Alors que je me reposais dans la galerie que je venais de creuser, une sensation dans mon ventre m'avertit que je devrais chercher à manger. Je me lève, étire mes petites pattes au bout desquelles se trouvaient mes griffes meurtries et remonte le tunnel jusqu'à sa sortie. Je me ramasse sur moi-même et bondis prêt d'un rameau de brindilles pour m'y cacher. Je risque un coup d'oeil par-dessus ma cachette et hume l'air. Mise à part l'odeur de cendre, je parviens à percevoir un délicat fumet. Prenant mon élan, je m'élance vers la source de l'odeur, me dirigeant grâce à mon nez. Je finis par arriver devant une graine qui me semble bien dorée et savoureuse. Cette vision réveille en moi la sensation de faim, et aussitôt je me jette sur la graine. Je la ronge de mes petits crocs acérés, perçant sa coque, et en extrait la chair. Je savoure le goût léger et boisé de ma seule source de nourriture. Ma seule source de survie depuis des semaines. Soudain, j'entends un bruit derrière moi, et si mon instinct me dit de fuir, je n'arrive pas à me détourner de ma graine. Je ronge de plus en plus vite, de plus en plus fort, rongé par le stress. Mes pattes se mèttent à trembler, tandis que le sol s'amplifie. Le sol vibre sous les pas de mon prédateur. Je sens un souffle chaud sur ma nuque et aussitôt je détale. Je cours le plud vite que je peux, et mon coeur semble ne pas pouvoir suivre le mouvement. Je fuis pour sauver ma vie. Tout en continuant de fuir, j'entends mon prédateur gagner du terrain. Le décor défile tellement vite sous mes yeux que j'en suis étourdis. Mes poumons me brûlent, et je ne sens même plus mes pattes. Je ne sais même pas où je vais, mais je fuis. Soudaine, je vire à gauche, passe entre les pattes de mon prédateur et change une nouvelle fois de direction. Mais je me rends vite compte que c'était une erreur, car l'autre animal gagna encore plus de terrain. Je me demande combien de temps va-t-il encore tenir, et ça me fait peur, car visiblement, il était endurant. Plus que moi. Je dois trouver une tactique, une stratégie. Tout en continuant de courir, je réfléchis. L'air se fait plus rare, et je manque de suffoquer. Brutalement, je sens un poids lourd sur mon dos et je m'écroule. Je couine, me débat, crie pour garder la vie. Mais c'est trop tard, il a gagné. Je sens ses crocs pointus et meurtriers rentrer dans la chair de ma nuque, j'entends son soupir de bonheur, et je ferme les yeux. Je ne suis plus.