Force : 4 l Agilité : 7 l Endurance : 12

C'est bientôt la faim...

Avec Yroen

Faim. Il avait faim.

Allongé de tout son long sur le plancher d'une cabane, Atlas tentait de trouver le sommeil. Sans succès. Il était parti le matin même chasser pour la meute. Les réserves de nourriture étaient ridiculement minces et la meute avait toujours faim. Les proies rapportées n'étaient jamais assez, il fallait chasser, toujours chasser. Une matinée à traquer des pistes. Une matinée à suffoquer. Une matinée de perdue. Rien n'avait abouti. Pas même un mulot à se mettre sous la dent.

Mais le pire n'était pas la faim. Ni même la chaleur suffocante. Le pire, c'était cette chute de cendres continue. Partout. C'est pourquoi, alors qu'on devinait à travers les nuages gris que le soleil était aux zéniths, le loup blanc décidé de faire une pause. Pour lui qui avait vécu presque cinq ans dans les montagnes enneigées, cette température était insoutenable, l'obligeant à haleter en permanence. Haleter ? Quelle joie quand l'atmosphère est chargée de cendre... Les poussières fines s'insinuaient dans les voies respiratoires rendant la chasse encore plus difficile et elles se déposaient sur la langue et le palais, asséchant la bouche, faisant tousser plus que de raisons. Comment chasser dans de telles conditions ?

C'était là qu'il avait vu cette cabane. Plantée là, près de la forêt, un petit abri de bois. L'intérieur faisait froid dans le dos... Des peaux d'animaux... et de congénères, des outils macabres, des pièges létaux et une atmosphère lugubre. Mais, du moins était-on à l'abri du fléau du ciel, cette maudite cendre. Enfin presque.

*Alors tu compte faire ton louveteau geignard ou tu rentres là-dedans ? * lui avait sifflé une voix dans son crâne.

Seule compagnie qu'il eut durant son errance, cette partie de lui ne l'avait pas quitté à son arrivée chez les Esobeks et ne ratait jamais une occasion pour l'ouvrir...

Il s'était alors couché là, tentant de dormir pour le reste de la journée, le ventre vide et les poumons en feu. Préférant attendre la tombée de la nuit et sa fraîcheur pour repartir à la chasse. Mais impossible de trouver les bras de Morphée. Il ne cessait de tourner et se retourner.

Faim. Il avait faim.

Il se leva alors et regarda par la fenêtre. Le jour touchait à sa fin, le soleil tirait sa révérence après avoir passer sa journée à se cacher derrière ses nuages. La chaleur devenait peu à peu supportable, atténuée par la douceur du crépuscule. Les animaux sortiraient eux aussi pour se nourrir. Les biches, les daims s'aventureraient en dehors de leurs cachettes en quête de quelques brins d'herbes. Si seulement il pouvait en avoir un... Voilà qui régalerait la meute quelques jours. Mais pour en attraper un seul, mieux valait être en sacré bonne forme. Affamé, épuisé, toussotant et boiteux, Atlas faisait là bien piètre figure de chasseur.

*Bien piètre figure de loup tout court* grogna la voix.

Peste soit-elle, celle-là !

Il inspira un bon coup pour se donner du courage... ce qui le fit tousser et éternuer un bon moment. Maudites cendres, elles aussi puissent-elles brûler en enfer !

*Le principe des cendres, c'est qu'elles ont déjà brûlées, bougre de cafard amputé du cerveau ! *

Son poil se hérissa, puis il se força à ignorer sa voix intérieure.

Faim. Il avait faim.

Alors qu'il fit un pas pour sortir de la cabane, il entendit un bruit. Il suspendit son mouvement et tendit l'oreille. Quelque chose approchait. Loup, homme ou proie ? Il huma l'air, mais la cendre recouvrait les parois de sa truffe, les odeurs lui revenaient donc vagues. Un loup, supposa-t-il. Mais il n'en était pas certain. Ses babines se retroussèrent, il plia les pattes, prêt à bondir, et attendit patiemment que le "quelque chose" s'en aille ou approche...

Spoiler:

Le soleil commençait à décliner au loin, allongeant les ombres et rependant sur les terres du nord une pâle lueur dorée. Non loin de la lisière de la forêt, une silhouette avançait sous le couvert des arbres; humant à tour de rôle l’écorce des arbres, l'humus qui s’étalait à ses pattes ou encore la mousse qui poussait négligemment sur les rochers qui jonchaient le sol.

Cette silhouette était celle de Yroen, l'alpha Esobek. Cette dernière semblait chercher quelque chose. Mais quoi donc ? La louve avançait lentement vers le cœur de la forêt, ne laissant échapper aucun indice pouvant la renseigner sur la proie. Pourtant, ses recherches ne semblaient pas fructueuses. Agacée, la louve frappa le sol de sa patte avant, faisant s’envoler un petit nuage de cendres.

Yroen ruminait. Cela faisait des heures maintenant qu'elle était sur la piste d'un sanglier. Pourtant, plus elle croyait gagner du terrain, et plus sa proie semblait s'échapper. La louve leva les yeux vers le ciel. Le soleil déclinait à toute vitesse. Il ferait bientôt nuit et à ce moment là, toutes chances de rattraper le sanglier se seraient envolées. Yroen soupira. Le sanglier semblait vouloir se rendre dans l'un des seuls endroits que la louve souhaitaient éviter à tout prix ... la cabane du chasseur.

La louve n'aimait pas cet endroit. La forêt était suffisamment grande et les proies suffisamment nombreuses pour éviter d'aller traîner dans un lieu si dangereux. Pourtant aujourd’hui les proies n'étaient plus si abondantes qu’auparavant et les réserves de la meute étaient presque vides. Malgré ses aprioris, Yroen devait donc aller de l'avant et poursuivre sa traque. Un sanglier aussi petit soit il serait toujours le bienvenue dans le garde manger de la meute.

Yroen inspira donc lentement et repris sa course d'un pas déterminé. Après quelques minutes à trottiner vers le nord, la louve arriva aux abords d'une petite clairière. En son centre se dressait une petite cabane à l'allure abandonnée. Cependant Yroen savait qu'il n'en était rien. Soudain, une légère brise apporta jusqu'au museau de l'Alpha une étrange odeur. La louve scruta alors clairière et aperçu près du seuil de la porte Atlas, un loup Esobek au pelage fauve. Ce dernier scrutait la végétation dans sa direction. Ne souhaitant pas inquiéter son congénère plus longtemps, Yroen sortie de la pénombre et s'avança vers Atlas :

- Bien curieux endroit pour une rencontre n'est ce pas ?

(Encore désolée pour le délais T.T Je suis impardonnable)

Spoiler:

N'est-ce pas plutôt une curieuse rencontre pour cet endroit ?

Yroen trottina un direction du vieux compteur. Arrivée à une distance respectable, l'alpha inclina doucement la tête en signe de salut, alors qu'un petit sourire s'étirer sur son visage. Elle aimait l'esprit de cet individu.

Il était rare que les Esobeks s'avisent de plaisanter ou tout simplement de venir converser avec elle pour le plaisir de sa compagnie. Depuis son ascension au trône, elle n'avait jamais été autant sollicitée pour les Esobeks. Que de débats stériles et puérils à écouter patiemment. Quelles proies chasser aujourd'hui ? Quelle frontière surveiller en priorité ? Et bien d'autres petits problème anodins qu'un bon alpha se devait de résoudre. Si bien que malgré ses journées bien remplies Yroen ne s'était jamais sentie aussi seule depuis quelques temps. Le père de Yroen répétait souvent qu'être au sommet signifiait être seul. Elle n'avait jamais vraiment compris le fond de ses paroles jusqu'au jour ou elle avait finit par prendre sa place à la tête de la meute.

C'est pourtant, le ton désinvolte et enjoué de ce vieux conteur paraissait aujourd'hui si rafraîchissant et amusant. Le monde avait pu paraître s'écrouler autour de la meute, il ne laissait pas paraître son anxiété.

Bonsoir, chère Yroen, j'avoue que j'espérai plus voir un lièvre qu'un congénère ici. Mais cela reste une délicieuse surprise de vous croiser ici. En promenade dans ce charmant paysage ?

La louve laissa échapper un petit rire.

- Des plus charmants en effet, sans parler du charme atypique que rajoute ce léger duvet de cendres. Pour ma part je m'attendais plutôt à voir surgir un sanglier. Il faut voir grand dans la vie Atlas. un simple lièvre ne suffirait pas à remplir nos estomacs. Quel bon vent t'emmène ici ? Ce n'est pas un endroit où il est prudent de s'attarder. Surtout avec cette cendre qui recouvre tout et imprimes nos empruntes à chaque pas. Si des chasseurs sont dans le coin ils auront tôt fait de nous retrouver.

Vous avez raison, comme toujours, je ne devrais pas me contenter d'un simple lièvre, mais je n'osais vous comparer à un sanglier, jolie comme vous êtes.

Le sourire de la louve s'élargie. Etait-il en train de flirter avec elle? Bien que quelque peu maladroit, les compliments restaient flatteurs et faisaient toujours plaisir. De plus l'air taquin qui s'était affiché sur le visage d'Atlas laissait penser qu'il s'agissait d'une nouvelle plaisanterie de sa part. Yroen s'éclaircit la gorge et répondit sur un ton sarcastique, teinté d'une pointe d'amusement et de malice.

- Charmeur! Que de compliments subtiles et flatteurs en si peu de mots. Quelle faveur vas-tu t'empresser de demander à ton Alpha après cela ?

Yroen laissa la question en suspend. Comment Atlas allait-il se dépatouiller avec cela. Bien des loups auraient perdu leur aplomb face à une question aussi directe, mais leur rencontrer semblait être placée sous le signe de la plaisanterie et Yroen ne doutait pas un instant qu'Atlas l'avait lui aussi pressenti.

Je m'apprêtais à partir en chasse, après un court somme. [...] Même si les lieux ne sont pas très sûr, je préfère chasser par ici, la forêt est un lieu où il m'est plus facile de chasser des grosses proies seul. La poursuite n'étant pas mon fort, je préfère les surprendre ou les coincer. Quant aux chasseurs... je prends le risque. Et je prends mes précautions pour ne pas qu'ils suivent ma trace jusqu'à nos terres.

Yroen acquiesça. C'était courageux de sa part de s'aventurer aussi loin des terres Esobeks. Peu de chasseurs en avaient le courage. Quand aux autres, leur loyauté envers leur meute n'était sans doute pas assez forte encore pour aller risquer leur vie sur les terres des humains. Atlas était-il un loup des plus loyal et fidèle à la meute ou alors un inconscient né ? Alors même que cette interrogation lui venait à l'esprit, le chasseur repris :

Mais je pourrai vous retourner la question, que fait notre noble alpha seule en dehors de nos terres ? Et s'il vous arrivait quelque chose ? Perdre un simple chasseur boiteux est une chose, qu'il vous arrive malheur à vous, c'en est une autre...

La louve ne su quoi répondre. Elle aussi était-elle une inconsciente née ? Venir se promener ici toute seule ? Pour avoir accepté de devenir Alpha, oui elle l'était très certainement. Peut-être aussi espérait-elle avoir quelques heures de solitude également. Afin de prendre un peu de recule et pour méditer sur ses inquiétudes et ses soupesons ...

- Je pourchassais un sanglier et j'en profitais pour méditer sur certains ... problèmes concernant la meute ... Que dirais-tu de continuer cette traque à deux ?

Finit-elle par répondre d'un air évasif et léger. Pouvait-elle faire part de se inquiétudes à Atlas, ou alors fait-il lui aussi parti des loups à surveiller de prêt ?

Spoiler:

La louve sourit et essaya tant bien que mal d'adopter un air dégagé. Mais la réaction d'Atlas lui indiqua clairement que sa tentative de dissimuler ses inquiétudes avait été vaine. Après tout, Yroen était connue pour sa franchise et non pas pour ses talents d'actrice à dissimuler ses pensées et ses avis. L'alpha était une louve droite et honnête. Elle avait en horreur tous ces loups qui usaient de tours de passe-passe tels que la fourberie ou encore la duperie pour arriver à leurs fins ... Alors, pourquoi elle-même agirait-elle de la sorte ?

Mais après tout, peut-être était-ce là sa plus grande faiblesse ? La pouvoir n'était-il pas indissociable des tromperies et des intrigues ? Autrefois, entant que Princesse, elle n'avait jamais eu à avoir peur s'affirmer ses opinions. Entant qu'Alpha, peut-être devait-elle s'exercer à rester de marbre quoi qu'il advienne Apprendre à laisser planer une voile de mystère entre elle et ses interlocuteurs. Avec le temps, elle commençait à penser que cette précaution l'aiderait à assurer sa sécurité, ainsi que celle des siens.

Bien sûr, chasser à vos côtés serait un vrai plaisir.

Yroen revient brusquement à elle lorsqu'elle entendit la voix d'Atlas s'élever. La chasse ? Oui, cette activité mettrait un terme à cette discussion et surtout à lui changer les idées. Atlas inclina légèrement la tête et invita la louve à le suivre. Tous deux marchaient côte à côte en silence. Un silence lourd et pesant. Atlas avait bel et bien ressenti l'inquiétude de son Alpha et ne savait sans doute pas quelle attitude adopter. Yroen comprenait parfaitement. Elle l'avait mis dans l'embarras en lui laissant transparaître son anxiété et ainsi sa faiblesse. Un Alpha devait être fort en toutes circonstances. Les membres de son clan comptaient sur elle pour les guider et les soutenir. Mais en était-elle seulement capable ?

Yroen soupira. Que lui arrivait-il ? Cet état de lamentation et d'inquiétude de lui ressemblait pas! Elle d'ordinaire si audacieuse et forte se mettait soudain à douter d'elle-même et de ses capacités à mener la meute ? Non, elle devait se ressaisir. Le jour de son ascension au trône, elle était persuadée d'avoir toutes les qualités nécessaires pour faire un bon Alpha. Certes, elle avait des défauts, mais qui n'en avait pas ? Elle devait retrouver son assurance coûte que coûte. Yroen n'était elle réputée également pour sa détermination ? Et bien aujourd'hui elle ferait en sorte que cette qualité lui soit à nouveau reconnue. Elle devait lutter contre la source de son anxiété et l'anéantir avant qu'il ne soit trop tard !

Une nouvelle lueur brillait dans le regard de l'Alpha. Il s'agissait sans doute là de l'expression de sa nouvelle résolution. Lorsque le son de la voix d'Atlas résonna à ses oreilles elle l'entendit à peine :

Ces... problèmes concernant la meute. Comment dire... Passant le plus clair de mon temps à chasser dans les environs, j'avoue ne pas me tenir beaucoup au courant de ce qui se passe dans la meute. J'ose espérer qu'il n'y a rien de grave...

Yroen s'arrêta et planta son regard dans celui du grand loup blanc. Pouvait-elle lui faire confiance ? Oui, peut-être ... Quoi qu'il en soit, Yroen ne pouvait se passer d'une oreille attentive, voire même d'un allier, en de pareille circonstances ... L'avenir lui révélerait si les paroles qu'elle allait prononcer allaient être une erreur ou non.

- Oui je le crains ... l'avenir nous le révèlera rapidement. Je suis inquiète concernant les agissements de mon frère et de notre bras droit. Ils ont boudé le conseil de l'Oeil de Lune et sont relativement très calmes et discrets depuis quelques temps. La rancune qu'ils nourrissent envers moi est trop grande et leur caractère trop affirmé pour qu'ils se soient tout simplement résignés à être de bons loups de meute ... Ils préparent quelque chose cela ne fait aucun doute pour moi ... outre le fait que je serai en première ligne en cas de putch, j'ai surtout peur pour l'avenir de la meute si ces deux-là prennent le pouvoir ... Ils mettraient tout à feu et à sang, rien que pour asseoir leur pouvoir et n'hésiterons pas à tuer tous leurs opposants Esobeks ou non ... Pourrais-je compter sur toi Atlas quand le moment sera venu ?

Yroen s'interrompit. Sa voix était calme et mesurée mais dans son regard flambait toujours sa détermination.

Yroen avait l'air tellement pensive... Atlas se demanda ce qui pouvait bien la préoccuper. Mais il admira sa retenue. Rien de filtrait de ses traits songeurs, elle ne laissait rien deviner de ses tourments intérieurs. Une tenue digne d'une alpha. Cependant, alors qu'il tâtonnait pour trouver ses mots, elle changea brusquement d'attitude. Elle s'arrêta. Il fit quelques pas de plus avant de se rendre compte de son arrêt. Il se tourna alors vers elle, un peu surpris. Elle le regarda dans les yeux. Dans son regard brûlait de la détermination, de la force, mais aussi une sorte de méfiance, d'hésitation, comme si elle le jaugeait, comme si elle tentait de déterminer s'il était assez digne de confiance pour ce qui allait suivre.

Cette force et cette méfiance... Un regard qu'on lui avait déjà lancé. Il y avait presque un an maintenant. Un autre alpha. Une autre meute. Des yeux bleus, ceux d'une louve douce, intelligente et déterminée. Et ceux, orangés, de son père, l'alpha, qui l'avait toisé de son air sévère. Dernier avertissement. Si Atlas s'approchait encore de la princesse, il irait traîner sa carcasse d'oméga à la merci des corbeaux. Dernier avertissement... En cachette, le jeune loup blanc avait repris sa cour subtile à la douce princesse. Elle avait ri, elle l'avait gentillement repoussé, connaissant son devoir, il avait gentillement insisté, sachant que cela n'irait jamais plus loin, le père l'avait vu et s'assura que cela n'irait jamais plus loin. Banni. Renvoyé. Chassé comme un malpropre. Pour un sourire et deux mots doux. Pour un regard complice mais résigné. Condamné à errer seul, sans meute, dans la neige de montagnes du Nord. Condamné jusqu'à sa libération par la rencontre des Esobeks, là-bas, bien plus au Sud.

Oui, c'était ce même regard où flamboyaient la détermination et la méfiance que lui avait jeté son ancien alpha avait de le bannir. Le même à présent dans les yeux de Yroen. Un regard fort et résolu, un regard de leader. Non... à y réfléchir, ce regard n'était pas du tout le même... Au lieu d'un glacial « Tu n'es pas le bienvenu ici, tu n'as pas ta place parmi nous, tu n'es rien... Va-t-en, je ne veux plus te voir... », il y avait un « Puis-je te faire confiance ? Es-tu avec moi ? Qui es-tu vraiment en fait ? … Viens, j'ai à te parler...  ».

Ce qu'elle dit après cela confirma ce ressenti. Elle voulait savoir s'il était avec elle. Mais surtout, elle lui révéla une nouvelle bien plus inquiétante. Elle évoquait une probable trahison au sein de la meute... Qui amènerait dans ce cas à un renversement de pouvoir... C'était là une bien grave accusation. Atlas en demeura stupéfait. Il détourna le regard, le portant sur une simple souche couverte de mousse. Ses oreilles pivotèrent en arrière, signe de sa réflexion. Il ne connaissait que peu le bras droit de la meute et encore moins le frère de Yroen, mais de là à les croire capables d'une telle félonie... Seraient-ils vraiment capable de vouloir le mal des Esobeks ? Pourquoi Yroen ne leur faisait pas confiance ? Il se demanda quel était le lourd passé qui les liaient, tous les trois.

*Après tout, tu connais peu Yroen aussi. Pourquoi plus croire en elle qu'en un autre ? *Susurra la voix.

Il n'en savait trop rien. Il ne savait trop quoi en penser. Yroen lui inspirait confiance. Oui et après ? Était-ce suffisant ? Que voulaient vraiment les autres ? Étaient-ils vraiment capable de tuer ceux qui s'opposeraient à eux ?Tout ce que voulait Atlas, c'était vivre tranquillement dans une meute aussi sereine et pacifique que possible. Tout ce qu'il voulait, c'était le bien et la pérennité de la meute. « Pourrais-je compter sur toi Atlas quand le moment sera venu ? » Oui... Sans doute... Peut-être. Qu'entendait-elle par le moment venu ? Mais inutile de l'inquiéter par une hésitation excessive, il leva à nouveau les yeux vers elle.

-Bien sûr, Yroen, je suis ici pour servir la meute. Je ne souhaite que son bien. Mais j'avoue que j'étais loin de m'imaginer que de tels tourments planaient au-dessus de nous. J'espère que vos soupçons ne se réaliseront pas... Qu'attendez-vous de moi ? Que comptez-vous faire pour contrer cette menace ?

Il posa la question, le cœur battant, soudain conscient que les prochains temps seraient difficiles, qu'il faudra être prêt, attentif... et choisir son camp...

La réponse d'Atlas se faisait attendre. Venait-elle de percer à jour la couverture de l'un de ses potentiels ennemis. Peut-être bien. En qui pouvait-elle avoir confiance après tout ... Finalement, le grand loup blanc planta son regard dans celui de son Alpha et répondit. Oui, elle pourrait compter sur lui. Non, ce n'est pas ce qu'il avait dit ... "servir la meute" étaient les termes exacts ... Elle aussi servait la meute, ses opposants pensaient eux aussi servir la meute ... Yroen laissa échapper un soupir en secouant la tête ... seul le temps lui indiquerait quel loup est digne ou non de sa confiance. Pour le moment il était trop tôt pour tirer des conclusions.

Atlas la questionna ensuite sur l'attitude à opter. Que pouvait-il faire ? La réponse était déjà toute trouvée.

- La Horde reste ma première préoccupation. Nous devons en apprendre plus sur eux et découvrir ce qu'ils manigancent ... Le mieux que tu puisses faire pour contrer cette menace est de rester attentif lors de tes patrouilles et tes chasses. Rapporte à notre Général le moindre fait suspect, la moindre anomalie que tu identifieras. Et surtout, tiens toi prêt à te battre pour notre clan.

La louve fit une pause. Cette dernière phrase avait un goût amer. Atlas n'était pas un loup né Esobek. Il avait rallié la meute au cours de l'année. Jusqu'à maintenant, Yroen ne lui connaissait pas encore d'attache solide dans la meute. Pas de compagne, ni de louveteaux à protéger. Pourquoi resterait-il se battre et peut-être mourir ici ? Combien de nouvelle recrue risquaient de tourner les talons en cas de conflits avec la Horde ? Yroen et les Esobeks le sauraient bien assez tôt ...

- Espérons que nous n'en viendrons pas là, mais Skull n'est pas du genre à se laisser impressionner si facilement. Nous saurons bientôt qui est fidèle ou non à la meute des Esobeks.

Son ton solennel coupait court à toute réplique. Yroen avait décidé que la conversation n'irait pas plus loin. Un petit sourire encourageant s'étira sur le visage de la louve, tandis que son regard se radoucissait. Il était inutile de se faire du souci avant que cela ne soit nécessaire.

- Mais n'étions nous pas partis à la chasse ? Notre gibier va nous filer entre les pattes si nous ne nous hâtons pas un peu ! Je te laisse ouvrir la traque Atlas. Entant que chasseur, tu es sans aucun doute plus expert que moi en la matière.

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