C'est magnifique. Flippant, mais magnifique. Ici, en cet endroit qui semble être coupé du reste de ce monde pourri, tout est de cendre. C'est à croire qu'elle est omniprésente. Je ne parviens même pas à discerner ce qu'elle s'efforce de cacher. Elle tente de garder rien que pour elle son précieux mystère. Et je dois avouer qu'elle y arrive très bien. Il est même impossible de distinguer dans ce vaste paysage une autre couleur que la sienne. Un gris bien triste. Tout est déprimant ici. C'est un paysage vide, sans couleur, sans vie. C'est gris, c'est tout. Seul mes traces de pas se dessinent sur ce simulacre de neige. Une légère fumée s'échappe du sol, glisse sur la cendre, et s'envole vers le ciel, telle une âme qui voyage vers son ultime repos. Je continue de marcher, sans but. Pour tout vous dire, je ne pense pas que quiconque qui s'aventure en ce territoire mort ait une idée derrière la tête. Ou alors, faut être carrément morbide pour aimer cet endroit. Je ne sais pas vraiment pourquoi je suis venue là. Mes pattes m’emmènent un peu partout et je dois avouer que là, elles ont eu un petit coup de folie. Comme moi, pour vouloir rester sur cette terre de cendre. Mais qui sur cette planète de merde n'est pas fou ? Nous avons tous un brin de folie qui sommeille en nous. Certains plus que d'autres, c'est sûr. Mais là n'est pas le sujet. Je divague totalement. C'est la chaleur. Et putain, quelle chaleur ! C'est à peine si je parviens à respirer sans que j'ai l'impression que mes poumons avalent du feu. Sérieux, si ça continue, je vais devenir un dragon. Soudain, une violente quinte de toux me prend. Foutue cendre, foutue chaleur. Cette toux me prend aux tripes, je ne regarde même plus où je vais. Peut-être que j'aurais dû. Sans rien comprendre à ce qu'il se passait, je me retrouve à faire des galipettes. Et ça n'arrête pas. C'est une descente sans fin. Une descente jusqu'aux enfers. Et quand enfin le petit jeu est fini, j'ai toujours l'impression de tomber. Mon corps meurtri me fait souffrir. Ma tête menace d'exploser. Mon estomac voltige dans mes ventre. J'en vomis. Deux fois. Je reprends doucement mes esprits. En tout cas, assez vite pour comprendre que je suis dans la merde. Cette cendre, voilà ce qu'elle cachait ! Son précieux mystère, c'est ce trou. Et c'est peut-être dans ce trou que je vais crever si je n'arrive pas à sortir. Ma patte avant me fait terriblement souffrir. J'ai toujours envie de vomir. Et il y a cette impression... Comme si des yeux menaçants étaient posés sur moi, comme un prédateur regarde sa proie qu'il va longuement faire souffrir. La panique me submerge. Je tente de lancer un hurlement, pour que l'on vienne m'aider. Mais j'ai bien peur que ce soit en vain. Je me retrouve seule dans cette merde. C'est pas possible, il doit bien y avoir quelqu'un qui traîne dans les environs. Pitié, aidez-moi.