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E. 24

Il me fallut pas mal de temps à réaliser à quel point ce mâle était abruti. Et puis sans sa fourrure, on aurait pu croire qu’il a la peau sur les os. Non mais franchement, que deviennent les Sekmet ? Pourquoi est-ce toujours à lui qui manque de graisse et de muscles ? Moi qui suis presque adulte et encore plus jeune que lui, c’est une honte d’avoir le double de ses capacités. Je me redressais, hautaine. Mais lui s’était emparé d’une piste que moi seule voulais découvrir. Je restais ébahie lorsqu’il humait les effluves déversés par les animaux, au sol. Je fronçais les sourcils, j’étais exaspérée. Je voulais montrer les crocs, mais le voilà qui, furtivement, se met à suivre sa piste comme si de rien n’était. Il commençait à m’énerver celui-là. Moi qui voulais l’aider à chasser, c’était plutôt raté. Unir ses forces, tu ne connais pas, ça ? Je le suivis alors, sur mes gardes. Mais voilà que, non loin de nous, un daim tacheté sorti des fourrés. Avec les neiges de cendres, il n’était pas bien difficile de le repérer. Son pelage brun ne se confondait pas du tout avec le paysage gris. Tu parles, c’est facile de trouver un daim tacheté dans la forêt charbonneuse. Pensais-je. Mais avec ses aptitudes, ça avait drôlement le don de m’énerver ! Je suis beaucoup plus forte que lui et, je le sais très bien. Mais être aussi nul et réussir à débusquer un daim tacheté, je n’en croyais même pas une seule de mes deux pupilles. Je grondais intérieurement lorsque je le vis se lancer à sa poursuite. D’un coup de croc, il trancha la peau de l’animal. Mais cela n’était pas du tout efficace. Tu n’es encore qu’un gosse dans ta tête, me dis-je. Alors je décidai de me lancer à sa poursuite. Je pourrai l’aider, comme ça. Avec sa force, il ne risque pas de faire mal à un lapereau. J’accourais le plus vite possible. Mes pattes blanches martelaient lourdement le sol dans mes foulées. Le daim semblait stupéfait de voir que deux loups s’attaquaient à lui. Mais moi au moins, je visais les pattes. Je voulais que … ça dure plus longtemps. Je le vis alors tomber lorsque je m’attaquais à sa patte arrière. Sur le flanc, il se débattait avec hargne et peur. Le mâle sortait ses crocs, prêt à lui mordre la gorge pour l’étouffer. Mais je le devançai brusquement. Je plantais alors mes crocs dans sa gorge, lui déchirant la jugulaire. Le mâle grogna, mais moi j’étais fière de mon petit exploit, en lui volant sa proie. Je me sentais coupable mais d’un autre côté, c’était grâce à moi qu’on pourra servir la meute. Sans moi, le daim se serait enfuit. Il est trop faible pour chasser tout seul. Et ça tout le monde le sait. Je me retournais alors vers lui, la tête haute, d’un air plutôt hautain.

« C’est bien ce que je pensais. Je ne m’étais pas trompée sur ton cas. Tu es bel et bien en âge d’apprendre, Crowned Eagle. Le reste des novices est là-bas, dis-je, moqueuse. Tu as la même expérience que les novices. »

Je lance le dé avant de répondre. ♥

Au moins, je ne risquais pas de le dépasser avec ses grands talents de pisteur indomptable. Peut-être qu'au final, nous nous complétons. Nous formerons une bonne équipe, s'il n'avait pas manqué d'entraînement. Soudain, sa voix parvint à mes oreilles. « Je l'ai débusqué. Elle me revient donc de droit. » Dit-il avec fierté. « Je te propose de t’entraîner avec moi. Je ne m’attends pas à un combat. Juste un entraînement. » Je montrais alors les crocs, je n’étais pas très sûre de moi. Mais avec cet entraînement, il pourra devenir un bon chasseur. J’en suis sûre. Alors je me redresse moi aussi, prenant des airs de princesse.

« En tant que nièce d’Empress, je t’accorde le privilège de participer à un seul entraînement. Je dis bine un seul. Je ne voudrais pas que tu me dépasses en chasse et en combat, tout de même. J’espère que tu sais au moins rivaliser avec la nièce de la dominante. » Dis-je, hautaine.

Je me mis en position de combat. Je montrais les crocs, commençant à l'attaquer aux pattes. Cela m'était d'une extrême facilité pour le faire tomber. Faible comme il est, il ne risque pas de me casser une griffe. Il se relevait, l'air plus déterminé que jamais. Mais je commençais à le plaquer au sol avec ma mâchoire acérée. Je me rendais alors compte que finalement, je portais plutôt bien mon nom de la lune. Abysse d'Agonie. Il était juste parfait pour une louve comme moi.

« Montre-moi. » Lançais-je à mon adversaire.

Il me sauta dessus avec puissance et volonté. Mais je glissais sur le dos pour lui empêcher de m'arracher la peau du cou.

Dé de chasse, avant de répondre. =)

Je me mis à renifler l'es différentes odeurs environnantes. Mais Oilossë se mis à me grogner sauvagement dessus. Son regard me laissait penser. « T'as pas assez reniflé le gibier pour aujourd'hui, abruti ? » J'hochais la tête, perplexe. Avec Oilossë, on ne sait jamais à quoi s'attendre. Je crains le pire. Mais elle aurait pu me découper en pièce si elle avait voulu. Alors je souris, même si au fond je reste perplexe. « En tant que nièce d’Empress, je t’accorde le privilège de participer à un seul entraînement. Je dis bine un seul. Je ne voudrais pas que tu me dépasses en chasse et en combat, tout de même. J’espère que tu sais au moins rivaliser avec la nièce de la dominante. » Je grommelais. « Montre-moi. » Juste après avoir déclaré ça, je lui sautais dessus avec force et rapidité. Mais la femelle m'évita très facilement. Je retentai cette attaque mais plus vigoureuse cette fois-ci. Je parvins à lui ôter quelques poils. Oilossë se mit à me sauter dessus. Quelle impressionnante fougue ! Elle était rapide, et très puissante. Elle s'empressa de me dérober mon équilibre. Je tanguais alors, tombant par terre lorsqu'elle me bouscula. Une fois au sol, mon adversaire se mis à me prendre par la peau du cou et à me faire aller dans tous les sens. Je couinais pour lui dire d'arrêter, lorsqu'elle s'arrêta. Je me relevais, énervé. Décidément, je ne pourrai pas l'avoir si facilement ! Je m'empressais de lui sauter sur le dos. Mais d'un coup de patte, elle me déroba ce que j'avais de plus chère en tant que mâle. Je poussai un long cri strident. Je souffrais énormément.

Je n'arrivais pas à me rendre compte de ce qui était entrain de m'arriver. Je n'arrivais pas non plus à me rendre compte que j'étais entrain de faire du copain-copain avec Oilossë. Mon poil se hérissait durement, mes oreilles se plaquèrent furtivement le long de ma nuque. Je poussais un cri rauque et long, je n'attendais que de la tuer. Rien d'autre.

« Je me débrouillerai tout seul. »

Je m'enfuis alors, les pattes à mon cou. J'essayais de dépasser mon ombre. Parfois, je tournais la tête pour voir si elle me suivait. Je l'entendais crier au loin.

« Abruti ! »