Je me traine au sol, quasiment morte. Ma blessure est infectée et je chasse les corbeaux. Je suis proche des Sekmets, je sent leurs odeurs. Ce n'est pas la meute dont j'aurais voulu me rapprocher le plus mais j'ai perdu tout sens d'orientation. D'abord une lance, ensuite sa s'infecte et puis une folle qui creuse presque ma plaie et fait  remonter le sang avec sa patte ! Mon beau pelage blanc est maintenant maculé de sang. Je sait que le dernière fois que j'ai hurler pour avoir de l'aide, ça à été une très mauvais chose pour moi. Je m'écroule contre un arbre, un énorme arbre. Je fait le tour et vois qu'il y a une entrée. Surement une ancienne tanière. Je rentre dedans, et m'y installe pour peut-être y vivre mes dernière heures. Mais pourtant, je ne regrette en aucun cas le mal que j'ai fait.

Aujourd'hui, c'est une journée bleuche. Bleuche, bah oui ! Bleue et blanche, tu mélanges, et ça fait bleuche, tu sais ! T'es pas très futé, tu sais ? Tu sais pas pourquoi cette journée, elle est bleuche ? Bah, moi non plus, tu sais ! Mais ça reste quand même un jour bleuch, je le sais et puis c'est tout. Donc, dans ce jour bleuch, je me réveille, et je vois pas papa-qui-n'est-pas-papa. Il doit être parti travaillé, papa-qui-n'est-pas-papa, parce qu'il travaille beaucoup, lui. Mais moi, pour le moment, je peux pas travailler beaucoup parce qu'il dit que je suis trop petite. Pourtant, je suis presque plus grande que lui, je comprend pas ! Mais bon, maman-chérie-que-j'aime se réveillera bientôt de son looooong dodo et viendra m'apprendre encore tout plein de trucs pour guérir les bobos, parce que c'est la plus forte, maman-chérie-que-j'aime ! Encore plus forte que papa-qui-n'est-pas-papa ! Même si papa-qui-n'est-pas-papa, il est très très fort, tu sais ?
Comme le jour est bleuch, je veux sortir un peu. Mes pattes, elles ont le Mal qui les mange, et puis comme j'aime pas le Mal, parce qu'il pique et il mord, je veux le faire partir, tu sais ! Alors, je sors de la maison, un peu, parce que le Mal il me mord les pattes ! Je marche un peu, et il prend peur et il part, vite vite vite, sans que j'arrive à le voir ... Il est très rapide, le mal, j'ai beau ouvrir grand grand mes yeux coooomme ça, je le vois jamais quand il arrive ou quand il part ... C'est dommage, j'aimerai bien voir à quoi il ressemble, le Mal ...
Enfin, voilà, tu sais, je fais attention à ne pas me faire voir, parce que papa-qui-n'est-pas-papa, il veut pas que je sorte quand il est pas là ... Mais je pense qu'il comprendra, si je lui dis que le Mal, il me mangeait les pattes ! Alors, je marche encore un peu, et y'a un piou-piou, il passe juste au dessus de ma tête. Maman-chérie-que-j'aime, elle appelait le piou-piou "waso", mais moi je trouve que c'est pas joli, comme mot, moi je préfère piou-piou, c'est plus joli, pas vrai ? Enfin voilà, je marche encore, parce que j'ai peur que le Mal vienne me mordre les pattes, encore, mais ... en fait, je crois que je suis perdue ... Tu sais, c'est pas ma faute, moi, j'arrive pas toujours à trouver la maison, moi, parce que j'arrive pas à trouver ... Pourtant, je cherche, mais papa-qui-n'est-pas-papa me retrouve tout le temps ! Alors, je ne me fais pas peur, et je continue à marcher pour pas que le Mal me morde encore les pattes.
Mais, là, je sens le bobo ! C'est l'odeur du bobo ! Elle est là, toute près de moi, elle me tourne autour, elle veut me dire quelque chose ! Oui, y'a une madame que le Mal mange, tout près de moi, il faut que j'aille vite la voir avant qu'elle s'endorme ! Je cours un peu, mais je suis pas très douée pour courir et je tombe souvent. Et puis ... Comme ma langue dépasse des fois de ma gueule sans que j'y pense, y'a tout plein de terre dessus, c'est paaaas bon du tout ! Mais j'arrive vite à la maison de la madame, et j'entre timidement. Ca pue le bobo paaartout ! Et puis y'a du pipi de Mal partout partout ! Le Mal, il a mangé la madame tout plein, et je sais pas trop ce que je dois faire, parce que là, il suffira pas à la madame de marcher pour faire partir le Mal. Il est incrusté comme un champignon, le pas gentil, et il mange tout plein la madame.

« - Madame ? Est-ce que le Mal vous fait des bobos ? »

« - Oui j'ai mal ! Ça ne se voit pas peut-être ? Alors si tu peux me trouver un guérisseur, ça m'arrangerais ! »

Bouh, elle est méchante, la madame ! Enfin, elle fait une tête méchante et elle a une voix méchante ... Moi j'aime pas les méchants, mais j'essaye d'être quand même un peu gentille parce que peut-être qu'ils sont un peu gentils même s'ils sont méchants, les méchants. Alors, je baisse la tête, et je la fixe avec des yeux tristes. La pauvre, elle a le Mal ... Elle demande un "guérisseur" ... Je sais pas ce que c'est moi ! Mais peut-être que je peux l'aider, alors je m'approche de la madame et je regarde ses bobos. Bouh, ils sont pas beaux, mais pas beaux du tout. Et puis, y'a du pipi de Mal tout partout. Il fallait arrêter le pipi de Mal avant tout de chose, parce que je sais que quand y'en a trop tout partout, ça veut dire que le monsieur ou la madame, et bien il va s'endormir, même si il veut pas s'endormir. Et moi, j'ai pas envie qu'ils s'endorment comme maman-chérie-que-j'aime ... Parce qu'elle me manque, maman-chérie-que-j'aime. Ce soir, je demanderais à papa-qui-n'est-pas-papa comment va maman-chérie-que-j'aime, peut-être qu'elle sera réveillée ! Ce serait bien !

« - Tu aurais pas un peu d'eau par hasard ? »

Bah, j'aimerais bien lui dire que oui, mais je fais la grimace parce que c'est pas vrai, alors, lui montrant une de ses papattes, en mimant l'action de récupérer l'eau, je lui dis :

« - Bah, tu sais, j'aimerais bien, mais mes papattes, elles sont pas creuses, et du coup, bah l'eau, elle reste pas dans ma papatte, tu sais, j'ai déjà essayé pourtant ... Mais, sinon, attend-moi là, je reviens vite vite vite ! »

D'un petit saut, je fais demi-tour sur mes papattes, en manquant de finir la langue dans la cendre à nouveau (Beurk !), et je pars en trottinant, pour ne pas tomber, vers ce qu'il me semble être un endroit comme ceux que maman-chérie-que-j'aime m'avait montré. Enfin, je crois ... Pourtant, oui, c'est ça ! Je tombe pile là où je voulais, et c'est trop bien parce que je trouve tout de suite l' "ékors de greuna", comme disait maman-chérie-que-j'aime ! Je sais pas ce que ça veut dire, mais je m'en fous, parce que je sais que c'est la peau de l'arbre que j'ai là sous mes yeux, sans aucun doute ! Alors, en faisant attention, trèèès attention, je tire un lambeau de l'ékors, et je le fais tomber parterre. Vite, vite, je dois me dépêcher, sinon la madame va être en colère ! Alors, je retrottine vers la madame-méchante-pas-méchante, et je me précipite à l'intérieur, en faillant tomber encore une fois. Mais, ouf, je me rattrape à temps ! J'aime bien, me rattraper à temps, ça m'évite de me faire bobo, tu sais ? Le mal, lui, il aime pas ça du tout, mais bref !

« - Vous en faites pas, Madame, je vais arrêter le pipi de mal qu'il a tout partout ! »

Je fais un grand sourire à la madame-méchante-pas-méchant, avant de gober tout cru l'ékors. Enfin, pas tout cru, parce que je fais que la mâcher, en fait, mais presque, et après, je pose l'ékors, qui s'est au passage transformé en un truc tout bizarre tout moche, sur le bobo de la Madame, en massant doucement avec le bout du museau pour bien étaler sur tout le bobo.

« - Ca devrait faire partir le Mal, vous savez ? »

La jeune se retourne d'un petit bon, manquant de mordre la poussière, encore une fois. Elle arrache un peu d'écorce d'un des arbres.
- Vous en faites pas, Madame, je vais arrêter le pipi de mal qu'il a tout partout !

Jamais je n'ai vue une louve parler comme ça. En plus elle m'énerve. Elle devrait aller chez les Esobeks, pour parler comme ça il n'y a que eux, j'en suis sûr. Elle prend l'écorce toute cru et la mâche encore et encore jusqu'à se qu'elle devienne une espèce de bouillie.
- Woh ! Tu va pas mettre ça sur mon beau pelage !
Il est déjà si sale, n'est plus beau du tout... Mais je ne veut pas qu'elle me le salisse encore plus.  Elle me le met quand même et l'étale bien avec le bout de son museau.
- Ça devrait faire partir le Mal, vous savez ?
Abon ? Je ne vois pas comment un truc si dégoutent peu me guérir. De toute façon c'est sûr, si je guérit et que je ne meurt pas, je me nettoie le plus tôt possible ! Rester dans cet état est un cauchemar permanent.
- J'espère bien que ça va partir, sinon tu va nettoyer tout ça parce que c'est crade ! Tu peut pas aller me chercher de l'eau ? Sa fait deux jours que j'ai pas pu boire, et par cette chaleur c'est  horrible !
Qu'elle se rende utile au moins !