L’autre sembla subitement enfler de vanité. Pandémonium dardait toujours sur lui ses yeux gris, qui lançaient des éclairs. On ne venait pas de lui attribuer le titre d’alpha non plus, n’est-ce pas ? Remus semblait beaucoup tenir à sa posture digne et pleine de maturité, ce qui aurait certainement poussé le jeune Dragon à la moquerie la plus vile qui soit, mais Remus incarnait une trop grande menace pour sa relation avec Adriel. Il venait à peine de le retrouver, il était absolument impensable que ce moins que rien ne songe ne serait-ce qu’à quémander un minuscule morceau d’attention.

« Je me battrais jusqu’à mon dernier souffle. Je suis né pour prospérer au sein des Navniks, ce n’est pas aujourd’hui que j’abandonnerais, et je donnerais ma vie pour une cause qui est la mienne depuis que j’ai vu le jour. »
« Prospérer au sein des Navniks », non mais vous l’avez entendue celle-là ? Pandémonium se retint de pouffer. Va donc prospérer, au sein des braves imposteurs et des traîtres lâches et sans cervelle, peut-être que ta naissance découvrira subitement un sens moins stupide que celui-ci. Le jeune Dragon se serait volontiers acharné davantage sur ce pauvre inconnu dont les belles paroles se transformaient jérémiades hypocrites à ses oreilles, mais il semblait qu’Adriel aie décidé d’écourter l’entrevue. Dieu merci, il était au bord de la migraine.

« Ainsi, nous pouvons nous quitter. Je te retrouverais, frère, et nous ferons de toi le fils de notre père. » Dans le cerveau de Pandémonium, une petite voix hurlait le contraire. A aucun moment de sa vie, il ne se sentirait comme chair semblable à celle-ci, et il suffisait de voir Remus pour comprendre qu’il n’était que le vilain petit canard de la prestigieuse portée du Dragon. L’élément étranger.
Le jeune loup lui adressa un regard hautain, suivit d’un reniflement de mépris.

« J'suis sûr qu'on se reverra très vite... », lâcha-t-il d'un ton presque menaçant, plein de sous-entendus.

Il lui tourna ensuite le dos sans autre forme de procès, se collant exagérément à Adriel pour bien lui montrer que lui, il avait déjà forgé sa place. Rien ne pourrait s'interposer. Il le tuerait, s'il le fallait.