Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.
Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.
- Tu n'es pas obligé de surveiller tes propos en sa présence: tu peux donner ton avis, personne ne te sanctionnera pour ça, Adriel.
Ma queue frétille par réflexe lorsque mon regard se pose en biais sur Palladium. Pas de réprimande ? Quelle joie ! Alors commence le récit de l'adulte au pelage sombre. Elle m'explique que lorsqu'elle n'était qu'une louvarde, elle ne faisait pas partie des meutes. Elle nous raconte que son père avant elle, était un solitaire. Mes yeux s'emplissent d'envie, et déjà je n'écoute plus ce qu'elle raconte. Son père ... Elle a eu la chance que je n'ai pas. Elle connaît personnellement celui qui lui a donné la vie, et elle a même vécu avec lui lorsqu'elle n'était pas encore une adulte. Je donnerais n'importe quoi pour connaître cette vie. Savoir ce qu'on ressent en présence de ce loup aux pattes robustes et à la voix grave, qui veille sans cesse pour nous permettre de vivre un jour de plus. Maman dit que papa veille sur nous. Mais ce que j'aimerais, moi, c'est qu'il soit physiquement là, à nos côtés. Plutôt que de grandir avec ma fratrie pour finalement, dans trois mois, être remis entre les pattes d'un autre loup adulte qui me transmettra son savoir, j'aimerais plus que tout apprendre de la gueule de mon père, cet être puissant et si mystérieux qui hante mes rêves et chacune des pensées qui me traversent tous les jours.
- Et toi Adriel, pourquoi tu voulais voir les chasseurs ? Tu ne m'a pas répondu tout à l'heure, tu as changé de sujet.
Je sors brusquement de mes pensées, je réalise que je n'ai pas écouté un mot de ce qu'elle a pu raconter. Je lance un regard interrogateur à Palladium, me demandant s'il s'est rendu compte de mon moment d'inattention. Probablement pas, tous les deux sont des adultes et les adultes ne font jamais attention aux louveteaux rêveurs dans mon genre. D'autant qu'à défaut d'avoir écouter son histoire, j'ai au moins entendu la question que Rajaa m'a posée. Mens, Adriel. C'est tout ce que tu peux faire pour te sortir de ce mauvais pas. Tu ne peux pas raconter la vérité sans te mettre en danger. Qui te dis qu'ils n'auront pas des doutes sur l'identité de ton père ? Qui te dit qu'ils ne te tueront pas pour se venger ? Oui, parce que je sais que mon père a de nombreux ennemis, ici-bas. C'est la raison pour laquelle il reste à distance et ne nous approche pas en public. Parce qu'ils ne voudraient pas, Maman et lui, que l'ont soit les cibles de ses ennemis si nombreux. Et je ne supporterais pas de mettre ma fratrie en danger seulement parce que j'aurais voulu essayer d'en savoir plus sur lui, au dépens de notre sécurité à tous. Alors, j'inspire un grand coup pour me donner une contenance, et je cherche un mensonge qui coulera de source.
- J'admire les chasseurs. J'aime les regarder partir, tous les matins.
La louve noire parut surprise des paroles de Palladium. Ce dernier la toisa avec cette même méfiance qui ne cessait de le hanter depuis leur rencontre. Elle ne connaissait visiblement pas les codes de la vie en société, pour s’étonner que l’effronterie d’un jeune loup ne soit pas punie. « Seulement, plus tard, j’ai compris que j’avais tout faux. » Un sourire moqueur se peignit sur la face du loup brun. T’es-tu aperçue que tu avais tout faux avant ou après avoir décidé de rejoindre les Sekmets ? La version de la louve était trop couarde et trop arrangeante pour elle-même, elle retournait la situation à son avantage quand bon lui semblait. Palladium se tu cependant, curieux de voir ce qui pouvait bien suivre. D’autre part, le Pantin commençait à se lasser de cette discussion routinière et passablement ennuyeuse : ils discutaient ensemble comme s’il s’agissait là de trois vieux amis, alors qu’ils n’étaient rien de tout cela. Adriel était de sa meute, et il était sous sa responsabilité, pour l’heure. Quant à cette Rajaa, il fallait s’en méfier et Palladium avait un à-priori parfaitement détestable sur sa personne. Palladium remarqua la queue fluette du louveteau frétiller entre ses pattes. Les paroles du loup brun l’avaient visiblement contenté et, sans savoir pourquoi, Palladium s’en sentir heureux et flatté, peut-être. Pourquoi accordait-il autant d’importance à cet enfant loup qui n’avait rien en commun avec lui ? Ils étaient si différents, et le Pantin n’avait jamais particulièrement apprécié les louveteaux, bien au contraire. Mais celui-ci éveillait en lui un instinct protecteur et une certaine admiration – tais toi donc, c’est absolument rabaissant d’admirer un être aussi frêle et aussi jeune. « J’admire les chasseurs. J’aime les regarder partir, tous les matins. » La voix fluette du jeune loup tira le brun de ses pensées. Il le regarda d’un œil circonspect. Ainsi donc, tous les matins, il échappait à la vigilance de sa mère et de ses frères, ainsi qu’à celle de son père, ou encore de sa nourrice, et de tous les autres loups de la meute, pour s’esquiver regarder un départ de chasse ? C’était beaucoup de risques pour une activité qui se révélait au final assez routinière… Adriel était loin d’être stupide, pourquoi s’entêtait-il à prendre autant de risques pour si peu de choses ? Après tout, peut-être que l’enfance était vouée à être fascinée par tout et n’importe quoi, même par une situation aussi ennuyeuse que répétitive. Peut-être Palladium l’avait-il estimé plus adulte qu’il ne l’était, et qu’il l’avait placé trop haut dans son estime par rapport aux autres louveteaux de son âge.
BY ACCIDENTALE
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Ven 3 Avr - 18:40
- J'admire les chasseurs. J'aime les regarder partir, tous les matins.
Voilà une bien piètre excuse, regarder tous les matins les chasseurs partir ? Pff, soit il mentait, soit il a des goûts bien bizarres... Enfin, c'est pas mon problème. De toute façon, j'en avais assez. Pas de rester avec Adriel. Je l'aimais bien le loulou, mais Palladium, c'est pas l'amitié qui règne en maître. Franchement, pour être honnête, ça me dérange pas, mais ce qui me saoule un peu, c'est qu'il a l'air de ne jamais me croire. Temps pis, c'est pas la mort. Mais j'aime pas qu'on me traite de menteuse, et même s'il ne le dit pas, je suis sûre qu'il le pense.
-Bon, bref, je vais m'en aller. J'ai faim. Au revoir Adriel.
Comme si "J'ai faim" était important... Enfin, peut-être qu'on se reverra. Ou peut-être pas. Seul le temps me le dira. Sur ce je m'éloignais.
Spoiler:
J'arrête là, sauf si vous avez quelque chose à dire à Rajaa. Bonne continuation sinon !
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Jeu 9 Avr - 11:14
Jauges : Force : 8 Agilité : 4 Endurance : 4
Dur dur d'être un louveteau
- Bon, bref, je vais m'en aller. J'ai faim. Au revoir Adriel.
Je regarde Rajaa d'un oeil intrigué. Elle a faim ? Et alors ? Je n'ose pas répondre, et de toute façon elle s'éloigne déjà. Je la regarde disparaître dans un tunnel, et je relève finalement le regard vers Palladium. Il est si ... Particulier ... Intéressant, en fait. Il attise ma curiosité, simplement parce qu'il est si ... Mystérieux. Oui, c'est cela. Mystérieux. J'ai beau chercher, il ne montre rien de se qu'il pense. Impossible de savoir s'il est en colère ou de bonne humeur, s'il est sur le point de mordre ou de léchouiller. Mais, outre cette observatoire que je mène, je réalise que cela dure depuis trop longtemps. D'habitude, je rentre à la tanière directement après le départ des chasseurs. Là, le temps a trop traîné.
- Dis, Palladium ... Maman va me gronder, si elle sait que je suis parti ...
Ma voix est basse et timide. Hésitante. Je dis ça autant pour lui signifier qu'il me faut rentrer, que pour lui demander implicitement de ne rien dire à personne sur ma promenade de ce matin. D'un autre côté, je n'ai pas très envie de le quitter. J'aurais aimé l'ennuyer, lui poser plein de questions parce que, même si je ne le connais pas, il m'inspire confiance. Il est grand et fort, et il se tient droit autant qu'il tient les autres en respect. Rajaa n'en menait pas large, face à lui, même si elle prétendait vouloir devenir une Sekmet.
Rajaa semble perplexe. Rajaa regarde le loup brun d’un œil mécontent. Rajaa risque d’éveiller à nouveau son irritation. Rajaa ferait mieux de se tirer. Ce qu’elle fait parfaitement d’ailleurs, comme si elle lisait dans les pensées du Pantin. Il la regarde s’éloigner distraitement, tâche charbonneuse dans la pénombre. Peu importe, d’ailleurs, tant qu’elle va agiter l’air ailleurs que devant le camp Sekmet. Palladium consent enfin à lâcher un soupir de soulagement. Ce n’était pas trop tôt, il en avait rapidement eut assez de cette conversation sans queue ni tête, qu’il n’avait ni l’envie ni le temps de tenir plus longtemps. Il lui fallait aller chasser, et il n’avait pas besoin de partir avec les autres : la solitude lui conviendrait amplement, aujourd’hui. Il avait suffisamment donné en matière de relations sociales pour le reste du mois à venir. « Dis, Palladium… Maman va me gronder, si elle sait que je suis parti… » La voix fluette du louveteau tira le loup brun de ses pensées. Il avait presque oublié sa présence, petit être gringalet toujours fourré entre ses pattes. Le Pantin baisse les yeux sur cette petite chose, si petite et pourtant si respectable, bien plus respectable que la plupart d’entre eux tous. Il semble hésitant. Presque timide. Comment se pouvait-il qu’il change d’attitude du tout au tout ? Le brun n’avait passé que quelques instants en sa compagnie, et il l’avait déjà vu insolent, humble, bravache et intimidé. Cet animal était une vraie girouette. Mais l’enfance n’est-elle pas ainsi faite ? Palladium repensa à son enfance, à lui. Rien de semblable. Non décidément, rien du tout. Il chassa ces souvenirs qui commençaient à le menacer – de plus en plus souvent d’ailleurs – pour répondre au jeune loup. « Oui, Adriel. Nous allons rentrer. Je dois moi-même partir chasser, pour la meute. » Le Pantin, qui était resté jusque-là impassible, ne transmettant aucune indication de son humeur à l’extérieur, eût pour la première fois de la matinée un sourire taquin. Il ajouta, d’un ton ironique, piquant volontairement le jeune loup. « A moins que tu ne veuilles assister à mon départ à la chasse ? » Le loup brun le poussa doucement d’un petit coup de museau joueur, le déportant volontairement dans la direction de la tanière. Il était temps pour lui de rentrer. Mais accès de conscience, volonté de protection, que sais-je, Palladium avait décidé de le raccompagner avant de se mettre en chasse. Il fournirait une couverture au louveteau si sa mère le prenait sur le fait. Un petit écart pour cet enfant sympathique, ce n’était pas si grave…
BY ACCIDENTALE
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Ven 10 Avr - 14:18
Jauges : Force : 8 Agilité : 4 Endurance : 4
Dur dur d'être un louveteau
Il lui faut quelques secondes avant de se souvenir que le départ de Rajaa n'est pas totalement l'arrivée de sa solitude. Quelques secondes pour se rappeler que moi, je suis encore là, fiché à ses pattes en bon louveteau sagement immobile. Il acquiesce alors et confirme que nous sommes également sur le départ. Il va me laisser filer, cette fois. Peut-être pourrais-je faire un tour par le point de départ de la chasse ? Oh ... Quelle utilité, après tout ? Les chasseurs n'auront pas attendu que j'arrive, ils ne savent même pas que je suis là, d'habitude. Je soupire, résigné à avoir peut-être loupé ma seule chance de rencontrer enfin celui qui m'a donné la vie. Puis mon regard naïf capte un rictus sur le visage de l'adulte brun, et je réalise qu'il sourit. Oh ! Une émotion ! Je lui rends son sourire sans comprendre la raison de sa présence, jusqu'à ce qu'il me taquine ouvertement. Alors, tandis qu'il me pousse d'un léger coup de museau, mon sourire affiche un air complice même si au fond, je suis évidemment déçu.
- Oh non, tu n'es pas le chasseur que je cherche ...
Je prie pour qu'il n'ait pas entendu la fin, parce que c'est sorti tout seul et que je regrette amèrement. Espérant qu'il n'ait capté que le début de ma réponse, je fais mine de rien et j'avance dans les tunnels sans m'arrêter sur ma propre erreur, ce qui aurait pour conséquence de focaliser toute l'attention de l'adulte, pile sur le sujet que je ne veux surtout pas aborder. Finalement, je pars en trottinant. Palladium me suit sur quelques mètres avant que je comprenne son intention de me ramener chez maman. Alors je ralentit, même s'il n'avait pas grand effort à faire pour suivre mon rythme, et je me poste à ses côtés pour le restant du trajet. Pas chance, lorsque nous arrivons devant la tanière de ma famille, maman n'est pas là. Je m'arrête sur le seuil de l'endroit et me tourne vers Palladium.
- C'est ici que j'habite. Merci, Palladium. Pour tout.
Je reste là une seconde, gêné, à regarder un peu partout autour de nous. J'ignore si je dois attendre quelque chose, ou filer sans demander mon reste. Finalement, avec cette démarche timide du louveteau qui hésite quand à l'attitude à adopter, je rentre dans la fissure où ma fratrie m'attend sûrement, et je disparais dans la chaleur et l'obscurité réconfortantes de notre tanière.