Voici maintenant deux jours que tous les loups avaient fuient la terre de leurs ancêtres. Tous avaient détalé comme de vulgaires proies. Désormais tout était différent nous étions des mercenaires grâce ou à cause de Skull. Les tensions se faisaient sentir. Et nous étions condamnés à vivre sous le sol. Et les repas se font rares. Sous la terre il n'y a pas grand chose d'autre que des rongeurs. Nous les loups étions forcés d'ingurgiter de vulgaire rongeur. La tête basse, je soupira. Le sol sur lequel je progressais dans un pas lent était dans un matériau dur et à l'odeur nauséabonde. Il fallait que je me nourrisse car mon dernier repas remontait maintenant à plusieurs heures et mon estomac réclamait avec rage de la chaire. Malheureusement il n'y aura que du rat, au mieux un raton laveur.
Je me décida à tourner à droite suivant mon instinct de chasseur. Les néons fatigués clignotaient sans conviction au dessus de ma silhouette noire, qui d'ailleurs de fondait parfaitement dans l'obscurité du monde souterrain. Après un petit kilomètre de marche je décida de m'arrêter pour chercher une piste avec plus d'entrain, les effluves d'un rongeur me parviennent aux narines et je m'applique à suivre la piste.
Je me perds plusieurs fois dans ce dédale, perdant la piste de ma proie avant de retomber miraculeusement dessus. Cette fois il était tout près, je pus reconnaître l'odeur âcre d'un loir. Il me fallut quelques minutes avant de le distinguer dans la pénombre. Il ne m'avait visiblement pas senti, une aubaine. Avec discrétion je m'approche de ma proie à l'instant fatidique je fais rouler une petite pierre, l'animal se retourne et je m'élance à sa suite. Il semble bien connaître l'endroit et tout ce que j'obtiens c'est un bout de sa queue avant qu'il ne disparaisse dans une brèche. Il est blessé et tout n'est peut-être pas perdu. Du moins je l'espère...

Je dus attendre durant plus d'une heure avant d'entendre à nouveau le son étouffé du loir qui se décidait à sortir de son trou. Cette fois je fus prudent, je recula de plusieurs mètres, dissimulué derrière un recoin du dédale. Une demi-heure plus tard le pathétique rongueur fit quelques pas timide en dehors de sa cachette. Malgré la taille de ma potentielle proie je sentis mon estomac rugir d'envie, mais je ne devais pas me précipiter, je ne pouvais pas me permettre de rater une tel occasion. Je n'avais qu'une seule chance pour l'achever, désormais amputé de sa queue il n'avais quasiment aucune chance. Concentration. Je me ramasse en une petite boule noire afin de ne pas le louper. Mes muscles se bandèrent et je finis par m'élancer sur le loir, mes crocs claquent mais malheureusement la petite bête prend la fuite avant que je puisse raffermir ma prise. Furieux je me lance à sa poursuite, encore une fois mes crocs retentissent dans les sombres soutterains. Comme je m'y attendais la sale bête se terre à nouveau dans une brèche.
Ridiculisé et toujours affamé je laisse tomber la poursuite du rongueur, convaincu que je perds mon temps. La voix de mon père hurla sa déception dans mon esprit, d'une secousse je tenta -en vain- de le faire taire puis finalement lassé de tout ceci je m'éloigna en grommelant ma rage contre le rongueur...

Aujourd'hui encore je tente ma chance sous terre. Les repas sont maigres et peu nombreux. Je dois y remédier rapidement avant de dépérir. Mon ventre gronde constament depuis bientôt une semaine. Je marche pourtant sereinement dans le dédale, une suite infinie de boyaux sombres et humides. Je colle ma truffe contre le sol bétonné, à la recherche d'une piste et de quoi remplir mon estomac désespérément vide. Il me semble reconnaître un rongeur mais j'ai du mal à l'identifier. Confiant, je suis avec application cette odeur musquée. Après une dizaine de minutes passées à zigzaguer à la recherche de la bête je tombe sur une piste plus fraiche avec la même odeur.
Je n'hésite plus et je j'accélère le pas, convaincu qu'au bout de cette piste se trouvera mon repas. Il ne me faut pas beaucoup de temps avant de repérer le rongeur, qui s'avère être un raton laveur. Il n'est pas aussi gros que je l'espérais mais il fera amplement l'affaire.
Cette fois je suis déterminé, je ne peux me permettre de louper un énième repas. Ma proie ne m'a pas encore repérée et je ne lui laisserais pas le loisir de le faire. Je m'élance, les crocs prêts a saisir la chaire tendre et justeuse dissimulués sous ses poils gris. Surpris le raton laveur tente de s'enfuir mais la course poursuite n'est pas très longue, au bout d'une vingtaine de mètres mes crocs sont enfin plantés dans sa chaire, je le maintiens férocement avec une patte, cherchant avec mes crocs sa veine jugulaire qui -une fois sectionnée- achèvera ma proie. Je n'attends pas plus et d'un violent coup de mâchoire je brise sa colonne vertébrale. Le sang tiède qui coule au fond de ma gorge me procure une grand satisfaction, calmant pour l'instant la faim qui tiraillait mon ventre.
Je traine le petit cadavre sur quelques mètres afin de m'en repaître sans craindre d'avoir à le partager.

Une journée de plus sous terre s'impose. Une nouvelle chasse s'impose aussi. Malgré la température acceptable qui règne sous la surface les proies se font de plus en plus rares. Les ressources s'amenuisent considérablement alors lorsque je sens les effluves d'une belette parvenir à mes narines je n'hésite et je me met en quête de ma proie.
Il ne me faut pas beaucoup de temps pour remonter jusqu'à elle. D'un œil discret je l'observe. Elle tient fermement dans ses petites pattes une grappe de fruits colorés qu'elle s'apprête à dévorer. Je me demande bien ou elle est allée les chaparder. Je suis touché par le désir de survivre de cette petite bête qui décédera bientôt entre mes crocs avides. Elle me tourne le dos et je ne laisserais pas le vent tourner avant d'avoir pu l'achever. Alors je m'élance sur elle et d'un seul coup de crocs -avant même que la belette ai eu le temps de s'effrayer- je lui retire la vie. Je me pourlèche les babines en pensant au réconfort d'un bon repas. Un de plus.

Les températures se sont considérablement refroidi. Et du coup j'ai froid. Et faim, poiyr changer. J'e ai assez des rongeurs au goût de terre et d'égout. Je n'en peut plus de ces soutterains, des cette boue et de cette pénombre. Si ça continue je vais devenir dingue, enfin encore plus j'veux dire. Alors que j'erre dans le dédale je repère une chauve-souris pendue au plafond. Je n'ai jamais goûté de chauve-souris mais j'ai trop faim pour m'en préoccuper. Je m'approche donc délicatement pour ne pas l'effrayer, je suis maintenanr en dessous d'elle. Elle ne bouge pas, je ne bouge pas. Je vais l'avoir, je le sens. Elle n'est qu'à un mètre de moi, d'un bond je peux facilement l'avoir. Je n'attends pas qu'elle se réveille et je tente le tout pour le tout. Mes crocs rencontrent son aile mais je n'ai pas de prise et par conséquent la gravité me renvoie au sol. Je regarde avec mépris l'animal s'enfuir avec son aile abîmée. Décidément c'est pas un bon jour.