« Vais-je... Le-re-voir... ? ♪ »
Je dressai la tête.
« Oh, c'est bien ça, c'est même très bien. » Me félicitai-je.
Le vent s'engouffra dans ma fourrure et j'humai l'air longuement. Une mélodie venait de derrière l'horizon et l'envie de chanter était... Plus que présente.
Je me relevai et fis face au vent. La colline, si verdoyante jadis, était désormais nappée d'un drap de cendres grisâtres qui s'envolèrent. Je ne la reconnaissais plus.
« Le... Prin...Temps... ♪ »
D'un coup mon cœur s’accéléra et je m'élançai sur le flanc de la colline en jappant. Je traversai le nuage de cendres. Les paroles me venaient en petits coups soudains et je les appréciais à chaque fois.
« Il est parti en même temps que la meeeuuute. Mais le printemps, mais le printemps... ♪ »
Je m'arrêtai un instant, regardai furtivement au ciel, n'ayant pas d'idées, avant de bondir en avant en lançant la seule chose qui me venait à l'esprit : 
« Le printemps chasse la nei-ei-ei-EEEI-EEEI-ge ! ♪ »
C'est complètement idiot ! Je chassai cette pensée en me disant que chanter n'avait aucun but et que c'était pour la simple et bonne raison que Kaïs était occupée et que je m'ennuyais.
« Ce cycle que l'on croit doux... Ce cy-cle que l'on croit frrrraais ! Il est bien plus dangereux... Que l'on ne peut l'espérer ! ♪ »
J'étais fière de cette petite musique inventée. J'hurlai en levant la tête haut vers le ciel et inspirai à fond en m'élançant vers les collines.
« Loup hurlant, loup chantant, loup chassant, que ce soit en plein champ, en journée, parmi les blés, des exceptions ? Y'en a aucune ! Au clair de lune, sous l'soleil, en Été, nous sommes, comme toujours, des louuuouuuOUUOUUoups !♪ »
Mes babines se rétractèrent, j'étais heureuse et détendue, je levai la tête bien haut et m'assis en plein milieu de la vallée de cendres.
« NOUS SOOOMES DES LOOOUUPS ! ♪ »
Aucun rapport avec le printemps, songeai-je. Heureusement d'ailleurs que personne ne m'écoutai, je serai ridicule.
« La vie n'est jaaamais facile, repris-je en marchant lentement, les yeux braqués vers le ciel. La famine, les pluies, les guerres... Euh... ♪ »
Mon expression se transforma.
« Ouais, bon, elle est bien comme ça. » Bougonnai-je, assez, disons, déçue de ne plus avoir d'inspiration pour ma petite chanson improvisée.