Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.
Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.
Je ne savais pas ce qu’il se passait. Mon corps ne glissait plus de la même façon qu’hier. Hier, j’étais plus agile. Aujourd’hui, la terre est assez sèche, et cela m’empêche d’aller vite. Mais j’arrive à m’en défaire assez facilement. Devant moi se trouve une étendue de boue. Je me dépêche d’y entrer, je me sentais plus rassuré à l’intérieur. Je m’arrête. Mes écailles se confondent avec la couleur brune de la boue. Mais devant moi, une ombre se dresse fièrement. Qu’Est-ce que … Non, non ! Je fais demi-tour. Je m’empressais d’avancer vers les buissons épineux avant qu’il me rattrape. Un loup, dans un endroit pareil ? Impossible ! Je ne savais pas quelle serait l’issue de cette rencontre. Je m’empressais de rejoindre les buissons. Mais arrivé à l’entrée d’un de ces végétaux à épines, je sentis quelque chose me saisir l’extrémité de mon corps. C’était dur. C’était la mâchoire acérée d’une louve. La louve blanche qui était devant moi tout à l’heure. Mon cœur s’emballa.
« SsssSsss. »
Je zigzaguais dans tous les sens. Mais je reculais involontairement. La mâchoire acérée, la louve me tira vers elle. Mais je ne me laissais pas faire. Je me dressais à mon tour, atteignant sa poitrine. Je sortis mes crochets venimeux. C'était une menace. Si elle ose me toucher, je la poignarderai.
Je m'attends à une confrontation des plus dangereuses. Loup contre Crotale. Je commence à me jeter sur ses pattes, mais elle esquive cette attaque. Je recommence alors. Je me redresse, essayant de paraître imposant. Je déploie mes côtés , mais elle ne s'écartent pas beaucoup. Je crache. Mais soudain, la lupine me prends au cou. Juste sous ma tête. Je ne respire plus, et je sens sa mâchoire se resserrer sous la pression. Je suffoque. Je ne peux plus faire sortir mon poison. J'aurai du le faire bien avant. Le sang ne passe plus. Il ne circule plus. Je ferme les yeux, et je me laisse tomber au sol. C'est fini. Je ne peux plus vivre. Je servirai de repas à ce loup. En souffrant, je meurs. Je me laisse mourir, rejoignant peu à peu les âmes des cieux.