Daria profitait de la brise matinale pour partir en chasse. De belles lueurs pourpres et mordorées s'étiraient dans le ciel encore sombre et gris, ce qui était rare, étant donné les conditions climatiques. Une chaleur pesante et humide planait sur les collines. Les herbages, recouverts de cendres, offrait un spectacle funeste aux Esobeks qui s'aventurait dans les parages. Toute cette grisaille n'améliorait pas l'humeur du clan, au grand damne de Daria.

Elle trottait deci-delà, foulant le sol calciné et brûlé à la recherche d'un animal affaibli par les larmes destructrices. La louve leva le museau, aux aguets. La cendre voletait autour d'elle et s'accrochait à son pelage clair. "Une chance que mon pelage soit immaculé" pensa-t-elle à cet instant. Un léger fumet lui chatouilla le museau. D'après ce qu'elle humait, il s'agissait de l'odeur d'un sanglier. Accélérant l'allure, le bras-droit partit à la recherche de cet animal.

Toujours aucune trace de gibier. Soudain, une odeur. Forte et prenante.
Serais-ce là un lapin ? Daria décida qu'il fallait vérifier. Trottant avec entrain, elle renifla chaque buisson, chaque touffe d'herbes à la recherche du lièvre tant attendu. Tout d'un coup, il surgit. Maigrelet et chétif, il bondissait à travers l'herbe haute. Les crocs dévoilés, la louve se jeta dessus. Sa proie lui échappa de peu en lui lançant des grands coups de pattes arrière sur le museau, ce qui l'étourdit un instant. Grognant de rage, elle secoua la tête et avant qu'elle ne retourne à la course, le lapin avait disparu.

Elle s'était assoupie.
Lorsqu'elle ouvrit les yeux, la nuit commençait déjà à tomber. Le soleil, lueur pâle mais rayonnante, disparaissait derrière les collines verdoyantes. Une bise glaciale venait fouetter son pelage alors qu'elle était allongée près d'un vieil arbre noueux aux feuilles rares.
Elle ne se souvenait pas de s'être endormie à cette endroit, ni même s'être endormie tout cours. Daria leva son corps douloureux, épuisée par ses courses poursuites. Elle maudit son manque d'entraînement. Lentement, elle se remit en route vers le camp, toujours silencieuse. Soudain, le vent lui porta un fumet délicieux. Fallait-il encore courir après un faux espoir ? Arrêtant sa marche, la louve réfléchit. Et puis cette détermination qui la caractérisait tant lui resserra la gorge et lui gonfla le pelage.
"S'il faut s'épuiser après une proie potentielle, alors soit".
Maintenant remplie de courage, elle brisa le silence de la nuit en hurlant ; un seul cri strident et magnifique. Elle suivit l'odeur en courant, revigorée. Elle parcourut plusieurs centaines de mètres, peut être même plusieurs killometres. Et enfin, elle trouva un petit troupeau de vaches sauvages. Elle s'attaquait à gros. Très gros. Occupées à brouter ou ruminer, elle ne l'avait pas entendue. La louve prit son courage à deux pattes et bondit sur la première venue, qui rua violemment avant de la jeter au sol.
Rapidement, Daria se releva et alla lui tira une jambe antérieur pour la déséquilibrer et la faire tomber. La bête tomba en meuglant de terreur, et le bras droit lui sauta à la gorge avec une violence inouïe. L'animal expira.

Plusieurs jours passèrent. La louve se leva à l'aube pour pouvoir chasser à nouveau. La meute finirait par tomber en famine si personne n'allait chasser. Alors elle contribuait. Dans la fraîcheur matinale et au petit trot, elle se rendait sur le lieu de chasse qu'elle préférait : les collines escarpées. Les grandes étendues vertes lui donnait une meilleure visibilité, bien qu'elle soit à découvert. Mais qu'importe. Elle était suffisamment discrète et silencieuse. Un vent glaciale persistait, et quelques feuilles virevoltaient de ci de la, porté par celui-ci. Daria tendit l'oreille. Des chants timides se faisait entendre au loin, indiquant la présence certaine des moineaux. Ce serait déjà mieux que rien. A petites foulées, elle rejoignit une colline parsemé de givre. L'herbe craquait sous ses coussinets et le froid commençait à grimper dans ses pattes tel un serpent qui s'enroulerait progressivement autour de sa proie. Et puis elle entendit un cri perçant. Elle y porta toute son attention. La louve n'entendit plus rien pendant plusieurs minutes. Et le glapissement retentit encore une fois. Soudain, un beau faisan mâle fit son apparition à travers la brume, son plumage magnifique déployé. Il semblait chercher ses poules. Mais il n'aurait pas l'occasion de les retrouver. Très doucement, elle descendit de la bosse et s'accroupit non loin de l'oiseau qui tournait en rond non continuant à piailler bruyamment.
"Ce volatile est vraiment stupide ! Il va finir par rameuter toute la meute Esobeks !" pensa-t-elle en ricanant intérieurement. Alors qu'il lui tournait le dos inconsciemment, elle décida qu'il fallait passer à l'action. Daria banda ses muscles et courut pour réduire l'espace qui le séparait de sa proie à néant. Le faisan l'aperçut à la dernière seconde et tenta un sprint, mais le bras-droit lui sauta dessus, l'écrasant au sol. L'oiseau essaya de la pincer, mais la louve lui brisa le cou. Il succomba sur le coup.
Satisfaite, elle prit le chemin du retour.

C'était une belle fin d'après-midi comme en compte par dizaines la période de l'automne. Un peu bizarre, tout de même, avec ces ombres menaçantes et hautes, ses couleurs orangées et toute cette brillance aveuglante. Daria aimait ce temps-là où le soleil embrase le ciel et semble plonger dans les entrailles de la terre. Un temps pour chasser.

Ses pattes commençait à lui faire mal, mais qu'importe. Il fallait chasser, il fallait qu'elle sorte. Avec la chance qu'elle avait eut ces derniers temps, elle se devait de retenter le coup.

Pas de grand vent , ce soir-là, mais seulement la fraicheur habituelle. La louve leva sa truffe haut, huma les senteurs que lui portait un léger zéphyr. Elle reconnut alors l'odeur familière d'un animal. Et non loin de l'endroit où elle se trouvait. Envahit par l'adrénaline caractéristique de la chasse, elle rejoint en moins de deux l'animal. C'était une belle proie, et de taille. Un caribou. Il fallait qu'elle soit rapide. "C'est parti" pensa-t-elle avant de s'élancer.

L'animal l'aperçut et prit la fuite. Avant qu'il n'est eût le temps de galoper, Daria lui avait saisit une patte arrière. La bête poussa des mugissements apeurés et secoua durement sa jambe, si bien que Daria se cogna contre ses antérieurs. Remise sur ses pattes douloureuses en un rien de temps, elle profita de sa position pour lui foncer dans les pattes avant et le renverser. Le caribou tomba tête la première dans l'herbe et la louve s'écarta de justesse avant qu'il ne s'écroule sur elle. A cet instant, le prédateur sauta sur le coup de sa proie, qui résista. Elle s'acharna pour rejoindre sa gorge et d'un coup de dents sec, elle l'égorgea.
Le museau souillé de sang, le poil plein de brindilles, elle se relava en contemplant sa prise qui ferait assurément des heureux.