Parti en avant, je n'ai pourtant pas le loisir d'entendre le chien me poursuivre. Déjà les grondements furieux d'une louve résonnent entre les parois et je devine que ce ne sont pas ceux de Shiro. Je me retourne brusquement, pour apercevoir le chien planter ses crocs sur Leikn. Bonne idée louve blanche, mais prise trop tôt. Je m'élance à mon tour, profitant de ce que le chien me tourne le dos pour bondir sur sa nuque et y plonge mes mâchoires puissantes avant de m'éjecter en arrière sans lâcher ma prise pour lui faire perdre l'équilibre. Je ne comprends pas tout de suite ce qu'à essayé de faire Leikn. Etait-ce seulement une envie soudaine de ne pas obéir à un mâle, ou avait-elle une bonne idée derrière la tête ? Mais si les secondes s'écoulent et que de mes crocs s'écoule le sang poisseux de notre ennemi commun, mon cerveau carbure à toute allure et un regard vers le boyau d'où nous venons me fait réaliser que Leikn n'avait peut-être pas juste envie de désobéir. Je relâche ma prise après avoir secouer de toutes mes forces pour au moins ouvrir des plaies les plus profondes possibles, et je balance violemment mes antérieures dans l'épaule de Leikn pour la pousser vers l'extérieur, vers Shiro qui devrait nous attendre à quelques mètres. Mais voilà, Shiro n'est pas là où elle est sensée être.

Quelques secondes s'écoulent, les grondements des adversaires résonnent à mes oreilles et tendent mes muscles mais je n'esquisse d'abord pas le moindre mouvement. Je réfléchis, j'attends le moment où je devrais intervenir. Un regard sur le chien à l'article de la mort me fait penser à une initiative que j'hésite à prendre malgré tout. Et puis, alors que Natan se retourne et plonge ses crocs meurtriers dans le cou de notre cible, je comprends quel est mon rôle, où est ma place. Je file dans un couloir transversal et je contourne les grondements furieux pour prendre de la distance, silencieusement mais rapidement. Je fonds brutalement sur l'animal presque mort qui tente de rejoindre son compagnon pour l'aider. Et alors que rien ne semble m'avoir fait voir de l'autre, je me jette tous crocs dehors vers sa gorge que j'enserre de toutes mes forces entre mes mâchoires inexpérimentées. Je cherche sa jugulaires à coups de crocs brutaux et je plonge mes griffes dans le pelage épais et la peau solide de mon ennemi pour le maintenir à terre sans me décider à lâcher prise sur sa gorge que je veux déchiqueter, concentrant toute la rage de ma vie, tout cette colère que je contiens depuis trop longtemps, pour la déverser sur mon ennemi. Lui faire payer à lui, les erreurs de tous ses semblables, de tous ses maîtres. Je sens en moi un feu bouillant jaillir dans mes veines, comme si le monde s'ouvrait à moi sous un nouveau regard. Je m'acharne sur ma cible, ma proie. Qu'ils sortent, qu'ils sortent et vite. Je garde ça ici avec moi.