La lune était pleine cette nuit là et un puisant vent d'est faisait courir les nuages à une allure presque invraisemblable. Les oreilles plaquées sur le haut de son crâne pour atténuer les effets du vent, Yroen marchait avec difficulté à la lisière du bosquet tortueux. La louve n'avait qu'une idée en tête : chasser. Il fallait à tout prix remplis les réserves de la meute qui amenuisaient à chaque nouvelle lune.

Les conditions climatiques n'étaient guère idéales pour une partie de chasse, sans compter sur l'obscurité qui ne simplifiait pas la tâche. Pourtant, la louve était déterminée. Elle avait négligé son devoir envers son clan depuis que les premiers symptômes des songes pestilentiels l'avaient atteint. Sa grande fatigue et ses tremblements l’empêchaient de traquer ses proies. Heureusement, Reaven le guérisseur de la meute lui était venu en aide et avait soigné la plupart de ses maux. Yroen n'avait toujours pas retrouvé sa force et son endurance habituelles, mais il était indéniable qu'elle allait mieux.

Il était désormais grands temps de faire son possible pour rassasier les siens.

Hop

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'Dé de chasse' : 10

Calcul des points de chasse:

Yroen scrutait avec la plus grande attention le sol et les troncs des arbres calcinés. Avec un tel vent, il était inutile pratiquement d’essayer de sentir ou d’entendre quelque chose. Aujourd’hui, la louve ne devrait compter que sur sa vue et sa capacité à pister les proies uniquement à partir de leurs empruntes. Heureusement pour elle, il n’avait pas plu depuis plusieurs jours. Les empruntes des animaux seraient donc plus facilement identifiables. De plus, cette terrible tempête allait inciter les herbivores à rester sur place et à ne pas se déplacer tant que les conditions climatiques ne seraient pas plus favorables.

Yroen arpenta les fourrés durant de longues heures. Bientôt, la nuit qui jusque là était noire comme l’ébène s’éclaircit peu à peu. C’est à cet instant là que la princesse Esobek remarqua quelque chose qui l’intéressa tout particulièrement. Sur le tronc d’un vieil arbre brulé, on pouvait distinguer de fines entailles. Certainement celles laissées par des andouillers de cerf. Un jeune mâle très certainement à en juger par l’aspect de ces entailles. De plus, au pied de ce même arbre, quelques jeunes pousses avaient été broutées. Yroen sourit. Avec un peu de chance, l’animal se trouvait encore dans le bosquet.

La traque fut assez longue, mais finalement la louve réussit à retrouver la piste de sa proie. Alors que l’aube était désormais bien installée. Yroen de tenait à quelques dizaines de mètre du cerf. Il s’agissait là d’un jeune mâle d’un an ou deux. Sans aucun doute un solitaire à la recherche d’une harde. Quelle folie avait bien pu le mener ici sur les terres des Esobeks ? Qu’importe, cette erreur serait sa dernière.

La louve avançait à petit pas, contre le vent et à couvert des maigres buissons épineux qui arrivaient à survivre sur ces terres inhospitalières. Un pas, puis un second et cela jusqu’à ce que sa proie fut assez prêt pour lancer l’assaut. Yroen prit une dernière inspiration, aussi profonde et silencieuse que possible. Puis s’élança hors de sa cachette. Le cerf leva alors vivement la tête et prit immédiatement la fuite à la vue de la grande louve.

La poursuite fut longue et difficile. Le cervidé était jeune et en pleine force de l’âge. Il sautait avec habilité par-dessus les troncs d’arbres calcinés et les roches qui jonchaient le sol. Yroen s’apprêtait à abandonner lorsque la providence lui vient en aide. Quelques instants plus tard, la louve tenait entre ses crocs la jugulaire de sa victime qui suffoquait douloureusement. Ses pattes recroquevillaient sous lui étaient agités de violents spasmes. L’une d’entre elles restait cependant immobile et formait un angle inquiétant. En effet, dans sa hâte de vouloir fuir son adversaire, le cerf avait commis une erreur. L’une de ses pattes avait fini par heurter quelque chose, déstabilisant l’animal et le faisant chuter. Yroen avait alors saisi sa seule et unique chance et avait bondi sur le jeune cerf.

Une fois la bête achevée, Yroen relâcha son emprise. Essoufflée, la louve réussi tout le même à poser un long et puissant hurlement à l’attention des siens. Yroen allait avoir besoin d’aide pour ramener le cerf jusqu’à leur repère.

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'Dé de chasse' : 12

Calcul des points de chasse:

La meute ne mit guère de temps à arriver. Peu à peu, un puis deux et enfin trois Esobeks firent leur apparition. Il s’agissait de deux sentinelles et un chasseur. En les attendant, Yroen était restée allongée au coté du cerf, récupérant peu à peu ses forces. Les deux sentinelles se chargèrent de remporter la proie jusqu’au repère du clan, tandis que la princesse et le chasseur avaient décidé de s’enfoncer un peu plus loin dans le bosquet tortueux. Tout en marchant vers l’est, le chasseur informa la princesse que celui-ci était lui-même sur la piste d’un sanglier lorsqu’il avait entendu son appel.

Yroen sourit. Peut-être était ce un jour de chance pour sa meute finalement … Avec un peu de chance, ce cochon viendrait lui aussi compléter les réserves du clan. La louve était cependant étonner de voir le bosquet regorger subitement de proie. Le chasseur rigola en entendant sa remarque et lui expliqua que la tempête n’y était pas pour rien. En effet, les animaux ne disposaient pas tous d’un repère comme les Esobeks et un bosquet comme celui-ci leurs procuraient un abri contre les vents violents.

Le chasseur avait raison, à mesure que les deux loups s’enfonçaient dans le bosquet, les empruntes de pattes étaient de plus en plus nombreuses. Le sanglier en question était certainement le plus gros gibier des environs. Il n’était donc pas difficile de distinguer ses empruntes de celles des plus petites bêtes. Grâce à l’expérience du chasseur, les deux loups remontèrent rapidement la piste de l’animal et après une longue course poursuite, leurs efforts furent récompensés. Le sanglier ensanglanté gisait inerte sur le sol poussiéreux d’une petite clairière. Oui, cette journée semblait être plus que bonne pour les Esobeks …