En savoir plus | Jeu 21 Aoû - 21:03 | |
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F:15|A:9|E:6 Enfin. Cela faisait si longtemps! Les hommes ses sont enfin décidés à ouvrir les portes qui nous gardaient enfermés, entassés, dans ce bunker. Cela a duré que quelques semaines, mais cela m'avait semblé comme une éternité. Un éternité prise à ne pas pouvoir bouger, galoper, travailler... Moi et mes compagnons étions entassés les uns sur les autres, sans pouvoir bouger. Nous n'étions même pas dans nos stalles! Le sol était froid et dur, mais quelle importance; nous ne pouvions même pas nous allonger, histoire de se reposer les pattes. Nous n'avions pas notre ration habituelle de grain. En fait, nous n'en avions tout simplement pas. Même le foin manquait. Il faisait chaud et l'odeur du crottin et de l'urine nous prenait à la gorge. Mais maintenant, tout est fini. Un homme ouvre les portes du bunker et nous nous ruons à l'extérieur.
Je cours dehors. Le sol à une texture étrange, mais je ne m'en soucie pas. Je me rue vers le fond de l'enclos, et mets en pratique tout ce que j'ai appris lors de ces interminables heures à travailler. La haute barrière surmontée de barbelés se dresse devant moi. Je souffle avant de hennir. Enfin, je suis libre! Tout se passe au ralenti. Une foulée. Deux foulées. Battue. Phase d'ascension. Planage. Phase... Aie! Mes postérieurs ont glissés sur l'épais tapis gris et mon saut est moins haut que prévu. Je sens les tranchants des barbelés m'ouvrir le devant des antérieur et le ventre, en plus de mes postérieurs, sur toute la longueur. Je hennis une seconde fois, mais de douleur. C'est insoutenable. La phase descendante s'achève ainsi que le temps au ralenti. Je n'ai pas le temps d'effectuer la réception avec mes antérieurs blessés que je m'écroule au sol en un cri de douleur. Je reste au sol un moment, respirant pitoyablement. Tout autour de moi, un nuage de neige grise s'élève. Je hume l'air de mes naseau, mais m'étouffe légèrement . Ça brûle! Ma gorge est irritée et, respirant par la bouche il y en a encore plus qui rentre dans mon système. Qu'est-ce que c'est? Ce n'est pas de la neige. C'est chaud et, au contacte de ma gorge ou de mes plaies, ça brûle. Ça a une odeur de... de feu? Ce serait donc des cendres? Je n'ai pas le temps de me poser plus de questions que j'entends des humains arriver, hurlant. Je me relève aussi vite que possible, chancelante, et galope, m'éloignant de ces foutus humains et de leurs bunkers de malheur.
Je cours depuis plusieurs heures maintenant. J'ai parfois pris quelque courtes pauses, hors d'haleine ou encore la bouche pâteuse de cendres pour boire une gorgée dans un étang mais... même l'eau a prit ce fade, et quoiqu'un peu acide goût de cendre. Que c'est-il passé ici? Lorsque l'homme nous a enfermés, le ciel était orangé, le peu d'herbe qui restait était jaunâtre, certes, mais au moins, il y en avait. Maintenant, nous sommes en été, la chaleur est accablante, le ciel d'un gris dont même le soleil à de la difficulté à percer, tout est noir de suie et le sol est recouvert de cette épaisse couche de cendres grises. Mais, pourquoi est-ce que cela importerait? Je suis libre maintenant!
Cependant, je me rends comte bien vite de ma naïveté. Mes plaies vont surement s'infecter. Je n'aurais rien à manger. Rien a boire. Et je devrai faire face aux prédateurs, seule. Je dois retourner avec les hommes. Et au plus vite.
Je regarde une dernière fois l'endroit ou mes sabots reposent. Une plaine remplie de bosses rondouillardes, et de cratères imposants. Plus loin, des fondations reposent sur l'une de ces bosses. Je souffle, avant de tousser. Ces cendres me sont bien néfastes. La liberté, c'est bien... Mais je ne pourrai pas survivre sans ces hommes.
Maintenant incapable de galoper à cause de la douleur et de mon endurance amputée de beaucoup à cause de ces fines particules, je fais volte face et trotte, suivant mes traces que j'ai laissées sur ce manteau gris.
Je suis perdue dans mes pensées, maussade. je ne veux pas retourner avec eux. Je veux vivre ma vie. Mais si je reste ici, je ne pourrais tout simplement pas vivre très longtemps.
C'est alors que je sens une horrible douleur à la croupe. Je hurle avant de ruer de toutes mes forces. Mais la chose ne lâche pas prise. Je tourne la tête, ruant toujours. Un loup. Un grand loup au pelage blanc s'agrippe de toutes ses forces à ma croupe, avant de planter ses griffes avant de chaque côté de ma colonne vertébrale, et ses griffes arrières prennent le relais sur ma croupe. Puis, je vois sa tête, mâchoires grande ouvertes, toutes crocs dehors. Je n'ai pas le temps de réagir que sa gueule se referme sur le haut de mon encolure, y plantant ses dents acérées et secouant la tête. Je hurle. Et J'avale beaucoup de cendres. Je tente de me cabrer, mais en vain. Le loup agrippe de toutes ses forces, me lacérant la chair. Je galope, malgré la douleur et rue le plus que je peux et, finalement, je le sens lâcher prise. Je tourne la tête et le voit valser au loin, atterrissant lourdement au sol, soulevant un épais nuage gris.
Je retourne la tête et galope du plus rapidement que je peux en direction inverse. Quelques instants plus tard, je regarde derrière moi... et le voit courir. Il boite. Autant que moi. J'accélère le pas, et, au bout d'un long moment, effectue un tournant serré. Mais, entre-temps, le prédateur m'avait rattrapé, et courait du côté où j'avais tourné. Il me saute sur le flanc, plantant ses griffes dans ma chair, et moi, en déséquilibre, je tombe lourdement au sol. Le loup me mords et griffe le franc, avant que sa tête ne s'approche de moi. Toutes crocs dehors, il les enfonce dans le bas de mon encolure, en plein dans ma jugulaire. Je n'ai plus la force de hennir. Je sens mon sang couler flots. C'est là fin. Je souffle une dernière fois, et la dernière chose que je vois est deux billes violettes. Et puis, plus rien. Aucune douleur. Noir total. Je me sens bien.
J'ai eu une bonne vie malgré ces hommes, je dois l'avouer.
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