Comparable au manteau neigeux sur lequel elle progressait, la femelle se confondait facilement au décor. Seuls ses pupilles d'un bleu glacé, à faire chavirer les cœurs, semblaient se détacher de la blancheur environnante. Pourtant, elle n'était du genre à profiter de ce camouflage pour chasser, piller ou surprendre ses ennemis. Ce n'était pas dans ses plans.
Ses pas, lents mais cadencés, la menèrent peu à peu sur le territoire esobek où elle était déjà venue plusieurs fois pour cueillir des plantes médicinales. Elle trouvait ces terres particulièrement belles et intéressantes, si on en oubliait les désastres causés par ces maudits bipèdes. Bizarrement, la Blanche était attirée par ce clan qui était, pourtant, tout ce qu'elle refoulait, fortement attaché à sa liberté. Peut-être qu'un jour se laisserait-elle tenter par les bienfaits de la vie en meute. Mais ce n'était pas non plus dans ses plans pour l'instant.
Couverte par la neige jusqu'à hauteur des flancs, la Solitaire laissait sur son passage une énorme trace, qui pourrait être utile à un prochain voyageur. Rêveuse, elle continua son chemin sans se soucier de ce qui se passait autour d'elle. Pourtant, elle aurait dû.
Brusquement, sa route s'interrompit. Butant dans une racine imposante, elle se mit à gémir de douleur. Fronçant ses plis angéliques, elle murmura quelque chose d'incompréhensible, mais surement pas injurieux. Ses paupières se fermèrent un instant tandis qu'elle essayait d'atténuer la douleur en fourrant son museau près de sa patte blessée légèrement.
On ne vit plus qu'un dos et une queue parmi le décor enneigeux du bosquet.

Ses narines s'encombrèrent rapidement, mais elle persista à rester près de son antérieur, obstinée. Soufflant un peu dessus, elle espérait calmer la douleur présente. La Blanche se rendit vite compte que ses efforts ne suffiraient pas à atténuer le mal et elle faillit abandonner ses tentatives lorsqu'un bruit, un peu brouillé, la fit sursauter.

- Bonjour !

Rapidement, elle tâcha de remonter sa tête jusqu'à la surface. Son élan était tel qu'elle souleva la neige autour d'elle. Son museau en garda un peu, lui donnant un drôle d'air. Elle posa son regard océan sur le loup qui se trouva en face d'elle et ne tarda pas à avoir un sourire au bout des lèvres.

- Bien le bonjour à vous.

Prononça t-elle d'un ton agréable à écouter, doux et posé. Ne voulant pas être impolie, elle tenta de dissimuler ses rapides œillades sur le corps du mâle. Il semblait appartenir à un clan, mais lequel ? Peut-être était-ce ses terres qu'elle foulait à l'instant même. Sans plus attendre, elle voulut en avoir la certitude.

- Seraient-ce les terres de votre meute que je traverse ?

Ne pouvant dissimuler plus longtemps sa blessure, la louve eut un rapide mouvement désordonné qui lui permit de dégager sa patte, la libérant de l'emprise du manteau. Elle la laissa poser un instant sur le chemin qu'elle avait creusée en arrivant jusqu'ici. Presque honteuse de mettre à nue une pareille situation, elle se mordit légèrement la lèvre inférieure. Que pouvait-il penser d'elle à présent ? Profiterait-il de la situation comme beaucoup de mâles l'avaient fait avant lui dans ses nombreuses positions de faiblesse qu'elle avait eu au cours de sa vie ?
Presque instinctivement, ses oreilles se baissèrent sans qu'elle n'y prête attention. La méfiance commença à s'installer, malgré le visage toujours tendre de la Belle.

Laissant approcher le mâle, la louve continua de l'observer, laissant sa méfiance de côté. Il n'avait pas l'air bien agressif et lui aurait déjà sauter dessus s'il comptait faire autre chose d'elle. La solitaire se détendit, décontractant ainsi ses fins muscles.

- Vous êtes en effets sur les terres Esobek, mais continuer, ce n'est pas dérangeant. Chacun a le droit de chasser.

Chasser ? Loin de là l'idée de chasser sur des terres qui n'étaient pas siennes. Désapprouvant la fin de son réponse, la blanche pointa légèrement son museau vers l'inconnu.

- Vos terres sont d'une beauté hors norme si on ne prends pas en compte les désastres provoqués par les humains.

Encore eux. On pourrait presque croire qu'elle fait une fixette sur eux. Peut-être était-ce le cas, après tout. Portant son regard azur sur le reste du paysage blanc, elle ferma un court instant les paupières pour s'enivrer des odeurs hivernales.

- Je ne me suis pas présenter.. Je me prénomme Kali.

Exécutant une légère révérence, son visage s'embellit à nouveau d'un plus radieux sourire qu'elle n'avait déjà.

- Il est vrai qu'il a un certain charme, tous comme vos beaux yeux, si je peu me permettre.

Quelle joli compliment ! Il traversa le cœur de la femelle qui parut gênée. Baissant un petit peu son menton au niveau de son poitrail, un sourire en coin, ses paupières se plissèrent légèrement, exprimant les sentiments qui la traversaient à cet instant.

- C'est très aimable à vous, je vous en remercie.

Si on s'approchait suffisamment près d'elle, on pouvait entendre les pulsations sous sa poitrine se rompre. Elle tenta d'apaiser ses émotions pour se concentrer de nouveau sur son interlocuteur, qu'elle trouvait très à son goût également. Mais elle ne savait rien de lui. Pas même son nom qu'il tarda pas à donner.

- Je suis Emarok, guérisseur de cette meute, enchantée Kali.

Ainsi, tout les deux partageaient la même voie. Relevant vivement la tête vers le mâle, ses yeux semblèrent briller.

- Le plaisir est partagé. Elle marqua une courte pause. J'espère qus nous pourrons nous associer un jour, puisque je suis également guérisseuse.

- Quelle surprise ! Depuis combien de temps exercer-vous ? vous êtes solitaire n'est-ce pas ? vous ne vous sentez jamais seule ?

Le mâle sembla enthousiaste face à cette nouvelle. Ce qui apaisa la timidité temporaire de la louve. Elle oublia toute once de méfiance et s'avança d'un pas, comme pour signifier qu'elle aussi partager son avis.

- J'exerce depuis ma plus tendre enfance. J'ai toujours été nomade et je n'ai jamais ressenti le besoin d'être avec d'autres congénères, sauf pour leur apporter mon aide.

Il est vrai qu'elle n'était pas bien vieille - même très jeune -, mais elle avait l'impression que ses premiers soins remontaient à des lustres.

- Et vous ? Vous devez avoir beaucoup d'expériences!

La blanche faisait référence au fait qu'il appartienne à une meute, comparée à elle. C'était certainement plus simple d'apporter des soins à ses camarades qu'à de parfaits inconnus.

- Pas temps que çà en fait. Je dirais que cela fait une petite année ... Mais j'étais en formation pendant 2 ans, j'ai appris énormément avec mon mentor. En fait j'ai un peu toucher a tous les grades jusqu’à trouver celui qui me convenait ! Après en l'espace d'un an j'ai soigné énormément de loup ... autant de ma meute que d'autre meute et des solitaire. Tous le monde a le droit a des soins.

Oh! Pureté du Cristal fut surprise de sa réponse. Ainsi, même en tant que loup de meute, il soignait les autres sans se soucier de ce que pourrait penser sa meute. Ce qu'honorait la blanche qui appuya ses mots d'un mouvement de tête respectueux. C'était rare de voir quelqu'un aussi impliqué dans la survie des autres, autre qu'elle. Ils semblaient se ressembler sur beaucoup de points, ce qui réjouissait la Belle qui n'arrivait pas à perdre son beau sourire.

Ses prunelles toujours orientées sur le mâle, elle se mit à nouveau à l’ausculter discrètement, détaillant chacun de ses traits. Il paraissait plus âgé qu'elle, même si la solitaire préférait l'ignorer.

- Votre manière de penser est honorable. Vous avez bien choisi votre voie.

Elle pouvait presque s'estimer fière de croiser son chemin.

- Je n’apprécie pas les guerre, ni les combats, bien que je sache me battre je ne l'utiliserais qu'au dernier moment. Les paroles peuvent aider bien plus que ce qu'on pense. Et puis j'ai vécu bien trop de chose pour laisser des loups d'autre meute blesser sans l'aider. C'est ma vision, et toi quelle est la tienne ? pense-tu que les loups doivent se battre ? se battre pour s'entre voler des territoires futiles, réduire leurs effectifs pour des broutille ?

Penchant doucement sa tête sur le côté, son raisonnement éveilla en elle plusieurs sentiments, qu'elle ne tarda pas à exprimer. La barrière de proximité venait d'être franchi par le mâle qui avait cesser le "vous", ce qui ne dérangea pas pas la femelle.

- Tout combat physique est complètement futile. Comme tu le dis, les mots peuvent résoudre bien des maux que les batailles ne peuvent qu'aggraver. Je hais tout ces êtres qui se pensent supérieurs parce qu'ils savent donner des coups à l'adversaire, qu'importe la raison. Je ne me battrai jamais, d'ailleurs, je ne sais pas le faire. J'ose même pas chasser de peur de faire du mal à un autre animal. Alors un de mes congénères... Ce n'est même pas imaginable.

Durant son dialogue, ses narines s'étaient pincés et ses traits angéliques s'étaient ternis, donnant une impression des plus sérieuses. Oui, elle haïssait tout ces maudits êtres qui arranger "tout" par les coups!

- Alors oui, j'ai beau détester les donneurs de coups, mais je ne peux pas les laisser sur le champ. Je suis d'un naturel généreux et bienveillant et voir la souffrance des autres m'énerve énormément. C'est ce pourquoi j'ai choisi cette voix, notre voie: pour offrir mon aide aux victimes. Et les remettre sur pieds lorsque je peux. Jamais je ne laisserai un loup sur le côté, quelque soit ses actions ou son origine. Tout être mérite la vie et nous sommes personnes pour leur ôter.

Des paroles qui sonnèrent dures pour un si petit être comme Kali.

Ils avaient la même manière de penser, ce qui plaisait à la petite Blanche. Deux loups si semblables, tout les deux guérisseurs et pacifistes, ce n'était pas tout les jours qu'on voyait ça. C'était presque surprenant, voir irréaliste. Elle avait du mal à y croire, pourtant c'était bien vrai.

- Tu a tous à fait raison,a quelque détails près. C'est le cycle de la vie de ce nourrir, nous les loups devons manger, mais ce n'est pas une raison pour s'entre tuer. Tu a toujours vécu solitaire ? est-ce que tu a de la famille quelque part ?

Provoquant un sursaut de la belle, celle-ci se mit instinctivement à se mordre l'intérieur de ses joues. Pourquoi fallait-il qu'il pose cette question? Tout allait si bien jusqu'à maintenant. Elle avait envie de prendre les jambes à son cou pour s'enfuir, laissant planter là le mâle avec sa question en suspens. Pourtant, elle ne bougea pas d'un poil, rassemblant un peu de force pour trouver une réponse.

- Oui, j'ai une famille, quelque part...

Elle ne put en dire plus. Ce qu'elle refoulait jusqu'à présent était maintenant au centre de la conversation, provoquant un certain malaise entre eux. Elle avait, comme tout le monde, une famille avec des parents et Pureté du Cristal avait la chance d'avoir plusieurs frères et sœurs. Mais son histoire, malgré ses traits avenants, était tout autre, à un point qu'on ne pouvait pas l'imaginer derrière son visage. Pourtant, sa fratrie était à l'opposé d'elle et elle les avait fuit, il y a maintenant plus d'un an, pour ne pas être au cœur des conflits. Oui, sa famille était le seul sujet de discussion qu'il fallait éviter avec elle. Au risque de la perdre.

- Et toi?

Espérant que ce mauvais faux pas involontaire soit vite effacé, la belle oublia sa gêne pour se concentrer sur ce qu'Emarok avait à lui dire sur la sienne. Peut-être avait-il une meilleure chance qu'elle au loto de la vie...

- Désoler si cela te met mal à l'aise, tu n'est pas obligé d'en parler. Oui j'ai une famille, quoi que plus vraiment mais je garde un souvenir ... Mes parents on fonder la meute ou je suis, ma soeur a pris la relève a leurs morts. Et elle a disparu elle aussi ... J'ai un frère, mais je ne sais pas ce qui lui est passer par la tête, il a essayer de tuer ma soeur pour la place d'alpha, on l'a bannis, il dois être là pas loin, a être solitaire. J'ai un fils, enfin il n'est pas de mon sang, mais sa mère me l'a confier et je prend soins de lui. J'aimerais mieux te connaitre, mais on est pas obliger d'aller vite. Que souhaite-tu faire plus tard ? ton objectif dans la vie ? on en a tous un ...

Prince ? Fils ? Frère banni ? Ses informations se brouillèrent un instant dans la mémoire de la Blanche. Hélas, il avait aussi des proches opposés à lui, tout comme elle, puis un louveteau à surveiller, une meilleure chose. Elle porta à nouveau son regard bleu glacé sur les alentours. Sa blessure n'était plus qu'un lointain souvenir.

- Tu ne pouvais pas savoir. Je suis désolé pour ton frère... et ravie d'apprendre que tu ais un fils, même s'il n'est pas de toi à l'origine.

Et hop, un petit pas vers le mâle ni vu, ni connu, avant qu'elle ne porte ses prunelles vers lui.

- Ce que je souhaite faire plus tard ? Outre améliorer mes talents de guérisseuse, je souhaite fonder une famille. Je suis encore jeune pour parler de ça, mais je suis bien consciente des réalités et de l'avenir que je souhaite créer. Mais avant de penser à élever des petits, encore faut-il que je trouve un partenaire, qui le mérite. Peut-être même oserai-je imaginer un futur en meute, qui sait de ce que demain est fait.

Peut-être même avait-elle un avenir avec le mâle qui se trouvait en face d'elle. Mais il était encore trop tôt pour le dire ou y penser.

- Quel est le tien?

- J'avais comme objectif d'aider mon prochain et de veiller sur la meute dans l'ombre. Je continuer a guider cette meute, et prendre de plus grande décision. Mais comme toi, j'aime vivre, et une famille était un objectif trop lointain pour moi ... inaccessible, j'étais trop déprimé par les événements et l'âge me rattrape. Mais j'espère encore ! Et puis mon avis pacifique n'aide pas toujours ... Je ne suis pas un mâle agressif ni même un idéale, j'ai mes propres valeurs et je ne souhaite pas changer, j'aimerais rester moi-même et trouver quelqu'un qui m'aime pour ce que je suis. Je suis idéaliste je sais, j'ai rarement rencontrer quelqu'un comme toi Kali.

À la suite de ses paroles, sa tête se baissa. Sans réfléchir, le petite louve s'approcha du mâle en posant son museau sous son menton, le forçant à relever la tête doucement. Elle ne quitta pas un instant ce contact particulier qu'elle avait avec lui, même si la gêne reprit peu à peu possession de son esprit.

- Tu trouveras quelqu'un, j'en suis certaine. Tu es quelqu'un de bien, Emarok, et tu es bien le premier qui partage ma façon de penser. L'âge n'est qu'un chiffre et il n'est jamais trop tard pour fonder quelque chose.

Se dégageant de son visage, elle planta ses pupilles à travers les siennes, comme pour le soutenir.

- Restes comme tu es, surtout ne changes pas. Tu pourrais le faire regretter aux personnes biens que tu connais.

... Dont elle. Aussi étrange que cela puisse paraître, elle commençait à s'attacher à cet Esobek. Peut-être avait-elle tort ? Mais au moins, la blanche se fiait à ce qu'elle ressentait à son égard, plus qu'à des pensées anodines.

- Tu veux combien de descendants?

Une occasion d'aider le guérisseur à y croire encore plus.