Tu voulais que je fasse quoi au juste ? Que je reste sagement là à attendre que tu daignes ne serait-ce que de passer me voir ? Mais maman ! Je suis là et tu ne me vois pas, tu ne viens pas, tu me laisses dans ce trou !

J’étais furieux aujourd’hui, hors de moi, complètement énervement comme je ne l’avais jamais été ! Pourtant ça n’avait pas été le cas au début ! J’avais cru que ce que ma mère m’avait dit, j’avais cru qu’elle tentait de me faire une place au sein de sa meute mais que pour l’instant elle devait me laisser à Emarok pour qu’il ne m’arrive rien. Mais les heures sont devenues des jours et les jours des semaines. Et quelques semaines peuvent paraitre un bref instant pour un adulte, mais elles durent plus d’un siècle pour un enfant qui attend impatiemment la bonne nouvelle qu’on lui avait promise. Je restais toujours avec Emarok, je ne le lâchais plus, mais celui-ci voulait arrêter ça, il ne voulait pas que je me ferme aux autres et insistait pour que je me balade un peu seul de temps en temps, pour que je fasse des rencontres, pour que je me fasse des amis de mon âge. Mais je n’en voulais pas ! Je ne voulais pas de lien, je ne voulais pas m’encrer ici, m’y faire mes racines, sinon cela voudrait dire que je devais m’habituer à cette situation. Que je devais m’habituer à être loin de ma mère et me faire à l’idée qu’Emarok était à présent mon seul et unique point d’attache.

Et ça, non ça je ne le voulais pas.

C’était donc énervé que je tournais sur moi même au sommet d’une petite colline, et je ne me rendis même pas compte que quelqu’un, sans doute curieux, s’approchais de moi.

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Noire, comme toujours, était allée se promener hors de sa tanière. La couche de neige qui s'était déposée devant sa grotte l'agaçait de plus en plus, et elle avait travaillée toute la journée de la veille pour la retirer d'ici. Sa réserve de nourriture était vide, et la louve commençait à sentir la faim tirailler son pauvre ventre. 
Malheureusement, elle avait déjà fait le tour des territoires neutres sans rien dénicher. Ne préférant pas se risquer sur le territoire Sekmet, ni celui des Navniks, la solitaire avait fini par opter pour les Esobeks. Ils étaient tous plutôt pacifiques avec elle, et elle parvint à se convaincre qu'il ne lui arriverait rien. 
Arpentant leurs terres, Noire ressemblait à une boule de charbon sur la neige blanche. Elle n'aurait pas pu se cacher si elle l'avait voulu. Heureusement, la solitaire ne cherchait pas à se camoufler. Si quelqu'un la trouvait, elle pourrait inventer une excuse bidon.
Et c'est ce qui arriva. Alors qu'elle avançait, les sens déployés, elle remarqua un Esobek, perché en haut d'une petite colline. La louve réfléchit un instant. Si elle s'enfuyait, elle paraîtrait coupable, alors que si elle s'approchait -ce qui n'était pas trop son truc- elle risquait moins. Elle opta donc pour le contact pacifique. 
Elle s'avança vers le loup, qui avait l'air d'être plutôt jeune, et lui lança en essayant de paraître le plus neutre possible :

"Bonjour."

C'était bien la première fois que la louve adressait la parole à quelqu'un, aussi spontanément. Malgré tout, sa voix restait dure et effrayante, ce qui pouvait laisser croire qu'elle comptait l'attaquer... Elle espérait simplement que ce loup ne la prendrait pas pour une ennemie.

Le bruit se rapprocha et et j'aperçois  une grosse masse noire sur la neige. Un loup, grand et noir qui s'avançait d'un pas régulier vers moi, se sachant démasqué et voulant éviter tout malentendu.

Je ne l'avais jamais vue et je ne connaissais pas son odeur.  Comme je n'avais aucune idée de comment savoir qui appartenait à quelle meute, je fus juste en mesure de dire que c'était une fille qui n'était pas de chez moi. Elle marchait durement, d'un pas un peu trop vif à mon goût et je ne pus qu'esquisser un mouvement de recul en la voyant arriver aussi vite. Finalement, j'attendis qu'elle arrive jusque devant moi et qu'elle me dise :

" Bonjour."


Étonné, je clignais un peu des yeux, ne sachant pas vraiment comment réagir face à tant de spontanéité venant d'une étrangère. Timidement, je répondis :

"Bonjour..."


Je déglutis avant se continuer : 

" Vous êtes qui?"

Tu m'as toujours dit se me méfier des inconnus maman. Tu m'as dit de mettre de la distance en vouvoyant et de faire attention à chaque parole. Mais tu n'es plus la pour me dire quoi faire.  Alors je fais quoi maintenant ?

Un peu saisi, je regardais la louve en attendant qu'elle veuille me répondre.

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L'Esobek, surement très surprit par l'approche de la solitaire, répondit par un "bonjour" quelque peu hésitant. La solitaire le dévisagea de haut en bas. Il était noir, comme elle, peut-être légèrement plus clair. Ses yeux étaient verts, comme l'émeraude, comme ceux de Véga. Noire se retint de ne pas penser à la Mercenaire. Elle risquerait de perdre ses moyens.

"Vous êtes qui ?"

Le mâle semblait totalement déstabilisé, et la solitaire ne pu s'empêcher de lâcher un rictus malfaisant. Elle savait qu'elle se trouvait sur une terre ennemie, qu'elle n'était pas bien placée pour faire la maligne, mais Noire était comme ça. Associable, certes, mais quelque fois la folie de son enfance prenait le dessus.

"Noire, solitaire. Et toi t'es qui ?"

La femelle ne vouvoyait jamais les autres loups. De toute façon, celui-ci était plutôt jeune, elle possédait plusieurs lunes de plus que lui. Mais dans tous les cas, elle était solitaire, et lui Esobek. Et en ce moment-même... Elle se trouvait sur le territoire de sa meute à lui.

Je regardais la louve un peu perplexe. Elle semblait si froide, et pourtant elle était venue si naturellement à moi! Je ne comprenais pas sa logique et j'espérais que ce ne soit pas quelque tour sournois pour me faire du mal. Manifestement méfiant, je tournais de côté la tête et la regardais d'un air peu convaincu. Elle était grande et noire, même si elle n'était pas, finalement, beaucoup plus grande que moi.  Le yeux rivés sur les siens, épiant chacun de ses mouvements, j'attendais qu'elle dise autre chose.

Finalement, elle sembla engager une conversation, ou peut être n'était ce qu'une parole en l'air.  J'avais du mal à me fier à elle, j'avais du mal à la cerner, à comprendre ce qu'elle faisait. Elle me demanda comment je m'appelai et j'entendis le croassement nerveux au dessus de ma tête. Il sentait que j'étais en mauvaise posture et il avait peur pour moi . A raison ou à tord ? C'est ce que j'allai découvrir.  Je gardais mes distances, sans m'approcher de cette louve perturbante et annonçais à mon tour ;

" Je suis Connor.  "

Rien de plus, rien de moins. Je ne tentais pas de broder ni d'impressionner qui que ce soit avec le titre de mon père adoptif. Non, Connor suffisait. C'était moi. Et elle n'avait rien besoin de savoir d'autre. Au contraire, si elle avait de mauvaises intentions, elle pourrait se servir de toute information contre moi ou mon père. Peureux? Non. Méfiant ? Peut être. Mais prudent; je l'étais jusqu'au bout des poils. 

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Sans une once de chaleur, l'Esobek lui répondit. Il se présenta sous le nom de Connor, et Noire retint ce nom au plus profond de sa tête. Elle avait apprit avec le temps à retenir tous les noms des loups qu'elle croisait. De cette manière, cela pourrait servir, dans le futur, ou pour des dettes quelconques. Elle aimait beaucoup les dettes. Mais seulement lorsque cela jouait en sa faveur.
Cependant, le mâle ne sembla pas désirer poursuivre la conversation, et Noire referma le peu de chaleur qu'elle dégageait. La sympathie était rare chez elle, mais si les loups à qui elle parlait se fichaient d'elle, elle n'allait pas se plier en quatre pour leur convenir. Les babines plissées en une grimace agacée, elle attendit quelques lourdes secondes avant de grogner :

"Tu as l'air de t'en foutre que je sois une solitaire sur ton territoire de chasse."

Noire aimait bien rester dans son coin, toute seule, mais elle aimait tout autant provoquer lorsqu'on l'agaçait. Ce loup n'était pas capable d'apprécier ses efforts, tant pis pour lui. Il allait gagner ce qu'il voulait. Affichant alors un rictus moqueur, la louve haussa les sourcils et laissa échapper un petit rire. Elle allait bien voir ce que ce "Connor" répondrait à cela !

Ca ne me plaisait pas beaucoup, la façon dont elle me regardait. On aurait dit qu’elle était à deux doigts de me dévorer. Je la regardais un peu de côté, l’observant, et surtout remarquant son brusque changement d’humeur. De froide et faussement avenante elle était devenue mordante et sarcastique. Quand elle me parla, j’eus soudain envie de courir chercher Emarok et de me cacher derrière lui. Mais en serrant les dents, je me retins de partir en courant. Elle était si froide que je n’arrivais pas à m’ouvrir, alors que d’habitude avec les adultes, j’avais beaucoup plus de facilité à m’exprimer et retrouvais un certain aplomb que je n’ai pas du tout avec les plus jeunes, ceux de mon âge.

"Tu as l'air de t'en foutre que je sois une solitaire sur ton territoire de chasse."

Je me figeais. Non, je ne m’en foutais pas, mais en réalité j’étais un enfant lucide. Je ne pouvais strictement rien faire contre une louve de l’âge et la corpulence de Noire. Cependant, à sa phrase pourtant mordante, je me détendis. Elle me fit sourire et presque rire de par l’absurdité de cette remarque.

« Bien sûr que si. Mais vous vouliez que je fasse quoi ? Que je vous saute dessus et vous menace de vous mettre une raclée si vous restiez ici ? »

Je poussais un petit rire sarcastique que je ne me connaissais pas. Finalement, avec son air faussement altruiste, Noire me faisait plus peur que lorsqu’elle semblait redevenir à peu près sincère. En la regardant dans les yeux, je rajoutais :

« La seule chose que je pourrais faire à la limite, c’est d’aller chercher Plume Rousse ou Emarok. Mais peut-être n’ai-je pas besoin d’en arriver là. Vous faites quoi ici au juste ? »



Cette question n’était pas vraiment une question d’investigation pour savoir la justesse de ses prétentions, en fait j’étais réellement curieux de savoir ce qui pouvait bien pousser une solitaire à venir par ici. Après tout, elle était libre d’aller où bon elle semblait, alors pourquoi s’aventurer sur un territoire plus menaçant que les autres ?

Elle sentit une once de panique dans le regard vert de l'Esobek, mais celle-ci disparut assez vite, et le canidé s'empressa de rattraper sa petite erreur en souriant d'un air de "celui qui se fiche de tout". 


"Bien sûr que si. Mais vous vouliez que je fasse quoi ? Que je vous saute dessus et vous menace de vous mettre une raclée si vous restiez ici ?"

Ce n'était pas faux, c'était même la véritable vérité. Noire dû l'admettre, ce petit réfléchissait. Il se mit même à rire, et la solitaire n'aurait pas été capable de dire s'il se moquait d'elle ou de lui-même. Mais préférant se taire, elle se contenta de le dévisager d'un regard sans émotion, tandis qu'il poursuivait, en lui demandant ce qu'elle faisait ici. Noire haussa les sourcils, et lâcha à son tour un petit rire moqueur. Ce loup la surprenait de plus en plus. Il savait lui poser les bonnes questions, sans pour autant se montrer insolent et idiot comme Eclipse. 

"En quoi cela te regarde ?" Répondit-elle brusquement, sans lâcher son petit rictus. "Mais si tu veux vraiment savoir, je chasse... Sur ta terre."

Elle agrandit son sourire, le développant sur sa sale face que beaucoup de loups détestait, et attendit que Connor trouve un autre argument valable. Après tout, s'il n'était pas capable de la virer d'ici... Pourquoi ne continuerait-elle pas sa petite chasse sur ce territoire fragile et vaste ?

La louve noire me regarda étrangement, comme si malgré son visage détaché et sarcastique, elle ne s'attendait pas à une telle réponse de ma part. Elle ricana un peu, amusée ou alors trouvant ma réponse débile, je n'aurai vraiment su le dire. Un regard vers elle, elle dit quelques mots:


"En quoi cela te regarde ? Mais si tu veux vraiment savoir, je chasse... Sur ta terre."



Je haussai un sourcil. Chasser sur mes terres? Pourquoi avoir besoin de chasser sur la terre des autres alors que quand on est solitaire, le reste du monde nous appartient? Il est vrai que depuis que j'avais intégré la meute des Esobek, j'avais appris beaucoup de choses sur le fonctionnement d'une meute, mais je n'avais jamais compris pourquoi les loups préféraient vivre ensemble, en communauté, plutôt que simplement avec leurs parents. J'étais bien, seul avec maman moi. Jusqu'à ce qu'elle m'abandonne et que je me retrouve dépendant exclusivement de ma meute et de mon nouveau père, Emarok. Si j'avais en effet appris des choses sur les meutes, je ne les avais pas forcément comprises.

Une chose m'interpella dans ses paroles. Pourquoi parlait-elle de "mes" terres. Elles ne sont pourtant pas à moi mais à mon Alpha, à ceux capable de la garder, non? C'était assez flou et abstrait pour moi, mais au delà encore de ces questions philosophiques, une énorme incohérence dans la phrase de Noire m'interpella, si bien que je formulais une question tout haut.

"Mais... si tu chasses sur 'mes' terres..."



Je bougeais un peu mes épaules de haut en bas en faisant une moue perplexe de ceux qui veulent désapprouver un raisonnement illogique :

"... Ca me concerne quand même du coup."


Je n'avais ni l'air arrogant ni même agressif. Loin d'avoir posé un principe stupide, je me posais cette question, simplement parce que les enfants avaient pour habitude de prendre tout au pied de la lettre et d'analyser chaque mot, chaque phrase, leur but, leur logique et leur coordination. Ne cherchant pas à mal, ne décelant pas forcément l'ironie, cherchant toujours le pourquoi du comment. Donc... Si c'était ma terre selon elle, il semblait évident pour moi que je doivent m'en préoccuper. Presque dans un raisonnement scientifique, un débat philosophique, je regardais Noire comme si je venais de remettre en question la théorie du siècle.

Connor ne parut pas pour le moins dérangé ou effrayé de sa réponse, et se contenta de répondre d'une voix qui se voulait à la fois lasse et intriguée. Ce loup commençait fortement à agacer la solitaire avec ses réponses étranges et ses raisonnements insensés. Ne comprenait-il donc rien ? Il venait de lui dire qu'il se voyait incapable de l'arrêter, cela ne le concernait donc pas que la louve chasse sur sa terre, si ? Sinon il aurait immédiatement réagit en bondissant sur elle malgré sa taille imposante... 
Désormais troublée, ne sachant plus trop que répondre, elle lâcha son sourire pour froncer les sourcils, interdite. Désormais que faire. Fuir ? Hors de question. Combattre ? Pourquoi pas, mais ce serait alors une violation du pacte conclu avec Nymeria, chose qu'elle refusait totalement. Même si en ce moment présent, ce pacte n'était pas mit en jeu puisque Reny n'était pas là. La louve fit tourner sa cervelle à plein régime. Que dire alors, que faire ?

"Ouais, mais puisque t'es pas capable de me renvoyer chez moi, je vais pas me gêner pour chasser ici."

Elle se détourna, tournant le dos au mâle noir, et s'éloigna en direction de l'est. Elle voulait continuer de chasser, pour pouvoir ramener quelque chose au creux de son estomac. Mais Connor la laisserait-il partir si facilement ? N'allait-il pas enfin réagir aux actions que menaient Noire sur son territoire ?

Je ne perdis pas mon sang froid face à la témérité et à l'audace de la louve noire qui se trouvait face à moi. Mais cela n'était pas sans raison. J'avais une idée, une bonne idée je crois. L'air songeur, acquiesçais lorsqu'elle me dit :

"Ouais, mais puisque t'es pas capable de me renvoyer chez moi, je vais pas me gêner pour chasser ici."


D'un air entendu et le plus sérieux du monde je lui dis :


" C'est entendu."



Puis, sachant pertinemment que la louve serait très étonnée :


" Mais à une seule condition. "

Je relevais la tête et plantais mon regard vert clair dans ses yeux :


" Chasse. D'accord. Mange si tu le souhaites et je ne ferais rien pour t'en empêcher. Mais en échange, apprends-moi à chasser en même temps. "

Arborant un air complétement sérieux et persuadé de la sincérité de ma demande, j'attendais sa réponse.

La solitaire était désormais entièrement sûre qu'il allait retourner sur ses pas et lui foutre enfin la paix. Fière d'elle, la femelle l'écouta lui donner la permission de chasser sur sa terre, puis lui imposer une condition. Elle attendit, frémissante d'impatience de dénicher de bonnes proies juteuses, la dite condition, et écarquilla brusquement les yeux lorsque Connor termina sa phrase.
Il voulait qu'elle chasse, mais lui apprenne à chasser en même temps. Noire le dévisagea quelques instants. N'avait-il pas des parents pour cela ? Pour qui la prenait-elle, sa génitrice ? Sa tutrice ? Loin de là ! Elle était une solitaire, et n'avait aucune envie de s'encombrer d'un petit idiot en son genre.

"Tu rêves gamin. Laisse-moi tranquille."

D'un geste brusque, elle se releva et passa près de lui en le poussant d'un mouvement d'épaule. Elle allait chasser, seule et tranquille, sur la terre des Esobeks. Mais en aucun cas elle voulait être suivie par ce "Connor". Il lui avait donné sa permission, tant pis pour lui. Si on l'interceptait, elle dirait qu'il l'avait autorisé à chasser, voilà tout.

HRP:

"Tu rêves gamin. Laisse-moi tranquille."

Je penchais la tête de côté. Même si ses paroles étaient dures, je voyais sur son visage qu’elle n’était pas si ferme que cela. Je continuais à la fixer tandis qu’elle commençait à partir, presque furieuse de se voir manipuler comme ça par un gamin. Enfin, manipuler... plus ou moins. Mais pour moi, j’allais obtenir gain de cause et je le savais. Il fallait juste... pousser un peu. C’est vrai quoi ! Je pouvais être guérisseur et chasseur en même temps non ?

« Il faut que j’apprenne à chasser. Je le dois. Et toi, tu veux manger. Non, tu dois manger parce que plus ça va et plus tu deviens faible. »

Je redressais la tête, et expliquais d’une façon très logique.


« Tu as besoin de chasser tranquillement, j’ai besoin d’apprendre à chasser. Imagine que tu te fais prendre par un des miens. Seule, tu risques d’avoir des problèmes, tandis que moi je serai ton laisser-passer. C’est gagnant-gagnant. »

Un sourire aux lèvres, je suivis Noire sans attendre autre chose de sa part. Elle allait m’apprendre, j’en étais sûr. J’attendais seulement qu’elle commence.

Partant d'un grand pas, la solitaire déploya ses sens pour chercher une proie quelconque, lorsque la voix de Connor résonna à ses oreilles. Il ne lâchait pas prise le jeunot. Il y a tenait à sa leçon de chasse, comme une puce s'accrochant au pelage d'un loup.
Noire se retourna vers lui au moment même où il faisait valoir ses arguments. Seule, elle aurait plus de chance de se faire massacrer si on la trouvait. Accompagné du jeune mâle, elle pourrait chasser plus tranquillement. Ou du moins sereinement, car à partir du moment où Connor la suivrait, toute tranquillité serait perdue.

"Très bien. Gronda t-elle après un instant d'hésitation. Mais tu me suis, et tu la ferme."

Se retournant de nouveau, elle quitta le lieu de leur rencontre pour partir à la recherche de gibier. Mais comment apprendre à chasser à un loup, lorsqu'il n'y a aucune proie à l'horizon ? Noire comptait surtout sur le fait de tomber par pur hasard sur une carcasse abandonnée, ou autre.

"Bon, déjà, tu déploies tous tes sens. Vue, odorat, ouïe. Trouve-nous de quoi bouffer, et ensuite je t'apprendrai comment l'attraper."

"Très bien. Gronda t-elle après un instant d'hésitation. Mais tu me suis, et tu la fermes."

Je sourcillais un peu sous cette démonstration d'autorité non équivoque. Mais après tout, je n'avais pas trop a me plaindre, j'avais obtenu ce que je voulais. La louve commenca déjà à chercher, et me donnait des instructions.

"Bon, déjà, tu déploies tous tes sens. Vue, odorat, ouïe. Trouve-nous de quoi bouffer, et ensuite je t'apprendrai comment l'attraper."


Je restais tres concentré, à concentrait chacune de ses paroles. Comme je ne voyais rien, je me concentrais sur les deux autrës sens. J'entendis des bruits, des bruissement, puis une petite odeur de trèfle ,,de poils, de rongeur... Un lièvre, surement. Je m'avançais doucement puis, fisc un signe à la louve non loin.


" Je crois que j'ai trouvé quelque chose. Ca! Mais maintenant je fais comment ? Si je me rapproche trop il va me voir et m'entendre et s'enfuir !"

Connor sembla se concentrer, et huma l'air avec attention. Il voulait s'appliquer, mais cela agaçait la solitaire, qui ne demandait qu'à manger. Elle n'avait jamais eu de petits, et ses frères étaient morts il y a de cela plusieurs mois déjà. Elle n'avait aucune envie désormais de se lier d'amitié avec ce jeune mâle, et de le prendre sous son aile.

"Je crois que j'ai trouvé quelque chose. Ca ! Mais maintenant je fais comment ? Si je me rapproche trop il va me voir et m'entendre et s'enfuir !"

D'un brusque coup de patte, la louve le frappa à l'oreille. Pas de quoi le blesser, simplement le remuer un peu. Il n'était pas idiot, mais il fallait qu'il débloque son intelligence et une bonne façon de raisonner. On ne pouvait pas se nourrir sans réfléchir, c'était évidemment. Et Noire ne serait pas toujours présente pour lui. Les babines soudain retroussées, elle lui gronda :

"Si tu attends trop longtemps, c'est sûr, il va s'enfuir ! T'es un loup non, tu sais courir ? Veille juste à ne pas débarquer comme un gros lourd, et approche-toi lentement en équilibrant ton poids. Puis t'auras qu'à sauter."

Elle renifla bruyamment, fatiguée de la jeunesse, fatiguée du jeune loup.

Je la regardais d'un mauvais oeil parce qu'elle était bien trop brusque, beaucoup plus que je ne l'avais imaginé. Mais après tout, j'allais enfin apprendre à chasser. Tapis par terre, je m'approchais encore un peu et bondis. La petite bestiole poussa un cri strident à en casser les oreilles.  De mes petits crocs pointus, j'essayais de la happer, de la saisir avec les pattes et de la plaquer au sol. Mais bon sang ! Ce que c'était vif ces machins la !!

Bon allez. On se concentre. Coup de patte, coup de crocs. Mais la bestiole se faufile, s'agite, elle me touche plus que je ne la touche ! Enfin, j'arrive à refermer ma gueule sur quelque chose qui semble craquer sous la pression de ma gueule. Je louche sur mon nez pour voir que j'ai pris l"aine. Enfin ! Je serai plus fort; puis,  d'un geste brusque, je balançait la chose par terre pour l'assomer.  Peut être avais je sous estimé la résistance de ces bestioles ? Toujours est il qu'une fois que je l'ai balancé à terre, qu'elle semblait morte, tuée ou assommée. Doucement, je me rapprochait d'elle, la poussant un peu du museau, simple vérification. Soudain;   La bestiole s'est remise debout; un peu étourdie, et a fuit avant que je n'ai le temps de me rendre compte qu'elle n'était pas morte. Rageur; j'essayais de la poursuivre, mais c'était trop tard. Je ne la voyais déjà plus.  Dégoûté et excédé de ma bêtise, je commençais à pester contre ma maladresse. Première tentative, premier échec !! Mais je ne me laisserai pas abattre si facilement.

La bestiole était blessée, elle avait beau courir, elle ne pouvait pas aller loin. Le nez au sol, tous mes sens en alerte, je commençais déjà à chercher sa trace. Un petit coup d'oeil à Noire pour vérifier que je ne faisais pas de bêtise, tout de même. J'espérais qu'elle ne soit pas déçue et rompe de suite notre marché ...

Le jeune Esobek tenta le coup. Il alla jusqu'à sa proie, et bondit sans perdre de temps. Ses griffes et ses crocs déchirèrent la peau de l'animal, mais ce mâle n'avait pas la volonté de tuer. Il ne savait pas comment s'y prendre, où viser pour ôter la vie. Son gibier parvint à lui échapper, et s'enfuit sans demander son reste, sous le regard moqueur de la solitaire. 
Connor décida de pister la proie blessée, et Noire plissa les yeux. C'était une idée comme une autre. Elle était blessée, et dans la neige, le sang permettrait de la suivre facilement. Mais l'Esobek était-il capable de la pister correctement, de la retrouver et de la tuer définitivement ? La solitaire lui emboîta le pas. Elle le rejoignit rapidement, et lui gronda, sans cesser de marcher :

"Tu dois être plus vif. Ne laisse pas l'occasion à ta bouffe de s'en aller. Tue sans scrupules. Tranche la gorge."

Elle ne lui adressa aucun regard, et désigna du museau les tâches de sang sur la neige blanche. Ils étaient sur la bonne piste.

"Tu dois être plus vif. Ne laisse pas l'occasion à ta bouffe de s'en aller. Tue sans scrupules. Tranche la gorge."



Je hochais vivement la tête. Ok, compris!
Par terre, je reniflais et regardais ce que je trouvais. En effet, des tâches de sang. Du sang de la proie à laquelle je m'étais attaquée il y a peu de temps encore. Je suivais ces petites tâches rouges sur le sol qui menaient jusqu'à large trou à terre. Doucement, je mettais le museau à l'intérieur du petit terrier, où le sang commençait à s'accumuler sérieusement, une patte dépassait d'ailleurs, mais je rentrais à peine mon museau qu'elle partit à la vitesse de l'éclair. J'entendais la petite respiration haletante et j'imaginais déjà la petite frimousse au nez tremblant de droite à gauche.

Je grattai un peu la surface du trou pour étouffer le alpin et l'obliger à sortir, mais cela allait durer trop longtemps. J'optais pour quelque chose de plus rapide. Je contournais le trou. Je savais qu'il y avait forcément deux entrées à une tanière de lapin, pour faire circuler l'air. Alors, je fis le tour et cherchais l'autre tour. Enfin ! Je l'ai trouvé. Le trou était plus petit, le lapin ne s'attendaitpas à une attaque de ce coté. Le loupiot s'approchait, il vit la queue du rongeur et l'attrapa. D'un coup, il tira le rongeur hors de la tanière et lui brisa la nuque d'un coup de croc. Cette fois, il était mort.

"Comme ça, ca va? "



Dis-je en le présentant à Noire.

Les deux loups arrivèrent finalement devant un trou qui s'apparentait à un terrier. Noire se posta un peu en arrière, les yeux plissés, observant Connor en pleine traque. Il renifla le sol jusqu'à l'entrée du terrier, et fourra sa truffe à l'intérieur, avant de gratter le sol pour tenter de faire sortir la proie. La solitaire voulut intervenir, mais l'Esobek se résonna tout seul et changea immédiatement de tactique.
Il contourna le terrier, attrapa le lapin par la queue et lui brisa la nuque. Il déposa ensuite sa prise près de Noire en la questionnant sur sa manière d'avoir effectué les choses.

"Bien."

Noire hocha la tête sans lâcher le lapin de ses yeux jaunes. Connor savait comment pister, comment tuer. Allait-il être capable de défendre sa proie ?
Brusquement, la femelle se jeta sur la prise et l'attrapa par la gorge avant de s'enfuir en courant. Elle ne comptait pas la lui voler. Elle voulait juste voir jusqu'où ce petit mâle était capable d'aller pour récupérer ce qui lui appartenait. Allait-il la poursuivre, lui demander gentiment de lui rendre le lapin, combattre, ou bien rester planté où il était ? S'il n'esquissait pas un geste, Noire n'allait pas se faire prier pour emporter la prise, mais s'il tentait quelque chose, elle saurait récompenser sa bravoure.