La traque. Tu te demandais ce que cela faisait de se sentir traquer toute la journée mais de ne pas savoir d’où pouvait venir le danger, plongé dans la peur tous les sens aux aguets. Car traquer est ce que tu faisais depuis le petit matin, tu avais senti la particulière odeur d’un sanglier et tu t’étais mis à sa poursuite. Les grosses proies se faisaient rares sur ces terres, autant en profiter !

Normalement cela ne t’aurait pas pris autant de temps de traquer cette bête, mais avec la pluie de cendre incessante qu’il y a sur toutes les terres, ton ascension était difficile. Garder intact l’odeur du sanglier demandait une intense concentration. Aussi les bruits extérieurs semblaient ne pas accéder à tes oreilles. Tu ne te concentras que sur ta proie, c’était fascinant de te voir à l’œuvre.

Tu t’arrêtas soudainement dans une partie de la forêt, l’aura qu’elle dégagea semblait maléfique. Une brise légère souffla tes poils, tu levas les yeux au ciel, fixant les arbres … non, tu fixais autre chose. Pendus, leur corps se balançant au bout d’une corde moisie, des squelettes humains décoraient les arbres, ils devaient être une dizaine. Tu semblais si fasciner et si heureux de cette vision que tu te déconcentras et tu perdis l’effluve de ta proie. Heureusement celle-ci ne semblait pas s’être aventurée plus loin.

Détachant ton regard des cadavres, tu te faufilas aussi discret que le vent derrière un arbre. Il n’y avait plus rien de touffu dans cette partie de la forêt, le sanglier ne l’avait pas compris et semblait désespéré de manger ne serait-ce que le moindre pousse d’herbe encore intact. Son groin flanqué au sol, il tournait en rond et ne faisait plus attention à ce qui l’entourait. Son erreur il allait en payer de sa vie.

Tu t’élanças. Les attaques en surprises étaient ta spécialité, ta proie poussa un drôle d’hurlement comme si la mort venait de lui bondir dessus … bon c’est le cas. Pas futé mais rapide le sanglier ! Arriver jusqu’à sa cadence n’était pas chose facile, mais tu avais plus d’endurances que ce gros tas de graisses et tu le rattrapas, tu lui flanquas un coup de patte sur son arrière train, le sanglier flancha et s’étala au sol. Tu allais lui bondir à la gorge, mais il se releva aussi et fit la dernière chose dont tu t’attendais : il chargea. Tu eus juste le temps d’esquiver ses défenses qu’il fit demi-tour et chargea de nouveau, sauf que cette fois-ci tu te tenais près. Lorsqu’il passa à ta hauteur tu esquissas un saut vers la gauche puis dans un même élan tu te jetas sur le sanglier, l’écrasant de tout ton poids. L’animal eût un cri de fin du monde, tu enfuis tes crocs sous sa nuque cherchant la jugulaire. Tu serras la mâchoire laissant petit à petit la vie quitter le corps de ta proie. Le combat était fini, tu allais pouvoir la déguster.