au fond du trou, où je le rejoins rapidement. Vu sa carrure, la proie n'aura aucune chance de s'en sortir seule. Je cherche maintenant un moyen de l'abattre, je n'avais pas réfléchis à cette partie pourtant cruciale du traquenard. J'opte pour une mise à mort rapide, je vise l'animal et me concentre avant de lui tomber lourdement sur l'échine pour lui prendre la gorge entre mes crocs et l'étouffer lentement.

+ 1 sanglier

Lancer de dés : 12 + 4 - 3 = 13

Je me tapis dans l'ombre et je reste parfaitement immobile durant de longues, d'interminables secondes. Ma patience est mon atout dans ce jeu du loup et de la proie, et je n'ai pas l'intention de perdre si bêtement une proie telle que celle-là. Je me concentre, et bondis soudain hors de ma cachette pour me projeter en avant, fixant l'immense animal qui me fixe d'abord avec incrédulité. Le prédateur que je suis va-t-il réellement l'attaquer ? Il bat des ailes à la dernière seconde, mais pas assez vite pour que ses longues pattes ne soient hors de ma portée. Je me jette dans les airs dans un bond puissant, ancre mes crocs autour de ses serres et je tire jusqu'à moi, me faisant le plus lourd possible pour l'obliger à toucher terre de nouveau et le coller au sol. J'écarte les pattes antérieures pour l'encercler, capturant ses ailes entre elles, mais il bat si violemment que je suis obligé de me décaler pour ne pas prendre un mauvais coup. Je m'efforce malgré tout de garder les crocs plantés dans sa patte, gagnant le droit de brusques coups d'ailes tout aussi douloureux que s'il s'était agis de pattes de loups. Je grogne, tire de toutes mes forces sur l'animal pour l'empêcher de garder son équilibre. J'essaie de le faire chuter, de le basculer sur le flanc et de gagner une quelconque petite victoire sur sa ténacité. Je bascule en arrière, relève ma tête vers le ciel pour le tirer avec moi et essaie ainsi de le faire tomber lui-même, mais il se retient en battant des ailes et soulève mon pelage sous la force de ses membres emplumés. Je gronde, pousse violemment en avant, parviens enfin à lui faire perdre l'équilibre. Dans un grondement sonore je le flanque au sol et relâche ma prise rien qu'un instant.

Un instant de trop, puisque l'immense oiseau en profite pour se redresser et me flanquer un violent coup de bec dans la tête, me sonnant presque alors qu'il reprend déjà son envol. Je bondis en avant malgré les millions d'étoiles qui dansent devant mes yeux, et de nouveau je plonge mes mâchoires mais cette fois dans son abdomen si léger qui ne me donne aucun mal pour y planter mes crocs meurtriers, me faisant alors sentir le sang s'écouler timidement sur ma langue. Excitant mes sens, éveillant mes instincts, l'animal se débat plus fort et essaie d'atteindre ma tête avec son long bec de pêcheur, mais je tiens bond et je m'agite de gauche à droite pour l'esquiver et lui faire perdre l'équilibre, le déconcentrant assez longtemps pour qu'il ne pense plus à me frapper de son bec douloureux. Je resserre mes mâchoires sur son poitrail, tire violemment en arrière, et me retrouve flanqué au sol par ses pattes plus fortes que je ne l'aurais pensé. Je grogne de surprise, roule sur moi-même pour me redresser et effectue un bond prodigieux dans les airs alors qu'il tentait une troisième fois de décoller vers les cieux. Je m'élance, l'écrase sous mon poids et l'oblige à toucher terre une dernière fois, car cette fois c'est dans son long cou que j'arrive à planter mes crocs, et si en battant des ailes furieusement il m'empêche d'abord de manoeuvrer comme je veux, il ne m'empêche pas pour autant de lui faire perdre l'équilibre et de parvenir enfin à le flanquer au sol, l'immobilisant sous mon poids devenu colossal. Dans un grondement sinistre je lui brise la nuque d'un coup de crocs, avant de le relâcher pour retrouver mon souffle.

+ 1 héron

Lancer de dés : 6 + 4 - 3 = 7

J'entre dans la forêt aux pendus en sachant exactement ce que je veux, et ce que je veux aujourd'hui, c'est un combat. Je m'élance entre les arbres, serrant les dents et me concentrant sur mon seul objectif. Je cherche l'odeur de celui que je traque, cours à un rythme régulier et soutenu. Un arbre, je vire à gauche. Un second, je vire à droite. Je freine brutalement devant un tronc écroulé là et je m'élance au-dessus de lui, volant presque au-dessus du sol. Je grogne, m'arrête brusquement face à un tronc d'arbre et m'élance sur lui comme un prédateur sur sa proie. A coups de griffes aiguisées et de crocs acérés, je commence à labourer l'écorce de l'arbre comme si la chair sous lui pouvait m'apporter la moindre énergie, la moindre protéine. J'arrache l'écorce de mes crocs, tirant brutalement dessus et la crachant au sol avant de labourer l'arbre de mes griffes de bas en haut pour le dénuder davantage, marquant son coeur à la seule force de mes pattes antérieures. Et puis, claquant des mâchoires, je repars en courant comme pour narguer autre chose qu'un simple arbre. Courant d'un arbre à l'autre, je réitère le manège autant de fois que je croise d'arbres. Et si la forêt aux pendus est principalement connus pour ses troncs calcinés et ses morts accrochés aux branches, elle n'en reste pas moins une forêt. Lorsque je m'extirpe les griffes du dernier tronc, mon coeur bat si vite et mes poumons me brûlent tant qu'il me faut de longues minutes avant de reprendre mon souffle et de pouvoir de nouveau trotter sans avoir l'impression d'être sur le point de cracher mes organes sur le sol.

Mais alors que je suis à peine remis de mes premiers efforts, un assaut titanesque me prend par le flanc. Je me fais écraser au sol sous le poids monstrueux de l'animal au pelage de feu, et il me faut de longues secondes avant de me remettre et de ne plus voir des milliers d'étoiles danser devant mes yeux. Alors seulement, je gesticule quelques secondes en lançant mes mâchoires dans tous les sens pour agripper mon agresseur et lui lacérer la chair, le faisant gronder de douleur et de surprise. Il ne s'attendait certainement pas à ce que je me débatte. Il pensait avoir déjà gagné mais il se trompait lourdement. Je me redresse en une fraction de seconde et me jette sur lui, furieux de ce que je viens de vivre. Tous crocs dehors je percute le puma de tout mon poids pour le flanquer au sol, cherchant de mes mâchoires à atteindre sa gorge. Il se débat, agrippe ses griffes meurtrières à ma chair et me lacère l'épaule, mais je ne me laisse pas faire et me contorsionne pour lui mordre violemment l'encolure et la tête. Je plonge mes mâchoires dans son crâne pour serrer de toutes mes forces avant qu'il ne se débatte en de monstrueux coups de griffes et me force à lâcher ma prise sur sa boîte crânienne. Je recule vivement pour échapper à ses crocs tout aussi dangereux que les miens, mais c'est pour mieux repartir à l'assaut dans un violent bond en avant, plongeant mes antérieures dans son épaule et mes mâchoires grandes ouvertes vers son encolure que j'enserre violemment entre mes crocs. Je gronde, le secoue dans tous les sens possible, aussi fortement que je le peux. Et ce n'est que lorsque l'animal se débat et commence à courir que je comprends. J'ai gagné l'affront.

Lancer de dés : 11 + 4 - 3 = 12

Voilà me semble-t-il des heures que je cherche une proie à abattre, une créature innocente sur laquelle passer toute ma rage et toute ma frustration. Je m'élance à travers les bois et, sans attendre, commence à m'acharner sur certains arbres comme s'ils étaient complices des malheurs qui m’accablent. Je ronge l'écorce, griffe la chair de l'arbre pourtant bien vivant, arrachent le bois à coups de mâchoires violents et m'acharne à faire souffrir les végétaux comme des êtres vivants dotés de consciences. Quand brutalement, alors que je tirais violemment sur une branche comme pour l'arracher de son arbre, une immonde créature dépourvue de patte me tombe sur la tête, me faisant reculer dans un bond prodigieux pour échapper à la surprise de cette étrange rencontre. Un sifflement sonore me faire fixer la bête, et je l'observe de longues secondes à distance avant de comprendre. Un boa. Je m'élance en avant, bondis par-dessus lui et échappe à sa morsure de justesse, alors que ses muscles se resserrent autour du vide quand il tente de me capturer. Je gronde, mords violemment dans sa cuirasse tout près de sa tête pour tenter de l'attraper à mon tour, et c'est dans un soubresaut mortel qu'il se retourne sur lui-même pour se défendre. Un sifflement menaçant s'échappe d'entre ses dents et je m'écarte brusquement pour échapper à son étreinte, avant de recommencer un nouvel assaut dans les mêmes conditions. J'esquive son corps si long qu'il semble ne jamais s'arrêter, et je fais tout mon possible pour que mes crocs atteignent son cou le plus près possible de sa tête.

Je lacère la chair épaisse de mes griffes acérées et je m'atèle à être toujours plus vif, toujours plus rapide pour éviter son étreinte qui me serait mortelle. Mais je comprends rapidement que s'il suit du regard chacun de mes mouvements, il ne pourra pas éternellement rouler sur lui-même, sa longueur trop importante l'en empêchant. Alors, dans une danse macabre où je risque ma vie à chaque pas, je commence à le pousser à tourner et tourner, bondissant au-dessus de lui et lui tournant autour pour l'empêcher de changer de sens, jusqu'à ce que son corps ne puisse plus faire mieux et que sa queue soit bloquée sous son poids. Et, dans un bond fantastique, j'atterris lourdement sur lui et capture sa tête entre mes crocs meurtriers pour ne plus la lâcher, resserrant mes dents aussi fermement que possible pour l'empêcher d'ouvrir sa gueule puissante, ceci afin d'éviter de me faire mordre et de mourir bêtement, tué par un énorme serpent qui gobera mon corps dans ses mâchoires monstrueusement amovibles. Je m'acharne dans cette danse de la mort, à passer d'une patte sur l'autre sans jamais m'arrêter pour ne surtout pas tomber dans son piège et ne pas me retrouver prisonnier de ses muscles d'acier. Sans lâcher sa tête, je continue de danser en tâchant de voir toujours aussi loin que possible, jusqu'à tirer d'un coup sec pour lui briser la nuque. Je m'efforce ensuite d'arracher sa tête à coups de crocs et de griffes en tirant de toutes mes forces et en mâchant à plein crocs, pour ensuite cracher le morceau de cadavre plus loin et me repaître de son corps chaud et musculeux. A défaut d'avoir un chevreuil sous le croc, j'ai au moins ça.

+ 1 boa