« Il y avait longtemps déjà, pour la première fois son ventre s’était manifesté. Des gargouillements, des grondements incessants très désagréables entêtaient Oilossë. Depuis longtemps, depuis le début de l’hiver, nombreuses étaient les proies qui s’en allaient migrer vers le sud. Mais la jeune ne pouvait les suivre. Elle n’était pas assez forte pour supporter un tel voyage. Impossible à faire. Alors, Oilossë décida de se rendre sur des terres hostiles et dangereuses. Elle allait volontairement, sur les terres humaines. Elle n’avait pas peur. Oilossë était une louve courageuse et téméraire. Mais pourtant, elle ne savait pas une chose. Que les hommes étaient dans la capacité de tuer. Elle pensait que ces derniers n’étaient que de la viande sur patte, qui attrapait avec beaucoup de difficulté le gibier que recherche l’apprentie. Mais en étant novice, la jeune Oilossë ne se doutait pas de ce qui l’attendait. Elle avait commencé sa traversée il y a maintenant quatre heures. Elle approchait de son but, mais elle approchait aussi du plus périlleux danger qui allait peut-être mettre fin à ses jours. La nuit tombait, une lumière blafarde et cruelle pointait à l’horizon. Du feu. Oilossë arrivait à destination. »
« Il faisait noir. Complètement noir même. La seule chose que la novice apercevait, ce fût cette lumière intense et chaleureuse qui pointait au bout d’un long sentier de paille qui sentait le bovin domestique. Oilossë approchait prudemment. Pas à pas, elle approchait d’une maison qui sentait la viande fraîche de trois heures. Mais les bruits émis par les bipèdes l’abasourdissaient. C’était encore l’inconnu pour elle. La louve de nacre se mit à baisser la tête. Postée derrière une maison de terre séchée au toit de paille, elle ne savait pas ce qu’elle devait faire. A ses côtés, à quelques grands bonds d’elle, une odeur forte et douce à la fois emplit son flair. Dans le noir, elle ne distinguait rien du tout. Mais son flair ne le trompait pas. Il s’agissait bel et bien d’un troupeau de bovins. Oilossë s’approchait en trottinant. Et soudain, les meuglements de bovins se stoppèrent spontanément. Oilossë s’arrêta net, le silence était trop long. Il se passait quelque chose. »

« Ce silence était stressant. Le silence, il avait toujours fait peur à Oilossë. C’était ce stress qui l’envahissait. C’était vraiment étrange pour cette novice. Elle ne savait pas qu’en s’aventurent sur les terres des bipèdes, elle risquait sa vie au péril de la meute. Mais demanderez-vous pourquoi s’aventurer ici ? Oilossë avait faim. Au moins ça, c’est une réponse claire, nette et précise. Et puis, elle savait que si elle ramenait quelque chose à manger à son alpha, peut-être réussira-t-elle à l’amadouer ? Un bovin, Oilossë n’en avait encore jamais chassé de sa vie. Et elle comptait bien l’attraper, ce bovin. Elle ne renonce jamais, sachez-le. »
« L’odeur bovine s’était dissipée. Que se passait-il ? Oilossë s’avança jusqu’à pénétrer la barrière de fils électriques. Mais la louve passa. Elle se contenta de creuser un trou dans le sol fertile. Avec assez de difficultés, la jeune louve passa. Et une fois à l’intérieur de l’enclos, nous n’étendîmes plus un bruit. L’odeur s’était dissipée, et le bruit a suivi. Oilossë trottinait, ne sachant où aller. Et, un bruit suspect et encore inconnu emplit l’air. C’était comme un cliquetis sourd. Oilossë s’arrêta net, et, tournant la tête vers sa gauche, le bruit s’était estompé. Mais soudain, un gros PAN vint interrompre ce bref silence. Oilossë accourait à toute vitesse, ne sachant où aller. Il s’agissait des gardiens du troupeau. Ils étaient armés. Mais la jeune novice ne le savait pas. Au contraire. La Sekmet avait suivi son instinct. Elle s’était enfuit à toute allure, utilisent sa vitesse maximum. Mais la jeune louve ne le savait pas, mais des chiens de berger la coursaient. Les aboiements et les grognements faisaient fureur. Oilossë n’en pouvait plus, elle avait peur. »
« Ces chiens. Elle ne savait pas ce que c’était, et pourtant, elle essayait de s’enfuir. Au départ, elle avait pensé à des chiens. Alors la jeune apprentie s’arrêta comme si ses congénères étaient venus pour la sauver. Mais elle se trompait pleinement, ils étaient loin d’être venus pour la réconforter. Au contraire, leur but était de la tuer. »

« Nous étions nés pour le protéger. Chaque instant que nous vivions était comme magique. Chien de Berger que nous étions, notre devoir était d’accomplir certaines missions. Nous étions des Dogues du Tibet. Notre devoir, nous le menions à bien. Celui de protéger nos maîtres et leur bétail des éventuels prédateurs. Mon pire prédateur, c’est le loup. Je les déteste, ils sont laids et puants, et à quoi servent-ils d’ailleurs ? A rien. Ils ne font que tuer le bétail de nos maîtres. Nos maîtres, on les adore. On ne les décevra jamais. On obéit, et c’est tout.
Cette louve. On avait commencé à la poursuivre. Elle était belle, mais le devoir passe avant tout. On ne faisait qu’aboyer. Elle n’avait pas l’air de comprendre on dirait. Soudain, je la vis s’arrêter. Que voulait-elle ? Je donnai l’ordre aux autres chiens de foncer en flèche sur elle. Il nous la fallait morte. »

« Abattez-là ! »

Les deux principaux border collie accoursèrent telles des flèches. Elle n’avait vraiment aucune chance. Je me demande comment elle ferait si quelqu’un était avec elle. Mais là c’est impossible, nous la voyons dans le noir. Enfin notre flair la voit, en tous les cas.

Dans le noir, nous ne voyons rien. Nous ne faisions confiance qu’à notre flair. Cette femelle, elle était belle, certes. Mais dois-je vraiment la tuer, ou la laisser filer ? Je n’en savais rien. En pleine course, la belle blanche s’arrêta. Mais nous continuons à courir comme des lièvres en fuite. Que voulait-elle ? Pensait-elle que l’on était des loups, l’un des siens ? C’est stupide. J’ordonnai son exécution.

« Tuez-là. »

Nous avançâmes vers elle et je lui sautai au cou. »

« La nuit. Aucun rayon de lumière, aucun repère pour la louve de nacre. Elle se faisait poursuivre par trois chiens de bergers en rogne. Mais aujourd’hui, Oilossë en avait décidé autrement. Une pensée lui disait « Oilossë, ce sont tes congénères, regarde, Skull est en tête, et derrière, il y a Epsilon et Arwën ! » Et une autre voix disait « Oilossë, ils veulent te tuer, enfuis-toi ! » Elle balançait entre deux idées. Mais le fait de revoir sa mère, c’était plus que magique pour elle. Alors cette dernière s’arrêta net, devant les trois chiens aux crocs dévoilés. Mais soudain, les pensées d’Oilossë tournèrent au drame. La jeune louve fût prise au coup par le chien central, qui était censé être Skull, dans ses pensées. Le chien central plaqua Oilossë à terre tandis que les deux autres appelèrent leur maître. Ce dernier arriva, son fusil à la main, il se mit à le charger. Oilossë voyait cet homme, ce bipède qu’elle n’avait jamais vu auparavant s’approcher d’elle bizarrement. Elle n’avait jamais vu d’humains auparavant. Ce fût sa première rencontre avec un bipède. Mais le fermier, ayant sa cigarette allumée, prit son fusil et pointa avec ses lunettes de vision la jeune Sekmet. Il est trop tard. »
« Mais dans le vent, l’on pouvait entendre un long et puissant hurlement au loin. Le fermier tourna la tête, et les chiens se mirent à grogner vers ce bruit sourd. Oilossë avait peur. Mais personne ne savait ce qu’il se passait dans les champs, là-bas. Dans l’ombre, une grosse et grande silhouette se dessina parmi les bovins. Une allure bien à lui, c’est ce qu’il détenait. Oilossë voulut s’en aller voir de qui s’agissait-il, mais le fusil du fermier était pointé sur elle. Il pouvait la descendre à tout moment. Mais ce dernier se releva et lâcha le cou de la jeune louve. La novice couinait, et les chiens se mirent à aboyer. Mais cette silhouette se mit à tourner en rond. Sous le regard suspect du maître et de ses chiens, l’ombre surgit de la nuit pour sauter sur un veau. Les chiens accourent tant qu’ils purent mais le fusil avait déjà frappé. Au loin, les derniers meuglements du pauvre veau emplirent l’air. Le fermier accourut vers l’ombre inconnue, il n’était pas surprit. C’était un loup. Mais seules quelques gouttes de sang traçaient le chemin qu’avait emprunté le sauveur d’Oilossë. Mais les chiens ne perdirent pas espoir. Ils avaient déjà oublié la novice. Aussitôt venus, très vite repartirent-ils. Oilossë savait à présent. Ses souvenirs refaisaient surface, enfin. »

« Epsilon … »

« Enfin la novice se rendait compte que son ami lui avait sauvé la vie. Epsilon. Ainsi se nommait-il. Pourvu qu’il ne soit pas mort. Pensait-elle. Oilossë était allongée par terre, elle n’osait plus bouger. Les chiens reviendraient, une fois Epsilon abattu. Elle le sait, et elle en est très certaine. Le temps passait tellement vite, Oilossë s’endormit seule, sur le sol meuble des champs qui servaient de pâturages aux bœufs. Les criquets commençaient à grisonner. Le soleil pointait à l’horizon. Doucement, la lune prit la décision de s’éclipser pour laisser la place au soleil. Une journée allait bientôt commencer. »
« La novice ne s’était même pas rendue compte qu’elle s’était endormi ici. Si elle avait su, elle serait partie. Les chasseurs avaient traqué Epsilon, et elle stressait fortement. Oilossë entrouvrit les yeux. Le soleil l’avait éblouit, et elle se leva, se secouant pour se détacher des morceaux de pailles et de foin. Beurk, ça puait dit donc. Mais dès qu’elle découvrit qu’elle se trouvait encore chez les Hommes, l’apprentie se redressa d’un coup, net, comme un bâton raide. Le silence n’était pas présent. Les grillons fanfaronnaient et les mouches faisaient frétiller leurs ailes. Mais pourquoi ? Oilossë se souvenait. La veille, Epsilon, et le veau. Le veau, oui, les mouches qui viennent pour profiter du veau défunt ! Oilossë s’approcha alors de la carcasse. Mais regardant aux alentours, elle ne pouvait pas la laisser là. Après tout, il y a de quoi satisfaire un bon repas avec ça. Elle ne songeait pas à le laisser pourrir ici. La novice prit la carcasse par la cuisse et la tira vers les barrières électriques de l’enclos. Elle n’y arrivait pas. Le veau ne pouvait pas passer entre les clôtures électriques. Mais, intelligente comme elle est, Oilossë creusa un trou pour laisser de la place au veau afin de le tirer vers la sortie. Un fois cela fait, elle s’attela. »
« Encore faut-il pouvoir sortir du village sans être repérée. La louve emprunta un champ de vignes où personne ne pourrait venir. Il y a trop de choses à récolter, personne ne viendrait ici. Oilossë rentrait avec une proie, mais aussi avec une pensée pour Epsilon. Epsilon. Qu’est-il devenu ? »