Le gros mâle, aux pattes puissantes, sembla brusquement péter les plombs. Ses crocs se plantèrent dans la gorge de la solitaire, qui hurla de douleur tandis que ses pattes labouraient la peau tendre de son ventre. Plus énervée encore, Noire voulut le mordre au museau, mais le sang qui jaillissait de sa gorge l'empêcha de se relever, et elle se laissa pendre lamentablement au sol, sous la totale emprise du Mercenaire.

"Ne sous-estime pas les mercenaires gamine. Les nouvelles vont vites, et certains peuvent très vite tomber entre nos crocs."

"Ne la tue pas Nocturne."

L'intervention de Véga sembla passer comme un petit coup de vent sur les nuages, et Noire lui jeta un regard noir. Jamais elle ne la remercierait, même si elle venait sûrement de lui sauver la vie. Ou du moins, elle venait d'essayer, car après tout, peut-être bien que"Nocturne" refuserait d'arrêter, et préférerait lui tordre le cou et mettre fin à sa vie ? Noire lâcha un grognement, qui ressemblait plutôt à un gargouillis, comme quelque chose entrain de se noyer. De se noyer dans le sang.
La solitaire aurait voulu crier encore, se débattre et planter ses griffes dans les yeux verts de Véga, avant de percer la gorge du mâle pour lui retirer à tout jamais son souffle désagréable. Mais au lieu de cela, elle se laissa pendre de nouveau, la tête collée au sol, gémissant à moitié de douleur tandis que le sang s'écoulait de ses blessures. Elle était à la merci des deux Mercenaires, qu'ils fassent désormais d'elle ce qu'ils voulaient.

- Une raison de te lâcher, et de ne pas te pourchasser jusqu'à ta mort, gamine. Lança Nocturne.

Véga posa les yeux sur la silhouette immobile qui jonchait le sol. Le corps de Noire était crispé, tendu, son souffle fort, et pourtant, elle ne dégageait pas la moindre odeur de peur. Ses yeux meurtriers leur envoyaient à tous les deux des éclairs de haine, et pourtant, aucune crainte ne se lisait dans son regard. Apprendre la perte de sa mère l'avait rendue presque démente, et elle semblait prête à affronter la mot sans sourciller.

Peut-être était-ce simplement ce qu'elle voulait, mourir ? Elle attendait peut-être que Nocturne la libère de ses souffrances une bonne fois pour toute, et si c'était son choix, Véga ne s'interposerait pas une deuxième fois. Noire n'était peut-être pas dans son état normal, mais elle devait être suffisamment lucide pour savoir que Nocturne l’achèverait ou non selon sa réponse à sa question. Qu'il lui laisse cette chance était d'ailleurs plutôt étonnant, étant donné le comportement agressif qu'elle avait envers eux.

Fiche réalisée par @Joy

Nocturne planta son regard glacé dans celui de sa proie, et Noire lâcha un gémissement lamentable, comme celui d'une petite souris que l'on égorge. Elle détestait se sentir dans cette position d'infériorité, dans cet état d'âme soumis, détruit, humilié. Mais que faire de plus que gémir et inciter de la pitié au mâle sombre ? C'était le seul moyen pour elle de s'en sortir.

"Une raison de te lâcher, et de ne pas te pourchasser jusqu'à ta mort, gamine."

Le sang séchait sur son pelage noir, mais continuait pourtant de couler de sa plaie. L'odeur du liquide pourpre faisait parfois perdre la tête à la solitaire, mais pas cette fois-ci. Pas lorsque c'était le sien. Elle était déjà sortie de ses gongs face à l'odeur du sang d'un autre loup. Blasphem, dans la Forêt aux Pendus. Mais lorsque c'était son sang qui jaillissait de ses blessures, cela n'avait pas le même effet.
Noire avait envie de mourir, mais la tête de Reaven, son regard, lui revenaient toujours à l'esprit. Elle ne pouvait pas l'abandonner, pas lui. Il l'aimait, elle l'avait compris depuis des jours déjà. Du moins il lui portait une plus grande affection que personne ne lui avait jamais donné. Si elle s'écoutait, elle aurait déjà permis à Nocturne de la tuer, mais voilà, elle ne le pouvait pas. Elle devait tout faire pour s'en sortir. Pour Reaven. Pour ses deux petits frères défunts. Après tout, sa mère avait toujours voulu sa mort, elle ne pouvait tout de même pas lui faire ce plaisir...

"Je n'ai pas de réponse à te donner, souffla t-elle avec effort. Je n'ai pas respecté mon accord avec Véga. La fin de sa mission n'était pas prévue de cette manière là. Si tu me lâches, je lui donnerai ce qui lui revient. Si elle accepte de me laisser un délai. Je ne suis pas en position de lui donner ce qu'elle veut actuellement. Les temps sont durs."

La louve savait que sa réponse était idiote. Elle demandait encore grâce, elle posait encore des conditions, elle abusait des Mercenaires. Mais cette idée lui plaisait bien. Cependant, elle ne rit pas, ne sourit pas, et se contenta de reposer une nouvelle fois sa tête par terre, haletante, s'attendant d'une seconde à l'autre à recevoir un coup de griffe ou de croc.