Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.
Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.
En poursuivant son chemin à travers la clairière, Véga aperçu la silhouette d'une nouvelle proie. C'était un lapin noir plutôt grassouillet. Elle était assez étonné, étant donné le bruit qu'elle venait de faire lors en tentant d'attraper le corbeau, mais l'animal semblait jeune et inexpérimenté. Sans doute ne s'était t-il douté de rien. Affairé à manger près d'un arbrisseau, ce dernier était situé dos à elle. C'était une opportunité en or si elle savait en tirer profit. Aussi discrète que tout à l’heure, la louve se rapprocha silencieusement de sa proie, ses pattes se posant à intervalles réguliers sur le sol humide. Elle devait prendre garde à ne pas faire de bruit en écrasant de la boue.
Une fois située à quelques centimètres de l'animal, Véga prit une profonde inspiration. Si tout se passait comme prévu, il n'aurait même pas le temps de s'enfuir. Ses crocs s'ouvrirent, elle fit encore un pas. Sa queue s'abaissa, elle banda ses muscles. Le lapin redressa la tête, mais elle ne lui laissa pas le temps de la tourner. Fondant brusquement sur son petit corps, la louve le plaqua au sol de ses mâchoires avant de l'y serrer. Il se débâtit en glapissant, marquant le sol de ses griffes, mais Véga ne cessa pas de le tenir. Elle mit un terme à son désespoir en refermant ses mâchoires d'un coup sec. Son cou craqua. Ses muscles se détendirent. Véga pouvait manger.