Le troisième Bipède entre. La première chose que Palladium voit, ce sont ses sabots. Ils claquent sur le sol lisse. Puis, les prunelles jaunes montent le long du corps droit, et dans les mains il voit ce petit objet, qu’il a si souvent entendu détonner. Cet objet, porteur de mort instantanée. Les choses ne lui étaient pas rendues plus faciles, bien au contraire. Cependant, deux des Bipèdes qui s’occupaient d’eux s’enfuient en courant par la porte par laquelle le faiseur de mort est entré, la laissant grande ouverte : un détail qui n’échappe pas au Pantin caché derrière l’armoire. Le faiseur de mort se rapproche de la table renversée avec son acolyte. Le cœur de Palladium bat la chamade, et lorsqu’il braque son objet fatal sur les deux Navniks, son rythme cardiaque s’accélère. Bien qu’il les déteste, il a peur pour eux. Il s’imagine à leur place, contraint de ne plus bouger au risque de se faire faire exploser la cervelle. Tybalt semble se réveiller peu à peu, mais il est encore une larve.
Et la porte est toujours ouverte.
Si ce crétin de Navnik l’avait aidé un peu plus tôt, sans doute les évènements se seraient-ils passés différemment. Mais le loup gris avait clairement exprimé sa volonté d’éviter le combat collectif. Il ne voulait pas s’allier, qu’il en soit ainsi. De toute façon, le Pantin était clairement en bien meilleure posture que les deux Navniks, et leur sort ne lui importait que peu. Certes, l’aide de ces deux là aurait été utile, dans les couloirs certainement truffés de Bipèdes, mais l’amour-propre de Palladium lui souffla de s’enfuir seul.
Lorsque le Pantin bondit hors de sa cachette, sa décision est prise : il fonce droit vers le Bipède armé et passe entre ses jambes à toute vitesse, le contraignant à les écarter pour rester stable. Il faut le déséquilibrer pour qu’il n’ait pas le temps de lui tirer dessus. Les Navniks pourront profiter de ces quelques secondes pour tenter quelque chose ? A partir du moment où le Sekmet passerait la porte, ce ne serait plus son problème. En quelques bonds puissants, le Pantin est hors de la grotte aux parois lisses. Dans le couloir, de l’air frais. Il visualise parfaitement le chemin qui le ramènera à sa cage.
Là encore, un dilemme se pose. Faut-il s’enfuir, chercher une sortie en priant pour qu’aucun Homme ne lui tombe dessus, et avoir une chance de guider les secours externes ? Ou fallait-il aller chercher les autres dans leurs cages, pour tenter de faire imploser le système de l’intérieur ?
Palladium hésite quelques millisecondes : mais il n’a pas le temps pour hésiter, à chaque instant il risque de se faire repérer. Il ne connaît pas le chemin de la sortie, mais il connaît celui qui le mènera aux cages de ses congénères. Il se rue donc à toute vitesse vers la porte qui mène aux cages, bien décidé à libérer les autres loups. A plusieurs, ils seront plus forts.

HRP: