Quand l'aube se lève, Isha se lève avec elle. Quand le soleil inonde la tanière de ses timides rayons printaniers, Isha ouvre les yeux et inspire profondément, comme s'il pouvait respirer la chaleur plus que l'oxygène. Voilà bien des lunes que le soleil ne l'avait pas frôlé de sa douceur. Il se sent plus vivant que jamais, quand l'astre solitaire daigne enfin lui donner un peu d'importance. Alors il se lève, s'étire longtemps, et hume les odeurs qui tournent autour de sa tanière. Ici, bientôt, il chassera de nouveau. Il fera de nombreux essais, il essuiera de nombreux échecs. Il se mettra en colère, se noiera dans sa frustration, mais alors Nocturne sera là pour lui rappeler que là-bas, quelque part, ses petits l'attendent. Sa louve l'attend, sa famille l'attend. Il n'est pas seul, ne l'a jamais été et ne le sera jamais. Et ça, Isha le sait parce que Nocturne a veillé sur eux tous pendant que lui, emprisonné dans ce hangar, il se laissait aller au désespoir sans plus se battre pour s'en sortir. Nocturne, c'est celui sans qui rien n'aurait été possible. Celui qui aura sauvé la vie du Dragon alors que le Dragon lui-même avait presque décidé de lâcher prise une fois pour toutes. Nocturne, c'est le dernier espoir du Dragon, celui qui le poussera à se relever et à redevenir celui qu'il a été : un Roi. Mais en attendant, Isha doit changer. Se remodeler, se reconstruire. Parce que les humains ne l'ont pas seulement enfermé dans une cage. Ils l'ont brisé. Ils ont cassé chaque partie en lui qui voulait continuer de se battre. Ils ont fait en sorte que seul le désir de vengeance ne subsiste pour que plus rien n'arrête l'assassin dans l'arène. Il a été leur jouet.

Lancer de dés : 12 + 2 - 4 = 10

Je m'avance lentement dans l'ombre des arbres. Je suis peut-être un ex-prisonnier, mais les mois passé à tuer des chiens m'ont appris une chose : on ne vit que si l'on tue. Alors, rampant discrètement pour me rapprocher des deux bêtes qui paissent paisiblement dans la vallée dévastée, je contracte mes muscles les uns après les autres pour rester le plus silencieux possible sans cesser de réduire la distance me séparant de mes proies. Je souffle tout l'air de mes poumons, inspire profondément, et me projette brutalement en avant. La force de mes postérieures me propulse vers mes cibles à une vitesse magistrale, et je plonge mes griffes dans la terre lorsque je touche de nouveau le sol pour accélérer mes foulées et me précipiter vers mon ultime objectif : la nourriture. La biche redresse la tête et, en même temps que son petit, part en courant. Je les prends en chasse comme un dément, parce que ma vie dépend de la mort de l'un d'eux. Evidemment ma cible n'est pas la mère, grande et pleine de vie. Non, c'est son nouveau-né qui m'intéresse. Lui et sa viande tendre, ses pattes maladroites. Dans un virage serré, je me contorsionne et frappe brutalement le sol de mes deux pattes arrières pour aller percuter le petit de plein fouet, plantant mes crocs dans son épaules alors que nous roulons tous deux au sol dans un grognement étouffé. La mère n'a pas le temps de comprendre ce qui se passe, lorsqu'elle freine brutalement pour se retourner et me charger, son petit est déjà mort entre mes crocs, et elle ne reconnait plus dans le cadavre l'image de celui à qui elle avait donné la vie. Sans comprendre, elle reste là au milieu de la prairie, alors que je traîne difficilement le lourd corps de ma proie derrière moi, avançant à reculons pour retrouver les traces de ma tanière de fortune. Mes crocs me font un mal de chien alors que je force sur mes mâchoires pour maintenir ma prise dans sa chair tendre, et lorsque j'arrive enfin chez moi je suis obligé de laisser passer de nombreuses minutes avant de pouvoir enfin me servir de mes crocs pour me nourrir de mon dur labeur.

+ 1 faon

Lancer de dés : 5 + 2 - 3 = 4

Je m'avance entre les arbres, trottant à bonne allure depuis déjà plusieurs minutes. C'est que dans l'arène, mon endurance à été mise à rude épreuve. Aujourd'hui autant qu'autrefois, je suis capable de parcourir des distances importantes sans me fatiguer, et je suis capable de contrôler mon souffle sans épuiser mes réserves d'énergie. Je bondis brusquement en avant, rebondis sur le sol et repars dans un sol prodigieux sur le côté pour tenter de capturer une proie que j'ai entendu galoper. Mes yeux ne captent pas tout de suite l'ombre, mais je suis certain d'avoir perçu le son des pattes s'affoler dans l'humus. Et même si je ne vois rien, je recommence inlassablement à faire des bonds de-ci de-là pour trouver une quelconque bestiole à abattre. Si je ne peux protéger mes petits, je serais au moins celui qui leur permettra de ne pas mourir de faim. Ma culpabilité me ronge, et alors que j'effectue un nouveau saut pour cette fois atterrir lestement sur une paroi en équilibre où je m'agite doucement pour parvenir à rester enfin droit sans risquer de tomber en contre-bas, je réfléchis à la manière de leur prouver que je ne suis pas faible, qu'ils n'ont pas sauvé un cadavre mais bien le père qu'ils avaient perdu. Je me projette en avant, traquant une proie qui réellement n'existe probablement pas. Je pars en courant, frappant le sol de mes pattes, forçant sur les muscles de mes quatre membres comme si ma vie en dépendait, et je m'efforce d'atteindre une vitesse de pointe supérieure à mes capacités habituelles. Je ne peux peut-être pas encore voir mes petits, mais je peux chasser et me développer, me reconstruire pour mériter de les retrouver.

Lancer de dés : 9 + 2 - 3 = 8

On dirait que la chance me sourit. Pour un ancien prisonnier, je n'ai pas à me plaindre de mes facultés qui n'ont visiblement pas perdu de leur intensité. Je n'esquisse pas le moindre mouvement durant plusieurs secondes, observant ma proie pour mieux anticiper mon attaque. Je la guette encore un moment, et brutalement je me jette à l'eau, à sa suite. Dans l'affolement, l'animal rejoint la berge à la nage. S'il est un excellent nageur, ses capacités de réflexion sont visiblement altérées par la peur et l'angoisse du prédateur. Je me projette or de ma prison liquide et si mon corps est trempé, imbibé d'une eau lourde et pesante, ça ne m'empêche pas de prendre l'animal en chasse. Je me propulse en avant, frappe le sol de mes puissantes pattes et accélère l'allure à chaque foulée pour le rattraper. Je m'éjecte tout près de lui, claque des mâchoires, lui mords l'arrière-train mais ne parviens pas à fixer mes crocs dans sa chair et le relâche aussitôt. Il se retourne pour me mordre par réflexe, mais repart tout aussi vite pour essayer de m'échapper. Cet instant me permet de réduire la distance entre nous, et de claquer des mâchoires encore plus près la seconde fois. A force de tentatives, je parviens à capturer sa cuisse et, en roulant pour me rattraper dans une glissage incontrôlée, je le balance de toutes mes forces en espérant qu'il atterrira sur un tronc et s'assommera. Pas de chance pour moi, il repart tout aussi vite. Je reprends mon équilibre et recommence à courir derrière lui, jusqu'à lui couper la route devant un cours d'eau où je plonge en avant pour capturer sa nuque entre mes crocs à l'instant où ses pattes touchent la surface? Je l'enfonce sous le niveau de l'eau et l'y maintiens de longues secondes avant de remonter, essoufflé moi aussi. Lorsque j'atteins de nouveau la berge, la nuque du ragondin s'est déjà brisée entre mes crocs meurtriers.

+ 1 ragondin

Lancer de dés : 11 + 2 - 3 = 10

Les glouglous incessants me prennent la tête, et c'est avec bien peu de patience que je me jette en avant pour affoler les bêtes. Je me projette sur la première dinde que je perçois alors que les autres, dans la panique, s'écartent dans tous les sens et se séparent les uns des autres. Je jette mon dévolu sur la première que j'ai croisé, une bête moins vive et plus dodue, peut-être plus vieille que les autres. Je cours à toute allure derrière elle alors que ses ailes semblent refuser de la porter. Pas étonnant vu sa corpulence. Je cours derrière elle, claque des mâchoires tout près de sa croupe, mais elle m'échappe et, emporté dans mon élan, je glisse sur plusieurs mètres dans l'humus humide avant de parvenir à redresser ma trajectoire pour reprendre ma course folle derrière l'animal plein de plumes. Je lâche un grognement agacé, quelque chose me dit que la chasse ne sera pas des plus faciles aujourd'hui. Mais je ne lâche pas, je continue de m'acharner sur la même cible et ce malgré sa vitesse et le fait que ses pattes aux doigts fins luis permettent de mieux appréhender ses virages contrairement à moi. Je la poursuis jusque dans une clairière d'où elle espère probablement s'envoler, mais c'est avant que mes crocs se soient refermés brutalement sur son dos et que je l'aie écrasée au sol avec une force colossale. Je suis un Dragon, ce n'est certainement pas une dinde qui fera sa loi face à moi. J'écrase son dos sous mes crocs meurtriers et je serre de toutes mes forces, jusqu'à sentir le sang s'écouler dans ma gorge. Je m'acharne sur la plaie en écoutant les gloussements misérables de ma proies, et lorsque l'animal n'esquisse plus un mouvement, que son dos ne se lacère plus de lui-même entre mes crocs, je lâche ma prise et je prends sa nuque pour la transporter jusque chez moi.

+ 1 dinde

Lancer de dés : 8 + 2 - 3 = 7

Il m'a fallu des heures pour remonter la piste de cette foutue bestiole au pelage doré et à l'ouïe fine. D'autant que pour ne pas me faire repérer, je suis obligé de ramper les trois quart du temps. Je passe sous un tronc d'arbre écroulé là, m'avance en marchant presque sur mes coudes, me tapis et me ramasse sur moi-même comme si je faisais la taille d'un louveteau et tout ça, pour ne pas me faire repérer par ma proie. L'animal, un prédateur tout comme moi, n'aura certainement pas l'intention de se laisser bouffer par le premier loup rencontré. Je m'avance encore de quelques centimètres, extériorisant ma tête de ma planque de fortune, quand tout à coup son visage se tourne vers moi. Il scrute le buisson plusieurs secondes, je n'esquisse pas le moindre mouvement. Mais, contrairement à ce que j'espérais, il me repère, feule et me fais lentement face. Il est prêt. Je me redresse, sors complètement de ma cachette et le fixe dans les yeux, grondant et montrant les dents. S'il croit m'impressionner avec ses quatre puissantes pattes griffues et ses crocs acérés, il se trompe. Je m'avance de quelques pas et n'attends pas davantage. Je me projette dans sa direction, forçant sur mes postérieures pour me propulser le plus loin et le plus fort possible. Emporté par mon élan je le percute de tout mon poids, ses grincements résonnant à mes tempes alors que ses griffes se referment sur mes épaules pour encaisser le choc de mon premier assaut. Mes crocs à découvert se referment sur son échine, tout près de sa gorge, mais je n'ai pas le temps de faire mieux que les siens plongent dans ma fourrure épaisse.

Je me retourne brièvement pour planter mes crocs dans son visage, le forçant à lâcher prise, et je recule de quelques pas pour échapper à ses attaques fulgurantes. Il ne lui faut pas plus de quelques secondes pour se jeter sur moi et plonger ses mâchoires vers mon dos, mordant douloureusement tout près de ma colonne vertébrale alors que je lâche un grondement de douleur et de rage. Je me jette en arrière, écrasant le puma de tout mon poids et c'est en sentant le craquement de sa mâchoire que je réalise avoir une chance. Je me jette en avant, repars de plus belle pour faire un demi tour brusque et me projeter contre lui, le percutant une nouvelle fois pour lui faire perdre l'équilibre. L'animal gronde, feule, abat violemment ses griffes contre mes flancs et vise mon visage, ma gorge, toutes les parties les plus sensibles, les plus douloureuses. Je plonge mes mâchoires dans son échine et je serre de toutes mes forces pendant plusieurs secondes et je secoue ma prise de tous côtés pour tenter de déchiqueter sa cuirasse et d'atteindre sa chair. Je sens le goût du sang dans ma gueule, glisser contre mes crocs et contre ma langue, excitant chacun de mes sens. Je m'acharne sur ma prise jusqu'à ce que ses griffes, trop brutales, ne me forcent à lâcher prise pour prendre un écart et mettre une distance raisonnable entre nous. Affaibli, l'animal se relève malgré tout, bien décidé à me faire payer mon affront. La fierté des félins n'a pas d'égal, et leur rage est au moins aussi grande que la nôtre. Mais cette fois, le puma décide que sa vie vaut plus que son honneur, et il détale comme un lâche.

Lancer de dés : 11 + 2 - 3 = 10

L'aube se lève doucement sur le monde, et je m'extirpe de la tanière pour m'étirer dans les timides rayons du soleil. Le printemps est doux, plus agréable que l'hiver passé dans une cage et dans l'obscurité constante des hangars. Je m'apprête à partir en chasse quand une masse imposant et grise passe à quelques mètres de là, tout près de ma tanière, semblant ne pas m'avoir repéré. Je m'avance de quelques pas, observe pendant plusieurs secondes. Je reconnais la forme du blaireau, me rappelle de toutes ces fois où j'ai combattu ces bestioles acharnées par le passé. J'affiche un sourire sadique, et je m'élance. Je bondis vers lui en quelques pas, et lui saute dessus avant qu'il n'ait le temps de comprendre ce qui se passe. Je l'écrase de tout mon poids, essaie d'atteindre sa nuque de mes crocs puissants et me contorsionne pour éviter ses coups de griffes, mais il ne se laisse pas faire et s'efforce de m'échapper et de fuir mes attaques incessantes. Je me plie en deux, gronde, claque des mâchoires, lui flanque un violent coup de patte dans la tête en voulant me retourner pour mieux l'attraper entre mes mâchoires. J'écope d'une belle morsure bien douloureuse au niveau du museau, jappe de douleur et plonge en avant les yeux fermés pour planter mes crocs dans son encolure avant d'écraser sa cage thoracique de ma patte antérieure. Il se débat, me glisse entre les griffes, et s'échappe pour mieux me charger la seconde suivante, alors que je m'écarte vivement pour ne pas gagner un nouveau coup de crocs au visage. Je me tends de toute ma longueur, enfonce mes crocs brutalement sa sa nuque, et ne relâche plus ma prise. Dans son affolement il me force à remuer la tête, et c'est en peinant à le garder immobile que je finis par l'assommer contre un arbre avant de lui briser la nuque.

+ 1 blaireau

Lancer de dés : 11 + 2 - 3 = 10

Je m'avance entre les arbres dans un trot régulier afin de ne pas épuiser mes forces. Je m'enfonce dans les bois sans vraiment me souvenir de l'endroit, tout à beaucoup changé en presque un an d'absence. Mais étrangement, c'est comme si mes pattes se souvenaient, comme si elles savaient où aller. lorsque je m'arrête, l'odeur du sel et le son des vagues viennes éveiller mes sens. Là, devant moi, s'étend la plage blanche et les falaises sur lesquelles les déferlantes viennent s'écraser depuis des décennies. Je m'avance, le regard empli de souvenirs. C'est ici que j'ai donné à Atom le reste de ma vie. Ici que j'ai trouvé un nouveau but à mon existence. Ici que ma vie de père a commencé. Je soupire, m'avance, et finalement traverse la plage pour entrer dans l'eau. Là, montant sur un rocher qui dépasse de l'eau, je guette les allers et retours des poissons. Sans aucun mouvement dans l'eau, ils se sentent en sécurité. Alors, discrètement, je les observe. Je remarque alors un énorme poisson devant lequel tous les autres fuient. Je plisse le regard, me concentre, et je plonge d'un seul coup, plantant mes mâchoires dans son flanc. Je me dépêche de le sortir de l'eau, mais la puissance de ses muscles m'irradie les mâchoires alors qu'il se débat pour se libérer de mon étreinte mortelle. Si le sang goutte dans ma gueule, l'animal continue de se débattre et de faire agiter ma tête dans tous les sens sans que je puisse rien y faire. C'est à coup de chutes et d'équilibre précaire que je rejoins lentement la plage, peinant à garder ma prise sur son corps violent et souffrant malgré moi, les muscles de mes mâchoires mis à rude épreuve par ma proie visiblement bien décidée à ne pas mourir. Je mets encore de longues secondes à parvenir à le traîner sur la plage et davantage à pouvoir de nouveau plonger mes mâchoires dans sa chair pour le dépecer vivant, malgré les soubresauts violents qu'il m'assène avant de mourir.

+ 1 brochet

Lancer de dés : 4 + 2 - 3 = 3

Après être resté quelques minutes immobile, ne tenant plus en place je me suis levé pour traquer à nouveau. Truffe au sol, je me concentre pleinement sur ma tâche pour ne m'en défaire sous aucun prétexte. Si je pouvais au moins trouver un Esobek malchanceux pour me défouler sur lui, ce serait chouette. Mais je ne trouve rien. Je continue de courir ça et là, cherchant des traces, des odeurs. J'arpente les collines comme un chasseur expérimenté le ferait, je passe les éventuels obstacles sans trop de difficultés, mais toujours rien. Et j'ai beau marcher, trotter et courir de long en large, je ne trouve pas la moindre piste qui me permettrait de rentrer chez moi les crocs plein. Cependant, buté dans mes objectifs, j'aimerais vraiment trouver quelque chose. Alors, déterminé à mener cette journée jusqu'au bout, je marche encore, trotte encore, cours encore et même, je continue de surpasser les obstacles, d'escalader les troncs d'arbres effondrés ou de sauter par-dessus les trous creusés dans la terre. Je m'acharne à survoler les huttes fondées par les chiens de prairies, en faisant même fuir un au passage. Il couine pendant de brèves secondes puis disparaît, satisfait d'avoir prévenu toute sa famille du danger qui rôdait. J'ai bien l'impression que la chasse est terminée pour aujourd'hui, et que je n'attraperais rien de plus avant demain. Bredouille sans l'être trop puisque j'ai quand même rapporté une daine fraîche et entières aux miens en début de journée, je reprends le chemin de ma tanière sans plus m'attarder sur les terres ennemies.

Lancer de dés : 7 + 2 - 3 = 6

La chance est de mon côté, aujourd'hui. Après moins de temps que je l'aurais pensé, une délicieuse odeur me prend aux narines, attisant mes sens et multipliant mon excitation. Une odeur de sang. Je m'immobile, une patte en l'air, et je hume les environs pour tenter de localiser la bête. En réflexe, je hurle une fois, longuement, pour signaler que cette odeur est à moi, et que la créature au bout de la piste appartient déjà à un loup. Je souris à l'idée que dans bien peu de temps, je pourrais ramener une nouvelle fois ma contribution à la horde et que j'aurais, en plus, largement de quoi me nourrir en arrivant. Je grogne doucement, tandis que l'adrénaline monte en moi et boue dans mon sang, battant à mes tempes. Je repars au trot, puis je galope à mesure que je sens ma piste me rapprocher de ma proie. La langue pendante, je cours maintenant rapidement pour rejoindre ma cible avant que quelqu'un d'autre, enfreignant les règles de notre espèce, n'arrive sur les lieux avant moi et me la vole. Fort heureusement ce n'est pas le cas, et chanceux comme je suis, je tombe sur un animal gravement blessé, couché sur le flanc, attendant la mort. La daine est seule, abandonnée par sa harde, probablement. Les faibles n'ont pas leur place en ce monde, et ils ne sont là que pour nourrir les forts. Autrement dit, nous, les loups. Alors qu'elle semble ne plus avoir de forces, je m'approche, un sourire satisfait collé sur les babines. Elle lance un furieux coup de tête et essaie de se lever. Je souris davantage.

Pendant quelques secondes elle s'acharne, et parvient à se redresser. Je peux voir un trou béant dans son thorax, juste derrière l'épaule. Ces foutus lâches d'humains, encore ... Elle a été transpercée par l'une de leurs armes. Et eux, patiemment, attendent qu'elle meurt pour la traquer et venir la chercher, déjà morte, sans avoir la fierté et le respect de l'abattre. Ils préfèrent tuer à distance, sans avoir gagné la proie par leurs propres moyens. Je les déteste, je les haie, les méprise. Je m'approche un peu plus, et le regarde l'animal suffoquer. Ils lui ont transpercé les poumons, ces salauds. Je gronde, la bête s'affole et me fait face, vacillant sur ses pattes. Je me décide enfin à terminer le travail des bipèdes. Mon corps se ramasse sur lui-même, mes yeux fixent la daine sans ciller, même si je ne la vois pas clairement de l'oeil gauche. J'attends le moment propice, et je bondis en visant la gorge. Dans un élan désespéré, elle me balance un violent coup de tête et m'envoie à quelques mètres dans un gémissement surpris. Je me redresse aussitôt, sonné par le choc de son crâne contre mon poitrail, et je prends quelques secondes pour respirer de nouveau. Elle est mourante, mais pas morte. Elle vient de me le rappeler douloureusement. Je la fixe à nouveau, lui tourne autour pendant quelques minutes, puis je plonge à sa rencontre. Elle essaie de se défendre une nouvelle fois, et emportée par son propre élan elle s'élance dans les bois. Je profite de sa faiblesse pour la attraper, visant sa gorge, et comme si la blessure humaine n'était pas suffisante, je compte bien l'étouffer. Au moins, elle sera morte un peu plus vite que si je l'avais laissée là ... Mais la femelle n'est pas décidée à mourir, et elle continue de courir jusqu'à ce que ma propre endurance, mise à rude épreuve par les chasses précédentes, ne me permette plus de la suivre.