Les bourrasques balayaient si fort les collines que la jeune louve ne parvenait même pas à discerner ce qu'il se passait quelques mètres devant elle. La poussière virevoltait çà et là et, tandis qu'elle tentait désespéramment de se lever, elle frissonnait de froid.

Ses pattes arrières étaient gelées et elle se trouvait ventre contre terre, les yeux plissés, à tenter d'avancer de ses pattes avant. La lune, réduite à un simple croissant, peinait à briller derrière les nuages qui arrivaient en masse. Elle hurla, mais le vent emporta son cri au lointain sans qu'elle sache s'il serait entendu.

Le froid lui envoûta le museau. Le vent était si puissant que Fragment d'Émeraude se demandait ce qu'elle avait fait au Destin pour mériter ça.

Faut que je trouve un abri, pensa t-elle en relevant la tête.

De ses pattes avant, elle rampa jusqu'au pied d'un arbre, quand elle y parvint enfin, le dessous de ses pattes était meurtri d'égratignures et elle les secoua pour ne pas qu'ils prennent fois et la fassent souffrir.

Il fallut tout de même un certain temps à la jeune apprentie pour se rendre compte que cet arbre n'était autre... Que le Bosquet Tortueux ! Elle avait rampé ainsi, les pattes complètement gelées et les articulations souffrantes depuis les Terres de l'Ouest jusqu'à son propre territoire !

La louve rousse se félicita elle-même et s'allongea au pied de l'arbre brûlé, l'esprit peu clair. Les cendres virevoltaient en nimbes qui semblaient tellement élégantes... Vues comme ça. Elle grimaça lorsque ses pattes arrières la relancèrent. Soudain, une branche se détacha de l'arbre mort dans un long craquement avant de s'écraser tout près de Yan'Ka.

Elle se dressa sur ses deux pattes en couinant de surprise et détala aussi vite qu'elle le put sur deux pattes, les pattes arrières traînantes derrière elle. Le souffle court, elle grogna lorsque des cendres lui touchèrent les yeux.

Elle ignorait encore comment se protéger. Le froid lui figeait la face, elle avait mal, très mal, et ne demandait qu'à s'arrêter. Mais elle voulait vivre, survivre, comme l'avaient toujours fait les loups !

Alors elle fronça les sourcils, déterminée, et accéléra. Ses coudes étaient ankylosés, elle ne sentait même plus ses postérieurs et tremblait toujours de froid. Que vais-je faire ? Est-ce que je vais mourir ici ?