Tu as préparé les biscuits?

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J'approchais des terres Navnik, ne dissimulant nullement ma présence. J'étais invité ici, et quiconque aurait quelque chose à redire devrait s'adresser à celui qui m'a fait venir. Belphegor. Mon entrainement avec lui avait été porteur, je me sentais plus agile, plus rapide et plus fort. Notre ballade dans les manèges avaient été une bonne leçon. Et bien que mon existence ne continue qu'à n'être que tourment ces derniers temps, je souhaitais sentir l'allégresse, une nouvelle fois, d'un moment de tranquillité, loin du monde, dans la douleur et dans la souffrance de mes muscles.
J'approchais lentement des ruines de la Chapelle, sentant l'odeur de Belphegor dans l'air. Il m'attendait.
Passant par un des murs éventrés, je lançais en guise de salutation.

- Pardonne moi du retard, je n'ai pas l'habitude des territoires de meute.

Ce n'était pas vraiment un mensonge, je ne m'aventurais jamais là où je pourrais risquer ma peau sans raisons. Mais je suis invité, alors ça change tout. Je m'ébrouais, essayant de chasser l'odeur de Tsuin sur mon pelage. Je l'appréciais, cette louve, mais je ne souhaitais pas que cet ami puisse se faire des illusions. Ami? Je le pensais peut-être. Tant que nos rencontres sont espacés, et que ce n'est que dans le cadre d'entrainements où je garde le contrôle. Oui, un ami.
Je m'assis devant lui, un demi sourire aux babines, attentif.

- Qu'as-tu à me proposer aujourd'hui? C'est ton terrain après tout.

Je le défiais du regard tranquillement, amicalement. Allons, amuse moi, amusons nous.

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Il semblait de bonne humeur, et avoir une idée en tête, vu son sourire. Je le suivais du regard, alors qu'il se redressait, se mettant à courir dans une direction, lançant un défi par dessus son épaule. Je lui emboitais le pas sans peine cette fois-ci, ma blessure presque guérit. Le sourire sur les crocs, je bondissais à sa suite de roche en roche, essayant de repérer le parcours qu'il suivait. Adaptation, connaissance du terrain. Je manquais de ripper, contractant les muscles de mes épaules pour me maintenir en équilibre, griffes dans le sol.
D'un coup d’œil, je remarquais que le loup avait disparu, sans doute pour me tendre une embuscade. Une vengeance du train fantôme? Peut-être. Cette idée me fit sourire, alors que j'abaissais mon corps, me concentrant sur mes pas. Je me déplaçais trop bruyamment, il parait... Et bien, voyons si j'ai retenu la leçon? Je posais délicatement mes pattes sur le sol, une à une, calant ma respiration sur mes mouvements. Je continuais d'avancer, calmement, les membres tendus, les oreilles dressés. Je guettais le moment où il allait surgir pour essayer de m'avoir, prêt à riposter.
Je m'élançais en courant, d'un seul coup, à toute vitesse. Intercepte moi si tu penses le pouvoir! Mais il allait falloir m'arrêter pour ça.

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Je m'en doutais. J'eus à peine le temps de le voir, mais je le sentis. Sa patte frappa dans mon poitrail, alors que nos deux corps se percutaient l'un et l'autre. D'une certaine manière, je l'avais prévu, mais le choc, en plus de ma vitesse, avait sans doute décuplé la force de l'impact. Projeter moi aussi sur le côté avec lui, je roulais, et roulais, jusqu'à atterrir sur mes pattes, la tête tournante. Mon premier réflexe fut de me relever. Le second fut de m'ébrouer, histoire de me remettre les idées en place. Le troisième.. Je bondissais en direction de Bel, qui ne semblait pas encore s'être relevé.

- Alors, on a encore voulu jouer la carte de la discrétion?

Lâchais-je dans un sourire, me plaçant au dessus de lui, les crocs légèrement sortis pour paraître faussement menaçant. J'avais bien compris que c'était son atout, et il en jouait. Comme moi-même je jouais de mon agilité.

- Le problème, quand on affronte deux fois le même adversaire, c'est qu'on finit pas comprendre quels sont ses points forts et ses points faibles.

Je plongeais mes crocs dans son encolure, l'attrapant par la peau du coup, avant de le projeter un peu plus loin. Ce n'était pas en douceur, mais pas non plus brusque. Une manière assez masculine de le faire se relever, si vous préférez.

- Tu es peut-être discret, mais tu es trop téméraire. Tu risques de faire des erreurs, et face à un loup plus fort que toi ou un Hellhounds, ça peut te couter la vie.

Je me mettais en position de combat, campé sur mes quatre pattes. J'étais en forme, j'avais besoin de me défouler, de me battre sans me demander si mon adversaire allait exploser sous mon museau. Je m'amusais à me battre. Comme le ferait des louveteaux. Entre frère. Que je ne connaîtrais jamais.

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Mon adversaire amical me fonça dessus, levant ses antérieur comme une menace dans ma direction. Lui aussi souhaitait se battre, c'était une bonne nouvelle. Je ne fais que ça, me battre, me battre, me battre... Je lâche un soupire, ayant presque oublié que le loup venait sur moi. Le coup frappa, me faisant baisser la tête, alors qu'il tentait de me coucher au sol. Tenant fermement sur mes pattes, je résiste comme je peux, tirant sur mes membres sous pression.

" Encore faut-il que mon adversaire soit plus fort ... "

Avais-je déjà eu cette prétention? Je souris, alors que finalement je relâche ma résistance. Je me plaque littéralement sur le sol, tentant de lui faire perdre l'équilibre dans un mouvement d'épaule, poussant vers l'avant avec ma tête pour lui donner un coup dans le poitrail. Je peux encaisser, ce n'est pas mon plus gros soucis.

- Je n'ai jamais dit que je l'étais~

Fis-je sur un air légèrement chantant malgré la situation. Je sentais l'adrénaline me monter dans le sang, m'animant d'un frisson délicieux. Je devais garder le contrôle sur le combat, ne pas me laisser gagner par la frénésie. Mais il prenait un tournant si intéressant, je ne voulais pas m'en dispenser.
Je dressais à mon tour mes pattes avant, reposant sur mes antérieur, essayant de le contourner par la droite pour le pousser à l'épaule. Le coup porterait, je pense. C'était sa puissance que je devais moduler. Je ne souhaitais pas détruire, simplement jouer, faire semblant de le faire. Si seulement mon esprit le comprenait...
Je retenais ma force, et ça devait se sentir pour mon adversaire. Pour une fois, je me sentais perdre confiance en moi. Me suis-je un jour déjà fait confiance?

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C'était un jeu, le premier à terre? J'apprécie ce jeu! Je sens mes inquiétude précédente s'envoler lentement loin de mon esprit, alors que je pousse contre lui à mon tour. Une valse, une tendance de coup de tête, de poussé. Qui sera le premier à tomber? Je me le demande! Je lâche un léger sourire, alors que lui semble répondre que sa remarque ne me concernait pas. Tant mieux je dois dire. Au final, nous ne cherchons pas à savoir lequel d'entre nous est le plus fort. Nous cherchons à savoir lequel d'entre nous ira le plus loin. Et pour ça, on se donne l'épaule. C'est amusant, étrangement. Je me sens bien, et la tête vide... Vide.
Sans faire attention, mon épaule heurta la sienne d'un coup trop puissant, trop violent pour n'être qu'un simple jeu. Trop violemment peut-être. Le choc me fit comme une décharge électrique, alors que je reculais rapidement, trop rapidement. Ma patte arrière ripa sur le sol des ruines, alors que je pris une courte inspiration, secouant la tête.

- Excuse moi...

Je clignais légèrement des yeux, secouant la tête une nouvelle fois. Il fallait que je me contrôle, et que l'adrénaline redescende. Reculant de quelques pas, je redressais mon regard vers Bel, les oreilles légèrement en arrière.

- On ferait mieux de reprendre la course, ça sera moins... Sans doute plus simple.

Je lâchais un grognement. Je n'avais pas envie de dire moins dangereux pour lui. Je ne voulais pas dire à voix haute que j'avais peur de blesser un de mes seuls amis. Seule Tsuin savait pour mes problèmes de contrôle. C'était déjà bien suffisant.
Je m'élançais sans attendre sa réponse, à toute vitesse. Je voulais fuir cette situation, et me fuir moi-même...

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Il me suit, me poussant à accélérer encore plus, et maintenir une allure forte. Je ne voulais pas qu'il me rattrape, mais le souffle commençait à me manquer, avec mon corps qui éclatait dans ma poitrine. Cette sensation d'étau qui se serre dans ma gorge me donne envie de vomir. Je ne veux pas ruiner ce genre de moment avec ces bêtises. Je n'en ai pas envie, mais mon corps m'appelle. Il me le rappelle. J'ai besoin de sang, de combattre, et le traitement que je reçois depuis quelques temps ne me guérit pas, bien au contraire.
Perdu dans mes pensées, Belphegor me rattrape, courant à toute allure pour me désigner une direction. Sans réfléchir, je bondis à sa suite, de roches en roches, jusqu'à passer au niveau de ce mur trop éclatant pour mes yeux flous. Je glissais à mon tour sous le grillage, me retrouvant dans les profondeurs, et le noir. Descendant marche après marche derrière cet ami que je connaissais à peine, je touchais enfin le sol, mes yeux s'adaptant lentement à l'obscurité. Mon cœur ne se calmait pas, même si je tentais de ne rien montrer. Je tente de ne rien laisser paraître, mais au fond... Je crains de le blesser. Cette peur sourde que je connais si bien. Je m'étais ramollit, à faire ami ami avec un loup comme ça. A accepter cette louve à mes côtés. Que t'arrive-t-il Kobalt?
Je restais là, dans la dernière lueur de ces souterrains, la tête ailleurs. Moria se glissa entre mes pattes, levant vers moi les yeux bleus que je connais si bien. Ne fais pas cette tête... Je vais bien... Presque.

Je m'enfonce dans les profondeurs, cherchant la trace de l'autre loup. Je l'avais perdu de vue...

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Je me sentais étrange, comme déconnecté de la réalité. Simplement ce contact me réveille, comme une décharge électrique. Mon poil s'hérisse sous la surprise, d'un seul coup, mes crocs se dévoilant pas réflexe. Puis je retrouve la présence de Belphégor, m'apaisant lentement. Je n'aime pas les contacts physiques, sauf pour les combats.
Il semblait inquiet. Je tournais mon regard dans sa direction, lâchant entre mes crocs légèrement serré, alors qu'il reculait à nouveau dans l'ombre.

- Je vais... Bien, merci.

C'était un mensonge, mais je lui emboitais le pas, suivit de Moria. Tant qu'elle est là, tout ira bien... J'espère. Je secoue la tête, plongeant dans l'ombre, laissant mon pelage se confondre avec l'obscurité. Je me sens bien, dans ces ténèbres.

Le corps du loup noir s'agite d'un léger spasme, alors que ce dernier pousse un grognement, la tête basse. Là où il aurait été discret, aurait calmé son souffle et son rythme cardiaque, ce fut l'inverse. Sa respiration s'accélérait, comme prit de fièvre. Comme un éclatement dans son esprit.
Il plia sur ses pattes, tentant de rester debout, agitant la tête dans le silence. Comme s'il luttait contre quelque chose. Quelque chose de maladif, mortel. Il se redressa d'un seul coup, le souffle court, suivant l'odeur de cet autre être qui vit. suivant l'odeur de la proie qu'il devait... Qu'il devait... Détruire? Détruire pour annihiler ses émotions. Détruire cet ami. Il n'était que Carnage. Il ne pouvait ressentir ce genre de sentiments. Il devait... Le détruire.
Il le trouva dans la pénombre, lui fonçant dessus avec force, d'un coup d'épaule, le renversant sauvagement, les crocs découverts, le regard fous, prêt à le prendre à la gorge.

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Sur l'autre loup, les crocs apparent, le noir fixe ce dernier, prêt à lui prendre al gorge. Celui-ci ne semble pas comprendre, mais bien vite se débat, lui griffant le visage. Un couinement de douleur? Non, aucun. Qu'est-ce que c'est, que la douleur? L'autre loup roula avec lui, le retournant sur le dos. Kobalt, ou ce qu'il était actuellement, remua férocement l'intégralité de son corps, comme pris d'une frénésie obscure. Il frappait des pattes dans les flancs et le ventre du loup de manière psychédélique, pas assez concentrer pour le dégager. Il tordait l'échine, tentant de le mordre.
Des mots? Il ne comprenait plus les mots. C'est le genre de choses qui ne servent à rien lorsque l'on veut détruire. Détruire avec des mots, était-ce possible? Cette question ne lui effleura pas l'esprit une seule seconde. Son esprit était bien ailleurs. Ailleurs et enfouie, refoulé, malade. Il mordit finalement une des pattes de l'autre loup serrant les crocs, avant d'un violent coup de tête l'expulser un peu plus loin; roulant sur le sol. Mais il ne se redressa pas. D'habitude, il se redressait. Pas cette fois. Juste des grondements sourds, sauvages. Il était immobile, en boule sur le sol, ses crocs plantés dans sa propre cuisse. Il serrait, et le sang coulait, prêt à tirer sur cette dernière pour l'arracher du reste de son corps. La douleur coulait dans ses vaines, le sang sur le sol, et la folie tombait avec le sang. Elle tombait, goutte par goutte.
Il relâcha sa patte, le souffle haletant, restant couché sur le sol, vide et sans force, les yeux clos. Un élan de raison? Peut-être. Peut-être pas. Un nouveau grondement quitte sa gorge, alors que le sang continuait de couler sur le sol, et que son flanc se soulevait calmement.

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Le loup noir n'opposa presque aucune résistance lorsque son ami lui grimpa dessus. Son esprit était bien trop flou pour ça. Un poids lui pesait sur la cage thoracique, mais il fermait les yeux, le goût du sang dans la gueule. Son sang. Etait-il bon? Peut-être. Qu'est-ce qui est certain, après tout?
Il lâche un profond soupire, alors que la voix de Belphegor lui percute les tympans, comme un dur rappelle à la réalité. Le corps de Kobalt se tord d'un seul coup, essayant d'échapper à sa prise. Mais c'était une chose inutile. Il remuait, tentant de prendre appuie sur ses pattes, ou le reste de son corps. Rien à faire, rien, rien à faire.
Il laissa sa tête reposer sur le sol, laissant le contact froid de se dernier le toucher. Ce contact ne lui plait pas. Mais il ne peut pas s'en débarrasser. Ainsi couper dans ses élans, le loup ferme une nouvelle fois les yeux, laissant le calme raisonner, son corps se vider de sang pour apaiser cette douleur aigu qu'il a dans le crâne.

Lorsque je rouvris les yeux, l'odeur du sang me piqua le museau. Mon premier réflexe fut de regarder frénétiquement à droite, et à gauche, à la recherche de... Restes. Puis je vois la fourrure qui m'immobilise. Celle de Belphegor. Il n'est pas blessé...
Je sens comme un soulagement qui fait frissonner mes poils, alors que la douleur dans ma patte me fit comprendre de quoi il retourne. J'allais vraiment finir par m'habituer à être boiteux. Poussant un léger grondement, je restais silencieux, dans le malaise.
J'entrouvrais enfin les crocs, lâchant doucement dans un soupire lasse.

- Ce n'était pas... Le meilleur des spectacles...

Je marmonnais lentement, restant couché sur le sol. Je ne me sentais pas la force de me lever pour l'instant.

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Belphegor sembla se reculer, alors que je roulais pour me mettre sur le ventre. J'ai la tête qui tourne encore un peu, je me sens engourdie, comme après un long sommeil. Je secoue la tête lentement, alors que le loup ne semble pas comprendre.

Je me fout pas mal du spectacle. Que t'était-il arrivé ? je te considère comme un ami Kobalt, tu peux me raconter ...

Je relevais lentement mes yeux vers lui, avant de pousser sur mes pattes pour me redresser, gardant la blessée au dessus du sol. Je n'allais pas infliger à mon corps d'avantage de douleur. Je lâchais un grondement sourd, faisant taire cette piqûre de rappel qui commence à m'agacer à nouveau. Je me sens vidé...

- Honnêtement? Ce n'est pas simple à dire, le fait d'expliquer qu'on est malade. Dans sa tête, j'entends. Que l'on peut péter un plomb à tout moment, et tuer sans s'en rendre compte. Ce n'est pas non plus simple d'expliquer que je déteste et en même temps remercie cette maladie qui me tient en vie depuis toujours...

Je m'ébroue lentement, pensif. Je détournais le regard, faisant quelques pas.

- C'est confortable, car je ne me souviens de rien. Juste de m'être endormie. Puis quand je me réveille, je suis au milieu des cadavres. C'est pour ça que je n'ai aucune famille. Ni ami. Ni meute.

Je tournais lentement mon regard dans sa direction. Ce dernier était morne et vide.

- J'ai toujours fini par les détruire... Ou alors à les faire fuir, quand ils ont su. Qui voudrait d'une personne qui te mettra en pièce simplement à cause d'un coup de patte de travers?

Je souriais, ironique. En soit, je savais déjà qu'il allait fuir. Et que nous ne nous reverrons jamais. C'était logique, prévisible, et malsain. Je glissais ma langue sur mes crocs, les nettoyant sommairement de mon propre sang. Je commence à avoir l'habitude de ce sang dans ma gueule.

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