J'entrais dans leur camp sans bruit. Ils dormaient pour la plupart à cette heure. Et c'est temps mieux. Je ne vais pas m'en plaindre. Je m'infiltrais dans le trou de la tente, et passais ma langue sur mes babines face à la bonne odeur. Je peux vous le dire, cette odeur est un délice pour la truffe. Après avoir repéré les deux boîtes maintenant vides, j'en ouvrais une autre, nullement attirée par leurs armes. À quoi me serviraient-elles ? Bon, c'est vrai je pourrais m'en débarrasser, ça en fera toujours une de moins pour eux. Mais je suis sûre qu'ils en ont en rechange. Donc le meilleur est de prendre à manger. Dans la boîte que je venais d'ouvrir se trouvait un gros cochon. Miam, bien dodu, il durera celui-là. Je renversais la boîte, et sortais le cochon. Je jetais un coup d'oeil dehors, et fut rassurée en voyant qu'il n'y avait personne. Je ne pourrais pas faire grand chose face à un homme ou un chien. Le cochon passa assez facilement dans le trou, et je sortais tranquillement, mais aux aguets, dehors, ramenant le porc au bercail. Et ravie par cette belle prise.


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En fait, je les aime bien les Hommes. Ils constituent ma principale ressource en nourriture. C'est vrai quoi, avant la fin des Hordiens, lorsque j'avais mes quatre pattes, je n'avais pas attrapé grand chose. Mes principales ressources venaient des Hommes. Et maintenant, je ne peux plus chasser, et les Hommes me fournissent ce dont j'ai besoin. C'est cool ça non ? En tout cas pour moi.

Je m'infiltrais sous leur muraille, et entrais dans la tente. Quelle ne fut pas ma surprise en constatant que toutes les boîtes étaient vides ! Enfin, à une exception près, celle remplie de fusils. Mais je m'en fichais d'eux. Alors je sortais, bien déçue. Il y avait une autre tente à côté, et je me mis à déchirer le tissu à belles dents. Assez facile d'ailleurs. Lorsque je passais la tête dans le trou, une odeur de sang me submergea. À l'interrieur, il y avait de beaux morceaux de viande encore sanguinolents. Je m'approchais d'eux en claudiquant, Il y avait aussi des boîtes, plus petites que dans l'autre tente. Je montais sur l'une d'elles, et faillis pousser un cri lorsque la douleur dans mon épaule foulée se réveilla. Je l'avais ménagée jusqu'à maintenant, j'avais évité de courir, j'avais tout fait pour l'endormir. Certes j'avais pas mal marché, mais j'avais fait attention de me reposer lorsque je commençais à avoir mal... Enfin... Mais là, elle me faisait vraiment mal, et je m'assis sur la caisse, m'offrant une petite pause. C'était dangereux, j'en avais conscience. Mais je ne pouvais pas faire autrement. Il me fallait vraiment un guérisseur. Ça devenait urgent. Lorsque je ne sentis plus rien dans mon épaule, je me relevais, vigilante aux moindres sons. Je voulu bondir pour attraper le morceau de viande, mais me retins à temps. Si je faisais ça, j'atterrirais sur ma patte cassée et mon épaule déboîtée. C'était trop dangereux. Il me fallait autre chose. Soudain, il me vint une idée. Je me mis en position assise, très près du bord, les pattes avant en l'air. Je les lançais en avant et faillis tomber. Je repris mon équilibre précaire, et les relançais mais moins fort. Elle touchèrent la viande, mais je ne pus l'attraper. Je grognais de mécontentement et recommençais. Cette fois, je donnais suffisamment d'impulsion pour attraper la viande, et pas assez pour tomber. Je plantais mes griffes dedans avant de tirer. Peine perdue, mes deux pattes commencèrent à me faire mal, et je lâchais. Temps pis, cette idée était très mauvaise. Peut-être que je pourrais sauter dessous et l'attraper ? Non, il avait pas mal de chance pour que je me fasse mal. Je descendis doucement de la boîte, lentement pour ne pas me faire mal. Ce qui réussit à moitié, mais bon. Je me plaçais derrière la boîte, posais mon front contre elle et la poussais. Je réussis à la bouger et la mettre sous la viande. Je grimpais de nouveau dessus, et cette fois, je réussis à attraper le morceau de viande avec mes crocs. Certes mes deux pattes avant me faisait souffrir, mais il fallait rentrer maintenant. Je descendis, le morceau entre les crocs. Une fois en bas, j'accordais une pause à ma seule patte avant à peu près valide, et lorsque je ne sentis plus rien, je sortis de la tente. Il n'y avait qu'un homme au fond, assez loin, mais qui avançait vers moi. Temps pis, si je partais maintenant, il y avait une chance que je m'en sorte. Alors que sinon, je pouvais ne pas m'enfuir à temps. Je m'élançais dans la nuit, et un cri humain retentit. Pas grave... Je passais dans le trou alors qu'un coup de feu retentit. Je ne ressentis rien sur le coup, mais alors que je m'éloignais dans la nuit, une petite douleur, comparé à celle de mes pattes avant, me fit mal à la queue. Mais au moins, j'avais de nouveau à manger.


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J'avais réussi tous mes pillages depuis que mon trou était fini. C'est cool ça. Aujourd'hui aussi j'ai bien l'intention de ramener quelque chose. Mais sans me faire mal. Si la dernière fois, en grimpant et en descendant je m'étais fait encore plus mal, je n'avais pas l'intention de refaire cette bêtise. Même s'il y avait des morceaux de viande saignante suspendus au plafond de la tente. Je me contenterais des boîtes. Bien plus simple. En plus, le cochon, la chèvre et le mouton que j'avais récupéré des boîtes étaient plus gros que le morceau de viande.


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Mais cette fois, alors que j'allais m'infiltrer dans le camp, un cri retentit de derrière moi. Je me retournais en sursaut, et vis cet homme, qui attrapait son arme. Alors que je voulu fuir, il la pointa sur moi et tira. Une douleur cuisante à la joue me fit flancher, mais je m'élançais sous une nouvelle douleur. Et dire que j'avais eu l'intention de ne pas me blesser. C'était loupé. Mon épaule me lança, alors que je courrais en boitant dans les arbres. Et puis, au bout d'une minute qui me parut être un enfer, je m'écroulais. Il n'y avait aucun bruit autour de moi, et j'en concluais que l'homme m'avait laissé partir. J'avais mal à l'épaule, à la joue et à ma patte cassée. Je m'étais écroulée sur cette dernière, et, à présent, cette dernière me faisait souffrir. C'est sûr, je ferrais plus attention la prochaine fois...


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