J'approche de Tybalt et lui balance un coup d'épaule amical en souriant en coin, lui jetant un regard plus amusé qu'autre chose. Tybalt est probablement le Hordien que je considère le plus comme un ami, depuis quelques temps. Même si notre relation a plutôt mal commencé, on a finit par comprendre qu'en fait on était faits pour s'entendre. Et c'est la meilleure des choses qui me soit arrivées depuis que j'ai rejoins les rangs de Skull. La tension est palpable, mais ce n'est pas tant une tension négative qu'une grosse montée d'adrénaline générale. Nous sommes prêts, tous, et les ordres ont été donnés par notre Alpha. Chacun à un rôle à jouer, tous connaissent leurs places respectives et nous trottons à travers la forêt d'un pas déterminé. Notre proie arrivera bientôt, Skull attend que nous fassions notre travail, et la motivation de chacun est palpable dans l'air environnant. Nous sommes des tueurs. Dans notre avancée, quand un Hordien en percute un autre en courant, des grognements fusent. Mais ces grognements ne sont pas de réelles menaces. Nous ne faisons qu'extérioriser notre excitation pour être aptes à nous contenir le moment venu. Notre meute se porte à merveille. Les réserves sont pleines en permanence et nos entraînements se déroulent à la perfection. Nous sommes des combattants, des assassins, et nous avons un chef digne des plus grands guerriers. Nous la respectons tous pour ses capacités et nous sommes sous ses ordres parce que nous le voulons. Ce soir, nous effectuons une mission pour elle, et personne n'a pensé une seule seconde à remettre ses plans en question. Du moins plus depuis la première réunion, en tout cas. Je surveille les deux plus jeunes qui accompagnent Tybalt et moi. Ils semblent prêts aussi, quoi qu'un peu nerveux mais rien de plus normal, selon moi. Ce soir, de grandes responsabilités nous incombent à tous. Alors que nous entrons dans le périmètre de notre mission, je m'arrête près de Tybalt et je veille à ce qu'une distance raisonnable nous sépare des plus jeunes, pour que notre discussion ne soit pas épiée.

- N'oublie pas l'objectif, mais n'oublie pas non plus qu'ils sont jeunes. Ils font partie des nôtres, alors tâchons de les ramener en vie au camp. Sait-on jamais.

Parce que oui, notre plan est en apparence infaillible, mais je préfère être prudent et prêt en cas de nécessité. Si ça tournait mal, c'est à nous, plus âgés, qu'il incomberait de protéger Alweda et Appledore. Alors je préfère m'assurer que mon ami est prêt à me suivre et pas à fuir entre les arbres. Mais j'ai ce qui semble être un semblant de confiance, en Tybalt. Si ça devait dégénérer, il se battrait à mes côtés, j'en suis persuadé. Je me tourne vers les deux plus jeunes juste après les paroles de Tybalt, je suis sûr de moi et je ne ressens pas la moindre peur. Juste une bouffée de chaleur qui envahit mon corps, parce que je suis impatient que ça commence.

- Ok, chacun à son poste.

Je vérifie les allées et venues de chacun, histoire d'être sûr que tout le monde à bien retenu les ordres même si ce n'est pas mon boulot de superviser l'équipe. C'est dans ma nature, comme un réflexe, et je m'y tiens sans y faire plus attention que ça. Tybalt rampe sous un hameaux puant et je prends place non loin, veillant à avoir vu sur les plus jeunes en cas de besoin.

Tout se déroule plus rapidement que je ne pensais. Je supposais que nous attendririons un moment avant l'arrivée de nos cibles, mais finalement ils étaient visiblement déjà en route. Peu après que nous ayons tous pris nos places, les galopades affolées de Likas résonnent à nos oreilles. Par chance, Appledore est déjà en place. Je le fixe intensément, il est plus courageux qu'il ne le laisse paraître. Il sait comment doit se dérouler le plan. Il sait que je dois le mettre à priori en pièces. Pourtant il n'a pas rechigné une seule seconde lorsque Skull à donné les ordres. Il à obéis aveuglément, sans même savoir si je saurais me retenir de l'abattre. Après tout, nous sommes connus pour notre tempérament sanguinaire inaltérable. A cette pensée, mon regard saphir se tourne vers Alweda qui, juste avant de quitter le camp, à remplacé Darkness. C'est un risque supplémentaire que nous avons été obligés de prendre. Cependant il me faudra garder un oeil sur elle. Je sais qu'elle ne tient pas en place lorsque le sang coule. Il ne s'agirait pas de devoir la tuer pour protéger les desseins de notre meute. Ce serait dommage, même si elle n'est pas parmi les meilleurs atouts de la Horde. Un pion en moins est toujours une faiblesse en plus. Je soupire, me concentre, et attends l'arrivée de notre proie principale qui ne tarde pas à faire son entrée. Son pelage argenté n'a rien de spectaculaire, mais ses yeux verts sont tout ce qu'il y a de plus étrange. Je le fixe intensément, je sais ce que j'ai à faire. Il s'avance vers le "blessé" et analyse la situation en bon et loyal guérisseur qu'il est. Je n'ai pas besoin de regarder Tybalt pour comprendre. Le signal est donné par sa queue frappant rudement le sol.

Il se rue sur sa cible : Likas, et je fonds sur Reaven dans la même foulée. Je frôle le corps inerte d'Appledore, tête basse, rasant le sol, et je feint parfaitement une morsure mortelle à la gorge, laissant sur son pelage le sang frais d'une souris que j'ai écrasé entre mes mâchoires un peu plus tôt. Je lui murmure un "bouges pas" avant de courir droit sur Reaven l'instant d'après. Alweda est trop faible, il ne s'agirait pas de laisser filer notre proie par un tour de passe passe inattendu. Je plaque le guérisseur au sol par un coup d'épaule colossal, tous crocs dehors, et je lui plante mes dents dans la gorge avec une force splendide. Acharné dans ma tâche, je relâche la pression quand je sens sa peau sur le point de céder sous la puissance de ma morsure. Mais je garde la gueule ouverte autour de sa gorge, le menaçant d'une attaque mortelle au moindre mouvement. Ainsi dans l'incapacité de parler, j'espère que Alweda aura la jugeote de lui intimer à ma place de ne pas bouger. Le parfait petit trio, une femelle sadique qui fait faire le sale boulot par un duo de gros mâles psychopathes qui lui sont dévoués jusqu'à la mort. Pour un peu, nous pourrions passer pour un simple trio de solitaires sanguinaires. Et pourtant, nous sommes de la Horde. Tous ici, d'ailleurs, hormis ce pauvre guérisseur qui ne s'attendait probablement pas à une si rude journée. Je gronde sauvagement, prêt à lui arracher la gorge au moindre signe d'une quelconque tentative de fuite. Je fixe mon regard sur Alweda, attendant avidement son intervention, même si je me doute que le mâle Esobek ne prendra le risque de se faire égorger alors que je viens tout juste d'arracher la gorge d'un pauvre loup au sol.