Quatre loups en moins, dont l'alpha mâle. Le pire restait la disparition du guérisseur de la meute Navnik : Daante. En ces temps d'épidémie, Djall et ses camarades nécessitaient plus que jamais d'un loup compétent pour soigner les autres. Ce loup manquait à leur meute. C'était la première raison qui avait poussé Djall à s'aventurer sur la dune de sable laissée à l'abandon par les bipèdes. Elle se tenait debout et droite au sommet du monticule doré et bombait son torse au rythme de ses profondes inspirations. La seconde raison qui l'avait amené ici était plus intime. Elle était à la recherche d'une quelconque trace des hommes suffisamment prégnante pour constituer une piste. Elle était déterminée et prête à chercher longtemps.

Soudain, l'odeur âpre et forte d'une chose brûlée et de la fumée qui l'accompagnait s'engouffra dans les narines dilatées de Djall. Celle-ci comprit presque immédiatement et suivit ce parfum pour tomber nez-à-nez avec un foyer de braises rougeoyantes en train de s'éteindre. Elle manqua même de se brûler les coussinets. Sous ses yeux, un feu était sur le point de mourir et elle sut que cette œuvre était celle des hommes car ils étaient les seuls à pratiquer ce genre de techniques pour manger. Elle décida de chercher une piste autour de ce feu qui soit exploitable.

Elle avait le devoir de trouver une piste, peut-être olfactive, du moins quelque chose qui puisse la conduire aux kidnappés. Elle effectua une technique particulière de recherche qui visait à décrire des cercles de plus en plus large autour du feu. De cette manière, elle ne pouvait passer à côté d'un indice. Sa méthode fut rapidement récompensée lorsqu'elle tomba nez-à-nez avec de profondes traces parallèles et semblables dans le sable qui constituaient un chemin qui s'éloignait de la dune dans une direction visiblement précise. Elle fronça le museau d'étonnement et se mit à suivre cette piste fraîche.

Djall n’était pas dupe, malgré sa simple condition animale, elle se doutait que de telles traces si rectilignes ne pouvaient que mener à un autre indice. De plus, elle avait déjà eu l’occasion de constater des marques dans le sol similaires par le passé et elle savait ce qu’elle trouverait à la fin de cette piste. Gagné. Elle trouva à l’orée de la forêt qui bordait la dune de sable un gigantesque engin qui transportait habituellement les bipèdes et leurs cabots. Celui qu’elle rencontra semblait sommeiller depuis un certain temps et abandonné. Néanmoins, son odorat perçant remarqua les nombreuses odeurs effacées qui imprégnaient encore la peau de tôle du monstre à roues. Les bipèdes étaient intelligents et avaient appris à masquer leur parfum, mais une effluve de chien flottait dans l’air, et Djall voulut tenter de suivre cette piste incertaine.