Si tu veux manger... Chasse!

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Il y a quelques notions essentielles à connaitre lorsque l'on fait partie d'une meute. La première, c'est qu'il est important de participer à la vie de la meute et pour qu'elle subsiste elle doit pouvoir manger à sa faim. Il faut nourrir toute cette grande famille, les louveteaux comme les vieux loups, ceux qui ne peuvent pas subvenir seuls à leur besoin. Moi, je ne suis pas une chasseuse mais je tente de m'améliorer. J'ai besoin de m'améliorer. Pourquoi ? Pour qu'Athos cesse de me prendre de haut et lui prouver que je peux très bien chasser même si c'est loin d'être mon domaine de prédilection. Je pris donc la décision d'essayer chaque jour de ramener quelque chose à ma meute, d'essayer de tuer pour offrir de la nourriture.

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L'aube. Ce moment où la nature endormie se réveil, où les fleurs délicates s'ouvrent et nous offrent leur délicieux parfum. Cet instant où les animaux sortant de leur sommeil ne sont pas encore tout à fait réveillé et se hâte à l'extérieur pour se rassasier. Ce que je fais ? Je guette. Depuis des heures, bien avant que le jour ne se lève. Terrée dans l'ombre je me suis imprégnée des environs pour finalement m'y tapir. Je suis patiente. Je ne perds pas de vu mon objectif, rapporter quelque chose à manger. J'ai repéré quelques terriers dans les environs, certains à l'odeur d'autres d'un simple regard. La petite clairière devant servir de garde manger aux éventuels rongeurs, je me suis positionnée dans l'épais branchage d'un buisson duveteux. Feuillus devrais-je dire.

Voilà, ce que j'attendais depuis des heures dans le froid nocturne. Les muscles paralysés et engourdis par mon immobilité, je ne me laisse pas aux prises avec la douleur. Non, j'en fais obstruction mon seul et unique but étant que je rapporte de quoi manger. Je ne suis pas un exemple à suivre pour la chasse et cette première expérience en solitaire me prend toute ma concentration. Les petits lapins sont de sorties, ils grignotent de ci de là. Ils ne font pas attention. Tout ce qui compte pour eux c'est de se nourrir rapidement pour ensuite aller se terrer. Retrouver leur terrier et ne plus en sortir sauf en cas de nécessité. Des dizaines de lapins sautillent au milieu de cette clairière, je n'ai plus qu'à foncer et en attraper au moins un. Je me prépare. Je suis prête à m'élancer. Je sors du fourré avec force arrachant les branchages du buisson qui obstruent ma voie. Mes muscles se détendent pour se contracter à nouveau afin de déployer toute ma force dans cette folle course.

Je suis suffisamment rapide pour assener un violent coup de patte à un lapin proche de ma planque. la pauvre bête vole quelques seconde pour s'échouer lamentablement et lourdement sur le sol. Mort ou inconscient ? Je ne sais pas mais c'est l'occasion rêver de poursuivre une autre proie et de repartir avec deux lapins. Je saisi cette occasion en or, me focalisant sur un animal moins rapide que ces congénères, une aubaine. Mon œil d'espionne est aux aguets de ce genre de détails et je profite de la situation. Le lapin boite, une blessure qui ne semble pas être guérit. Une blessure qui lui coûtera la vie. Je cours. Je bondis. Je le happe au vol entre mes crocs que je referme comme un piège sur son corps. Le sang chaud s'écoule et me chatouille la langue. Je suis fière. Essoufflée mais fière. je retourne dans la clairière avec ma proie dans la gueule, l'autre est toujours inerte sur l'herbe. La petite boule de poil a la nuque brisé soit par mon coup de patte, soit en retombant, toujours est-il que c'est avec deux lapins que je rentre ce matin. Mes premières réussites.

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L'entrainement à la chasse demande une assiduité journalière, je ne m'en suis pas encore lassée et j'en suis à mon second jour. Fière ? Moi? Vous devez confondre. Bon, j'avoue que je m'étais pavanée la veille avec mes deux lapins et j'espérais bien réitérer cette expérience. Je parcours mon terrain de chasse favori à la recherche d'une proie. Je fouille. Je fouine. Un arbuste ou un terrier. J'approche de la rivière, frêle et peu profonde. Je n'aime pas l'eau par ce temps, c'est un truc à chopper la mort s'y l'on ose y mettre la patte. Un frisson me parcourt et j'ébouriffe mon pelage en me secouant pour m'en débarrasser. Je suis le petit cours d'eau, je me déplace à une allure moyenne, la truffe entrain de renifler l'air.

Je piste enfin quelque chose. Je suis sur la bonne voie. Je m'approche pour constater qu'il s'agit d'un rat à queue plate, un animal nommé castor. Ces drôles de rongeur assez lent et préférant entasser du bois que se défendre. Ni une ni deux, je fonds sur la bestiole pour lui assener un violent coup de patte. Je sonne ma proie suffisamment pour la maintenir au sol de ma patte avant, prenant sa boite crânienne entre mes crocs, je lui tort le cou. Un craquement sec. J'ai mon premier butin de la journée. Je n'ai plus qu'à m'en retourner.

Les hautes herbes me dissimulent. Mon castor toujours dans la gueule, je suis sur le chemin du retour quand un coup de feu retentit. Déjà allongée sur le sol, les oreilles dressées, j'analyse. Un homme. Il est au loin, il vient de donner l'ordre à son chien de rapporter le friut de sa chasse. Je n'ai pas envie de m'attarder dans les parages et m'éloigne d'eux. Je prends la direction opposée, ce n'était pas sans compter sur mon odorat chatouillé par une effluve de sang chaud. Un petit détour. Juste quelques mètres. Je suis mon museau et dégote un faisan tué par cet homme. Voleuse ? Non. Opportuniste ? Oui. Je ne traine pas. Je repars en prenant soin de dissimuler mes traces après tout je suis une espionne et me camoufler c'est ce que je fais de mieux même si pour ce faire je me suis roulée dans de la boue mêlée de déjections animales.

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Chasser! Encore. Mon quotidien ces temps-ci. Nous nous devons d'être fort. D'être prêt pour la guerre, pour le froid qui s'annonce. Un stock de proie suffisant nous permettrait de ne pas faiblir. Je redouble d'efforts. Il pleut. Mon pelage est complètement mouillé, détrempé. Je déteste ça. Pas à pas, je me fraye un chemin au milieu de ce champs de bois mort. La pluie me complique la tâche, les odeurs disparaissent avec elle et j'ai l'impression de perdre mon temps.

Je ne suis pas la seule à errer. Ce lièvre semble bien pressé de trouver refuge, ce n'est pas sans compter sur ma vivacité. Aussitôt vu, aussitôt prit en chasse. Je lui cours après comme un âne après sa carotte. Je déploie toute ma puissance pour gagner en vitesse. le bougre est plus entrainé que moi à la course. Heureusement, je suis endurante. Je me faufile. Je bondit. J'esquive les obstacles. Qu'importe l'énergie que je devrais déployer pour obtenir ce lièvre mais je l'aurais. Des minutes interminable de course poursuite pour finalement parvenir à l'attraper par l'arrière train. Je secoue ma tête pour rendre ma victime confuse, le jetant au sol je m'empresse de l'achever.

Un lièvre ce n'est pas si mal. Mais j'aimerais bien autre chose. Comme ce petit animal qui déambule tranquillement sous la pluie. Qu'est ce ? Je renifle. Le regard suspicieux, il ne semble pas me redouter bien qu'il se soit immobilisé. Une technique étrange. Je ne me pose pas plus de question et le bouscule d'un coup de museau. Je couine. C'est douloureux. La bestiole s'est roulée en boule et a déployé tout ces piquants. J'en ai quelques unes planté dans la babine et je préfère abandonner. Rentrer pour que l'on me retire ça. Je repart avec mon seul lièvre, contrariée par cette pluie battante et ce hérisson.

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Plus d'épines dans les babines, ce n'est pas du luxe. Maudit hérisson! Aujourd'hui, je ne me risque pas à dégoter un petit rongeur dans son terrier. Je préfère éviter les mauvaises surprises. Le petit cours d'eau devenu un peu plus large avec les dernières pluies à surement du poisson à m'offrir. Je n'aime pas l'eau mais c'est toujours mieux que les épines. Je m'y rends tranquillement et me poste sur un rocher où je commence à patienter en surveillant la surface de l'eau. Le temps passe et je ne vois rien... la pêche. Je suis patiente heureusement, par ce qu'il le faut. Immobile. Je ne quitte pas l'eau des yeux jusqu'à ce que de petits bulles remontent en surface. C'est le moment. Un vif et violent coup de patte. L'eau se brise et éclabousse les environs alors qu'un poisson est propulsé dans les airs. Le temps de tourner la tête pour le happer et le tour était joué. Mon premier poisson. La pêche c'est pas si mal finalement. Amusée je décide de répéter l'opération qui dura tout aussi longtemps que la première. Je finis tout de même par sortir un second poisson de ce ruisseau boueux. Je ne rentrais donc pas bredouille de cette petite partie de pêche.

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Mauvaise journée. Fatiguée. Éreintante. Je ne suis visiblement pas au meilleur de ma forme. J'ai beau trainer ma carcasse, fouiller les talus et les buissons... il n'y a rien. Rien a chasser. Rien à se mettre sous le croc. Je grogne. Je grommèle. Les temps sont durs. J'en suis consciente et j'avais fait d'excellentes chasse jusqu'ici. Il fallait bien que la chance tourne un peu. J'erre. Je finis par repérer une proie. Une biche. Ravissante. Élancée. Elle ne m'a pas encore repéré, je me montre discrète en réfléchissant à un moyen de ne pas m'épuiser à la chasser. Je ne suis pas douée. Je tente de m'approcher le plus possible. Je rampe.
Les oreilles de la jolie cervidés s'agitent dans ma direction. Merde. Je m'immobilise. Je ne respire plus. Ne bouge pas petite biche. Restes là. Trop tard.

Elle détalle. Je m'élance à sa suite. Je cours. Je la suit de près. Je claque des mâchoires et n'arrive pas à la saisir. Je commence à m'essouffler. Je perds en vitesse et ma proie me distance peu à peu. Je ne suis pas au meilleure de ma forme. Je finis par abandonner. Ca ne sert plus à rien de courir. Je rentre bredouille, la queue entre les pattes et les oreilles baissés. J'aurais aimé mieux faire.

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Je retentes ma chance. Une fois n'est pas coutume et il nous faut de quoi nourrir la meute. Je me presse. Je me sens comme perdue. Toutes ces histoires. La disparition d'Athos. J'ai l'esprit ailleurs et non à ce que je fais. Si bien que j'aperçois à peine ce lièvre me passer sous le nez. Il est trop tard. Il a déjà filé. Je ne cherche même pas à la chasser. Démotivée. Surement. Mais l'âme en peine. Tiraillée. Tant de choses à faire. Tant de questions. Je souffre d'un mal que Manithil ne pourrait soigner, j'ai besoin de savoir et de comprendre. Seulement tout ceci est impossible pour le moment et je dois me concentrer sur autre chose.

Chasser. Je dois chasser comme il le ferait. Ramener une proie. Je me secoue le pelage et me met en chasse à pas de loup. L'odeur forte d'un blaireau me fait retrousser les narines. Pouah! Je trouve l'effluve nauséabonde mais l'animal est prit au piège dans un collet humain. Une aubaine. Il ne peut pas fuir et je dois faire vite. Me presser avant que les hommes ne reviennent contrôler leur pièges. Je bondis sur la bête, une morsure franche et puissante au niveau du cou. Je serre. Le sang chaud inonde ma gueule et il finit par s'écrouler. Je gratte le fil. Je tente de l'en défaire mais impossible. Dernière option tirer. J'attrape une patte arrière et tire de toute mes forces. avec le poids du Blaireau je finis par l'en extirper... la tête en moins. Peu importe, j'ai le gibier et je vais le ramener. Je couvre mes traces et mon odeur. Je ne veux pas que les chiens ou les hommes me repère. Je suis prudente.

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