Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.
Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.
Oma'reth est partant pour l'entraînement et, demande à avoir encore un peu de temps avant de commencer, un temps que tu lui laisses bien évidemment. Avec l'entraînement que tu venais de lui faire faire, même si il ne s'agit là que d'une course de parcoure, cela peut être approuvant pour un loup inexpérimenté, surtout à son âge. Tu lui laisses tout le temps dont il a besoin avant qu'il ne se tienne prêt devant toi. Tu hoches doucement la tête en l'observant avant de t'éloigner du point d'eau pour pouvoir permettre au jeune d'avoir plus de place pour bouger. Tu laisses le temps au louveteau de se préparer, quant à toi, tu te tiens également, prêt, tu te tiens prêt à l'esquiver, à le faire tourner en bourrique, à faire des pas de côtés pour qu'il te rate. Tu te tiens prêt à le mettre à l'épreuve, à devoir redoubler d'effort pour réussir à t'atteindre. Tu veux qu'il se déchaîne, qu'il donne le meilleur de lui pour réussir à t'atteindre. Et tu continueras ainsi, jusqu'à ce qu'il arrive à prédire tes mouvements, jusqu'à ce qu'il arrive à te toucher au moins une fois ...
HRP. Désolé c'est court mais je pouvais pas dire grand chose pour le moment =x Entraînement effectué : pistage ; chasse ; parcours (3/4)
Ça y est, j'étais enfin prêt. Passager du Temps s'était un peu éloigné de notre lieu de déshydratation, me donnant un gain de place considérable. Je lui adressai un regard lumineux, hochant la tête pour lui signaler que c'était bon pour moi. La fatigue s'était un peu atténué, du moins suffisamment pour que je puisse fournir le meilleur de moi-même pour ce dernier entraînement. Je devais être à la hauteur de mon mentor, je lui devais au moins ça. Dans un élan précis, je m'élançai sur lui. J'aurai pu crier un Yaaaaaaaahaaaa, ça se serait parfaitement accorder à mon bond. Ma nuque se baissa, plongeant ma tête vers le bas. À vrai dire, je ne savais pas comment l'aborder. Il s'en était peut-être aperçu. Tout ce que je savais, c'est qu'il fallait que je touche, pour commencer.
N'étant plus qu'à quelques mètres de lui, je me rendis compte des proportions qu'il avait. Le noiraud était massif, puissant et, surtout, plus fort. Ses poils noirs lui donnaient une certaine posture imposante, non négligeable. J'aimerai pas être son rival, non vraiment. Je vais m'en tenir à élève, c'est plus sage. Mes oreilles se baissèrent bientôt et j'allongeai mon museau pour essayer de lui toucher une de ses antérieurs. Je ne ralentissais pas pour autant. Soit l'ébène m'esquivait et je continuai ma course folle, soit je m'échouai lamentablement contre lui.
Et tu l'esquivas, sans mal. Attaquer par le haut ? Non, trop prévisible et facilement esquivable. Mieux vaut attaquer ainsi par derrière ou lorsque l'autre n'est pas en position de force, là, tu n'as aucun mal à esquiver, le laissant s'effondrer sur le sol. Tu le motives à se redresser, à recommencer. Tu le cherches, le provoque, approchant d'un coup pour faire claquer ta mâchoire non loin de lui, reculant rapidement pour ne pas lui permettre de te toucher. Tu lui tournes autour, bondis de côté lorsqu'il cherche à t'atteindre. Tu le fais tourner en bourrique, essaye d'aiguiser ses sens, ses réflexes. Rapide, plus rapide, il doit être plus rapide si il souhaite te toucher. Rapide et réactif. Il doit apprendre à lire dans tes mouvements, essayer de comprendre la danse que tu étais en train de lui faire effectuer. Un pas à droite, trois à gauche, une esquive en arrière, tu te baisses d'un coup, bondis en arrière avant de passer rapidement derrière lui, lui saisissant une patte arrière pour tirer dessus et le faire chuter. Bien sûr, tu prends garde de ne pas le blesser. Même si tu veux que le jeune s'endurcisse, tu ne veux pas qu'il soit amoché en même pas deux jours d'entraînement, pas maintenant, quand il aura gagné en force mais, surtout, quand il sera plus grand.
« Aller, touche moi. »
Lui lances-tu dans un sourire en coin. Tu l'esquives de nouveau, fais de nouveau claquer ta mâchoire dans le vide. Tu cherches à intimider mais, en même temps, tu veux qu'il apprenne à ne pas être intimidé, qu'il apprenne à prendre sur lui, qu'il fasse face à ses peurs. Effrayes le pour qu'il apprenne à ne plus avoir peur. Esquive le pour lui apprendre à être plus rapide. Bouscule le pour lui apprendre à être plus réactif. Tu continues ton manège, répétant les mêmes mouvements, attendant que ton apprentie comprenne enfin le sens de tes mouvements pour réussir à t'intercepter enfin ...
L'ébène m'esquiva agilement et ce fut ainsi pour tout mes assauts. Par moments, je maugréai, mécontent de ne pas pouvoir l'effleurer. Il était tellement fort que ça m'était impossible ! Brusquement, sans que je m'y attends, il choppa une de mes pattes, me faisant échouer lamentablement sur le sol chaud. Sur le moment, je me mis à le maudire tellement il m'avait eu ! Le foudroyant presque du regard, je me relevai.
« Aller, touche moi. »
Plus facile à dire qu'à faire, pensais-je. C'est vrai quoi ! Il était plus vieux, plus vif et surtout plus expérimenté. Qu'est-ce que vous qu'un pauvre jeunot comme moi le touche ? Mes épaules roulèrent et je me jetai à nouveau sur lui. Au moins, j'avais le mérite de continuer d'essayer. Il me menaça avec sa mâchoire à plusieurs reprises, m'esquiva encore puis me bouscula une fois hors d'atteinte. Le noiraud commençait à me mettre à bout. Était-ce là le but de l'entraînement ? Voir jusqu'où mes limites vont ? Si c'est ça, il allait le savoir ! Je mis un certain temps à comprendre son manège, m'échouant à chaque tentatives dans le vide.
C'était fini ! Attendant le moment où il me bouscula de nouveau, je l'esquivai rapidement d'un bond et il n'eut pas le temps de me toucher. Un bref sourire apparut sur mes lèvres. C'était enfin lui qui échouait dans sa tentative. Nouveau claquement de mâchoire, esquive et ... bousculade ! Au nouvel essai, je me tournai vers lui à la dernière seconde, juste avant qu'il ne me pousse. Je donnai un coup de museau vers son épaule, réussissant ainsi à le toucher enfin. Je l'avais eu à son propre jeu !
Tu continues un moment ton petit manège jusqu'à ce que tu vois les changements d'attitude s’opérer en ton apprentie. Il cherchait à se calquer à ton style pour pouvoir t'avoir. Intérieurement, tu souris. Oma'reth apprend vite et, c'est une bonne chose. Tu continues jusqu'au moment où il réussit enfin à t'avoir. Tu t'arrêtes après t'être reprit suite à la bousculade du louveteau. Tu lui fis face tandis que le jeune brun paradait, fier de lui et, il pouvait l'être. Aujourd'hui, il s'était énormément donné pendant l'entraînement et, méritait bien cela.
« Félicitation Oma'reth. Tu apprends vite. Tu as très bien travaillé aujourd'hui. »
Tu hoches doucement la tête avant de t'étirer pour t'ébrouer ensuite. S'entraîner de temps à autre fait du bien, même pour toi puis, cela te permet au moins de penser à autre chose. D'un signe de la tête, tu l'invites à te suivre, tes pas se dirigeant jusqu'à l'oiseau de fer.
« Nous nous sommes suffisamment entraîné pour aujourd'hui, tu as bien mérité de profiter du reste de la journée. »
Toi même tu as bien envie d'en profiter pour prendre un peu de repos avant d'aller chasser. Ainsi, tu mis un terme à l'entraînement avec ton apprentie ...
Personne ne pouvait me faire descendre de mon piédestal. J'avais réussi à le toucher, en m’acharnant. J'avais énormément de mérite. Si j'avais été un autre louveteau, je me serai sans doute arrêter un moment pour gémir en voyant que toutes mes tentatives étaient vaines. Mais ce n'était pas moi. Je n'étais pas un perdant. Et ça se prouvait aujourd'hui encore. Cessant ma parade, je me postai fièrement devant mon mentor, le menton relevé. Je le laissais m'admirer quelques instants, il pouvait être heureux d'avoir un apprenti comme moi, si persistant.
« Félicitation Oma'reth. Tu apprends vite. Tu as très bien travaillé aujourd'hui. »
Exécutant une gracieuse courbette, j'appuyais ces mots d'un signe de la tête. C'était grâce à lui que j'étais arrivé à ce que je suis aujourd'hui. Sans son enseignement, je ne me serai jamais montré aussi insistant et attentif à ses leçons. J'avais eu de la chance de l'avoir comme instructeur, qui sait comment ça se serait passé avec un autre ? Je lui en aurai certainement fait baver comme je voulais le faire, à la base, avec Passager du Temps. Mais j'avais eu bien trop d'estime et de respect pour lui pour lui infliger de telles choses. Heureusement, d'ailleurs.
« Merci Hige. C'est surtout grâce à votre enseignement. »
Emboîtant le pas derrière lui après son invitation, je sentis que c'était la fin. Mon cœur se serra, je ne voulais pas en rester là. Mais je n'avais pas le choix. Je devais me reposer et le laisser un peu tranquille. Il avait passé ces derniers jours à m'apprendre de nouvelles choses, à chasser et à parcourir nos terres que j'aimais énormément déjà. Je lui serai à jamais reconnaissant ce qu'il m'avait enseigné ces temps-ci. Heureusement, ce n'était pas fini ! J'étais loin d'être une vraie sentinelle !
« « Nous nous sommes suffisamment entraîné pour aujourd'hui, tu as bien mérité de profiter du reste de la journée. »
Pressant le pas pour arriver à sa hauteur, je me permis de lui donner un petit coup de museau affectueux sur ses flancs, le regard rempli de joie. Je m'étais un peu attaché à lui, tout de même. Une fois à l'épave, je savais que nos chemins se sépareraient, mais pour combien de temps ? L'avenir nous le dira.
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