Comme convenu, j'accompagnais la jeune à la tanière de la guérisseuse dont j'avais déjà oublié son nom. Je n'avais plus ma proie avec moi et j'étais plus libre de mes mouvements même si j'évitais trop de bouger puisque quelques douleurs faisaient leur apparitions mais dont je cachais puisque la femelle semblait bien plus atteinte que moi. Je sais qu'elle avait eu l'idée de passer par un chemin précis pour s'y baigner mais j'avais gentiment refusé, pensant trop à la discussion que nous avions eu avec Eira et que je préférais qu'on voit ça après, une fois qu'elle soit soigné. Honnêtement, je commençais un peu à regretter mes paroles car je réalisais que je l'avais pas mal touché. La chèvre avait depuis un moment regagné le garde manger mais pendant le trajet nous n'avions pas vraiment parlé, ou bien je n'avais pas spécialement répondu à ses invitations à discuter. Comme je ne connaissais pas le chemin de la tanière de la soigneuse, c'est Alkaïne qui m'y guida puis une fois arrivé je repensais précisément à une parole dont je me rappelle, qu'elle semblait avoir tiqué.

Quand j'ai dit tout à l'heure, que ce n'est pas elle qui m'empêcherait de faire quoique se soit, tu as compris que je parlais d'Eira?

Puis je tournai rapidement la tête ailleurs, car je ne voulais pas spécialement parler de ce qui s'était passé après que nous ayons récupéré la proie, sachant que j'avais un peu honte du comportement que j'avais eu envers l'adulte. Elle me considérait vraiment comme son fils mais alors pourquoi ne l'a t-elle clairement jamais dit? Après qu'elle ai choisi plutôt la famine à moi, je me suis dit que ce n'était plus rien, à part un membre de la meute comme un autre, un égal en soi, quelque soit la différence d'âge. Bien sur, si la princesse abordait plus en profondeur le sujet, je répondrai à ses propres questions.

F : 10 | A : 18 | E : 15 | Blessure en cours de cicatrisation à l'épaule + Blessure récente non soignée au niveau du dos, causée par un coup de couteau.

Mal.
C'était bien le cas de la dire.
Je souffrais, je le cachais le plus possible, mais chaque mouvements devenaient de plus en plus difficile.Mon sourire taquin, et habituel, avait disparu. Il avait laissé place à une sorte de grimace que même la disparition de la douleur ne ferait pas partir. Eira. On l'avait blessé. Enfin, Toxic l'avait blessé. Pour ma part c'était plutôt elle qui m'avait agacée, mais pour le coup, surtout blessée. La tête qu'elle avait fait restait gravée dans ma mémoire. J'avais beau secouer la tête, elle ne s'en allait pas.

Toxic et moi restions silencieux depuis notre départ. Enfin, j'avais parfois tenté d'engager la conversation, mais Toxic semblait sans vie, il avait déposé la proie, silencieux, puis on était partit en direction de chez Manîthil. On ne nous avait posé aucune question. Aucun loup n'avait parlé, pourtant ils semblaient perplexe de nous voir tout les deux ensemble. Après tout c'est pas tout les jours que ça arrive. Et puis, depuis avant quelques heures, nous étions officiellement déclarés ennemis. Pourtant, le destin, ou plutôt ma tentative de vengeance, avait changé la donne.

Je lâchais alors soudainement un soupir. J'avais beau tenter de lui parler, il restait omnubilé par sa marche robotique. Je claquais de dents, mais il ne réagissait pas. Je sursautais alors, en entendant finalement le son de sa voix que j'avais presque oublié.

- Quand j'ai dit tout à l'heure, que ce n'est pas elle qui m'empêcherait de faire quoique se soit, tu as compris que je parlais d'Eira?

- Ah bah! Tu sais parler finalement!

Lâchais-je tout d'abord sur un ton ironique. C'est que ça commençait à sérieusement m'énerver la manie qu'il avait de royalement m'ignorer. Je réfléchis alors à sa question. C'est vrai, qu'en l'ayant entendu parlé, j'avais plus eu l'impression que c'était moi le "elle", et non Eira. Après tout, c'était à cette dernière qu'il parlait à ce moment là. Mais bon, en y réfléchissant bien, je n'avais absolument rien compris à ce qu'il m'avait dit.

- Non. Puisque tu parlais apparemment à Eira, j'ai cru que tu parlais de moi. Mais bon, c'est vrai qu'en y repenssant, ce n'est pas du tout logique.

Je restais l'air songeur. Parler me permettait d'oublier, au moins un peu, la terrible douleur. c'est pourquoi je continuai de parler. Et puis, maintenant qu'il commençait à parler, autant continuer à faire marcher le moulin!

- Comment es-tu arrivé dans cette meute? Mon cher Toxic. Je suis curieuse. Car, d'après l'odeur, lors de notre première rencontre, il me semblait que tu sentais, le solitaire. Fin je me comprends. Du coup, tu étais solitaire? Seul?

Curieuse? Bien évidemment que je l'étais. Maintenant que ce lien s'était développé, je voulais en savoir plus sur lui et son passé.

PS : Du coup pour Manî : On la joue en PNj, qu'elle n'use pas de ces stock ^^.

Je lâchai un sourire aussi ironique que la réponse de la jeune louve. C'est vrai que depuis notre départ je m'étais enfermé dans mon silence mais en même temps ce que j'avais du dire pour avoir la paix n'était pas tendre. Je laissai sous entendre un "bah oui" à la deuxième phrase qui sortit de sa gueule. Puis je fus étonné que la femelle change du tout au tout le sujet de la discussion, en la concentrant uniquement sur moi et plus sur Eira ou elle. Je réfléchissais à mes réponses possibles quand je vis la soigneuse sortir vers nous et avoir l'air de savoir ce qu'elle voyait, elle repartit aussitôt vers sa tanière tout en faisant du bruit. Surement pour s'occuper du cas de la jeune, et puis je me permis d'avancer un peu, histoire qu'elle ai pas besoin de faire cent milles aller retour. En attendant je continuais de réfléchir à ce que j'allais lui dire. Je ne voulais pas trop tout lui dire, s'était assez intime et je ne sais pas si je pouvais lui faire confiance alors que y a même pas quelques heures elle voulait juste me faire tuer. Y a aussi le fait que je voulais pas que pendant le soin, l'oreille attentive de l'autre louve sache tout mon passé et que ça se balance dans tout les recoins de la terre. J'avais certes eu un passé difficile, mais j'avais pas besoin de la pitié des autres ou de la moquerie plus appuyée.

J'étais solitaire dans le temps oui, mais quand on s'est rencontré je faisais déjà parti de la meute. J'avais surement encore l'odeur de mon ancienne vie, vu que je cherchais pas spécialement à aller vers les habitants et que ses derniers non plus ne se posaient pas trop de question à mon sujet.

J'affichai alors un visage dur, songeur par rapport au vécu d'avant, et à cette rencontre explosif d'avec la jeune. Entre temps la guérisseuse s'occupait déjà de son cas. Je restai debout prêt d'elle et je me permis de changer le fil de la discussion un instant pour aussi une analyse vite fait de mon corps.

J'ai l'air d'avoir rien comme ça, mais je me suis pris de sacré coup un peu partout sur le haut de mon dos, et sur mon crane. J'ai pas vraiment hyper mal, mais je voudrai pas que ça empire plus tard quoi...

Etant donné que ma blessure n'était pas urgente, je n'étais donc pas prioritaire et je dus attendre mon tour. Je finis alors par m'assoir en regardant de temps en temps le regard de la jeune, mais en restant bien appuyé sur sa propre blessure. Tout ça ne me faisait rien, à part de la curiosité.

L'odeur de la plante médicinale avait peut être une odeur repoussante mais une fois en gueule ce n'était pas si horrible que ça et dans tout les cas ce n'était pas gluant comme un œil de biche! Je haussai des épaules suite à l'air dégueu qu'affichait la jeune puis je remerciai la solitaire qui partit aussi vite qu'elle était arrivée. Voyant qu'elle souhaitait reprendre une marche je la suivis mais je ne pus rester à nouveau silencieux suite à sa remarque.

Non je ne suis pas lourd! C'est toi qui...

Je me tus à l'instant même ou je croisai son sourire. Elle n'avait pas dit ça méchamment, même si elle le pensait vraiment. Je laissai échapper un soupire, j'allais m'emporter alors que, j'avais oublier pour un instant sa bienveillance. J'affichai un petit sourire en réponse puis je repris.

J'ai su me faire des amies depuis le rassemblement, c'est juste qu'avant j'avais et j'ai encore mon côté solitaire.

Et puis c'est vrai, je n'avais reconnu que le mauvais de sa phrase, alors que la femelle avait mentionné le fait que j'avais un cœur d'or. C'est un sacré compliment, pourquoi était-elle tout le contraire d'avant?

Sous tes airs, tu peux te paraitre très attendrissante toi aussi.

Mon premier et dernier compliment qui sortira de ma bouche à son égard. Comment avais-je pu le prononcer à voix haute? Je regardai le paysage pour ne pas croiser son regard.

Le fait que tuer un homme te vienne aussi naturellement, fait d'autant parti de ton caractère que tu connais que trop bien. Au final cela ne va pas sans l'autre, c'est tout toi, ça te résume totalement. Et puis ce petit côté gentil fait de toi quelqu'un d'attendrissant, et si c'est vraiment que passager, je me demande pourquoi alors, et que c'est dommage pour moi dans ce cas.

Je souriais après coup et accélérai le pas de sorte à la laisser seule avec cette pensée de 'dommage', aussi pour ne pas qu'elle s’appuie trop longtemps sur l'expression du visage que je pouvais avoir sur l'instant, qui montrait en gros mon petit signe de sous entendu de drague. Et d'ailleurs je ne sais même pas pourquoi ça m'est venu comme ça, mais il est clair que nous changions de traits de caractère l'un envers l'autre, ce qui nous faisait se révéler au grand jour, et me faisait même découvrir, que, que je draguais??? Alors oui si j'avais distancé un peu la demoiselle, s'est bien car je me surprenais moi même. Et puis pourquoi passager, avait-elle dit ça pour se protéger, protéger sa vulnérabilité, remonter sa fierté, me lancer une pique? Voulait-il revenir la chieuse d'avant, me jouait-elle vraiment un tour? Je finis par m'arrêter, me rappelant ses blessures, et que plus le temps durait, plus on pouvait s'apprécier. Je tournai ma tête vers elle, j'avais envie de lui parler, mais je ne savais pas de quoi et les seules choses me venant à l'esprit, parlait de sang, de tuerie, de plaisir...

Tu aimes tuer pour le plaisir?

Son regard devint si mauvais subitement, que je me demandai si au final je ne mettais pas gouré sur toute la ligne et j'essayai de cacher alors du mieux que je pouvais, ce que je pensai faire un partage de traits communs mais au final la jeune me surprit en reprenant son air de tout à l'heure tout en m'avouant qu'en effet s'était son cas. Ma gueule s'ouvrit pour laisser échapper un grand sourire, je n'étais plus seul.

Bah.. C'est.. Que.. Non, c'est pas si normal que ça que de tuer comme tu l'as fait. Et en plus d'avoir agit comme ça devant moi, comme si y avait rien de... Choquant.

Certes, je donnais plus l'impression de lui faire la morale, tout en laissant penser que je n'étais pas comme elle, mais à la suite que ma parole prit son sens, ma joie avait disparu pour faire apparaitre la gène. Mais c'est que, le peu de fois que j'osais être véritablement moi dans ses instants de tuerie, que des loups comme Eira, me fit comprendre de ne pas dépasser la limite. J'avais alors refouler ce plaisir devant témoins, tandis que si j'étais seul, je pouvais me surprendre, à faire certaines choses bien plus gore que ce qu'avait fait Alkaine, et pourtant, j'ai vu dans son regard ce même plaisir.

Mais.. oui, voir du sang partout, qui coule, par jet ou lentement, ou comme par surprise, et.. Et ses cris, ses plaintes et ses soupires de fin, et les craquements d'os, et.. De savoir, que tu en es maitre...

Je me tus, me rendant compte de ce que je venais de lui avouer, alors que mes yeux s'étaient agrandi, que j'étais pris d'excitation, comme tout à l'heure, alors qu'elle ne l'avait pas vu, quand je l'avais observé, et je ne faisais que imaginer, tout en revoyant certaines scènes de torture que j'avais pu infliger à mes proies avant de leur ôter la vie. J'avais toujours enfoui ça, sans le confier à personne, et je venais de me mettre à nu comme jamais. Pourquoi avais-je peur d'avoir fait une bêtise, que à l'instant ou je venais de finir ma phrase, elle allait alors montrer son véritable visage pour se foutre de moi? Pourquoi pensais-je qu'elle puisse en être capable? J'analysais alors son visage, et je me permis, rassuré, de poursuivre la discussion.

Mais toi, tu aimes ça différemment, tu aimes juste tuer en t’abreuvant de leurs sangs...? Je suis plus diabolique que toi au final. Mais, tu gardes ça pour toi, d'accord?

A peine j'eus le temps de finir de parler, que je maintenais ce doux geste en mémoire, elle, venant se frôler contre mon museau, truffe à truffe. Pourquoi faisait-elle ça? Ma mère me revint en tête, et Eira, avec ses petites, parfois elle même avec moi ou encore Opium, ce geste maternelle qui pourtant ne l'était pas avec Alkaïne. Un coup d'épaule me fit baisser la tête, par réflexe, et la jeune vint glisser sa gueule prêt de mon oreille, me chuchotant une petite phrase. Je finis par sourire, content de voir qu'elle allait respecter ça de moi. Je ne voulais pas l'afficher au grand jour, aux yeux de tous, car au fond je sentais que je pouvais aller bien loin, et je ne voulais faire peur à quiconque. De plus que cette confession avec la louvette sera surement la dernière sur ce point, même si elle était d'avis à partager une bonne partie de chasse bien gore, je ne pouvais pas me laisser aller avec elle, je ne voulais pas qu'elle voit quelque chose de trop monstrueux, c'est pour ça que mon plaisir je le pratiquai seul, et à présent, de plus en plus souvent.

Allez viens, rentrons. Il faut qu'on laisse nos corps se reposer, même si ça t'embête de te concentrer sur cette douleur, elle a besoin de cicatriser, et elle n'y arrivera que si tu es inerte.

Pour un instant je crus prendre la peau d'un guérisseur. Mais dans un sens, pour lui faire plaisir je me promenais avec elle, sauf que pour ma part j'avais bien senti que me coucher, suffirait à passer les maux. Alors que plus je marchais, et plus je ressentais quelque chose de chiant. S'était forcément son cas. Et même s'il en a pas envie, si je me sépare d'elle une fois au camps, elle ira se coucher, enfin j'espère.

(fin)