Dans la nuit noire, tu bats tes petites ailes. La lumière bleutée qui émane de toi se répand dans l’horizon. Tu erres dans les airs, sans but précis, normalement les lucioles restent en groupe le soir pour que leurs lumières scintillent en communion dans la nuit, mais toi non. Toi tu préfères être seule, en dehors des autres, tu préfères explorer les lieus et les connaître. Quelque chose apparaît alors dans la nuit, c’est un loup sa grande masse se déplaçant nonchalamment dans la forêt, il t’avait repéré mais tu ne l’intéresses pas plus que les arbres autour de lui. Lui par contre il t’intéresse, tu voles à sa poursuite amusée, Grand Poilu c’est ainsi que tu le nommes. Pourquoi ? Parce que tu trouves ça beaucoup plus amusant que le nom loup. Ça veut dire quoi d’ailleurs loup ? Qu’elle est le but de ce nom. Grand Poilu au moins ça a un sens puisqu’il est grand … et poilu. Tu te mets à rire toujours en train de le suivre, une idée alors te vient à l’esprit, puisqu’il est venu à toi autant lui faire découvrir ton lieu secret ! Excitée comme une puce tu l’appelles.

« Ohéé ! Grand Poilu ! Viens avec moi, je veux te faire découvrir quelque chose de génial, tu ne vas pas en revenir ! »

Tu dis ça d’une voix tellement détachée, tellement enfantine, tellement joyeuse que le loup ne put s’empêcher de te suivre, tel pris comme dans le doux chant d’une sirène. Tu es tellement contente, ton rire se répercute en écho dans la forêt, tu fais des loopings incessant dans le ciel, jamais encore tu ne t’es sentie si vivante.

« Tu vas voir Grand Poilu ! On va bien s’amuser ! »

Et tu ris de plus belle.

Vous arrivèrent bientôt devant l’entrée d’une caverne, le loup s’arrête indécis. Tu te poses délicatement sur son museau il doit loucher pour te voir.

« Ne t’inquiète pas Grand Poilu, je connais cet endroit comme mes antennes suis moi et tu verras quelque chose que encore aucun Grand Poilu de ton espèce n’a vu aujourd’hui ! »

« Je ne m’appelle pas Grand Poilu … »

Encore une fois ton rire se répercuta dans la caverne, tout en prenant ton envol tu lui répliquas.

« Je le sais gros bêta, mais j’aime t’appeler comme ça ! »

Et tu volas en direction de la caverne. Tu t’y engouffras, le loup te suivait à la trace, il était tellement envouté qu’il ne pouvait plus te quitter. La mystérieuse caverne déboula dans un dédale de pierre, tu te posas sur la tête du loup en lui indiquant la direction qu’il devait prendre, vous marchèrent longtemps ; tu lui racontas ta vie mouvementé de luciole où tu t’ennuyais la journée et t’amusais comme une folle le soir, le loup ne répondait pas mais tu savais qu’il t’écoutait avec grande attention. Il n’était que peu bavard, mais tu l’aimais beaucoup. Enfin la fin du labyrinthe s’annonçait, tu quittas le museau protecteur et voleta au-dessus du loup. Tu regardas sa réaction et tu n’en fus pas déçue, il y avait tant d’étonnement et de fascination dans ce visage que tu éclatas de rire, cette réaction tu t’y attendais car devant vous se tenait un magnifique champ. Banal si l’on peut dire, sauf que ce champ était couvert d’une herbe couleur or et les fleurs étaient en réalité des pierres précieuses qui illuminaient le lieu comme en plein jour. Rien de vivant en dehors de vous habitait cet endroit, mais c’était une vue si magique que le loup subjugué la contempla longtemps en silence. Enfin il s’exclama.

« Je n’ai encore jamais rien vu d’aussi beau, merci petite luciole. »

Tu ris, vous restèrent un moment dans ce lieu magique puis vous le quittèrent. À la sortie de la caverne rien n’avait changé, la nuit était toujours aussi noire et la lune toujours aussi blanche, mais les couleurs de cette caverne resteront à jamais gravées dans votre esprit. Prenant ton envol, tu t’éclipsa dans la profondeur de la nuit.

« Au revoir Grand Poilu … »

Peut être vous reverriez-vous.