Le Pantin ne demeure pas bien longtemps agrippé à son adversaire : celui-ci retourne la situation à son avantage et le loup brun sent les crocs énormes se planter fermement dans sa gorge, lui arrachant un gémissement de douleur, bientôt étouffé par le sang qui s’écoule dans la gueule de Tybalt. Palladium se débat, lançant ses pattes ça et là en espérant blesser son adversaire. Il le percute peu violemment à l’abdomen, mais cela ne suffit pas à lui faire lâcher prise. Il cherche la louve grise des yeux, et ne la trouvant nulle part il commence à désespérer. Pourquoi a-t-il compté sur un Esobek ? Après tout, sa mort ne lui serait que bénéfique ! Palladium gronde misérablement : c’est bien loin d’impressionner le Navnik qui ne desserre pas son étreinte. Le loup brun suffoque, il se dit qu’il va y passer ce coup-ci.
Mais soudain, les crocs se desserrent, et l’air s’engouffre dans la gorge soudain libre du Pantin. Il se redresse si vite qu’il en a presque la tête qui tourne : la louve est bel et bien venue à son secours, l’arrachant aux mâchoires destructrices de Tybalt. Il a envie de la remercier d’un signe de tête, mais il ne parvient pas à capter son attention. Elle est déjà aux prises avec le monstre déchaîné qu’est Mange-Lumière. Il faut à présent qu’il vole à son secours comme elle l’a fait pour lui quelques secondes auparavant. Palladium regarde un instant derrière lui, la percée dans les combats qui lui offre la possibilité de fuir loin d’ici. Non, plutôt mourir que de fuir et devenir un lâche aux yeux de tout le monde.
La grise finit par lâcher prise, se retrouvant seule face à Tybalt, montrant les crocs. Croit-elle sincèrement l’impressionner avec ce maigre attirail ? Il en a vu bien d’autres… Mais cela suffit à laisser assez de temps à Palladium pour bondir à sa rescousse. Il heurte le Navnik avec violence, se saisissant avec davantage de fermeté de son crâne. Dans une torsion de nuque, il entraîne le loup brun dans sa chute, et retourne la situation à son avantage en plantant à nouveau ses crocs dans la gorge qui lui est offerte. Œil pour œil, dent pour dent.

[ Palladium ► Tybalt : morsure au crâne et à l'encolure ]

Bien sûr, il avait vaguement entendu les hurlements des chiens dans la cohue de la bagarre, mais il n’y avait pas prêté grande attention. De toute manière, qui peut bien se soucier de ce que font ces sales bêtes ? La plupart du temps, ça n’a pas de sens. Tout comme ça n’a pas de sens d’aider les Navnik. A leur place, Palladium serait resté bien au chaud aux pieds d’un bon gros Bipède. Mais là n’était pas le problème. Tandis qu’il était encore aux prises avec Tybalt, il le sent s’effondrer sous lui. Un jappement d’étonnement s’échappe de sa gueule à l’attention de Mange-Lumière. Quoi ? Lui, mourir ici ? Il devait sûrement s’agir d’une feinte. Le loup brun s’écarta rapidement de son ennemi, et s’apprêtait à interroger l’Esobek du regard lorsque quelque chose se planta soudainement dans une de ses cuisses. Lâchant un grondement qui traduisait aussi bien sa douleur que son irritation, le Pantin se retourne vivement pour trouver l’origine de cette agression.
Et là, à ces dernières secondes où il a encore les idées claires, apparaissent devant lui les engins vrombissants des Bipèdes, apparaissent les Bipèdes eux-mêmes, fusils à la main. Il faut fuir ! Mais son corps est déjà tout endolori, ses muscles ne répondent plus exactement comme il le souhaiterait. Sa langue est pâteuse, et il a si sommeil… si sommeil… ses paupières se ferment toutes seules. Il fait quelques pas en arrière, et au moment de faire demi-tour, il tombe lamentablement, s’écroulant de tout son long dans le sable. Alors c’est comme ça, de mourir ?
Abysses.