Ssssssss …. Je traînais mon corps sur la terre dure, slalomant entre les feuilles mortes.

Ssssssss …. Trois, trois misérables jours où je me trouvais à bouffer des scarabées, des vers et autres insectes inutiles. On pourrait les qualifier de nutritif mais il n’y avait rien sous leurs corps dur ou croustillant. Pas de quoi satisfaire un serpent comme moi en tout cas. Ssssssss … je sifflai d’agacement, j’avais faim et je voulais quelque chose de chaud, je voulais de la chaire. Du sang. Ô Python dieu des serpents, soit clément avec moi, ne vois-tu donc pas que je suis mal au point ? Je vais finir par mourir si je ne mange rien.

Ssssssss …. La famine guette chaque être vivant et les serpents ne font pas exception, ceux qui en souffrent le moins ce se sont bien ces sssaletés de loups ! Ils bouffent tout ce qui bouge ces crevures ! Évidemment ils sont gros, puissants, forts. Des dieux vivants quoi ! Mais au fond ce ne sont que des stupides vermines qui ne valent pas mieux que les scarabées que je bouffe durant ces trois jours. Sssssss …. Sssssss …. L’image d’un loup finissant sous mes crochets me fit siffler de plaisir ! C’est également en ce moment que ma prière fût entendue. De la chaleur, de la vie, du sang coulant à flot dans un petit corps hystérique … Le merveilleux spectacle d’une souris jouissant de ses derniers instants de vie en train de marcher droit dans ma direction. Ô Python, bénis sois-tu ! Je promets que plus jamais je ne t’insulterais lorsque je suis en mauvaise posture. Viens là petite ! Oui c’est ça approche encore un peu, encore un peu …

Sssssss …. Mes crochets armés de venin je jetai mon corps sur ma petite proie, fou de joie à l’idée de bientôt sentir dans ma gueule la cascade de sang qui allait s’y déverser, fou de joie à l’idée de pouvoir mordre sur autre chose qu’un insecte, fou de joie l’idée d’enfin avoir de la vraie nourriture, fou de joie … Minute ! Quelqu’un a arrêté le temps avant que j’atteigne ma souris ? Soudain je me rendis compte, que ma tête reposait sur la terre et que mes crochets s’étaient plantés dans une feuille morte. Je me rendis compte que ma souris s’était enfuie depuis belle lurette et je me rendis compte qu’un nouveau venu était arrivé. Un nouveau venu qui habitait un corps rempli d’une mer de sang … et qui me tenait prisonnier par sa patte.

Ssssssss …. Ssssssss …. Ssssssss …. Je sifflais tentant de me débattre mais il tenait bon !

« Sssaleté de loup ! Lâche-moi ! »

Pour toutes réponses je perçu un ricanement. Ah ça lui faisait plaisir de me voir ainsi la crevure ! Mais un jour viendra où les serpents domineront le monde et ce sont les loups qui vont devenir notre proie, notre repas ! Ô Python, puissant dieu ne me laisse pas à la merci de cette immondice … Je sentis alors une odeur qui me souleva mon cœur jusqu’à mes crochets. Le loup me souffla au visage, son haleine putride où se mêlait viande et herbes était des plus écœurantes à respirer.

« Tu ne payes rien pour attendre sssaleté de loup ! Un jour mes semblables te détruiront toi et les autres chiens de ton espèce ! Que Python déverse sur toi son venin mortel ! Qu’il abatte l’être mal famé que tu es ! »

L’haleine du cabot était encore plus pesante, je compris que sa tête devait être à quelques centimètres de moi … un claquement de mâchoire et s’en était fini du bon vieux Snake.

« C’est la dure loi de la nature Siffleur. »

C’est tout ce qu’il a dit. Python je te hais et te maudis pour l’éternité.
Foutue souris que j’aurais bien voulu déguster.