Accompagné par le craquement des os, tel un chant d'oiseaux matinaux dans cette forêt morbide, Hyden s'aventura encore plus profondément dans ce lieu maudit. Le museau en l'air, il humait tous les effluves de la mort à la recherche d'un proie, boitant plus que jamais suite à son combat face à la louve Esobek. Deameth, Lotus de Diamant. Pour une raison qui lui était inconnue, son nom était resté ancré dans sa mémoire, malgré ses milles tentatives de l'oublier. Cette femelle l'avait sonné, il devait se l'avouer. Elle n'avait pas voulu le tuer, alors qu'il voulait la bouffer. Quelle étrangeté ! Mais c'était passé, et maintenant, il lui fallait chasser. Il avait besoin d'apprendre, et pour ça, rien de mieux que l'entraînement ! Alors, ni une ni deux, il se mit à flairer toutes les pistes qu'il trouvait.
Alors qu'il poursuivait à pas feutrés la trace d'un lièvre bien plus rapide que lui, un peu dépité, il leva le museau à nouveau pour humer la fraîcheur matinale, et sursauta. Cette odeur … Il la connaissait parfaitement. Enfin presque. Elle avait quelque chose de différent. De pestilentiel. Mais elle rimait avec viande gratuite. C'était l'odeur de la charogne. Après tout, un en-cas ne pouvait pas lui faire du mal, alors, abandonnant son lièvre, il se détourna vers l'origine de l'odeur, un peu sur ses gardes. Malgré la faim, il se retint de se précipiter vers ce qui lui semblait un festin de chef vu l'odeur, soudain affublé d'une inquiétude sans faille. Ce n'était pas normal. Ce n'était pas normal du tout. L'odeur de mort était partout autour de lui à présent, et il y sentait nombre de parfums différents. Daim. Lièvre. Cerf. Mulot. Boeuf. Ours, même. Ce n'était pas normal. Non pas du tout normal. Soudain, il entendit. Un hurlement de loup. Bref, court, étrangement aigu, mais un hurlement de loup quand même. Hyden pila. C'était une menace. Il avait peut-être rassemblé un tas de proies, et se les réservait peut-être. Il n'en restait pas moins une source de nourriture facile. Alors, encore plus sur ses gardes, il s'avança vers l'origine du bruit. La peur commençait à tétaniser chacun de ses muscles, raidissant son corps. Ce n'était pas normal. Pourquoi un loup hurlerait-il ainsi ? Ce n'était pas normal, oh que non. Mais il voulait en avoir le cœur net, après tout … Alors il s'avança. D'un pas puis d'un autre. Apparu alors, derrière un buisson, une jolie clairière, entourée d'arbres tristes. Et, en son centre, un tas imposant de cadavres d'animaux. Ils empestaient la mort. A première vue, ils n'étaient pas frais. Mais en plus des odeurs de lapins et de mulots morts qu'ils dégageaient, il y avait quelque chose de … différent. De pas normal. Il attendit donc. Mais rien ne bougea. Pas de loup en vue. Peut-être était-il parti en chercher d'autres. Dans ce cas, il ne verrait aucun inconvénient à ce qu'il se serve un peu, après tout, il avait abandonné son tas !
En trois foulées joyeuses, il traversa les quelques mètres qui les séparaient de la nourriture, affamé. Pourtant, à peine devant la nourriture, il hésita de nouveau. L'odeur … Les animaux ne sentaient pas bon. Pas bon de tout. Il y avait toujours cette odeur pestilentielle qui lui donnait envie de se cacher le museau. Alors, il fit deux fois le tour du tas, guettant que quelque chose de méchant n'en sorte. Mais il n'y avait rien. Il fit quelques pas en arrière, jeta un coup d'oeil à la clairière. Elle était bizarre … Pas naturelle du tout. Vraiment pas. Il devait partir, maintenant. Il était en danger.

Enfin. Il mord à l'hameçon. Quel corniaud ! Bon, il n'a que trois pattes valides, visiblement. Tant pis. Il fera l'affaire. Après tout, on ne veux que sa peau, à l'imbécile. Une fois qu'il sera mort, on va le manger, rien de plus. Un peu de viande pour mon fils et ma femme. J'ai hâte de lui mettre la main dessus. Mais il ne semble pas bête du tout. Après sa première course vers la viande, il n'en goûte pas une seule bouchée. Sale bête, il a un bon odorat. Si seulement je pouvais lui sauter dessus, il aurait morflé. Mais je dois attendre. Patiemment. Rien que le temps qu'il prenne un bout de viande. Aller. Mange cette putain de viande, morveux ! Laisse toi crever, qu'on en parle plus ! ALLER ! Bon, j'en ai marre d'attendre. Ni une, ni deux, je sors de ma tente camouflée. Oh, c'est mignon, regardez avec quels grands yeux il me regarde. T'inquiète pas petit gars, dans cinq minutes t'es sur une broche au dessus du feu. Ce ne sera pas long. Aller, viens là, le corniaud. Un, deux, et, trois ! Je lui saute dessus ! Mince, je l'ai raté ! On dirait qu'elle a de l'adrénaline à revendre, la bête. Il file ! Merde merde merde ! Je dois le rattraper, je dois lui refaire la figure !

Son cœur s'arrêta de battre. Qu'est-ce que c'était que ça. Qu'est-ce que c'était que ça. Il voulait une réponse. Ça tenait à la fois de l'ours, du singe, du daim et du cerf. Il n'avait rien vu de tel. Jamais. C'était grand, plus grand qu'un ours. Et ça puait. La peur tétanisait les muscles alors que le monstre avec un tuyau sur le museau s'approchait de lui. Soudain, il tendit la patte du haut. Il se déplaçait sur deux pattes alors il était lent. Très lent. Enfin trop. Alors, bondissant sur le côté, Hyden se retourna sans réfléchir et prit ses pattes à son cou. Evitant de justesse une autre de ses serres, il décampa aussi vite qu'il le pouvait. La patte trainant presque derrière lui, il grogna et l'utilisa autant que son autre patte. La douleur fut telle qu'il glissa sur le flanc et percuta un arbre de côté, lui blessant les côtes. Sans même y penser, il se remit sur ses pattes, en lançant un regard apeuré au monstre qui se rapprochait vite, enjambant les arbres morts. Les yeux fous, Hyden reprit sa course effrénée, zigzaguant entre les obstacles pour semer son poursuivant. La respiration haletante, les pattes lourdes, il souffrait le martyr, lui qui n'était pas fait pour la course. Il devait fuir, où il mourrait. Il le savait, c'était un monstre qui voulait sa mort. Derrière lui, il entendait ses cris, ses hurlements même, alors que lui se concentrait sur sa fuite effrénée. Plusieurs fois, il tomba, s'écorchant les pattes, le museau, la queue, mais il se relevait toujours pour fuir, plus vite, plus loin. Il allait mourir. Il allait mourir ! Il était faible, et cette fois, il allait mourir. La fatigue engourdissait ses pattes, handicapées par le manque d'une des leurs, et bientôt, il s'écroula de nouveau. Ses poumons se remplissaient et se vidaient à un rythme ahurissant. Sa tête commençait à lui tourner et ses oreilles sifflaient. Mais toujours derrière lui, il y avait le monstre. Il devait courir, alors, les pattes flageolantes, il courut derrière un buisson, apeuré. Mais soudain apparut une masse noire, compact, lourde, qu'il ne parvint pas à éviter et percuta violemment. Un loup. Ils étaient deux en danger maintenant. Tremblant de peur, tendant l'oreille, Hyden crut un instant avoir semé l'horrible personnage, mais soudain un craquement le fit bondir de nouveau sur ses pattes, mi-toussotant, mi-crachotant, alors que, pour la premier fois depuis des années, il s'entendit hurler plus que dire :

« -COURS ! »

Et sans plus attendre, sans même penser à l'autre qui, peut-être suicidaire, attendrait ou non l'arrivée du monstre, il décampa à nouveau.

A chaque battement de cœur, une foulée. Plus vite, plus loin. Il se rapprochait. Il allait bientôt être là. Sur lui. A le dévorer entre ses dents pourries. Non, il devait fuir. Dans un ultime effort, il donna un dernier coup de collier. L'autre loup l'avait déjà dépassé. Aussi rapide qu'il devait l'être, lui, aussi sain qu'un dieu. Alors qu'Hyden se traînait, avec sa patte encombrante qu'il aimerait parfois s'arracher. Soudain, il vit l'autre loup au loin s'arrêter. Son cœur cessa de battre quand il lui fonça dessus, les précipitant dans un fossé. La chute lourde les firent dévaler tous deux la pente. Mais le loup handicapé eut moins de chance que l'autre, quand une racine s'enfonça profondément dans la chair tendre de son ventre alors qu'ils roulaient toujours. Un cri de douleur, puis le néant. Le noir total. Il se sentait … Etrangement bien. Comme ailleurs. Peut-être était-il mort. Ça aurait été bien. Au moins, il n'aurait jamais eut à affronter la vie à nouveau.
Qu'est-ce que c'était que ce bruit ? Un bruissement ? Un cri ? Non … Un bruit sourd … Son cœur ? Oui, il battait. Il l'entendait. Alors il n'était pas mort … Dommage. C'était bien triste. Il aurait aimé. Mais son corps se réchauffa vite, alors que la douleur envahit peu à peu chaque parcelle de son corps. Il avait chaud, il avait mal. Il aurait aimé mourir. Soudain, il reprit pleinement conscience. L'autre loup allait le dévorer ! Ouvrant les yeux d'un seul coup, son regard se fixa sur l'autre. Il était … Assis. Pourquoi ? Le jeune loup était mal en point alors pourquoi ne pas l'achever ? Lui l'aurait fait. Alors pourquoi ?

« - Ça va petit ? Je fais sans prétention, plutôt avec une voix rauque mais protectrice. »

Alors lui aussi est fait du même bois que l'autre Esobek. Ablablabla, ablablabla … Je ne sais que parler … blablabla. Incroyable ce que les loups peuvent être … Bêtes. Des gentils toutous de bonne fortune. Alors après quelques secondes, Hyden grogna férocement et tenta de se mettre sur ses pattes, vacillant. La plaie de son ventre le faisait beaucoup souffrir et saignait abondamment. Mais le loup se méfiait de l'autre et ne voulait lui montrer aucun point faible. Aussi posa-t-il de manière presque naturelle sa patte inutile. Il souffrait énormément mais défiait du regard tout en grondant son adversaire d'ébène. Il avait envie de s'enfuir, et dans ses yeux brillaient une peur incertaine. Mais la douleur était telle que bientôt, il dut se résoudre à se recoucher, à bout de force … Mais … Soudain … Apparut le monstre.

Ils ont … Disparus. Mes deux proies … Bon, je crois que c'est ce qu'on appelle un échec … Non attends. J'entends quelque chose ! Peut-être eux ? Oui, les voilà ! En bas de la pente ! Oh, le corniaud à l'air mal en point … Regardez comme il me fixe avec des yeux fous ! Que vais-je faire ? Il me faut à manger pour ce soir … Aller, j'essaye de me rapprocher, histoire de voir comment elle réagit, la bande de bras cassés !

Ça y était. Il était là. Il approchait pour les abattre. C'était la fin. Ils allaient périr, l'un et l'autre. La peur tétanisait tous les muscles de Hyden. C'était la fin. A cause de lui. Il avait été trop bête. Il n'aurait pas du céder à la curiosité. Et le monstre de chair et de sang allait lui faire payer. Mais soudain, l'autre loup lui gâcha la vue, la queue en panache. Il était en colère. Il allait mourir lui aussi. Ce n'était pas grave. Enfin, Hyden l'espérait. Troublé jusqu'à l'os, il avait du mal à assembler tous les éléments. Il voulait fuir, décampé, mais dés qu'il se mettait sur ses pattes, la plaie le transperçait de douleur, et le faisait tomber. Ils étaient coincés. Enfin non. Il était coincé. Pas l'inconnu. Lui pouvait fuir, alors pourquoi ne le faisait-il pas ? Pourquoi, à peine arrivé, croisait-il déjà des suicidaires aux grands cœurs, des âmes faibles et complètement dénudées de logiques ? Alors, l'intrus attaqua. Il plongea ses crocs dans la patte étrange du deux-pattes. Et celui-ci tomba lourdement sur le dos sous les yeux écarquillés du jeune loup. Ce loup noir était … Fort. Très fort. Il ne faisait pas le poids. Il devait fuir avant de se faire dévorer par l'un ou l'autre. Tremblant, il tenta de ramper à l'abri des fourrés en gémissant de douleur.

Ca y était, l'inconnu l'attaquait plongeant ses longs crocs dégoulinants de sang dans la chair tendre de son cou. Hyden allait mourir. Pourtant, l'autre ne le mordit pas une seconde fois, mais le souleva fermement du sol. Que faisait-il ? Il … Le sauvait encore ? Comment pouvait-il faire ça ? C'était absurde et complètement surlupin ! Pourtant il le fit. Mais le jeune loup trouvait ça d'un absurde ! Alors, se débattant de droite et de gauche, il tenta de se libérer tout au long de voyage. Hélas, ce ne fit qu'aggraver sa blessure, et finalement, il se laissa traîné, dénué de toute force. Finalement, le loup noir, respirant comme un ours affamé, le déposa derrière un buisson, bien loin de toute trace de ce monstre horrible. Dès qu'il sentit le sol ferme sous ses pattes, Hyden se roula en boule autour de sa blessure et de sa patte inutile endolorie dans un gémissement craintif, tout en jetant des regards anxieux autour de lui. Qu'allait-il se passer maintenant ? D'où l'autre monstre horrible allait-il surgir ? Le jeune loup se sentait faible, à la merci des éléments. Sa tête tanguait dangereusement, et l'envie de vomir le gagna bientôt. Mais le canidé noir se mit soudain à grogner dans sa direction.

« - Il faut être bien idiot pour avoir plongé dans le piège. Mais c'est tout les Sekmet, ça. Ce n'est pas de ta faute si ton mentor ne t'apprend rien. »

Le poil du pauvre Hyden se hérissa de tout son long alors qu'il gronda méchamment en sa direction. Un mot de plus et il allait avoir à faire à lui. Quelle honte ! Personne n'avait le droit de l'insulter de la sorte, personne. Un grognement bestial s'échappa de sa gorge alors qu'il se tassait sur lui même, dans un position à moitié offensive. S'il voulait la bagarre, il l'aurait !

« - Bon, comment tu t'appelles ? T'es apprenti chez les Sekmet c'est ça ? »

Etait-il sérieux ? Il s'en prenait verbalement à lui, et là, il arrivait comme une fleur, posait ses fesses douillettes sur le sol, et lui demandait son nom ? Qu'il aille en enfer, l'enflure ! Plutôt mourir que de parler avec un lèche-botte-Esobek ! Au lieu de répondre, Hyden poussa un long grognement lourd de signification.

Soudain, un craquement de branche derrière lui le fit sursauter. Le monstre ? Etait-il revenu l'achever ? Le louveteau ne put retenir un long gémissement angoissé, mais finalement, il aperçut l'auteur de son inquiétude, qui n'était autre qu'un renardeau curieux, vite réquisitionné par sa mère. Ils se fixèrent longuement avant que, d'un grognement, le jeune loup gris les fassent décamper … Quel trouillard faisait-il !

Il … Il se moquait de Hyden ! Il riait aux éclats de sa stupidité ! Il était comme tous les autres avant lui ! Un monstre ! Pire encore que l'immonde deux-pattes ! La rage bouillonnait dans le sang du jeune loup qui poussa un grognement bestial avant de réunir ses forces pour se mettre debout. Chancelant, le poil humide de son propre sang, le souffle court, et les yeux fous, son corps tanguait dangereusement alors qu'il fit un pas en avant. Il n'avait pas le droit de se moquer de lui. Il n'avait pas le droit. C'était injuste. Il ne s'était jamais moqué de personne alors on n'avait pas le droit de se moquer de lui. JAMAIS. Les crocs découverts, les yeux brûlants de haines, Hyden fit un nouveau pas, toujours grondant sa haine au monde entier. Il fit claquer ses crocs, mais l'autre lui tournait le dos. Tant pis pour lui. Dans un dernier effort, il bondit, la mâchoire en avant. Il devait l'atteindre, il allait l'atteindre. Il n'avait pas le choix. Sinon, il mourrait. Car cette attaque ne serait jamais sans conséquence et il en était pleinement confiance. Alors il ferma les yeux, au comble du désespoir, et pria pour atteindre sa cible.

Raté. Il l'avait raté. Dommage. Il allait mourir maintenant. Le noir lui ouvrait les bras. La mort l'attendait de pied ferme. Tant mieux sans doute … Dans un cri suraigu, il s'effondra sur le sol, les yeux clos. La douleur emplissait peu à peu la totalité de son corps … Il partait. C'était sans doute la fin. Enfin. Il était temps, depuis le temps qu'il attendait ce moment. Enfin, il allait pouvoir … Oublier.

Quel miséreux ... A présent, l'obscurité était partout, tout comme la douleur. Il ne vivait plus que pour souffrir, et se sentait déjà enlacé par le doux halo de la mort. Alors, c'était ça, mourir ? Hm ... Non, ça ne pouvait pas être si long !
Soudain, Hyden ouvrit les yeux dans un sursaut. Où était-il ? Pourquoi un odeur pestilentielle de sang s'élevait encore à son museau ? A moitié conscient, il referma doucement les yeux dans un long soupir qui lui arracha une grimace de douleur. Il n'y était pas aller à moitié dans sa chute ! La vache, comme c'était douloureux ! Pourtant, il était encore en vie, et il ressentait le moindre tiraillement de ses chairs à vif. Il avait eut de la chance ... Enfin non. Quelque chose clochait. Il se sentait mieux, malgré que sa tête tournait horriblement, et que d'un instant à l'autre, il se sentait capable de retomber dans les pommes.
Alors, dans son champ de vision, il détecta une masse noire, immobile, le fixant de ses grands yeux. Encore lui. Pourquoi n'était-il pas parti ? Qu'attendait-il ? Roh, et puis zut ! Pourquoi les loups avaient-ils tous des comportements bizarre autour de lui ! Qu'ils crèvent, bon sang ! Pourtant, gigotant du mieux qu'il le pouvait sans rouvrir ses plaies, et, lâchant au milieu de ses gémissements quelques grognements ardents, il finit par s'épuiser et laissa tomber sa tête contre le sol recouvert de cendre. C'était étrange comme la cendre pouvait sentir la mort ... Elle tâchait les poils, recouvrait les corps et les coeurs de sa morosité taciturne, et restait là à se moquer de vous, de son âme emplie de peine.

Détournant un oeil vers l'inconnu, Hyden se mit à le fixer. Que faisait-il encore là ?