On a l’habitude de classer les personnes en deux catégories : les gentils et les méchants. Mais au fond qu’est-ce qu’on en sait ? Comment pouvons-nous nous assurer que le gentil est bien un bon gentil et que le méchant joue bien son rôle de bête sanguinaire ? Si on regarde les choses de plus près nous sommes tous des hypocrites.
La personnalité de Zenobia est un mystère aux yeux de tous, son caractère, sa façon d’agir ou de penser ne dépend pas d’elle, mais de vous. Elle s’adapte au paraître des autres, on ne saurait dire si ses attentions sont bonnes ou mauvaises, elles sont ce qu’elles sont. A ses yeux, il n’y a pas de sens à chercher une raison dans nos actes. Elle sait que les autres loups lui colleront une étiquette, la classeront soit gentille, soit méchante, soit amie, soit ennemie. Mais vous savez quoi ? Elle s’en fou. Zenobia ne recherche pas des relations amicales, ennemies, sentimentales rien de tout cela n’est indispensable à sa vie. Vous croyez avoir gagné son amitié ou vous être trouvé un nouvel ennemi, mais au fond pour elle, vous n’êtes rien d’autre qu’un passe-temps. Oui, peut-être un jour a-t-elle aimée, peut-être un jour a-t-elle haï, mais elle continue à manger, à boire, à respirer. A vivre tout simplement. Alors pourquoi devrait-elle accorder ne serait-ce qu’une simple attention à ses évènements, qui ne sont que des détails ?

Vous avez la meute. Une belle grande meute remplies de loups affamés, vous les voyez se jeter avidement sur une grosse prise. De la viande fraîche, enfin, après tout ce temps plongés dans la famine. Leur férocité vous surprend, vous n’avez d’yeux que pour eux. Vous ne regardez pas louve se tenant assise, à l’écart de ses congénères, son épaisse fourrure tricolore pourtant se démarque de celle pouilleuse des autres. Même sa belle gueule ne vous accroche pas, des traits finement dessinés sur une tête grise parfaitement symétrique, sans oreilles manquante par-ci, sans cicatrices déformant la mâchoire par-là. Le fait qu’elle soit si intacte sort du réel. Ah, elle se lève, s’approche des autres, là enfin vous la regardez, quelle beauté rare hein. Ses yeux croisent les vôtres, deux iris profondément jaunes. C’était définitivement en apparence, une belle louve.

Jadis Zenobia tu étais quelqu’un, une louve respectable et respectée et aujourd’hui regarde-toi, tu n’es plus qu’une loque qui pourrie chaque jour un peu plus dans cette vie misérable qui est dorénavant la tienne…

Quelle réaction doit-on avoir lorsque notre vie ne débute pas contre le corps chaud et rassurant d’une mère, mais au milieu d’une forêt chaotique ? On commence par paniquer, par se poser des questions, chercher une raison, puis le verdict tombe, on finit par comprendre. Perte de mémoire, amnésie forte.
Sauf que Zenobia n’a pas exactement réagi de cette façon-là, certes elle était un peu confuse au début, mais elle n’a pas cherché à se poser de questions, n’a pas essayé de chercher qui elle était. Tout cela c’est du passé, ce qu’elle était avant n’importe plus, ce qui compte c’est l’instant présent.

Elle n’est pas bête Zenobia, elle a vite compris que la vie en solitaire ce n’était pas pour elle. Elle a essayé pourtant, a fait des rencontres par-ci, par-là. Elle a même eu une portée entre temps avec un loup inconnu ! Elle ne l’a pas vraiment souhaitée, c’est juste que c’est normal pour une louve d’avoir des louveteaux, c’est tout. Ce n’est pas une sauvage, elle s’est bien occupée des petits, mais elle les a dépourvus d’amour maternel. Alors une fois qu’ils étaient aptes à se débrouiller seuls, elle est partie et a rejoint une meute. Ce qu’ils sont devenus aujourd’hui, Dorénavant elle vit sa vie au cœur de la meute, mais au fond vous le savez bien, elle s’en fou de celle-ci.